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Accueil du site > Actualités > Citoyenneté > Les Ordres privilégiés de la République

Les Ordres privilégiés de la République

La République française a commis la même erreur que la Monarchie, sécrétant en son sein des ordres privilégiés déconnectés, sans plus aucune empathie avec la Nation qui pourtant les nourrit. Les mêmes causes devant entrainer les mêmes effets, voici ci-après le pourquoi et les mécanismes de notre très prochaine révolution.

La France d’en-Haut aurait pu assurer sa pérennité si son arrogance ne l’avait pas rendue si oublieuse de son histoire.

En effet, cette France d’en-Haut, comme elle se nomme, n’a en définitive de “haut” que sa présomption.

Par le choix de cet épithète, cette France des 3000 qui nous assujettit au lieu de nous gouverner, comme sous l’Ancien Régime, nous fait la confidence, l’aveu, qu’elle n’est plus qu’une oligarchie toute accaparée à la seule gestion de ses carrières professionnelles, à la reconduite sans fin de ses privilèges.

Elle ne passe plus son temps, en fait de gouverner, qu’à assurer l’hérédité de ses trônes à leurs “princes Jean”, pourtant le plus souvent monuments de fatuité, en plus d’être parfois la risée du monde.

De ce constat de la dégénérescence de notre vie politique, nos pères de la Révolution en avaient déduit que le noblesse et le clergé étaient les sources de tous leurs maux, et certains d’entre nous, à leur tour, déduisirent que la France d’en-Haut n’était qu’un ramassis de “tous pourris” selon le refrain un peu rapide de M. Poujade.

Mais, ce faisant, à force de nous complaire dans la confusion des personnes et des fonctions, nous ne sommes pas tellement plus intelligents ni tellement mieux avertis que nos pères, et d’ailleurs plutôt moins.

La fonction de gouvernance

Dans tout Gouvernement, il y a toujours eu une “noblesse” et “un clergé”, de tout temps, car quels que soient les noms que nous leur donnerons, les fonctions inhérentes à la gouvernance persisteront.

Ce pourquoi, à la différence de Poujade et de quelques autres, il est de notre intérêt pour la compréhension de notre malheur et l’efficacité consécutive de notre combat de toujours plus délaisser le discours sur les personnes, sauf pour en rire, pour ne s’attacher qu’à l’étude des fonctions et leurs mécanismes, pour ne plus avoir à les subir.

De tout temps, donc, il n’est que deux ordres gouvernants dans toute société : la noblesse et le clergé.

Le Tiers-état n’est pas un ordre à proprement parler mais la somme de tous les ordres mineurs non gouvernants, une apparente salade niçoise de la politique, la récapitulation de toutes les minorités nationales du territoire ; soit le peuple en ses entiers. Car, circonstance qu’oublie trop souvent nos ordres privilégiés, si le Tiers-état ne gouverne pas à raison de son hétérogénéité il contrôle ….et sait très bien sanctionner, tirant de son hétérogénéité même l’essentiel de sa puissance.

Si donc la fonction du peuple est de contrôler et la sottise des gouvernants d’imaginer qu’ils pourraient durablement les en empêcher, quelles sont les fonctions de la noblesse et du clergé, et sous ce terme de nos jours, que faut-il entendre ?

La noblesse dit le droit.

Le clergé dit la morale.

Tous les deux participent du pouvoir, l’un soutenant l’autre.

D’un côté les trois pouvoirs qui “disent le droit”, l’exécutif, le législatif, le judiciaire, avec leurs acolytes, haute fonction publique et système des partis politiques. C’est tout l’appareil d’État de gouvernement ET son opposition dont la fonction n’est pas “d’empêcher” mais “de compenser” pour assurer la continuité et la pérennité du système. L’alternance elle-même obéit à cette règle. C’est la noblesse.

De l’autre côté, le clergé, ordre unique aux multiples facettes des groupes de pression, syndicats, médias de toutes sortes, universités, nébuleuse des écoles et chapelles, toujours dans le système, le confortant et le justifiant, chargé de “dire la morale”, de ce qu’il est convenable de penser et de ce qu’il est préférable de taire, jusqu’à la manière de le penser et la façon de le taire.

Normalement, le premier groupe est dans l’action, exécutive, législative, judiciaire, chargé d’apporter des solutions concrètes de gouvernement aux problèmes qui lui sont posés ; la gestion et la guerre sont ses métiers alors que le second groupe est par nature dans la réflexion, le débat, la messe, le sermon, et la confession.

