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Accueil du site > Actualités > Citoyenneté > La dialectique comme art de découvrir des vérités paradoxales

La dialectique comme art de découvrir des vérités paradoxales

 Il y a une profonde affinité entre la dialectique de Hegel, et les formes les plus grand public de sagesse, qu'on trouve dans des contes, des fables, des dictons, des films hollywoodiens, des préceptes de vie formulés en quelques phrases simples par des vieux sages, et autres textes religieux. La dialectique hégelienne est pourtant ce qu'on fait de plus moderne, ésotérique, prestigieux et réservé à un cercle d'initiés, tandis que la sagesse grand public est ce qu'on fait de plus ancien, de plus facile d'accès, de moins valorisé et de plus diffusé. Ce qui les rapproche quand même, c'est que la dialectique hégelienne décrit la structure de certaines vérités difficiles d'accès, car paradoxales ; et que la sagesse grand public cherche à nous aider à voir les pièges que nous tend la vie, elle nous apprend qu'il ne faut pas trop se fier aux apparences, que les choses sont souvent le contraire de ce qu'elles ont l'air d'être : or souvent le fait que telle chose soit le contraire de ce qu'elle a l'air d'être est une vérité paradoxale, dont on peut décrire la structure d'une manière qui ressemble à la dialectique hégelienne.
      
 Dialectique hégelienne et sagesse grand public peuvent ainsi former un tout à nos yeux, qui peut illuminer notre vie, en renversant des choses importantes, et en nous donnant la conscience que les choses importantes peuvent parfois se renverser. Nous qui jugeons rapidement que les paroles de tel interlocuteur sont mauvaises : peut-être qu'en vérité ses paroles sont bonnes et même meilleures que les notres. Nous qui croyons parfois que nos propres pensées sont mauvaises, en nous fiant trop rapidement à l'opinion en vogue dans la société où nous vivons : peut-être qu'en vérité nos pensées sont bonnes et même meilleures que l'opinion en vogue. Tout ce qui en nous ou face à nous a l'air mauvais, est peut-être bon en vérité, et inversement bien sûr, ce qui en nous ou face à nous nous semble bon, peut être mauvais en vérité.

Les affirmations paradoxales dans le « Nouveau Testament ».

 L'univers culturel dans lequel nous baignons est parsemé d'affirmations paradoxales, qu'on peut trouver dans les formes les plus grand public de sagesse, en particulier dans le Nouveau Testament, dans lequel Hegel voyait inscrite la structure décrite par sa dialectique (comme beaucoup d'autres intellectuels issus de la petite bourgeoisie de l'Allemagne de la fin du XVIIIème siècle et du début du XIXème, Hegel fit dans sa jeunesse des études de pasteur, dans un séminaire protestant).

 Par exemple, quand Jésus dit (Mathieu, 5) : « Si quelqu’un te frappe sur la joue droite, présente-lui aussi l’autre » : Jésus nous invite à nous affirmer en nous niant. Il nous invite à nous nier, puisque les agressions des autres peuvent nuire à notre bien être réel et nous humilier, surtout si nous nous laissons faire. En utilisant le vocabulaire de Rousseau dans l'Emile (livre IV), Jésus nous invite à nous nier en tant qu'êtres dotés d'amour de soi, ou volonté de se préserver, et d'amour propre, ou volonté d'être estimé. Mais Jésus nous invite aussi à nous affirmer comme êtres contenant en eux une semence divine, que ni la douleur, ni la mort, ni le qu'en dira-t-on ne peuvent souiller, une dignité plus précieuse que la vie sur Terre et l'estime des autres hommes ; il nous invite à nous affirmer comme êtres libres, totalement libérés de la peur, de la douleur, et de cette espèce de honte qui ne se fonde que sur le jugement des autres mais pas sur le jugement de Dieu.

