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Accueil du site > Tribune Libre > Faire une liste pour les municipales - comment ça marche ?

Faire une liste pour les municipales - comment ça marche ?

Dans tout processus électoral, pour juger de la qualité démocratique d’un scrutin, il est intéressant de considérer ce qui se passe AVANT l’élection : des candidatures libres, un scrutin sincère et exempt de fraude, certes... mais quid de l’établissement des listes de candidats soumises aux électeurs ? Le Code électoral est muet sur la façon dont elles doivent se confectionner. On imagine que cela laisse la place à toutes sortes de pratiques, comprises entre la négociation pour établir un subtil équilibre interne et le dictat ou le coup de force. Comme la question se pose un peu partout, de la plus rurale à la plus urbaine des 36 000 communes de France, cela justifie de s’attarder un peu.


La loi de la tête de liste
La tête de liste décide, c’est la pratique la plus répandue. Si dans beaucoup de partis, cette tête de liste est désignée par un suffrage de militants, elle reste ensuite seule à la manœuvre pour la composition des listes. Cela ne signifie pas qu’elle décide tout toute seule, mais qu’elle assume seule la responsabilité du résultat. Des négociations ne manqueront pas d’intervenir avec les alliés et partenaires, qu’ils appartiennent à son parti, à un autre parti ou à la société dite civile. Le résultat est ensuite affaire de style et de rapport de force. La « loi de la tête de liste » n’implique pas un système autocratique car il ne faut pas confondre l’apparence et la réalité du pouvoir.
Ainsi, un Premier ministre anglais a pu dire autrefois : « il faut que je les suive, c’est moi leur chef ».

La raison de celui qui parle le plus fort

C’est une expérience que beaucoup d’entre nous ont faite : lors d’une réunion, une idée ou un projet est présenté à un groupe de personnes. S’il n’y a pas de réaction, le projet est considéré comme validé. Si au contraire, un individu - en général une « grande gueule » - formule une objection ou un rejet, le projet est modifié. La majorité des décisions, dite collégiales, se prennent ainsi. Prendre le temps d’un tour de table n’est pas toujours possible. Sans doute tout le monde n’est-il pas d’accord avec la « grande gueule », mais personne n’est assez motivé pour l’affronter et chacun imagine qu’il serait le seul à ne pas être d’accord.
Quand on fabrique une liste de candidats, ce sont les grandes gueules qui haussent le ton pour être aux bonnes places. Le silence autour d’eux passe pour de l’assentiment. C’est pourquoi le monde appartient aux grandes gueules (et non aux chefs).

Trouver une solution démocratique

Si mon constat est juste, la situation actuelle n’est pas très satisfaisante. Ne peut-on trouver de solution alternative ?
Je discutais hier avec mon secrétaire de section (au PS, le responsable d’un groupe de quelques dizaines ou centaines de militants) et il m’a soumis l’idée de faire une liste (pour le 6e arrondissement de Lyon) dont l’ordonnancement serait issu d’un vote. Les statuts du PS prévoient la constitution de la liste par une commission, suivie d’un vote sans possibilité de modification de cette liste. Mais rien n’interdit une consultation des militants sur la place des candidats dans la liste, étant entendu que seuls les premiers ont une possibilité d’être élus. La solution proposée et que je soumets au débat est celle-ci :
les différentes candidatures se voient attribuées des points lors du vote en fonction des préférences des votants. Celui qui souhaite que le candidat A soit premier de liste sur 5 postes éligibles lui attribue 5 points, 4 points pour le voir second, puis 3, 2, 1 ou 0 points pour l’éliminer. Il répond ensuite à la même grille pour les candidats B, C, D, etc. Cela ressemble un peu à une grille de Yam et c’est plus simple à comprendre qu’à expliquer. A l’heure de l’informatique et des tableurs, le dépouillement est facile et permet de départager et d’ordonnancer les candidats à la candidature.

On peut imaginer qu’un tel système ne va pas être adopté instantanément dans 36 000 communes, mais si des volontaires se déclarent, je suis preneur d’un retour d’expérience.


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8 réactions à cet article    


  • anamo 5 octobre 2007 11:14

    Je n’avais pas saisi le cheminement de la pensée de l’auteur jusqu’à « au PS ».

    Ce qui m’a valu un violent ... éclat de rire !

    Toujours les vieux démons de la démocratie et de la vertu, toutes deux d’apparence seulement.

    Une liste nait soit par accord tacite des parties, soit au forceps. Les places sont chères, compétition, émulation voire élitisme, ou tout autre manoeuvre, restent la règle


    • bernard29 candidat 007 5 octobre 2007 14:42

      les règles existent. elles sont de bon sens et je pense appliquées par tous les partis.

      a) une certaine parité homme-femme,

      b) une bonne repartition géographique des candidats pour representer toute la ville ( ne pas oublier un grand quartier)

      c) une bonne diversité professionnelle.

      d) une certaine ouverture. ( des non-encartés ça fait bien aussi, mais bien sûr pas en place éligibles)

      Pour le succès , il vaut mieux donc que ces candidats sont quand même un peu reconnus dans leur quartier, leur association, leur profession. C’est d’ailleurs un critère de sélection.

