• AgoraVox sur Twitter
  • RSS
  • Agoravox TV
  • Agoravox Mobile

Accueil du site > Actualités > Actu en bref > Suicide en prison, un rapport censuré ?

Suicide en prison, un rapport censuré ?

 « Je n’irai pas à la chancellerie ». Le Dr Louis Albrand est très remonté. Président de la commission sur la prévention du suicide en milieu carcéral, il considère que son texte initial a été « modifié ». Il ne rendra donc pas son rapport aujourd’hui jeudi comme prévu.

Invité à s’exprimer au micro de France info, le Dr Albrand a déclaré qu’il ne rendra pas son rapport. Il ne s’agit nullement, pour ce médecin, du texte correspondant à son pré-rapport de décembre 2008. Il soupçonne l’administration pénitentiaire, avec laquelle les rapports ont été froids pendant la durée de son enquête, d’avoir édulcoré ses propositions.

Celles-ci sont au nombre de vingt et portent essentiellement sur la formation qu’il s’agirait d’améliorer. Deux tiers du personnel pénitentiaire restent à former selon lui, Mais la question de la formation concerne aussi les travailleurs sociaux, le personnel médical et les codétenus.

Selon M. Albrand « L’heure est à l’action dans les prisons ». Il poursuit : « aucune des recommandations de mon pré-rapport n’ont été mises oeuvre après trois mois  ». Il est temps maintenant que les politiques prennent leur responsabilité et s’engagent, estime-t-il.

Il regrette notamment que « certaines préconisations, comme la durée du mitard, ne se retrouvent pas dans le rapport ». L’Observatoire International des Prisons (OIP) précise que sur les 38 suicides recensés depuis le 1er janvier 2009 dans les prisons françaises, « 8 sont survenus au quartier disciplinaire, soit une proportion de 21 % ».

L’OIP, suite aux propos du Dr Albrand demande « la constitution d’une commission d’enquête indépendante placée sous l’égide du contrôleur général des lieux de privation de liberté  ».

Sur son site, l’OIP constate en 2009 une hausse de 31% des suicides de prisonniers par rapport à l’an passé. Et de rappeler que l’année 2008 s’était terminée avec une augmentation de 20 % des suicides (115) par rapport à l’année 2007 (96).

Le Dr Albrand préconise dans son rapport, afin de détecter le risque suicidaire, d’associer les proches du détenu ainsi que, notamment, les aumôniers ou les enseignants. Il est nécessaire que la prison fasse sa révolution culturelle et transforme positivement les relations entre le personnel et les familles.

Il y a cinq ans, le psychiatre Jean-Louis Terra avait produit un rapport qui avait permis une baisse notable du taux de suicide (de 21 pour 10 000 détenus en 2002 à 17 en 2008). Aujourd’hui encore, la France est en Europe, un des pays les moins bien classés dans ce domaine.

Dans son pré-rapport de décembre 2008, le Dr Albrand se montrait critique sur la méthodologie mise en place pour appréhender le suicide dans les établissements pénitenciaires. Le titre de sa préface s’appelait « Le record français des suicides en prison ou le symptôme d’un système pénitentiaire à bout de souffle ».



Moyenne des avis sur cet article :  (0 vote)




Ajouter une réaction

Pour réagir, identifiez-vous avec votre login / mot de passe, en haut à droite de cette page

Si vous n'avez pas de login / mot de passe, vous devez vous inscrire ici.


FAIRE UN DON




Palmarès