 L'affirmation paradoxale dans laquelle est inscrite aux yeux de Hegel, la structure décrite par sa dialectique, est celle que Dieu fait de lui-même en se faisant homme en la personne de Jésus. Dieu se nie comme Dieu en se faisant homme, car Dieu est au dessus de l'homme ; mais en même temps aux yeux de Hegel, en se faisant homme, Dieu s'affirme comme le Dieu véritable, comme Esprit saint qui habite le monde.(1)

 Jésus se nie comme roi des rois en naissant comme un misérable, dans une étable à Bethléem, mais en même temps il s'affirme comme le plus grand des rois, en niant la grandeur des autres rois qui n'est faite que de richesse et de puissance dans ce bas monde : il affirme que la grandeur de Dieu n'est pas dans ce qui fait la prétendue grandeur des autres rois.

 Jésus affirme le culte en le niant, par ses remontrances aux pharisiens, par exemple (Mathieu, 23) : « Malheur à vous, scribes et pharisiens, hypocrites ! parce que vous nettoyez le dehors de la coupe et du plat, et qu’au dedans ils sont pleins de rapine et d’intempérance. ». Il nie le culte quand il affirme que le culte des pharisiens n'est pas un culte. Mais il affirme le culte comme quelque chose d'autre, un culte avant tout intérieur, qui est supérieur au culte des pharisiens, uniquement extérieur.

 Jésus affirme la moralité humaine en la niant, quand il dit à ceux qui voulaient lapider la femme adultère (Jean, 8) : « Que celui de vous qui est sans péché jette le premier la pierre contre elle. » La moralité humaine est niée par celui qui dit qu'aucun homme n'est innocent, mais elle est en même temps affirmée comme quelque chose de possible pour des hommes, des êtres coupables : quelque chose qui commence en ayant conscience de sa culpabilité.

 Jésus affirme aussi sa grandeur et la grandeur potentielle de la vie humaine en les niant, quand il se laisse torturer et humilier par le chemin de croix et la crucifixion, avec les coups qu'il reçoit et la lourde croix qu'il doit porter jusqu'en haut du mont Golgotha, le déguisement de faux roi grotesque qu'on le force à mettre puis la quasi-nudité, la couronne d'épines et l'inscription ironique sur la croix : "roi des juifs".

 Jésus invite les croyants à affirmer leur croyance en la niant, quand ressuscité après la crucifixion, il dit à Thomas (Jean, 20) : « Parce que tu m’as vu, tu as cru. Heureux ceux qui n’ont pas vu, et qui ont cru ! ». Il les invite à nier leur croyance, en ayant conscience qu'elle ne se fonde sur aucune preuve scientifique, ou observation. Mais il les invite en même temps à affirmer leur croyance comme quelque chose qui se fonde sur quelque chose d'autre, supérieur à la science et à l'observation. La solidité de cette croyance est niée puisqu'elle ne se fonde sur rien de scientifique ou observable. Mais en même temps cette croyance est ce qu'on peut faire de plus solide, puisque rien de scientifique ou observable ne peut l'ébranler.

Les affirmations paradoxales dans d'autres formes de sagesse grand public.

 Avec d'autres textes religieux et d'autres expressions encore de sagesse grand public, le Nouveau Testament partage beaucoup de choses.

 Il partage souvent la forme d'expression : le plus souvent, par des histoires qu'il est facile de comprendre au premier degré, et de raconter, souvent attrayantes parce que vivantes voire amusantes ; ou au moins par des textes simples et assez courts, parfois des phrases simples. L'histoire, le texte simple, la phrase simple, sont faciles à intégrer et à transmettre, mais quelqu'un qui les connait peut ensuite, toute sa vie, enrichir son interprétation de ces vecteurs de sagesse : comme s'ils étaient une petite boite facile à transporter, mais renfermant quelque chose qui peut parfois presque infiniment se déployer. 

 Peut-être grâce à cette forme, les expressions grand public de sagesse partagent aussi avec le Nouveau Testament et autres textes religieux, leur grande diffusion et leur longévité. Peu d'auteurs peuvent se flatter d'avoir une œuvre qui a eu la diffusion et la longévité des grands textes religieux. Les Fables d'Esope ont été racontées au VIème siècle avant Jésus Christ, en Grèce ancienne, et beaucoup d'entre elles sont réapparues sous une forme nouvelle, dans d'autres contextes. Elles ont été rappelées à la Rome du Ier siècle par Phèdre ; puis elles ont été adaptées au monde Arabe du XIIIème siècle, par Djalal ad-Din Rumi ; puis adaptées à la France du XVIIème siècle, par La Fontaine. Les autres histoires, contes, dictons, films hollywoodiens, préceptes de vie dits simplement par des vieux sages, ont aussi de belles longévités et diffusions.