      Maintenant reste la question des places éligibles sur les listes. Ce sont les seules qui comptent. Quant à la tête de liste ? pas de problème, c’est celui qui y pense depuis au moins les dernières élections. Le « pékin » qui arrive la t^te enfarinée à l’avant dernière réunion, en posant sa candidature n’a aucune chance. (D’ailleurs il ne faut pas poser sa candidature, il faut la faire apparaître comme naturelle et allant de soi). Etre sortant est un atout.

      Se déclarer candidat est un acte mal venu et agressif, sauf à dire par exemple , « Bon écoutez !, pour la tête de liste, il faut le plus con bien entendu , et le plus con c’est moi ». C’est un bon système.


      • Céline Ertalif Céline Ertalif 5 octobre 2007 23:12

        La plupart des candidats n’ont pas de réel accès à la compréhension des enjeux.

        Vous réfléchissez sur la procédure alors qu’il faut trouver les moyens de donner de la consistance au débat. A mon avis, vous ne percevez pas l’essentiel.


        • Marie Pierre 6 octobre 2007 13:57

          Bonjour Céline,

          Bon commentaire, mais j’aimerais une précision : les candidats n’ont pas accès à la compréhension des enjeux (dans ce cas, qui freine) ou ne comprennent-ils pas tout simplement les enjeux ? J’opterais pour cette dernière lecture.


        • Internaute Internaute 6 octobre 2007 10:09

          Les bons postes aux grandes gueules, cela s’appelle de la sélection naturelle. N’oublions pas qu’il faudra aussi à l’élu une grande gueule pour faire avancer son projet face à des administrations ou d’autres élus qui sont en opposition avec lui.

          Il vaut donc lieux élire une grande gueule qu’un introverti qui ne dira jamais rien.

          Quand à la parité, je suis toujours choqué par le manque de parité entre ceux qui chaussent du 41 et ceux qui chaussent du 42. Certains s’intéressent au sexe, moi je prends mon pied. (Petite boutade pour dire que je ne vois pas ce que vient faire la parité en politique)


          • Laurent Jauffret Laurent Jauffret 8 octobre 2007 10:18

            merci de vos commentaires quelques éléments de réponses
            - à candidat 007 : je suis d’accord avec les critères de sélection énumérés et tout le monde peut y souscrire, sauf qu’aucun n’est « objectif » et que quelqu’un doit bien faire la répartition des postes entre les profils qui correspondent au cahier des charges on en revient au système du chef...
            - à « internaute » la « sélection naturelle » favorise les grandes gueules et c’est tant mieux, certes. Le critère grande gueule n’est pas inintéressant mais me semble un peu court. Si on peut avoir en plus un peu de sens de l’intérêt général, d’expertise ou de créativité, c’est mieux. Le critère grande gueule n’a pas donné que de bons numéros dans l’histoire, faut-il le rappeler ?
            - à Céline et Marie Pierre la méthode n’est pas le plus important et on peut ou - on doit - aussi traiter d’autres choses - je m’y emploie à l’occasion. Ne pas se préoccuper de méthode me semble un erreur. Pendant longtemps j’ai entendu que les problèmes constitutionnels n’intéressaient personne et que mieux valait parler de « vrais » sujets. Il y a eu ensuite le traité pour la constitution européenne, le 21 avril et le débat sur la VIe république : que des histoires de méthodes et de procédure...


            • Sylvain Rakotoarison Sylvain Rakotoarison 23 octobre 2007 21:52

              Outre le fait qu’il n’est qu’une contribution interne au PS lyonnais, cet article montre à l’évidence des lacunes sur la connaissance des règles pour les élections municipales.

              Entre autres, pour de nombreuses communes rurales (la très grande majorité en fait des 36 000), le scrutin n’est pas de liste mais uniquement nominal.


              • Laurent Jauffret Laurent Jauffret 24 octobre 2007 09:55

                Il y a des débats internes qui concernent plus de gens qu’il parait. Celui-ci a lieu dans une section PS lyonnaise mais peut intéresser toutes les sections de France qui se posent aussi la question de mettre en place une liste. On a vu que les débats internes et désignations au PS pouvaient même avoir un retentissement national et interrogent les autres partis sur leurs propres pratiques. Bref, je ne ne donne pas une portée universelle à cet article mais votre appréciation me semble trop restrictive.

                « pour de nombreuses communes rurales (la très grande majorité en fait des 36 000), le scrutin n’est pas de liste mais uniquement nominal. » Vrai - avec une réserve néanmoins : la très grande majorité des communes n’est pas concernée par le scrutin de liste mais la très grande majorité des électeurs l’est.

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