Pourquoi le cumul des mandats en France ?
“ La politique, un marché
comme les autres où le cumul est une stratégie de placement à moyen et long terme”
Le cumul des mandats ressemble à s’y méprendre à
une stratégie visant à contrôler le marché politique et par là même à
réduire la concurrence en empêchant des adversaires potentiels ou déclarés de
saisir d’opportunités et de « tremplins ».
Le cumul peut donc être considéré comme une ressource dont il est
possible de tirer aussi bien des
profits à court terme mais sutout dans le long terme.
Il importe donc
d’immobiliser ces actifs afin que les concurrents ne puissent bénéficier
des rentes de situation que ces actifs peuvent engender.
Une logique de retour sur investissement digne d’un
courtier
Le cumul des mandats
procure un certain nombre de gratifications
o Matérielles (le cumul des indemnités),
o Symboliques (prestige personnel),
Le cumul est créateur de
privilèges sociaux et de prestige
personnel mais ces ressources ne sont probablement pas le moteur des ambitions
politiques de nos élus, le gain politique semble plus directeur dans cette
stratégie d’investissement.
o Politiques (la popularité du cumulard est une véritable ressource
pour son élection ou sa réélection, elle écarte les concurrents potentiels), en
effet dans tous les scrutins, il existe une
« prime au cumulard » comme il existe une « prime au
sortant ».
Le pourcentage de candidats
élus est toujours plus élevé chez ceux qui cumulent.
Pourquoi ?
Le
scrutin majoritaire est un mode de scrutin qui permet comme au jeu
de rafler la mise.
Il est en vigueur pour les
élections législatives – cantonales, il le sera bientôt pour les conseillers
territoriaux (2014) mais aussi, en partie, pour les élections municipales (qui
sont régies par un système majoritaire à deux tours corrigé depuis 1992 par une
certaine dose de représentation proportionnelle).
Le suffrage indirect, utilisé pour élections sénatoriales, assure, quant à lui, un avantage aux
conseillers généraux et aux maires puisque ceux-ci sont largement représentés
chez les grands électeurs.
o Fonctionnelles (le cumulant exerce un pouvoir en réseau qui lui
permet de maîtriser et d’articuler l’échelon local et l’échelon national).
Une logique de placement digne d’un professionnel de
la banque
Le cumul diversifie les mises, « ne pas
mettre ses œufs dans le même panier. »
o Il permet de se prémunir, lors d’une défaite
éventuelle d’un des mandats d’être exclu de la scène politique ( Répartition
des risques !).
o Le cumul en multipliant les implantations et
les investissements institutionnels, autorise une meilleure résistance aux
vicissitudes de la conjoncture politique et de garder un actif dans la
politique.
En
effet, 1 seul mandat fait prendre
tous les risques, si défaite il y a,
la perte est sèche car le politique perd l’accès au réseau. Réseau permettant d’obtenir services,
soutiens, subventions, notoriété. Son crédit est perdu, il n’a plus de ligne
pour investir, il est donc out et exclu du jeu.
Une stratégie d’implantation
digne des plus grandes entreprises
Le cumul permet de maitriser le
marché politique
o Détenir
un mandat national et local et pourquoi pas d’une communauté de commune fait de
l’élu cumulant le représentant d’une communauté locale et le représentant de la
nation tout entière.
o Il
s’assure alors de la maîtrise du terrain, il l’occupe, détient l’information,
les cordons de la bourse, capitalise sa sphère d’influence, le marché politique une fois ficelé, il
écarte la concurrence de ses adversaires politiques, voire, à l’occasion, celle
de ses amis. En claire il « occupe le terrain ».
o Cette
situation personnelle sur le terrain politique se double d’une influence forte
dans la sphère d’appartenance politique à laquelle il appartient : quand un
parti choisi ses candidats, les instances partisanes sont bien conscientes de
l’« avantage » sur le terrain que détient celui qui cumule. Ses chances de succès
sont accrues. Sans compter que l’intéressé dispose aussi souvent d’une position
dominante dans l’appareil local du parti.
Une stratégie qui offre une situation de quasi monopole
Le cumul
permet d’articuler l’échelon local et l’échelon national
o
le cumul présente de sérieux avantages
fonctionnels, il donne à l’exercice des mandats un maximum d’efficacité.
o
oLe cumul offre aux
élus nationaux la possibilité de garder le contact avec les réalités
quotidiennes auxquelles sont confrontés les citoyens en même temps qu’ils
traitent des grands problèmes du pays au nom de l’intérêt général.
o
L’intérêt porté à la gestion de proximité n’a sans doute jamais été
aussi prononcé que dans la société actuelle.
L’élu qui cumule est à la fois l’interlocuteur
privilégié des administrations locales et nationales , il assure entre ces deux
échelons une communication directe, sans devoir recourir à des relais politiques
ou à des intermédiaires administratifs.
Enfin, la détention de plusieurs mandats
élargit le cercle de relations de l’élu cumulant et dans un
contexte de clientélisme, ce cercle lui permet d’exercer véritablement un
"pouvoir en réseau.
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