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Accueil du site > Actualités > Citoyenneté > Condition de la femme arabe : la règle et l’exception

Condition de la femme arabe : la règle et l’exception

L’auteur se penche sur la condition de la femme arabe et présente l’itinéraire des progrès de l’exception tunisienne, avec les perspectives qu’elle ouvre vers une « sortie du harem ».

Éclipse de tout espace publique, univers de huis clos, sinon de harem, la condition de la femme a longtemps défini l’aire musulmane. Cette image traditionnelle occulte certes une complexité de modes, marquées par les diversités locales et régionales, les genres de vie et les héritages socioculturelles. Mais la réduction du champ d’activités des femmes à l’espace privé, leur claustration, ou du moins leur "marginalisation" par rapport à la vie publique, constituent, dans une large mesure, une spécificité de la civilisation arabo-musulmane. Des mutations historiques, des itinéraires de progrès, mais aussi de contrecoups, et des évolutions contrecarrées exercent leurs effets sur le paysage socioculturel musulman. Ils opèrent des changements et provoquent des décalages. Ils tracent - le statut des femmes étant pris en considération comme indicateur- une ligne de démarcation géopolitique, au sein de notre aire. Au Maroc, la Moudawwana rénovée, courageusement engagée par le souverain marocain annonce, certes, une dynamique de progrès. Mais il s’agit d’un premier pas, qui espérons-le sera rapidement dépassé, pour inscrire les mesures annoncées dans un projet de société égalitaire, à même d’accompagner les mutations internationales et d’ériger la femme en partenaire de plein droit, dans la famille et dans la société.

Par un concours combiné d’acquis juridiques et de promotion sociale, les femmes tunisiennes ont, dès les premiers mois de l’indépendance, en 1956, élargi leurs horizons et conquis de nouvelles frontières. Étudiant le cas tunisien, on définit volontiers sa promotion féminine comme "spécificité d’exception" dans l’aire arabo-musulmane. Nous nous trouvons, en fait, en face d’une réalité féminine nouvelle et d’une révolution sociale certaine. L’image que les femmes ont d’elles-mêmes, et celle qu’elles renvoient dans l’esprit des autres ont certainement changé. Cependant, sont-elles réellement venues à bout de tous les tabous qui, des siècles durant, ont régi leur vie ? Dans un précédent travail, j’ai défini les femmes tunisiennes comme des "émancipées du Harem". J’estime maintenant, à l’aube du XXIe siècle, qu’elles ont élargi davantage leurs horizons et leurs espaces d’activités, et qu’elles ont conquis de nouvelles frontières. « La percée tunisienne », qui s’accomplit lentement depuis l’adoption du Code du statut personnel - l’acte fondateur du projet de société tunisienne - constitue un fait unique dans cette aire. Elle doit initier une dynamique de promotion continue. Peut-on souhaiter que la conscientisation des femmes arabes soit en mesure de mettre en échec les combats d’arrière-garde de ceux qui veulent perpétuer un passé révolu ?


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9 réactions à cet article    


  • Azür 2 décembre 2005 00:31

    Merci pour cet article qu’il fait bon lire car il donne de la Tunisie une autre image que les éternelles cartes postales Club Med ou les récents dérapages de la police !


    • (---.---.32.47) 4 décembre 2005 10:37

      il est certain que la femme tunisienne a aquis par le biais de la constitution tunisienne ses droits. Mais le citoyen tunisien ( homme ou femme) de nous jours est dénué de tout espace de liberté.Vivant dans un régime policier et opressif où les arrestations arbitraires et l’émasculation de l’opposistion sont monnais courantes, qu’il est impossible de dire de nous jours, sans suciter l’indignation, que la tunisie est un modèle à suivre. vous n’avez qu’a voir le rapport d’amnesty international ou la ligue tunisienne des droits de l’homme pour se rendre compte de L’horrible réalité tunisienne


      • alex (---.---.15.21) 9 décembre 2005 11:54

        Je connait bien les pays arabes et particulierment ceux du maghreb.

        Le traitement des femmes y est absolument scandaleux , archaique a souhait , misogyne etc.....

        toutefois de part mon experience personnel,il y’a des degres de violence et le plus haut degres et au maroc puis vient la tunisie puis l’algerie.

        Contrairement a ce qu’on dit l’algerie est le plus occidentalisée des pays du maghreb et de loin.

        car c’est dans ce pays ou il y’a eu tant de massacre a cause des islamiste integriste que se trouve des republiains laiques d’autant plus plus fort que la violence islamiste est plus sauvage

        j’ai connait des femmees algeriennes laique d’un courage inouie !!!!!!!!

        cette partie de l’algerie

        legs de la presnce francaise faut bien le dire !

        car l’algerie etait une colonie de peuplement

        il y avait 1 europeen sur 5 personne pendant 1 siecle et demi

        car dans la pays arabe la loi n’a pas la valeur que l’on lui donne en occident anisi les femmes ont des droit similaire a l’europenne sur le papier mais elle n’en jouiras pas

        je dit ca : mais faut savoir que le magrhreb c’est ce qui se fait de mieux comparée aux autres au moyen orient ....


