Expérimenter quelque chose contre la démocrature et les sondages
Après avoir très rapidement entendu une journaliste d'Europe 1 mardi matin demander si François Hollande était encore légitime pour gouverner la France étant donné sa côte de popularité - basse paraît-il – m'est venu cette idée.
Je n'y ai donc pas beaucoup réfléchi, elle est peut-être bête. Mais je crois qu'elle peut aussi prêter à la réflexion.
Un peu d'imagination
Et si on changeait la façon d'élire notre président de la République ?
Si on autorisait, en cette circonstance, à ce que notre vote soit public et révocable ? On pourrait aussi toujours voter à bulletin secret. Mais l'avantage de notre vote public révocable, c'est qu'on pourrait le retirer à tout moment en mairie. On ne pourrait pas changer son vote mais simplement l'annuler.
Il faudrait fixer un seuil minimal au-delà duquel le président élu devrait organiser un nouveau scrutin.
40%, 30%, 20% des votants, à voir.
Prospective élémentaire
Prenons le cas d'un tout petit pays imaginaire de 135 citoyens. L'élection a mobilisé 100 personnes. Le président est élu (au second tour sans doute) avec 54% des suffrages exprimés (on oublie le vote blanc pour simplifier) à un taux de participation de 74%. Donc par 54 citoyens. Sur l'ensemble des votants, 50 citoyens (soit 50% des votants) ont choisi d'exprimer un vote public et révocable, et 50 autres d'exprimer leur vote à bulletin secret. 35 citoyens se sont abstenus (135 X 74 divisé par 100 = 99,9).
Dans cette République le président doit laisser sa place quand moins de 40% des électeurs s'étant prononcés le soutiennent. On imagine que la proportion de citoyens ayant voté pour le président élu à bulletin secret est la même chez les deux candidats finalistes.
Il y aurait donc 27 citoyens ayant voté publiquement pour le président élu. Donc 27 votes qui peuvent être changés à tout moment.
Avec un seuil minimal de 40% des voix exprimées au-delà duquel le président devrait laisser sa place, il faudrait que 14 des 27 citoyens ayant voté publiquement retirent leur vote pour défaire le président et procéder à une nouvelle élection.
On peut imaginer un autre seuil : 35% ou 30%... Le président de cette micro-République ne tomberait jamais en-dessous 27% de soutien puisque 27 citoyens l'ayant soutenu l'ont fait à bulletin secret, et ne peuvent donc modifier leur vote.
On serait informé chaque semaine de l'évolution réelle du soutien populaire à la politique menée par le président. Le président aurait une légitimité toujours grande, et serait incité à satisfaire le peuple. Il ne pourrait pas sombrer dans la démagogie en promettant des choses intenables pour sa réélection ou faire gagner des élections à son camp. En perpétuelle campagne, il aurait l'impératif de plaire au peuple plutôt qu'aux puissances de l'argent.
On pourrait aussi imaginer que ceux qui ne se sont pas déplacés lors de l'élection puissent quand même voter pour ou contre l'élu, six mois ou un an après son élection par exemple.
Ainsi ils pourraient ou bien l'aider à poursuivre sa politique, ou bien favoriser sa chute et la tenue d'une élection nouvelle.
Y aurait-il besoin de fixer une limite maximale de temps au mandat du président ? Sans doute que oui. De toute façon il faut tout revoir aux institutions. Pour cela, commencons à en imaginer d'autres, réellement (ou seulement un peu plus) démocratiques.
Perspectives révolutionnaires
La réflexion que je vous propose, si elle est valable, le serait aussi à d'autres échelles. Il faut bâtir la démocratie dans tous les sens, sur le plus d'espaces en même temps. C'est un processus révolutionnaire qui doit gagner toutes les sphères de la vie, y compris celle des entreprises et administrations. Il faut déconstruire tous les rapports de domination et donner une place plus grande à la raison et à l'égalité des intelligences.
La République est un mot vide de sens, chargé de superstitions, dont on nous rebat les oreilles à longueur de journées. C'est une construction faite par et pour certaines élites. Il en va autrement de la démocratie, qui n'a jamais été expérimentée chez nous. Elle a pourtant un sens précis quand on prend le temps d'en parler honnêtement après lui avoir redonné une substance.
Mandat impératif, révocabilité sont deux outils clés à mettre au service de la démocratie... Ma proposition permettrait de faire un petit pas dans ce sens. Ca ne couterait pas cher d'essayer ça dans un village gaulois de 135 citoyens...
Mais la constitution, texte curieusement écrit par les hommes de pouvoirs pour définir les conditions d'exercice du pouvoir, nous l'interdirait ! Il faut exiger le droit à l'expérimentation démocratique !
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