 La sagesse qu'expriment ces vecteurs grand public de sagesse, a aussi un rapport très étroit avec la vie de ceux qui s'en imprègnent : elle parle aux gens des problèmes de leur vie, auxquels ils sont familiers, et elle leur dit des choses qui souvent sont confirmées par la vie. Cette proximité de la sagesse grand public avec la vie de la plupart des gens explique peut-être aussi sa diffusion et sa longévité.

 Enfin, la sagesse qu'expriment ces vecteurs grand public de sagesse, consiste souvent en la compréhension d'une vérité paradoxale.

 Les Fables de La Fontaine, c'est à dire souvent, les Fables d'Esope, racontent souvent comment un désir ou un potentiel ne peut vraiment s'affirmer qu'en se niant, en se posant des limites, ou en se voyant comme partie d'un tout plus grand que lui. Dans la fable du « Corbeau et du renard », le désir du corbeau d'être estimé par les autres, ne peut vraiment être satisfait que si le corbeau pose des limites à son désir, ne laisse pas son désir lui faire croire toutes les flatteries qu'on peut lui dire. Ecouter les flatteries le conduit finalement au contraire de l'estime de lui-même : l'humiliation d'être un dupe. Dans « Le lièvre et la tortue », le lièvre ne peut affirmer son potentiel à la course qu'en niant son potentiel, c'est à dire en ne le surestimant pas : trop surestimer son potentiel le conduira à ne pas même être capable de faire quelque chose de très facile, battre la tortue à la course. Dans « Le lion et le rat », le lion est nié comme indépendant du rat dont il aura besoin, mais il est en même temps affirmé comme partie d'une coopération amicale entre lui et le rat, dans laquelle ils sont complémentaires.

 Le conte pour enfants qui raconte l'histoire de Pinochio, créé au XIXème siècle par Carlo Collodi, explique pourquoi la liberté s'affirme en se niant dans la contrainte. Celui qui ne s'impose aucune contrainte devient un âne et un esclave travaillant dans des mines. Tandis que celui qui s'impose des contraintes peut devenir un être vraiment libre. La tendresse pour l'enfant s'affirme en se niant, quand elle est en même temps désillusion sur lui, négation que l'enfant soit adorable comme un petit ange, mais affirmation qu'on peut aimer un petit être rempli de défauts, et lui dire en riant quand il ment : ton nez remue, il va s'agrandir comme celui de Pinochio.

 Un dicton tel que « le mieux est l'ennemi du bien », dit que le bien s'affirme en se niant : il se nie quand il se pose des limites et renonce à être le mieux, mais s'affirme en devenant réalisable. « Chacun ses goûts », est un dicton par lequel on affirme ses goûts comme singuliers en les niant comme les seuls goûts possibles.

 Dans un film comme La guerre des étoiles, c'est en allant au cœur de l'Etoile noire, dans le lieu le plus dangereux de l'univers, que le héros parvient à détruire la menace qui pèse sur l'univers : il affirme donc son désir de tranquillité en le niant par l'affrontement du plus grand danger. Une série comme L'agence tous risques affirme chaque personnage d'un groupe en le niant, comme partie d'un groupe de gens complémentaires les uns aux autres : chacun est nié dans son indépendance, dans sa capacité à tout faire en toutes circonstances, car a besoin du groupe ; mais chacun s'affirme alors, en devenant plus que lui-même, en devenant une partie d'un groupe capable de beaucoup plus de choses que lui-même tout seul.

