Les non violents montent au front ! Acte 1
100 000 marcheurs en direction de Delhi en octobre 2012, c'est un véritable défi qui est en train d'être relevé par des organisations sociales du monde entier qui se solidarisent. Les 10, 11, 12 et 13 juin avaient lieu les rencontres de Saint Antoine l'Abbaye consacrées à l'économie. De nombreux éclairages souvent convergeant sont venus de multiples sources, élairer les consciences et réaffermir certaines convictions. De nombreux responsables associatifs ont fait le déplacement...
Et si on mettait « équilibre » en face « développement », c’est un peu sur cette note qu’ont commencées les rencontres de Saint Antoine l’Abbaye organisées par l’association « Gandhi international » sur le thème : « une économie non violente est-elle possible ? ».Vendredi 10 juin Etienne Godinot et Louis Campana ont introduit les travaux de quelques mots simples où il y avait celui là : « équilibre ». Il est aussi question de réhabiliter le conflit pour combattre la violence.
Pulsion de vie
La combativité, qui « doit être éveillée », est vue chez les non violents comme une « pulsion de vie »…je souscris. La Boétie, Thoreau, Tolstoï sont au rang des grands ancêtres, après on passe par Martin Luter King, mais la référence des références c’est Gandhi, grand lutteur parmi les lutteurs, toujours déterminé, jamais violent ! Ça commençait fort, on était déjà content d’être là dès en arrivant et on verra que c’est allé crescendo. Déjà le lieu est d’exception, la communauté de l’Arche est installée dans une ancienne et très belle abbaye dotée d’un jardin immense et magnifique, dans lequel on passait de groseilles, en cassis, puis du goût des framboises au parfum du chèvrefeuille. Rangées de carottes, choux, tomates, patates, rhubarbe… agrémentés de cosmos et dahlias, la diversité est là, l’ordre règne, ça sent la productivité, les oiseaux chantent, on y est bien, on mangera bio et végétarien, personne ne s’en plaindra, en plus le dimanche, il y a du vin.
Se corrompre ou se faire éliminer
Nous sommes 60 ou 70, venant de partout dont Inde, Suisse, Belgique, Espagne, Bretagne…Philippe Richet du Réseau Espérance dit : « un réseau s’il fonctionne bien n’a pas besoin d’animateur, chacun est le cœur du réseau ». Comme on aimerait que ce soit toujours vrai. Nicolas Sersiron vice président du Comité pour l’annulation de la dette du tiers monde (CADTM-France) entame son propos sur le milliard d’affamés et le milliard de carencés, qu’il faut ajouter et qu’on oubli souvent. Il met en face l’obésité qui frappe nos pays. Les routes et chemins de fer qui ont été fait avec l’argent des « Banques mondiales » et autres « FMI » servent en fait à poursuivre le travail d’extraction des matières premières entamé au moment de la colonisation. C’est une « dette odieuse, elle n’a pas à être remboursée ». Ces équipements ne servent pas aux populations, qui ne sont pour rien dans ces décisions. C’est terrible de devoir se dire que : oui il a raison quand il nous dit que les dirigeants de ces pays n’ont pas eu d’autres choix que de se corrompre ou de se faire éliminer, Lumumba, Sankara, Allende…la liste est longue. Il dit que le FMI a pris le pouvoir dans ces pays et que maintenant c’est au tour de la Grèce…il terminera son propos sur la surconsommation de viande dans les pays du nord, on y reviendra à celle-là.
j’ai suivi un parcours intuitif !
Le parcours de Sjoerd Wartena, fondateur et président de « Terre de liens » est plaisant à observer, fonctionnaire de bon niveau en Hollande dans les livres à l’université d’Amsterdam, il décide avec sa compagne de partir en France pour devenir paysan dans la Drome au moment de la naissance du premier enfant. Au départ il a écouté les vieux du coin. J’ai entendu : « le jour où il a été décidé que la terre serait une marchandise est un jour noir pour l’humanité ». Il dit le fonctionnaire « à l’aise » qui devient paysan : « j’ai suivi un parcours intuitif ! », disons le aux jeunes, allez à fond l’intuition ! Il dit que « l’agriculture des vieux c’est l’agriculture du futur ». C’est au moment de prendre la retraite, au moment ou la question de la succession, « et après moi ? » se pose que nait « Terre de liens » en 2003. En 2006 ils se donnent comme objectif de récolter 3 Millions d’euros ce qui lui parait fou à Sjoerd, ils en récolteront 5 et aujourd’hui c’est 20 Millions et 80 fermes. Joli !Nous sommes dans le conflit entre agriculture entrepreneuriale et agriculture paysanne. Il dit « jamais une idée sans action, jamais une action sans idée ». « On a besoin de travailler sur la formation des jeunes », la direction indiquée tient en trois mots : « agriculture multifonctionnelle de proximité ».Je lui poserai la question en aparté, oui la fonction éducation est comprise.
Ce que tu fais c’est ta vie
Il émane une sagesse du personnage très touchante quand il dit : « ce que tu fais c’est ta vie » ou « le travail devient rare et le travail qui a du sens encore plus rare ». Il dit la société « malade du sens », thème qui reviendra dans les trois journées. Il parle « d’entreprendre sans prendre », il parle de « l’engrenage des emprunts » qui « empêche d’être bien » Ho ! le Sud, ho la Grèce, ho les paysans. Un autre thème récurrent viendra aussi pour la première fois dans ses propos, l’idée du maraichage en ceinture de ville. 4 jours d’avance dans les super marchés et les stocks sur la route est ce bien raisonnable ? Au moment du débat j’ai saisi au vol de la bouche d’un participant qu’à l’époque de Louis XIV le niveau de vie des paysans en Inde était supérieur a celui qu’on avait alors en France. Aujourd’hui le prix de l’hectare de terre agricole est en France de 5600 €, ça peut aller jusqu'à 70 000 € en Hollande, 20 ou 30 000 en Angleterre. Un participant rappellera ce que dit la FAO : tout le monde peut être nourrit par l’agriculture biologique.
Belle bousculade dans les consciences après ces premières salves, le groupe commençait à s’autoriser l’ouverture de son appétit, on verra dés l’acte 2 qu’il ne sera pas déçu. (A suivre) RG.
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