• AgoraVox sur Twitter
  • RSS
  • Agoravox TV
  • Agoravox Mobile

Accueil du site > Actualités > Citoyenneté > Les mystères de l’hôpital - III Parole de diktat

Les mystères de l’hôpital - III Parole de diktat

Un patient citoyen
 
Le patient désormais citoyen à part entière, lorsqu’il est malade change de statut que ça lui plaise ou non : il occupe une place importante dans l’hôpital de par sa maladie mais il est diminué au point de demander de l’aide.
 
Il est sans doute plus facilement manipulable et plus sensible à son environnement à moins qu’il ne se retranche dans un espace où personne ne peut l’atteindre, surtout si on ne l’informe pas, si on ne l’écoute pas et s’il n’est pas compris.
 
En entrant dans l’hôpital, généralement sur le territoire de son habitation, il ne choisit ni son médecin, ni les infirmières qui lui sont imposés.
 
Il se peut que le malade ne convienne pas au médecin ou à l’infirmière qui va s’occuper de lui et que le désenchantement soit réciproque.
 
Soins de la phase aigue de la maladie, accident de santé ou de la vie, intervention chirurgicale, il s’agit bien de soigner avant tout le corps en espérant que l’esprit suive pour entamer la phase de guérison.
 
Il y a tant de pathologies diverses, il est probable qu’il n’y a même jamais songé et ne connaît pas le nom de « sa » maladie. Aussi n’est-il pas à même d’intervenir dans les décisions à prendre d’urgence. Il faudra les prendre à sa place et si possible les lui expliquer puis lui laisser un temps de réflexion pour les décisions suivantes.
 
 
Un tiers décideur
 
Il sera alors capable d’être le tiers décideur dans l’hôpital. Sans aller demander trop haut les soins qui lui conviennent.
 
C’est lui qui peut réduire la facture en refusant certains examens qu’il juge inutiles, si ceux-ci sont prescrits dans un autre but que de le soigner ou si l’examen clinique peut le remplacer. Il peut aussi, à la suite de son expérience être entendu au sujet de son esprit et de l’importance de ne pas non plus tout précipiter.
 
C’est encore lui, bien informé qui demandera des examens moins invasifs, des traitements mieux adaptés. C’est lui qui fera progresser l’hôpital et l’assistera dans ses décisions.
Le niveau d’étude ayant considérablement augmenté, il devient un partenaire à part entière dans l’hôpital et doit revendiquer ce statut, également pour limiter les erreurs dont il est victime.
Pourquoi ne pas inclure dans le dispositif thérapeutique un accès à Internet pour qu’il puisse, lui ou sa famille, se documenter, poser les bonnes questions, poser le bon diagnostic, choisir son traitement, dans tous les cas participer aux soins.
 
L’hôpital ne devrait pas en être diminué, ni les professionnels se sentir devenus inutiles car ils passeront plus de temps auprès du malade et peut-être trouveront-ils un regain d’intérêt pour leur profession. Il se peut que les discussions soient âpres. Elles auront plus de sens qu’entre médecins et administration.
 
 
L’hospitalisation à domicile
 
Plus tôt il sera rentré chez lui, mieux ce sera si toutes les conditions sont réunies pour les soins de convalescence à domicile, beaucoup moins coûteux et dans son environnement familier.
 

Moyenne des avis sur cet article :  4/5   (4 votes)




Réagissez à l'article

12 réactions à cet article    


  • clostra 20 mai 2009 13:21

    Petite précision pour les lecteurs qui n’ont pas lu le précédent article : le « diktat » dans l’hôpital, c’est « le malade avant tout »

    Parole de diktat = parole de malade (avant tout)


    • MKT 20 mai 2009 13:29

      A l’auteur.

      La lecture de votre article me plonge dans une grande interrogation.

      Avez vous connaissance de la loi du 4 mars 2002 relative aux droits des malades et à la qualité du système de santé ? Une grande partie de vos attentes est déjà une réalité quotidienne. Les médecins demandent l’accord, et plutôt deux fois qu’une aux malades, avant d’effectuer sur eux des actes chirurgicaux ou particulièrement importants.