Aux premiers la gloire et les honneurs, aux seconds l’intelligence.

Normalement encore, la séparation entre les ordres est une nécessité primordiale pour la quiétude et l’efficacité de la gouvernance. On ne pourrait accepter sans risque le mélange des genres, que ceux qui sont dans l’action se croient intelligents ou inventeurs, ou que ceux qui sont dans la réflexion se croient capables ou courageux. Le transfuge est normalement interdit ou lorsqu’il est exceptionnellement permis sans possibilité de retour aucune : Charles Quint est rentré terminer ses jours dans un monastère pour ne plus en sortir. Et avant qu’il n’y rentre, on exigea de lui son abdication définitive.

 D’ailleurs, cette porosité entre les ordres est la marque la plus éloquente de la fin d’un régime ; en quelque sorte, nous avons initié la révolution française lorsque nous avons cru devoir retenir les offres de service du cardinal de Richelieu. A moins de considérer qu’il ne fut, comme Talleyrand, qu’un faux clerc mais un vrai ministre.

Et dans le même ordre d’idées, nous commettrions peut-être une autre erreur en retenant la candidature toute cléricale du président du F.M.I. pour la gouvernance de la France ; ce puissant abbé de la finance internationale a définitivement quitté la galaxie de la noblesse, à supposer qu’il y fût jamais rentré, lorsqu’il prit son poste à Washington. A moins de considérer que le F.M.I. est un ordre d’action et non de réflexion sous prétexte que l’argent est tout alors que nous savons bien que si l’argent est tout, il est tout sauf la politique, un simple moyen et non une fin.

L’exemple le plus célèbre des conséquences néfastes de la violation de la séparation entre l’ordre de l’action et l’ordre de la réflexion est celui du Frère dominicain Savonarole qui crut indispensable de sortir de son monastère pour instituer la république théocratique de Florence de 1494 a 1498 ce qui lui valut, en vertu du pouvoir de contrôle du Tiers-état, de terminer sur le bûcher en paiement de ses excès …. concernant sa police de la pensée.

Comme quoi les vraies constantes en politique sont plus intéressantes que les faux changements.

Et à bon entendeur, salut.

Celui qui est dans l’action ne devrait donc pas être dans la réflexion et inversement. Il faut s’en tenir à cette règle ou renoncer à gouverner ; cette règle qui n’est que l’application intégrale de la séparation nécessaire des pouvoirs plaidée tant par Montesquieu (De l’Esprit des Lois), que Tocqueville (De la Démocratie en Amérique) ou Robert de Jouvenel (La République des Camarades). Mais avant même qu’elle soit exposée ou plaidée par ces brillants auteurs, de tout temps cette règle séparative fut instinctivement appliquée puisque toute l’histoire des États se réduit à leurs efforts ininterrompus visant à consacrer l’instauration de cette loi dans leur pays : celui qui parle est interdit d’action. C’est donc en construisant un pouvoir en tranches séparées que l’on a construit la démocratie.

Évidemment, vu ainsi, certains seraient sans doute mieux inspirés de “se taire” s’ils envisagent de nous gouverner un jour.

Mais, la boutade mise à part, la summa divisio du pouvoir entre ordre de réflexion et ordre d’action produit des conséquences inattendues : il n’appartient pas à un ministre de dire la morale en mettant sur un fait divers qui lui déplait des accents circonflexes sur toutes les nombreuses voyelles de son indignation. Car ce faisant, il mélange les genres : la voyelle et son accent circonflexe sont les privilèges de l’ordre de la réflexion. De même, il n’appartient pas au clergé de la République, en plus de proposer une réforme qu’elle pense juste ou nécessaire, de dicter à l’exécutif la manière de la mettre en œuvre.

Me direz-vous, ces distinctions de prérogatives sentent la naphtaline, le rétablissement d’une étiquette de Cour révolue.

Mais je ne le pense pas, surtout si nous acceptons d’appliquer plus l’esprit que la lettre de cette règle immuable et inhérente à toute gouvernance : le pape Urbain II appelle toute l’Europe chrétienne à la première croisade mais ne se déplace pas à Jérusalem pour autant. Allez comprendre… Et pourtant c’était en 1095, c’est tout dire de la constance de la règle.