 Enfin, les sages stoïciens affirment la liberté en la niant, quand ils disent qu'il faut distinguer ce qui dépend de nous et ce qui ne dépend pas de nous. Ils nient la liberté en la limitant, quand ils disent qu'il faut accepter ce qui ne dépend pas de nous. Mais par cette négation ils permettent à la liberté intérieure de s'affirmer comme indépendante des contraintes extérieures sur lesquelles on n'a pas de prise. Dans l'Ethique à Nicomaque, Aristote affirme chaque énergie vertueuse dans sa négation par une certaine modération, par laquelle cette énergie vertueuse devient une véritable vertu, qui se situe entre deux excès : l'absence de l'énergie vertueuse, ou l'énergie vertueuse trop modérée, et l'énergie vertueuse trop exaltée, pas assez modérée. Par exemple le courage s'affirme en se niant dans la prudence ; il se situe entre les deux excès que sont le fait de ne pas arriver à affronter la peur, et la témérité.(2)

Le pouvoir de renversement des affirmations paradoxales, et les limites de ce pouvoir.

 Pour décrire la structure de ces affirmations paradoxales, d'une manière plus simple et moins approfondie que celle d'Hegel, on pourrait dire qu'il y a une chose dans une version initiale, que ces affirmations affirment en la niant dans une nouvelle version de cette chose. La version nouvelle de la chose est plus authentique, ce qui veut dire qu'il y avait dans la version initiale, ou entre la version initiale et le reste de l'univers, une contradiction.

 Par exemple, une énergie vertueuse peut nous pousser à définir une bonne chose d'une certaine manière, mais il peut s'avérer après coup que cette bonne chose est irréalisable dans cette version initiale. Cette bonne chose, définie ainsi, ne pourrait coexister avec d'autres choses qui doivent exister, elle rentre en contradiction avec elles. Il nous faut alors affirmer cette bonne chose en la niant dans une version plus limitée d'elle même, qui la rende compatible avec ce avec quoi elle doit coexister. La nouvelle version nie la version initiale, puisqu'il y a des moments où elle refuse d'être comme la version initiale, où elle est son contraire. Mais en même temps elle l'affirme car elle est une version possible de la chose.

 On comprend sur cet exemple quel est le pouvoir de renversement d'une affirmation paradoxale. Supposons deux interlocuteurs, dont le premier défend une bonne chose dans sa version initiale, et l'autre défend cette bonne chose dans sa version limitée. Celui qui défend la version limitée passera au début pour quelqu'un qui refuse la bonne chose elle-même, puisqu'il demande à l'autre de refuser une partie de la bonne chose : il passera donc pour quelqu'un qui est contre le bien, ou pour le mal. Celui qui défend la version initiale mettra toute sa force pour expliquer en quoi la chose est bonne. Et comme un judoka qui fait une prise de judo, celui qui défend la version limitée pourra renverser son interlocuteur en utilisant la force qu'il a mise dans son plaidoyer, en retournant cette force contre lui : le défenseur de la version limitée n'a qu'à expliquer en quoi la chose dans sa version initiale est impossible, en quoi donc la seule version authentique de la chose est sa version limitée, car c'est la seule possible.

 Celui qui est renversé pourra être renversé comme un ami ou comme un ennemi. Si c'est un ami, qui est prêt à admettre que le bien n'est pas forcément de son côté, que son interlocuteur ne cherche pas forcément à défendre le mal, alors il pourra être converti. Et si c'est un ennemi, qui pense que quand on le contredit c'est nécessairement au bien qu'on s'oppose, alors il ne pourra pas être converti, mais lorsque la discussion est en public il pourra au moins être montré pour ce qu'il est à ceux qui seront assez lucides pour le comprendre quand on le leur montre.

 L'affirmation paradoxale part d'une chose dans une version initiale, et affirme cette chose en la niant dans une nouvelle version plus authentique : mais admettre que la nouvelle version est plus authentique dépend parfois de la subjectivité de chacun, des choix de vie de chacun. La dialectique sert ici à mettre le langage en phase avec notre subjectivité et la réalité, elle sert à découvrir les contradictions entre les paroles et la subjectivité ou la réalité. Mais elle ne peut pas toujours mettre tout le monde d'accord, dès lors qu'il y a des différences de subjectivité. Un interlocuteur ne pourra pas faire de prise de judo dialectique à un autre interlocuteur, si cet autre interlocuteur est bien sur ses appuis, c'est à dire est bien cohérent dans ses paroles, avec sa subjectivité et la réalité.