      Votre vision du patient pesant le pour le contre, me semble quelque peu iréniste.
      Je ne vois pas bien l’intérêt d’un patient (malade) qui se priverait de l’accès à l’IRM s’il pouvait en bénéficier.

      Par contre la régulation par les prix est une voie, le film de Denis Arcant « les Invasions barbares » nous montre que lorsque l’on paie de sa poche, alors les prestations sont au rendez-vous.

      Est ce cela que désire la société française ?


      • clostra 20 mai 2009 13:59

        Oui pour la LOI, même parfois difficile à appliquer, surtout en situation d’urgence. Et puis, le « plutôt deux fois qu’une » est déjà suspect.

        Bien sûr, l’IRM permet pas mal de raccourcis (sauf pour les clostros, mais ça s’arrange - car si on est clostro et qu’on est gros on a tout a y gagner -  : un bel infarctus dans cette bonbonne ça doit être spectaculaire !), mais ça ne donne pas le traitement, ni l’évolution.

        Non je ne crois pas à la régulation par les prix. Une caserne en temps de paix : ça coûte sûrement très cher et on ne pinaillera pas sur le choix du pays sur lequel on va pointer un engin coûteux.

        Le problème que je vois est autre : la patient a-t-il envie de tout savoir et de décider ? si non, à qui peut-il demander de l’assister (famille ? - je te hais -, ami proche ? est-ce un « nouveau métier » ? un coach ? une association de malades de la même pathologie - il y a des exemples prometteurs -) et surtout, l’hôpital dans lequel il est a-t-il la possibilité de répondre à une demande de traitement qui serait inhabituel etc.


        • Benoit 17 21 mai 2009 10:15

          Cette vision edeniste du patient régulateur de soins me semble oublier des réalités de terrain assez contradictoires.
          D’abord parceque le patient le plus intelligent et instruit devient souvent un gamin quand on lui dit qu’il peut mourir, ensuite parceque même si les français sont plus instruits, l’instruction n’est pas un synonyme d’intelligence, enfin parce que l’auteur de cet article oublie le facteur psychologique.
          Souvent le patient préfère se laisser guider que de prendre des décisions qui pourraient avoir des conséquences catastrophiques, souvent le médecin surbooké ou peu attentif a tendance à prescrire sans l’avis du patient.
          Trop souvent des examens couteux sont prescrits sans utilité réelle notamment dans les hôpitaux publics, pour des raisons de recherche ou par pure sécurité intellectuelle.

          La grippe A est un exemple criant, le déploiement de moyens colossaux est un gaspillage extraordinaire de deniers publics, la grippe est sans gravité, tue nettement moins que les grippes saisonnières, ne tue que des sujets fragilisés qui n’auraient de toute façon pas résisté à la prochaine affection, mais on dépense des fortunes pour nous faire croire que les politiques ont eu des réactions adaptées.


          • clostra 21 mai 2009 10:40

            Oui, c’est bien là notre propos.

            Et quelques pièces à ajouter au puzzle.

            Tout d’abord, l’hôpital public a ses écueils, de même que la clinique privée où - à confirmer - vous payez pour vous taire (vous n’aviez qu’à mieux la choisir).

            Ensuite : rapidement, le patient devient LE spécialiste de SA maladie. Il finit par savoir mieux que tout autre ce qui l’améliore et ce qui l’aggrave.

            Reprenons le fait que le patient doit donner son accord pour des soins et interventions qui comportent un risque. (Pour les examens évidemment s’ils ne sont pas « intrusifs », le prescripteur peut omettre d’en souligner l’objet et le coût, voire l’inutilité pour lui personnellement et le patient s’y soumettre avec grâce).

            Reprenons l’IRM : si c’est vraiment la panacée* (et ça pourrait le devenir) : il faut supprimer tous les autres appareils encombrants...et les produire en série.

            *panacée : terme impropre car jusqu’à ce jour, l’IRM n’a guéri personne.

            Enfin, pourquoi le patient choisirait-il les examens et les traitements les plus coûteux ?