En quelque sorte, pour la civilité des rapports entre noblesse et clergé, il faut leur imposer de rester polis et respectueux de leurs prérogatives respectives en les cloisonnant….. ce qui devrait nous permettre à nous, Tiers -état, d’encore mieux les contrôler.

Enfin, pourquoi nous cacher plus longtemps que cet enseignement sur les deux fonctions en politique en cache un autre : la loi de 1905 n’est au fond que l’application cultuelle de cette règle intangible, laquelle est elle-même le fondement organisationnel de notre démocratie…. (attention j’ai peur que certains s’étranglent) …depuis Clovis…. (attention à la syncope)… à cause de l’adhésion du pays au modèle chrétien qui est, outre le négatif actuel le plus intransigeant de la théocratie, l’inventeur le plus passionné de la laïcité et plus généralement de la séparation absolue entre le spirituel et le temporel, le religieux et le profane, l’action et la réflexion ? Et si les ministres du culte catholique ont été par le passé les plus piètres serviteurs de ce modèle pourtant rappelé tout au long du Nouveau Testament, cela ne retire rien à la pertinence du message : c’est le christianisme qui a été historiquement l’inventeur de la démocratie.

Personne ne nous demande de croire ; pas même les chrétiens.Tant mieux. Mais ne soyons pas christophobes au point de nous priver d’une des clés de compréhension de notre vie politique et au delà de l’organisation et de l’efficacité de nos gouvernances temporelles. Nous ne sommes plus au temps de la république des trois Jules et il serait donc temps de prendre un peu de recul sur la question cléricale, c’est-à-dire un peu plus de science et de réflexion et un peu moins de militantisme partisan d’instituteur primaire ou de curé paranoïaque.

Cette question de la séparation de tous les pouvoirs entre eux, pierre angulaire de la démocratie, introduit tout à fait à propos la double question du serment et de la mission des ordres de gouvernance.

Au fond, dire que la gouvernance de toute société se répartit en deux fonctions d’action et de réflexion est un truisme.

De même relever que la pierre angulaire de la démocratie est justement la séparation des pouvoirs non seulement à l’intérieur de la fonction nobiliaire en pouvoir exécutif, législatif et judiciaire mais encore plus nécessairement entre la fonction d’action et la fonction de réflexion est une quasi lapalissade : nous ne pourrions pas soutenir, sans nous contredire, que la théorie des trois pouvoirs de Montesquieu est un axiome démocratique tout en renonçant à une stricte séparation entre l’ordre de la réflexion et celui de l’action.

En réalité, il nous faut donc aller plus loin.

Car toutes ces belles observations, si elles nous disent bien qui est qui et qui fait quoi, ne nous disent pas comment ils le font.

C’est le serment et la mission qui répondent à ces questions.

 Le serment.

 Les ordres de gouvernance ont besoin d’un serment préalable auquel se référer pour exercer leur mission, soit dans l’action, soit dans la réflexion.

Chaque société a son serment mais aucune société ne pourrait en changer sans prendre le risque d’en mourir et, encore plus sûrement, se suiciderait en maintenant en son sein un double serment incompatible. Le changement de serment est un abandon, un reniement. La coexistence d’un double serment est un mensonge continué, une trahison.

L’Empire de Rome doit sa perte d’être né avec les dieux de l’Olympe tout en s’étant converti au Dieu des chrétiens. Elle est morte d’avoir cultivé un double serment antinomique en son sein pour faire ensuite le choix d’abandonner celui de ses pères pour adopter celui des chrétiens.

Et toutes les sociétés qui, comme Rome, ont cru pouvoir changer de serment ou cultiver une polygamie du serment, comme Rome, en sont mortes.

Le serment est invariable, immuable, il est l’acte constitutionnel de la constitution, la cellule A.D.N du groupe. Vous pouvez changer de constitution, de régime, renverser des rois et même changer de religion ou de chapelle mais vous ne pourriez pas changer de serment.

Dans l’ordre normatif, il est au faîte du bloc de constitutionnalité c’est-à-dire à la tête de la tête de toutes nos normes juridiques. Tout notre système normatif ne découle que de lui, source première de toutes les causes et cause unique de toutes les conséquences. Le posséder c’est tout comprendre de nos 1500 ans d’histoire ; l’ignorer ou se méprendre sur son contenu c’est se condamner aux contre sens.