 Par exemple, quand Jésus dit qu'on s'affirme plus authentiquement en se laissant maltraiter ou humilier par l'autre, parce que seule compte notre liberté ou notre dignité intérieure : tout le monde ne se sentira pas le cran d'aller jusqu'au bout de cette logique, et de se laisser maltraiter et humilier comme lui, tout le monde n'aura pas la même force d'âme, et ne voudra pas faire les mêmes choix ; ou encore, on pourra penser qu'il n'y a pas à se sentir coupable de ne pas se laisser faire. Ou quand Jésus dit que la croyance sans preuve scientifique est plus authentique, on pourra au contraire sentir en soi qu'il n'y a pas de raison assez forte de croire en Dieu, encore une fois ça reste une question de subjectivité.

Notes.

1. Livres sur la dialectique hégelienne : Bruaire, La dialectique ; Goddart, Hegel et l'hégélianisme ; Bourgeois, Le vocabulaire de Hegel 

2. Livres sur des sagesses anciennes, autres que celle d'Aristote : Gourinat, Le stoïcisme ; (PUF), Lire Epicure et les épicuriens


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18 réactions à cet article    


  • Gollum Gollum 10 décembre 2012 12:46

    Intéressant. 


    On regrette quand même quelques oublis. En ce qui concerne la notion de réalité paradoxale je ne connais pas mieux que l’univers mental taoïste d’un Lao Tseu ou d’un Tchouang Tseu pour illustrer vos dires.. La logique dialectique chinoise à 4 termes aurait méritée d’être mentionnée. Elle est particulièrement apte à concilier les contraires.

    À l’inverse total d’ailleurs de la dialectique marxiste à 2 pôles, héritière de la logique dualiste d’Aristote, et qui loin de concilier les contraires les fait s’affronter l’un l’autre jusqu’à anéantissement de l’un par l’autre. La logique marxiste est donc une logique de guerre, ce pourquoi elle a engendrée tous les massacres que l’on connaît maintenant...

    • La mouche du coche La mouche du coche 10 décembre 2012 13:00

      Commentaire non moins intéressant. La dialectique marxiste attise le conflit quand les paradoxes du Christ étaient au contraire là pour les apaiser.


      L’article développant ce que vous venez de synthétiser reste à faire. smiley

    • Maître Yoda Castel 10 décembre 2012 14:12

      "Jésus dit qu’on s’affirme plus authentiquement en se laissant maltraiter ou humilier par l’autre, parce que seule compte notre liberté ou notre dignité intérieure"

      A mon avis, c’est encore plus profond que d’apaiser. Le Christ faisait tout pour ne rien attiser, comme si le développement du monde était dangereux, comme si notre mental ne devait en rien s’attacher au monde extérieur.


    • volt volt 10 décembre 2012 14:24

      Bien ficelé, avec spirales fines, loufoques et instructives ; mais dommage que vous n’abordiez la question de la Subjectivité qu’en fin de parcours, et que sur la lecture testamentaire vous vous en teniez au « populaire » qui est si attaché au plus imagé...


      D’abord lorsqu’au détour d’une célèbre baffe, vous notez : "Dieu se nie comme Dieu en se faisant homme«  ; il faut envisager que la logique - d’Enseignement - consiste ici, en se faisant homme, à se nier comme homme ; car qui ne voudrait pas la rendre cette baffe ? 
      Sans doute vous ne l’envisagez ainsi que parce qu’en fin de texte vous n’interprétez cette retenue qu’en termes de  »force d’âme«  ; or c’est exactement l’inverse qui est proposé comme leçon : 
      En finir même et surtout avec l’âme justement... Donc même avec l’homme en quelque sorte, en tout cas avec un certain type d’homme ou d’humain - ce qui est très in-hum-ain, puisqu’il s’agit bien de ne plus y être enterré, dans l’homme...

      Ce dernier point est repérable selon la vraie dialectique néo-testamentaire, qui est statistiquement repérable : Quel est le mot qui revient le plus souvent ?  »Moi« ... ça n’en finit plus de dire  »Moi« . On dirait qu’il passe le plus clair de son temps - qui n’est que clarté - à leur apprendre, ou plutôt leur réapprendre, à dire  »Moi«  - et cela : où, comment, et à quelles conditions, sans oublier en quoi le danger du faux moi est immédiatement celui du meurtre...

