La France des principes
Depuis quelques jours, les réactions enflammées se produisent de toutes parts concernant l’annulation d’un mariage pour cause de « non-virginité ». Bien entendu ce qui choque nombre de personnes, c’est que la justice par sa décision semble donner raison à une conception de la relation homme-femme que d’aucun pourrait qualifier de rétrograde. C’est d’ailleurs bien la symbolique de la décision qui cristallise les passions : il apparaît qu’un homme a pu annuler son mariage avec une femme car elle n’était pas vierge. A ce sujet, il est choquant pour nombre d’entre nous que la qualité des sentiments d’un homme pour une femme puisse se fonder sur l’état de l’hymen de cette dernière.
Certes cela nous choque, mais qu’avons-nous à proposer comme alternative à la mariée ? Elle ne semble pas manifester la moindre envie de rester mariée et elle voudrait surtout que son cauchemar se finisse rapidement. Nombre de personnes sont montées à la tribune pour s’offusquer du caractère « inadmissible » du jugement, mais a-t-on vu beaucoup de personnes se préoccuper de ce qu’il advenait de la mariée ? Il est vrai que, dans la France des principes, l’aspect pragmatique de la vie d’une personne n’est qu’un détail insignifiant. L’annulation du mariage lui permettait de tirer un trait sur le passé et sur un mariage qui n’aurait jamais dû avoir lieu. Ce n’était certainement pas la plus élégante des solutions, mais cela lui donnait l’occasion d’obtenir rapidement une issue à une situation qui était pour elle terriblement désagréable. Au lieu de cela non seulement elle doit subir l’affront d’un amour conditionné à l’état de son hymen, mais en plus elle doit endurer le cirque médiatique que les militants de tous poils se sont empressés de mettre en place. Et sous la pression des « âmes bien pensantes » de ce pays nous voilà donc dans le scénario tragicomique d’un procureur de la République obligé de faire appel d’une décision de justice qui convenait aux deux parties.
Maintenant, je voudrais interpeller ici ces mêmes « âmes bien pensantes » qui ont fait pression pour que ce jugement soit cassé. J’aimerais que l’on me dise si une seule de ces « généreuses » personnes serait prête à rester mariées une seconde à quelqu’un qui estime que la virginité est un préalable sine qua none au mariage. Il m’est idée que je n’aurais pas beaucoup de réponses positives. A vrai dire, on peut juger certaines idées rétrogrades, irrespectueuses et médiocres, mais s’il faut légiférer sur toutes valeurs sur lesquelles doit se construire notre société cela va vite devenir très compliqué et surtout cela risque de devenir une véritable police de la pensée. Sauf erreur de ma part et considérant les informations à la disposition du public, je ne crois pas qu’on parle ici de mariage forcé ou de dissimulation de la part du conjoint de certaines de ses valeurs (tous deux seraient d’ailleurs à mon sens des motifs valables d’annulation du mariage). Donc, il y a un moment où le libre arbitre doit intervenir. Si l’on commet l’erreur de s’engager avec une personne trop « différente » parce que nos sentiments nous aveuglent, il ne me semble pas déraisonnable de saisir l’opportunité de voir cette erreur annulée.
On peut certes regretter que le marié ait le « beau rôle » dans ce jugement et que son comportement soit basé sur des valeurs contraires à celles sur lesquelles on souhaiterait voir construite notre société, mais il me semble que ce jugement était l’issue la plus raisonnable pour la malheureuse épouse. Et à cet instant la seule chose que je puisse dire, c’est que toutes mes pensées vont vers elle.
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