Entre 12 et 25 milliards d’euros d’économies !
C’est ce qui est attendu de la réforme territoriale selon M. Vallini, secrétaire d’Etat chargé de cette réforme.
On admirera la précision, avec une fourchette plus que large qui caractérise en général les prévisions budgétaires et qui fait douter de la compétence des Ministères et de leurs bataillons de hauts fonctionnaires.
M. Vallini n’a pas pu s’empêcher, en ces temps de disette budgétaire de se pousser du col avec des chiffres au doigt mouillé, discréditant ainsi la réforme en la ramenant à un simple objet budgétaire et en l’éloignant davantage des citoyens.
Que recouvrent ces chiffres ?
Personne ne le sait et l’incompétence le dispute à l’amateurisme. En fait, il est presque permis de penser que la réforme pourrait entraîner des coûts supplémentaires.
Personne ne connait non plus le périmètre de la réforme qui aurait permis de faire des estimations plus intelligente : combien de régions au bout du compte, les Conseils départementaux seront-ils supprimés ou aménagés, qu’en est-il de l’élévation du seuil de population pour les intercommunalités et surtout comment vont fonctionner les futures collectivités, avec combien d’élus et de fonctionnaires ?
Rien n’est tranché actuellement en raison des mouvements qui agitent les élus, soucieux de ne pas perdre leurs mandats et qui s’abritent derrière des considérations fumeuses ou d’autres, plus politiques accusant le pouvoir en place de faire un rideau de fumée pour masquer son délitement.
Alors pour tenter de rallier le plus grand nombre aux bienfaits supposés d’une réforme dont on ne connait pas le contenu, on agite des chiffres, des estimations à la louche, en espérant que le citoyen se rallie à cette réforme alors qu’il en attend davantage de proximité et d’actions concrètes.
M. Vallini, à défaut de faire de la pédagogie et de présenter un projet, ce que nous sommes en droit d’attendre d’un responsable politique, se comporte comme un petit comptable vétilleux, porte parole de la seule contrainte budgétaire.
Aidons M. Vallini à faire de bons calculs !
Si les conseils départementaux sont supprimés, la première économie portera sur les indemnités des élus (au nombre de 4050) qui peut se chiffrer à 150 Millions d’euros et la seconde sur les dépenses de communication de ces assemblées (0.32 € par habitant soit 208 Millions d’euros). A cela, il faut ajouter les postes politiques de contractuels des cabinets et des groupes qui n’auront plus lieu d’exister soit environ une cinquantaine de millions.
Ensuite, il faut considérer que les services supports (service en charge du fonctionnement des assemblées et service communication, par exemple) sont voués à disparaître, ainsi que tous les services en charge des compétences exercées en doublon avec les autres collectivités (la fameuse clause de compétence générale). S’agissant de fonctionnaires territoriaux, la suppression brutale de ces postes n’est pas envisageable. Ces postes seront donc « gagés » sur les futurs départs en retraite qui ne seront donc pas remplacés. Pour chiffrer l’économie, à terme, très importante, on suggère à M. Vallini de prendre les organigrammes des services des départements.
Enfin, il ne faut pas oublier les dépenses de fonctionnement qui vont avec, à savoir les véhicules de fonction ou de service, les coûts de téléphonie et d’informatique ainsi que les m2 de bureaux devenu vacants. M. Vallini pourra utilement se référer aux budgets votés par les conseils départementaux.
Pour les Régions ou les intercommunalités qui seraient regroupées, des économies sont également à attendre et à calculer selon les mêmes méthodes.
Mais les plus grosses économies ne sont pas celles du fonctionnement des collectivités qui seraient redimensionnées ou supprimées mais concernent les crédits votés par les élus pour se pousser du col (dépenses culturelles de prestige, déviations et autres ronds points et subventions versées aux associations diverses et variées et autres organismes nécessiteux) et dans ce domaine également la lecture des budgets par M. Vallini devrait le réjouir.
Au boulot !
Alors, M. Vallini, au lieu de vous gargariser de chiffres aussi imprécis que racoleurs, mettez les services de la Direction Générale des Collectivités Locales au boulot et faites leurs cracher des hypothèses de travail étayées et non des estimations à la grosse louche destinées à faire de la communication.
Et surtout, faites de la pédagogie auprès des citoyens davantage intéressés par leur quotidien sur le terrain que par des arguties financières ou politiques.
Il serait très dommage que les citoyens soient exclus de cette réforme. Les résultats des dernières élections européennes devraient vous faire prendre conscience du discrédit de la classe politique et du besoin d’écoute exprimé.
28 réactions à cet article
Ajouter une réaction
Pour réagir, identifiez-vous avec votre login / mot de passe, en haut à droite de cette page
Si vous n'avez pas de login / mot de passe, vous devez vous inscrire ici.
FAIRE UN DON