            Nous sommes, par exemple, quelques uns à soigner la Sécu (involontairement d’ailleurs, confirmé pourtant par les données du Développement Durable) en utilisant l’homéopathie. Excepté, je crois, un hôpital du XVème - Saint Jacques ? - , hospitalisé, le patient perd SA médecine au profit de traitements allopathiques.

            y a-t-il d’autres pièces à mettre au puzzle ?


          • clostra 26 mai 2009 21:57

            Vous êtes en colère, je sens ça et je respecte.

            Oui l’hôpital agit tous les jours et fait preuve de beaucoup d’activité. Peut-on imaginer une structure telle que définie par la Président pour répondre à l’état de crise du malade (la phase aigue) et qui ne réponde qu’à ça. Le reste restant à inventer. C’est un peu dans ce sens que j’allais.

            Sur la recherche fondamentale nous sommes à peu près d’accord : la recherche appliquée (une sorte de tri dans les résultats ou non résultats de la recherche fondamentale) rapporte : pas une raison pour faire rapporter ce qui fait partie du tri ou pire : ne rechercher que dans ce qui va rapporter.

            Oui, la recherche militaire : un exemple : comme il serait bien si nos soldats en pleine bataille pouvaient - supériorité sur l’adversaire - ne pas dormir durant 72 heures d’affilée tout en restant frais comme des gardons ! d’autres recherches et travaux pour augmenter l’endurance etc.

            Enfin : ce n’est pas un pléonasme, du moins, vous avez raison : la RMN englobe l’IRM. La RMN peut en effet aller beaucoup plus loin en permettant de suivre des processus physiologiques mis en évidence par des éléments autre que H2O : le P ou bien d’autres. Il y a aussi la PET etc

            Quant aux services de médecine nucléaire, c’est ce que lit le patient quand il entre dans les locaux pour une scintigraphie. Nous sommes d’accord, pour le patient - qui pense parfois que beaucoup d’examens vont le guérir - la scintigraphie n’est qu’un examen.


            • clostra 26 mai 2009 22:03

              Ah ! oui ! les nouvelles maladies : un exemple : des moments difficiles dans la vie on en a tous, est-ce pour autant une maladie ? oui si on regarde ça sous l’angle de la rentabilité au boulot. Alors, on prend des remontants, des anxiolytiques etc au risque de voir les choses resurgir quelques années plus tard et cette fois avec beaucoup moins de sens et beaucoup moins d’éléments pour en dépasser les causes.

              Exemple : le deuil n’est pas une maladie.


              • clostra 28 mai 2009 09:18

                Dans le fond nous sommes assez d’accord : l’hôpital sait et l’usager n’a qu’à bien se tenir !
                Mais, surtout aussi sur ce que vous exposez. Vous le savez -mais on n’insistera pas trop là-dessus - si le patient est sous l’emprise du médecin, le médecin, lui est - risque d’être - sous l’emprise des laboratoires pharmaceutiques et autres fournisseurs y compris de formation.

                Enorme pouvoir de celui qui sait face à l’ignorant. Et tout pouvoir appelle un contre-pouvoir.

                Petite précision, quand même sur la RMN : l’IRM, quoique très performante, pourrait n’être que anecdotique face à son énorme potentiel. Par contre, je vous le concède : c’est la RMN la plus spectaculaire.


                • clostra 28 mai 2009 10:33

                  Et finalement vous me donnez l’occasion d’une conclusion (provisoire ?) avec quelques informations :

                  L’accompagnement des patients dans les parcours médicaux, quelque chose qui nous parlerait si effectivement le médecin référent était une sorte de super spécialiste, capable de synthétiser le meilleur de la médecine du moment, et ce, pour son patient. Comme vous le savez : il est plutôt moins reconnu que ses confrères (la visite est moins payée) et s’il a fait un passage obligé en milieu hospitalier, tout juste aura-t-il une mention de « spécialité ». Le généraliste devrait être un « super spécialiste », pratiquant une médecine lente, à l’écoute de son malade, bien rémunéré, à l’abri des influences du moment.

