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Mort du président de la Cour suprême américaine

WASHINGTON (AP)

Le président de la Cour suprême des Etats-Unis, William Rehnquist, a succombé au cancer samedi soir à son domicile d’Arlington en Virginie. Il avait 80 ans et avait passé 33 années à la Cour, artisan de son virage conservateur et chantre de l’indépendance des Etats envers le pouvoir fédéral.

« Le président de la Cour suprême a lutté contre un cancer de la thyroïde depuis son diagnostic en octobre dernier et a continué à remplir ses fonctions à la Cour jusqu’à un déclin soudain de sa santé il y a quelques jours », a déclaré la porte-parole de la Cour suprême, Kathy Arberg.

« Il s’agit d’une perte énorme pour notre pays », a commenté le conseiller à la Maison Blanche Dan Bartlett. George W. Bush, avec son épouse « profondément attristés », devait s’exprimer sur cette disparition plus tard dans la journée.

Au cours de sa longue carrière au sein de l’institution judiciaire suprême américaine, Rehnquist aura notamment présidé une procédure de destitution et contribué à décider de l’issue d’une élection présidentielle au résultat incertain : il a présidé en 1999 le procès pour « impeachment » du président Bill Clinton, qui ne débouchera pas. Avant de décider de l’élection de George W. Bush en 2000, alors que celui-ci n’était pas majoritaire en voix.

En 1971, la nomination de William Rehnquist comme juge adjoint par le président Richard Nixon fut une surprise. la Cour suprême étant alors une institution alors plutôt libérale, Rehnquist, plus jeune de ses membres, à 47 ans, resta pendant des années isolé idéologiquement à sa droite dure.

Elevé au rang de président (« chief justice ») par Ronald Reagan en 1986, et au fil des nominations de juges conservateurs, il devint chef de tendance, et chantre de l’indépendance des Etats envers le pouvoir fédéral, à la tête du clan surnommé les « Rehnquist five » (Rehnquist, Sandra Day O’Connor, Antonin Scalia, Anthony Kennedy et Clarence Thomas).

D’origine suédoise par ses grand-parents, des émigrés venus aux Etats-Unis en 1880, il était le fils d’une traductrice et d’un négociant en papier.

Vétéran de la Cour suprême, il était le dernier parmi les juges à avoir participé au vote historique de l’arrêt Roe contre Wade, qui légalisa l’avortement en 1973. Rehnquist vota contre.

Favorable à l’aspect religieux du gouvernement de son pays, il fut, des années plus tard, un des défenseurs les plus acharnés du Serment d’allégeance dans les écoles, qui inclut la fameuse expression au coeur de la controverse, « One nation under God », nation sous la gouvernance de Dieu, qui pour lui, semble, « historiquement, résumer l’attitude des dirigeants de la nation et se manifester dans nombre de nos célébrations publiques ».

Seizième président de la Cour, Rehnquist tire cependant sa révérence sans avoir achevé la révolution légale dont il rêvait, souvent en porte-à-faux avec la Cour qu’il dirigeait.

En 2003, la Cour préservait l’« affirmative action » à l’entrée à l’université et rendait une décision historique, en déboulonnant les lois criminalisant dans les Etats les pratiques sexuelles homosexuelles. Au grand dam de Rehnquist. En 2004, il était une fois de plus en désaccord lorsque les juges décidèrent que le gouvernement n’avait pas le droit de détenir indéfiniment des terroristes présumés ni leur interdire l’accès aux tribunaux.

Après l’annonce de son cancer, les observateurs s’attendaient à ce que Renhquist jette l’éponge pendant l’été. Mais la surprise est venue à la place de Sandra Day O’Connor, qui annonçait sa démission pour passer du temps avec son époux souffrant. Quant à Rehnquist, après avoir subi trachéotomie, chimiothérapie et radiothérapie qui l’avaient éloigné des affaires pendant cinq mois, il avait repris sa place en mars. Et, jurait, à la mi-juillet, qu’il y resterait jusqu’au dernier moment.

C’est donc la deuxième ouverture à la Cour suprême en quatre mois pour George W. Bush, alors qu’on s’attend à une bataille terriblement difficile au Sénat pour la confirmation de John Roberts, son candidat au remplacement de Mme O’Connor. Les auditions de confirmation devant s’ouvrir mardi, on ne savait pas exactement quel impact aurait la mort de Rehnquist sur leur déroulement.

La dernière fois que la Cour suprême a connu une double vacance remonte à 1971 : deux juges avaient démissionné à une semaine d’intervalle, ouvrant la porte à un certain Rehnquist.

Aujourd’hui, pour ce poste capital d’où l’on dessine le profil de l’Amérique, Bush pourrait faire président l’un des juges conservateurs, Scalia ou Thomas, mais on s’attend plutôt à un choix extérieur, parmi lesquels peut-être l’actuel ministre de la Justice Alberto Gonzales. AP


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