Le serment n’est pas toujours écrit, d’ailleurs rarement. Mais, étant immuable et constitutif du groupe, il est toujours originaire ; et c’est donc toujours dans les origines du groupe qu’on le découvre et dans sa résurgence actuelle qu’on le vérifie.

Il faut donc (re)découvrir ce qu’il y a de commun entre Clovis et De gaulle, leur loi fondatrice à laquelle ils ont prêté serment et juré fidélité et derrière eux et avec eux tous “les Francs” sans interruption depuis Clovis jusqu’à De Gaulle.

Pour nous, Français, cet exercice n’est pas si difficile car nous avons la chance… d’avoir écrit notre serment ! Mais bien après son adoption par Clovis.

Ce serment est celui dit du décret salique. En voici le texte :

« La nation des Francs, illustre, ayant Dieu pour fondateur, forte sous les armes, ferme dans les traités de paix, hardie, agile et rude au combat, depuis peu convertie à la foi catholique, libre d’hérésie. Elle était encore sous une croyance barbare. Mais avec l’inspiration de Dieu, elle recherchait la clé de la science, selon la nature de ses qualités, désirant la justice, gardant la piété. Alors la loi Salique fut dictée par les chefs de cette nation qui en ce temps commandaient chez elle … Puis lorsqu’avec l’aide de Dieu, Clovis le chevelu, le beau, l’illustre roi des Francs eut reçu le premier le baptême catholique, tout ce qui dans ce pacte était jugé peu convenable fût amendé avec clarté par les illustres rois Clovis, Childebert et Clotaire.

 Et ainsi fût dressé ce décret : Vive le Christ qui aime les Francs ! Qu’Il garde leur royaume et remplisse leurs chefs des lumières de sa grâce ! Qu’Il protège l’armée ! Qu’Il leur accorde des signes qui attestent leur foi, leur joie, la paix, la félicité ! Que le Seigneur Jésus Christ dirige dans le chemin de la piété ceux qui gouvernent !

Car cette nation est celle qui, petite en nombre, mais brave et forte, secoua de sa tête le dur joug des Romains et qui, après avoir reconnu la sainteté du baptême, orna somptueusement les corps des saints martyrs que les Romains avaient consumés par le feu, mutilés par le fer, ou fait déchirer par les bêtes … »

(Traduction de l’abbé Lemann d’après les Leges Salicae illustratae de Godefroy Wandelin. Anvers 1649)

En préliminaire du commentaire de ce texte, il faut clairement préciser, contrairement à ses apparences, qu’il n’est pas un texte religieux ; il n’est pas l’apologie de la théocratie mais son très exact inverse.

La partie la plus importante du décret est certainement le dernier paragraphe : “Car cette nation…” Que la nation soit brave illustre et courageuse devant les Romains, c’est bien. Mais toutes les nations se prétendent telles. Qu’elle ait reconnue la “sainteté du baptême” est déjà plus intéressant. Qu’elle ait cru en conséquence nécessaire de faire des martyrs romains ses héros change tout.

La sainteté du baptême : dans la Tradition chrétienne il y a les baptisés dans l’eau (les chrétiens normalement gentils) et les baptisés circoncis de cœur (les idolâtres païens ou athées néanmoins gentils).Puisqu’ils sont tous gentils, il iront tous un jour au paradis. Reconnaitre la sainteté du baptême revient à dire deux choses 1/ que tout démocrate est français de cœur ou de naissance quelle que soit sa religion pourvu qu’il soit gentil-démocrate .et 2/ puisque le baptême est saint, tous les hommes sont fils de Dieu et en cette qualité tous libres et égaux dans la dignité la plus haute quel que soit leur degré de démocratie.

Les martyrs décorés : ce sont des supers Français. Puisqu’ils sont morts pour la loi précédente (tous libres et égaux dans la dignité la plus haute), engagement prouvé qui, vous en conviendrez, a une autre tenue que les vociférations indignées mais sans risques de certains, donc, puisqu’ils sont morts pour la reconnaissance de la liberté et de l’égalité de TOUS, quoique de nationalité étrangère, ils sont Primus inter pares des Français. C’est-à-dire premier dans la dignité la plus haute du peuple le plus illustre. Faisant ainsi de l’engagement, en même temps que la conséquence nécessaire du serment, le devoir le plus absolu du Français. Mademoiselle FOUREST, Monsieur SOPO, depuis 1500 ans, en France, la Foi sans les actes est morte !