                  Autre chose : on apprend que l’APHP « institutionnalise » les « usagers » dans ses hôpitaux. Petite confusion des genres : les maisons des accompagnants (famille) devraient faire partie de l’arsenal thérapeutique, mais est-ce là que l’on trouve la spécificité de leur présence. Ils vont bien entendu épouser l’idée que leur hôpital doit être/devenir le meilleur.

                  Ensuite, les médecins sont partout : chez les pompiers, dans les bureaux des juges, en conseillers, en politique etc. Or on sait, statistiques en main que 20% d’entre eux présentent des troubles liés au stress (pour le moins), soit 1 sur 5, ce qui est plus que dans la population générale. Et on le comprend d’ailleurs. Pourtant ils échappent à la médecine du travail...

                  Il y a bien entendu dans cette population, au minimum le même nombre de « délinquants » que dans la population générale, allez : ramené à leur milieu hautement qualifié et intellelectuel.

                  On apprend que dans cette société d’hypersurveillance, eux seront à l’abri (pas de mouchard sur leurs ordis).

                  Jacques Attali (ben oui, je crains de ne pas être prise au sérieux) annonçait cette société gouvernée par la médecine et la biologie, policée à souhait et, pourquoi pas ? soutenue par la police (NDLR).

                  On le sait, certains médecins - qu’on nentend plus d’ailleurs -, refusaient cette société.

                  Alors : quel « référent » pour aider le patient dans ses décisions ?


                  • alizée 28 mai 2009 15:49

                    A l’auteur :
                    mais qu’est-ce que vous voulez ? vous n’êtes pas contente de l’hôpital français à l’heure actuelle ? alors allez dans d’autres pays et vous reviendrez en courant je pense.
                    De plus, quel est votre véritable problème avec les technologies employées en milieu hospitalier ? je pense que le gouvernement français doit tout mettre en oeuvre (de l’argent) pour permettre aux patients d’être soignés dans les meilleures conditions afin qu’ils ne restent pas indéfiniment dans les services qui sont engorgés par le trop plein de patients, lesquels pourraient rentrer chez eux et libérer de la place pour les suivants. Dans votre article vous présentez les medecins et personnels soignants comme des gens avares, ne voulant que détruire le patient et le ruiner.STOP ! le medecin participe à l’explication de la maladie et les soignants tentent au max de protéger le patient et ainsi de le rassurer.
                    Nous ne sommes plus au début du XVII siècle, lors de la création de l’hôpital général qui ne prenait pas soin des patients mais torturait les enfants perdus de paris.


                    • clostra 28 mai 2009 20:23

                      Comme vous y allez !

                      Face peut-être à la « Parole de Diktat » (« guérir ») on peut effectivement entendre la « Parole de médecins et soignants » (« soigner ») et trouver une dialectique qui échappe aux décisions consensuelles.

                      Je repensais au post dans les Mystères de l’Hôpital II à propos de l’accord préalable « plutôt deux fois qu’une » demandé au patient et songeais aux personnes qui signent avec une croix... (c’est à ça que j’ai pensé quand vous m’avez dit que je n’y comprenais rien à l’IRM, parce que c’est aussi ces personnes-là qu’il faut représenter)


                      • clostra 30 mai 2009 08:48

                        Merci Néwick pour votre contribution passionnante et les infos que vous nous apportez. De l’espoir aussi.

                        Il est vrai que ces derniers temps les voix se sont tues face à toutes ces dépenses de santé que nous ne pourrions (?) pas assumer.

                        L’idée qu’il s’agit d’une lutte (guerre) contre la maladie à assumer comme on assume la défense nationale (ou Européenne voire mondiale) permettrait peut-être de sortir de cette situation particulière où la recherche fondamentale et appliquée internationale a beaucoup progressé mais ne peut encore élaguer...

Ajouter une réaction

Pour réagir, identifiez-vous avec votre login / mot de passe, en haut à droite de cette page

Si vous n'avez pas de login / mot de passe, vous devez vous inscrire ici.


FAIRE UN DON







Palmarès