Sarkozy veut-il lancer l’Islamophobie ?

C’est la question légitime que l’on peut se poser si on analyse les différentes actions lancées par le gouvernement depuis quelques mois.

En effet, le « débat » sur l’identité nationale a vite tourné à la stigmatisation des musulmans.

Puis à la lumière de l’interdiction suisse de construire de nouveaux minarets, la même question a été soulevée en France.

Kamel Kabtane, recteur de la mosquée de Lyon, s’inquiète d’un effet boule de neige, dans toute l’Europe. lien

Récemment, les murs de la mosquée Arrahma, à Istres, ont même essuyé des tirs d’armes automatiques. lien

Le Président du CFCM (conseil français du culte musulman) à fait part de son « indignation et déplore une escalade qui suscite une profonde inquiétude chez l’ensemble des musulmans de France épris de paix et de justice  ».

La dernière péripétie à tourné autour de la burqa et de son interdiction. lien

Maladresse, ou calcul politique ? Ou peut-être les deux ?

Comme le fait humoristiquement remarquer Jean Michel Pollono, l’avocat de la jeune femme verbalisée pour avoir conduit avec le voile : « si le voile avait posé un quelconque danger au volant ces dernières décennies, on n’aurait pas vu de religieuses conduire, et il n’y aurait pas eu les gendarmes à st Tropez  ».

De la femme voilée, on est passé au mari, suspecté maintenant de polygamie.

Et de victime, le mari montré du doigt, est devenue une vedette, mettant l’accent sur la question des Français et de leurs maîtresses.

Le gouvernement vient donc de déraper une nouvelle fois

En détournant, comme à son habitude, l’attention des vrais problèmes de notre pays (chômage en augmentation, retraites menacées, et pays au bord de la faillite) on a le sentiment que le gouvernement tente d’agiter un nouveau rideau de fumée.

Mais revenons à la burqa.

C’est aussi un piège tendu à la gauche qui, si elle ne se positionne pas clairement, se discréditera, et si elle répond, ne peut que contester le voile intégral.

Pourtant la loi qui se prépare risque de provoquer des effets surprenants.

Les policiers qui ont mis l’amende à cette femme voilée ont argumenté que son champ de vision était trop réduit. lien

Pour mettre cette amende, les policiers se sont appuyés sur l’article 412-6 du code de la route.

« Tout conducteur doit se tenir constamment en état et en position d’exécuter commodément et sans délai toutes les manœuvres qui lui incombent. Ses possibilités de mouvement ne doivent pas être réduits par le nombre ou la position des passagers, par les objets transportés ou par l’apposition d’objets non transparents sur les vitres ».

Mais que dire alors du champ de vision de ceux qui conduisent un prototype de F1, et dont le casque ne laisse passer qu’une mince vision de la route ? lien

Et que dire du GIGN qui conduit avec des cagoules ? vidéo

Ou même des motards dont le casque intégral réduit considérablement la vision ? lien

N’oublions pas les manifestants, casqués ou cagoulés, pour se protéger des gaz lacrymogènes et des tirs de grenade, ni les CRS, dont les casques masquent amplement le visage. lien

Au passage, on peut s’interroger sur les infirmières, qui coiffées et voilées lors d’opération, devraient logiquement écoper d’une amende de 150 € pour avoir dissimulé leur visage. lien

Faut-il mettre des amendes aussi à ces gens là ?

Plus sérieusement, faut-il légiférer pour 2000 femmes voilées, sur plus de 60 millions de français ?

Il ne faudrait pas oublier l’épisode cocasse de la grippe H1N1de cet hiver, ou la ministre de la Santé avait gaspillé 25 millions d’euros (lien) pour nous faire porter des masques. lien

Les Français masqués risquaient-ils l’amende ?

Mais le meilleur reste à venir.

Il arrive que les émirs du golfe viennent s’offrir quelques vacances en France, sur les Champs Elysées, avec femmes (parfois voilées) et bagages.

Au nom de quel privilège, ces personnes en infraction ne se verraient-elles pas infliger une amende et l’obligation de retirer leur burqa ?

Incident diplomatique à l’horizon.

Alors, en ayant enfourché ce nouveau cheval de bataille, le gouvernement, qui dans l’optique 2012, essaye manifestement de récupérer les voix d’extrême droite, s’expose peut-être à de drôles de surprises.

Car comme disait mon vieil ami africain :

« L’homme qui va mourir n’a pas d’oreilles ».