Le serment s’impose alors de lui-même :

Tout Français travaille à ce que Tous les hommes soient toujours plus libres et égaux dans la dignité la plus haute et regarde cet engagement comme le devoir le plus absolu de son appartenance.

Qu’il croit ou non.

 Le nombre de Français vient donc sur l’instant de…. légèrement diminuer…

Et force est de constater que nos Français ne se sont pas toujours trouvé là où on les attendait ni là où on les espérait…

Comme le disait si bien Bernanos : “Être français n’est pas un droit mais une responsabilité”.

 

 La mission

Le serment est intangible, la mission est contingente. Elle varie en fonction de son temps. C’est l’application de la feuille de route du serment aux contingences du temps par les deux ordres de gouvernance, la noblesse et le clergé.

La difficulté de la démonstration provient essentiellement de la séquence retenue : nous prenons moins de risque de nous tromper en définissant une mission sur une période historique longue que sur une période d’actualité plus courte. Il faut choisir entre la clarté synthétique fausse et l’exposé exhaustif inutilisable.

Sur une séquence par grande périodes de 4/5 siècles cela donne ceci :

500-987 : l’œuvre mérovingienne puis carolingienne a été de donner la Pax Christi et le serment que nous venons de voir aux territoires européens (le Saint Empire). L’œuvre a commencé avec Clovis qui réalise l’unité de son royaume franc en 510 et s’achève avec le couronnement de Carolus magnus en 800 sous le titre d’Empereur très chrétien d’Occident. Cinq siècles pour nos fonts baptismaux.

987-1515 : l’œuvre capétienne (Hugues Capet est élu roi en 987) puis Valoisienne a été de donner un État à la France c’est-à-dire une sécurité juridique aux Français, un état de droit. C’est très important : à partir de 987 tout Français est une personne titulaire de droits et d’obligations et ne peut avoir d’obligations qu’en contrepartie de ses droits. L’État français est un État de droit en plus d’être traditionnellement humaniste à cause de l’éclairage de son serment. Sur ce sujet de l’humanisme, ce n’est pas l’État de France. C’est l’État des Français. Le Christ qui est leur Roi est Roi des Français. Il n’est pas Roi de France. Le roi de France c’est Capet, Valois, Bourbon. Ces rois là s’écrivent avec un “r” minuscule. Français et rois de France ont fait, convaincus d’être sous la protection de leur Christ-Roi, Roi des rois et Roi des Français, en ce compris le roi, plus que construire un modèle, ils l’ont offert, enseigné à l’Europe. En vertu du serment. Ce pourquoi le droit anglais de la common law… n’est autre que du droit français de Saint Louis ! Il ne s’agit pas non plus, contrairement à ce qu’a soutenu la propagande anticléricale, d’être papiste, lèche cul de Rome : c’est tout l’inverse. En vertu du serment, nos rois avec l’aide des Français, nous ont préconstruit la laïcité. Car, pour ceux qui ont un peu ouvert les Évangiles, le premier à avoir inventé et proposé le concept de la laïcité est précisément le Christ. Et personne d’autre ni mieux que Lui depuis.

1515-2015 : à partir de la Renaissance, États, état de droit et territoires sont pratiquement installés. On se disputera encore mais ce sera du peaufinage ou de la convoitise. Définitivement, Valmy est une bataille inutile, une de plus. L’enjeu (en vertu du serment) est ailleurs : la construction de la démocratie représentative. Nous devons cette nécessité autant à la suite du raisonnement des siècles qu’à l’invention de Gutemberg. La logique de l’Histoire tend vers ce résultat. Mais l’imprimerie rend ce résultat urgent. Cette révolution technologique a accéléré et bouleversé le monde encore plus sûrement que la découverte des Amériques.Toute l’histoire des temps modernes n’est que celle de la construction de la démocratie représentative et son perfectionnement par l’instauration des libertés publiques. La monarchie française est morte de ne pas avoir su accompagner ce mouvement. Et de n’avoir pas su l’accompagner que pour avoir oublié son serment. Si Louis XVI, dans un sursaut de lucidité, avait imposé le vote par voix et non par ordre aux États Généraux, nous serions encore en monarchie. Et nous ne lui avons coupé la tête que sur ce quiproquo : son attitude nous avait persuadés qu’il était contre le serment (un dommage collatéral de la fonction de contrôle).