      Pour preuve, en écho logique à ce leitmotiv lancinant des textes qui consiste continuellement à dire »Moi Je suis«  - ego eïmi - (Moi Je suis la Lumière, Moi Je suis la Vérité, Moi Je suis la Vie... etc. - insupportable bonhomme qui n’arrête pas de dire »Moi Je suis" au point qu’alentour tout est ébranlé !...) ; bref, l’antithèse exacte de cette Affirmation continue est précisément donnée par Saint-Pierre qui se réchauffe auprès du feu, au moment où il est interrogé par la vieille quant à savoir s’il n’est pas l’un de ses disciples... A quoi il répond très précisément : 
      Moi je ne (le) suis pas..
      Trois fois le coq va chanter, trois clous sont enfoncés, tout est joué... 
      CQFD : Il suffit de poser le Moi de travers pour être déjà dans le meurtre.

      Ainsi, toute la dialectique - si hegelienne d’apparence, Kojève oblige - du Moi et du Sujet dans la théorie lacanienne, est encore le descendant direct de ce grand débat ici ouvert par le Christ sur la Subjectivité, et sur le mode le plus socratique. 

      • Crab2 10 décembre 2012 16:03

        Toute position est subjective, sauf que la plupart des gens [ ou pseudo-philosophes ] refusent d’assumer leur subjectivité - pour prétendre détenir la vérité

        J C, n’est pas le maître du désir mais celui de la résignation au sort que lui ont réservé ses contemporains pour lui apprendre ce qui arrive à tous ceux qui se croient meilleurs que les autres


        Suite :

        http://laicite-moderne.blogspot.fr/2012/12/operas.html





        • Ruut Ruut 10 décembre 2012 16:38

          Satan nous offra le savoir, la curiosité et la science que dieu nous refusait.
          Dieu voulais il que nous ne restions que des animaux soumis vulnérables a tous les prédateurs ?
          Voulais il vraiment notre bien ?


          • Romain Desbois 10 décembre 2012 17:10

            La question ne se pose pas puisque votre dieu n’existe pas, les dieux n’existent pas.


          • Maître Yoda Castel 10 décembre 2012 17:22

            Le diable, c’est celui qui nous fait croire que nous avons de l’importance. Je l’appelle l’égo.


          • Soi même Soi même 10 décembre 2012 19:53

            @ Castel, pour certain le sens du mal est une énigme, ego ; égoïsme, égocentrisme,

            c’est de la superstition négative !

            @ Ruut, le Diable se niche dans les détailles !


          • Maître Yoda Castel 11 décembre 2012 08:46

            Il est où l’égo ? pourquoi croire qu’il est nécessaire ? Les choses se font plus naturellement qu’on le croit. Nous nous attachons mordicus à l’idée qu’on existe indépendamment des autres et qu’on mérite des choses.

            La différence dieu / diable est assez clair pour moi : le monde de dieu, c’est d’enlever notre égo et penser que tout se fait naturellement. Le monde du diable, c’est le développement du monde pour et par l’égo.


          • Soi même Soi même 11 décembre 2012 12:29

            @ Castel, erreur fatal, ce n’est pas perdre son ego qui s’agit avec cela tu te jettes dans les bras de Lucifer qui se fait passé pour la lumière, alors qu’il est que le porteur de la lumière n’est pas la lumière !

            Avec l’outrecuidance tu te jettes dans les Bras d’Ahriman qui te fais raisonné une pensé résonante.

             Pour sortir de égoitè, ce n’est pas l’étouffé qui convient c’est l’anoblir, c’est quand son intêret personnel devient un intérêt général pour les autres, que l’on anobli son égoïsme en élargissant aux autres !


          • Maître Yoda Castel 11 décembre 2012 13:39

            Les autres sont dans ma tête et le monde aussi. Penser agir pour eux dans leur(s) intérêt(s) est s’accorder beaucoup d’importance. Si tu ne fais que ton boulot ou ton hobby et que tu acceptes la place limitée qui t’es accordé en essayant d’évoluer intérieurement, il n’y a pas de problème, mais si tu veux prendre de plus en plus d’importance dans ce monde et que tu te crois investi d’une mission divine, cette folie vient plus du diable que de la simple raison.