        • Faten (---.---.12.72) 14 décembre 2005 08:56

          Ce cher monsieur Alex représente l’exemple type d’occidentaux qui pose un regard particulièrement étriqué sur des contextes et des réalités qu’ils ne peuvent regarder avec un minimum de distance et d’analyse objective. Il est aisé, en revenant sur les propos de ce commentaire de déceler la grille de lecture qui abonde dans un magma de sens commun. La condition de la femme tunisienne, algérienne, ou marocaine ne peut en aucun cas être évalué de manière égale. Là ou réside l’exception de la femme en Tunisie, c’est que en dépit des lois et plus particulièrement la constitution d’un Code de Statut Personnel en 1956 avant la promulgation de la Constitution même, qui s’est fait en 1959, soit deux ans après l’indépendance, cette option stratégique était le choix voulu et déterminé d’un homme, Habib Bourguiba. Vous qui semblez tellement connaitre les pays du Magreb, pensez-vous que les hommes sont capables, au jour d’aujourd’hui de se dévouer ainsi à une cause fémine, pensez-vous sincèrement que s’il n’y avait pas eu une masse critique d’hommes tunisiens qui adhéraient à cette logique d’émancipation des femmes que les résistances seraient tombées aussi facilement. Là ou réside à mon sens l’exception de la condition de la femme en Tunisie, c’est que cette société, ma société, qui est perfectible encore et encore est constituée d’homme qui ont le courage d’assumer une problématique sur laquelle bien des hommes du monde arabe, pour ne pas dire tous butent encore. Je refuse de parler de modèle ou d’exemple pour la femme tunisienne, mais je penses que certains paramètres objectifs traduisent une réalité autre, un profil de société qui n’est pas celui de l’Algérie ou du Maroc en dépit de certaines similitudes d’apparences ou des contextes culturels ou religieux fédérateurs. Alors de grâce, monsieur, prenez la peine de mieux cerner ce qui se passe avant d’avancer de tels propos.

          Une tunisienne qui a des ancestres marocains et une grand mère algérienne.


        • Guillaume Ribeaucourt guillaume ribeaucourt 12 décembre 2005 16:10

          super article ! à lire absolument !

          Guillaume Ribeaucourt


          • (---.---.15.21) 14 décembre 2005 14:59

            je veut bien croire mais il faudrait voir la realite en face, la constitution tunisienne c’est simplement un copié colle de la francaise tout betement la constituton dont vous parlez a été adoptez avec une masse critique minimum mais de gens qui n’ont absolument rien a voir avec la societé tunisienne elle a été faite au lendemain des independance dans l’optique de faire de la tunisie un pays d’emancipation , pour le maroc un pays d’emancipation avec un ancrage ancestrale ( pour asseoir le regime ) pour l’algerie la meme chose teinté de revolution ( socialisme) nul egard n’a été accorde aux peuple a leur visions juste la vision de leaders maximus en niant au passage toute les reference aux culture locale considere comme retrograde (pas assez ambitieuse) aussi la culture berbere qui existe dans les 3 pays et qui donne une place réelle a la femme regadez les kabyles ( matriarcale ), chleuh ( maroc ).... et bien pour cela c’est le denie totale il n’existe pas je veut bien croire que les les lois .... mais de la a parle que les tunisiens les adopte c’set suggere que ces derniers s’europeanise je n’y croit guere la bonne attitude est celle qu’a adoptez la societe algerienne dans la douleurs certe mais une introspection vous est vitale mettre tout sur la table !!! vous n’y echapperait pas !! je croit que si un modele se degage en algerie toit les autre suiveront sinon !!!!


            • (---.---.82.30) 21 décembre 2005 10:39

              tres bien (foarte bine)


              • Antoine (---.---.16.169) 25 février 2006 00:47

                Bonsoir,

                Je tombe par hasard sur votre article.

                Dans le contexte actuel qui voit les esprits s’enflamment suite au terrorisme, il est bien de faire ce rappel : il y a des personnes et des femmes notamment au Maghreb dont le travail social et la pensée font progresser dans la discrétion et la continuité des idées progressistes, au jour le jour par des actions pas toujours spectaculaires mais pragmatiques. Bravo pour elles.


                • (---.---.160.169) 24 avril 2006 21:57

                  Très heureux de lire les commentaires d’une femme tunisienne sur la condition des femmes tunisiennes ( et plus généralement arabes)...Bravo..

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