Nous vivons une époque difficile, nous fermons notre époque : fin de siècle, fin de période, fin de millénaire.

Nous entamons une époque formidable, nous ouvrons une ère nouvelle : nouveau siècle, nouvelle période, nouveau millénaire.

Le serment immuable reste inchangé, quelle sera la mission ?

Si l’internet fait pendant à Gutemberg, alors la mission qui s’ouvre sur la nouvelle période n’est pas celle de la démocratie représentative continuée mais celle de la démocratie directe initiée, qui deviendra bientôt une démocratie directe permanente c’est-à-dire une démocratie directe en permanence, couronnement de la démocratie tout court, elle même résultat ultime du serment : le tiers État va gouverner en permanence et non plus seulement ses représentants en son nom !

Si le serment reste immuable, la construction d’un État impersonnel unique au dessus des nations en substitution de la souveraineté des états nationaux procède d’une dyslexie suicidaire : aux dimensions de l’Europe, puisque c’est de cela dont il s’agit, pour respecter le serment, puisqu’il ne peut s’agir que de cela, nous ne devrions pas construire un État a-national désincarné au dessus des états nationaux historiques mais son exact inverse ; non UN État européen ; ni même les États-Unis d’Europe ; mais les Nations-Unies d’Europe. Soit la version réactualisée du Saint empire, bien connu de nos cousins allemands, nos frères francs d’outre Rhin.

Que fait notre classe politique, noblesse et clergé confondus ?

Le contraire de ce programme.

Elle nous fait rentrer dans le siècle et le millénaire à reculons. D’ailleurs, elle ne conjugue plus ses discours qu’à l’imparfait.

 Sur la démocratie directe, même les partis non gouvernementaux comme le F.N rejettent l’option : nous ne serions pas prêts (…)

Sur la construction des Nations Unies d’Europe, et non d’un État unique impersonnel supranational en substitution des États nations, nous leur avons dit tout le mal que nous pensions de leur mauvaise copie lors du référendum sur la constitution européenne mais ils sont passés outre nos volontés avec le traité de Lisbonne.

Que pensez-vous qu’il adviendra devant un tel mur d’arrogance et d’archaïsme ?

Faites-leur donc cette dernière charité de leur demander d’ouvrir leur livre d’histoire à la page du 21 janvier 1793.

Avant que nous ne fermions le siècle et le millénaire.

Sans eux.

François DESVIGNES


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17 réactions à cet article    


  • cathy30 cathy30 3 mars 2011 13:34

    M Devignes, vous écrivez :

    Si Louis XVI, dans un sursaut de lucidité, avait imposé le vote par voix et non par ordre aux États Généraux, nous serions encore en monarchie. Et nous ne lui avons coupé la tête que sur ce quiproquo : son attitude nous avait persuadés qu’il était contre le serment (un dommage collatéral de la fonction de contrôle).

    vous prenez les français pour des idiots ? Il n’y a pas eu de dommage collatéral, mais traîtrise, vous vous souvenez de l’histoire de l’armoire de fer, ou l’on découvrit sa correspondance. Incroyable cette histoire ou l’on veut réinventer l’histoire, car ô miracle en 2009 on a découvert le vrai testament de Louis XVI, on nous prend vraiment pour des veaux.
    Des traîtres il y en a en tout temps, des rois, des empereurs et des présidents, malheureusement.

    http://fr.wikipedia.org/wiki/Armoire_de_fer


    • francois DESVIGNES francois DESVIGNES 3 mars 2011 14:22

      Bonjour,

      Je crains que vous ne m’ayez mal compris : Louis XVI avait cela de différent avec la Cour d’avoir compris le serment, la fonction des ordres de gouvernance et leur mission.

      Beaucoup mieux et plus que les républicains*

      *(cette race d’assassins, de barbares enragés ayant precipité le pays et toute l’Europe dans 25 ans de guerres inutiles et injustes.)

      Mais c’était une parenthèse....
      Vous n’etes pas tenue de me croire..
      .et au fond ce sera bien votre droit.

      Il restera alors que l’histoire du serment, de la fonction et de la mission des ordres privilegiés n’auront pas été critiqués ...