          • Soi même Soi même 10 décembre 2012 19:29

            Luc 9.57-62

            57 Pendant qu’ils étaient en chemin, un homme lui dit : Seigneur, je te suivrai partout où tu iras. 58 Jésus lui répondit : Les renards ont des tanières, et les oiseaux du ciel ont des nids : mais le Fils de l’homme n’a pas un lieu où il puisse reposer sa tête. 59 Il dit à un autre : Suis-moi. Et il répondit : Seigneur, permets-moi d’aller d’abord ensevelir mon père. 60 Mais Jésus lui dit : Laisse les morts ensevelir leurs morts ; et toi, va annoncer le royaume de Dieu. 61 Un autre dit : Je te suivrai, Seigneur, mais permets-moi d’aller d’abord prendre congé de ceux de ma maison. 62 Jésus lui répondit : Quiconque met la main à la charrue, et regarde en arrière, n’est pas propre au royaume de Dieu.


            Saint Marc 10, 17-30

            Jésus se mettait en route quand un homme accourut vers lui, se mit à genoux et lui demanda : « Bon maître, que dois-je faire pour avoir en héritage la vie éternelle ? » Jésus lui dit : « Pourquoi m’appelles-tu bon ? Personne n’est bon, sinon Dieu seul. Tu connais les commandements : Ne commets pas de meurtre, ne commets pas d’adultère, ne commets pas de vol, ne porte pas de faux témoignage, ne fais de tort à personne, honore ton père et ta mère. » L’homme répondit : « Maître, j’ai observé tous ces commandements depuis ma jeunesse. » Posant alors son regard sur lui, Jésus se mit à l’aimer. Il lui dit : « Une seule chose te manque : va, vends tout ce que tu as, donne-le aux pauvres et tu auras un trésor au ciel ; puis viens et suis-moi. » Mais lui, à ces mots, devint sombre et s’en alla tout triste, car il avait de grands biens. Alors Jésus regarde tout autour de lui et dit à ses disciples : « Comme il sera difficile à ceux qui possèdent des richesses d’entrer dans le royaume de Dieu ! » Les disciples étaient stupéfaits de ces paroles. Mais Jésus reprend : « Mes enfants, comme il est difficile d’entrer dans le royaume de Dieu. Il est plus facile à un chameau de passer par le trou d’une aiguille qu’à un riche d’entrer dans le royaume de Dieu. » De plus en plus déconcertés, les disciples se demandaient entre eux : « Mais alors, qui peut être sauvé ? » Jésus les regarde et répond : « Pour les hommes, cela est impossible, mais pas pour Dieu ; car tout est possible à Dieu. » Pierre se mit à dire à Jésus : « Voilà que nous avons tout quitté pour te suivre. » Jésus déclara : « Amen, je vous le dis : personne n’aura quitté, à cause de moi et de l’Évangile, une maison, des frères, des soeurs, une mère, un père, des enfants ou une terre, sans qu’il reçoive, en ce temps déjà, le centuple : maisons, frères, soeurs, mères, enfants et terres, avec des persécutions, et, dans le monde à venir, la vie éternelle. »

            Des phrases bien paradoxales, 

            « Laisse les morts ensevelir leurs morts, »

            « va, vends tout ce que tu as, donne-le aux pauvres et tu auras un trésor au ciel »




            • Soi même Soi même 10 décembre 2012 19:48

               Une idée paradoxale, la quadrature du cercle !


              • Dwaabala Dwaabala 10 décembre 2012 20:57

                La dialectique n’est pas uniquement morale et ne sert pas uniquement à faire passer Dieu en contrebande via son incarnation dans Jésus.
                La dialectique est dans les choses, mais ce serait là aborder un sujet visiblement pas très en cour auprès de la plupart de vos commentateurs.


                • Soi même Soi même 10 décembre 2012 21:08

                  la dialectique est un des 7 arts libéraux, La dialectique (appelée aussi méthode ou art dialectique) est une méthode de discussion, de raisonnement, de questionnement et d’interprétation.

                   

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