      Je vous en remercie puisque nous voilà d’accord sur l’essentiel

      Cordialement,

      FD

      PS : mon roi, ce saint, a bien eu raison de combattre la barbarie avec les seuls moyens que ses tortionnaires lui laissèrent, la duplicité ; Vive le Roi


    • francois DESVIGNES francois DESVIGNES 3 mars 2011 14:43

      Ah ! Et j’oubliais : il y a des mauvaises langues pour dire depuis trente ans que votre propagande sur l’armoire de fer est une pure anerie....

      Ce que les gens sont médisants....

      Qui se moque de qui ?

      Surtout que votre site ne citerait pas assez ses sources

      Le mien si ....

      Tous ces gens partiels, partiaux ; pfffff

      http://fr.wikipedia.org/wiki/Paul_et_Pierrette_Girault_de_Coursac



    • ffi ffi 3 mars 2011 16:29

      Bah,
      La révolution fut faite pour installer le capitalisme et réintroduire la servitude préalablement abolie.

      C’est marrant, ils font tous les beaux avec leur révolution, mais dès qu’il s’agit du capitalisme, ils font tous les grincheux !

      Alors, faudrait savoir.

      Croyez-vous que le roi, chef d’état légitime pouvait rester sans rien faire, retenu prisonnier aux tuileries ?

      La révolution, c’est du pipeau : l’autodestruction de l’Europe en 2 siècle... Toute l’idéologie est frelatée.


    • Bovinus Bovinus 3 mars 2011 14:32

      J’ai l’impression que pour être royaliste, il faut être fou.

      Néanmoins, très joli article, Monsieur. Ça pèse bien plus lourd que toutes les gesticulations de M. Sarkozy.


      • francois DESVIGNES francois DESVIGNES 3 mars 2011 15:14

        Merci beaucoup

        Je suis touché

        Sur la folie des royalistes, en voilà une autre : « la folie de Dieu est plus sage que la sagesse des hommes » (Lettre aux Corinthiens).

        Quand le ouistiti de l’Elysée sera parti en retraite (celle là volée) nous pourrons rediscuter de tout cela à tête reposée.

        Cordialement,

        FD


        • jef88 jef88 3 mars 2011 15:53

          Le jour (ou la nuit) que je préfère : le 4 aout 1789 !
          Mais les privilégiés avec leur fric ont su se reproduire et se créer de nouveaux statuts .


          • Bovinus Bovinus 3 mars 2011 16:00

            Robespierre, sors de ce corps !


          • francois DESVIGNES francois DESVIGNES 3 mars 2011 16:16

            Robespierre est sorti de ce corps, Lucifer du plus haut des Cieux et Judas des Apôtres : mais n’etaient-ils pas libres après avoir adhéré au meilleur de choisir le pire et nous-mêmes d’avoir été assez sots, après les avoir écoutés, de les croire ?

             :


          • francois DESVIGNES francois DESVIGNES 3 mars 2011 16:03

            Ah ! Oui !

            Vous avez entierement raison !

            J’ajouterai :

            Si la republique avait ete sincere elle aurait prefere cette date au 14 juillet, celle de l’intelligence sur celle de la rue avinee et sanguinaire, la reunion en concordat de tous les corps au lieu de l’expedition de bikers reunis en bande.


            • cathy30 cathy30 3 mars 2011 16:21

              M Desvignes
              Il est toujours difficile d’avoir une vérité dans l’histoire, mais votre lien en dit encore moins. Je crois vraiment que louis 16 n’était pas manipulé par sa femme, mais pleinement conscient de ses actes. Car que faisait-il sur la route de Varennes ?
              Il est vrai qu’il n’’y a pas eu de procès, mais il est toujours difficile dans le pouvoir de servir deux options opposées.
              Et je tiens à vous dire que nous ne sommes pas du tout d’accord sur l’essentiel, puisque nous ne sommes plus dans une démocratie républicaine. On nous l’a volé encore une fois en vendant la banque de France aux banques privées en 1973.

              Quelle est cette bannière que vous représentez ?


              • ffi ffi 3 mars 2011 16:31

                Le roi était en détention surveillée à Paris. Il devait bien s’enfuir.
                Qui apprécierait d’être en détention surveillée ?


              • francois DESVIGNES francois DESVIGNES 3 mars 2011 16:51

                Cathy 30,

                FFI a repondu pour moi

                Ceci dit, ce n’est pas la question : meme si le roi avait ete un traitre et tout ce que vous voulez, ca ne change rien au serment, a la fonction et aux missions des ordres de gouvernance.

                Ni hier ni aujourd’hui

                Donc hier c’etait hier et aujourd’hui c’est un fait : nos ordres de gouvernance travaillent contre nous

                Cordialement


                • Axel de Saint Mauxe Axel de Saint Mauxe 3 mars 2011 19:12

                  Bonjour,


                  L’histoire de France est scrupuleusement déformée à des fins idéologiques par les propagandistes républicains, qui ont substitué aux vertus d’Ancien Régime les fausses valeurs républicaines et démocratiques, cause de tous nos maux.

                  (Ceux que cela intéresse peuvent faire des recherches pour approfondir ce thème).

                  Votre texte expose quelques idées intéressantes. Néanmoins, il faut se garder de trop théoriser les choses, et conserver un esprit concret, car le dérapage est rapide et l’on finit vite dans le décor.

                  • zanyzab 3 mars 2011 23:38

                    Ok, j’ai lu votre article de façon bien cursive (il est tard). Si j’ai bien compris, vous pensez que la théorie même de la laïcité est inhérente au christianisme - fondée sur le « redde caesari etc ». C’est bien ce que j’ai toujours pensé, mais n’est-ce pas une lecture franco-française, en un autre terme, bien gallicane ?
                    Ceci dit, j’aime bien votre typologie droit-noblesse-pouvoir politique/morale-clergé-corps intermédiaires. Quid de la filiation serment/contrat social ?


                    • francois DESVIGNES francois DESVIGNES 4 mars 2011 04:21

                      @ L’Eclat.

                      Qui doutera qu’ill nous faut des idees claires puisque nous sommes a la veille du combat ? Que notre theorie soit claire afin que notre engagement soit concret.

                      Proposez moi plutot de monter une machine insurrectionnelle pour nous debarasser des fleaux denonces dans mon article : je vous jure que je prends sur le champ ma carte !


                      @ Zanyzab

                      Oui le christianisme est inventeur pere et garant de la laicite : il l’a imagine, formule, et garanti. Il ne pouvait pas affirmer « l’homme fait a l’image de dieu » sans proclamer que tous les hommes etaient egalement libres et egaux. Il ne pouvait pas soutenir cela sans promouvoir une societe fondee sur le libre consentement ; il se devait pour respecter ce libre arbitre d’organiser la separation des pouvoirs dont la laicite n’est que l’aspect cultuelle de cette garantie plus generale.

                      Cette lecture n’est pas gallicane car si les gaulois sont chrétiens, le Christ est universel. Mais les Francais, à cause du serment, primus inter pares, sont par vocation fer de lance du christianisme (et non du Vatican qui ne l’a pas demande). C’est pour cela que tous, de Clovis à De Gaulle sont d’authentiques chrétiens, c’est à dire démocrates, qu’ils croient ou non puisque vous savez bien que depuis le centurion, cette ennemi hereditaire des juifs,vous n’avez pas besoin d’etre baptisé dans l’eau pour être reconnu circoncis de coeur, premier chrétien et authentique démocrate, avant les chrétiens et les démocrates declares ou pretendus, du seul fait de la circoncision de votre coeur à l’instar du centurion. Et à l’aute bout de l’échelle sociale même chose pour le bon larron, premier pensionnaire du paradis avant tout le monde.

                      Nous pesons l’acte, l’engagement, pas l’habit.

                      Voilà Clovis, De gaulle et nous tous, on trouve ça très bien : très francais. C’est cela le joyau de notre contrat social. Le Saint des saints.

                      Beaucoup vont donc se réveiller .tres surpris orsque nous leur demanderons un jour au nom de notre pouvoir de contr[ole : quels sont vos actes que nous sachions où sont vos dieux ?

                      Alors s’il le faut, sans hésiter, bellum omnia contra omnes !, nous tous en guerre contre eux tous, au nom du serment qu’ils auront trahi.

                      C’est pour bientôt.

                      Cordialement,

                      FD


                      •  C BARRATIER C BARRATIER 6 mars 2011 02:17

                        Les comportements de groupes humains sont moins rationnels que le suggère cet intéressant article. Les aspects passionnels incluant les haines enlèvent plus les décisions que la réflexion. C’est parfaitement d’actualité sarko lepéniste ou extrême gauche aujourdhui.

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