Trop d’armes en circulation dans le Monde
Depuis longtemps, je pense que ce n’est pas une bonne idée que d’offrir des jouets guerriers aux enfants. Si les enfants veulent jouer à la guerre, ce n’est pas aux adultes de les y encourager...
Au mois de novembre dernier, un papa et une maman ont offert un fusil en plastique à leur garçon de douze ans. L’enfant est sorti dans la rue et a joué à la guerre... Sauf que la scène se déroulait en Palestine, et que des soldats israéliens passaient par là. Ils ont cru, d’après leur témoignage, qu’il s’agissait d’un combattant palestinien qui les menaçait, et ils ont abattu sur le champ Ahmad, douze ans. Le père de l’enfant, Ismaïl Al Katthib, conteste cette version de l’armée israélienne, et affirme que l’enfant ne brandissait pas d’arme quand il fut abattu.
Mais le résultat est là. Ahmad, douze ans, est mort. Ses parents, malgré leur douleur, ont accepté que des organes de l’enfant soit donnés à d’autres enfants. “J’essaie de rester un être humain”, a dit le père, en précisant que sa religion, musulmane, ne lui interdisait pas ce type d’action. Ainsi, des enfants israéliens ont reçu le cœur, les poumons, le foi et les reins du garçon, et ont pu être sauvés. Le vice-premier ministre israélien, Ehud Olmert, a téléphoné aux parents d’Ahmad et les a remerciés pour cet acte de paix. Mais Ismaïl Al Katthib, lui, veut la justice, et veut que les soldats qui ont tiré sur son enfant soient jugés.
La majorité des victimes de guerre actuellement sont des civils, de nos jours, comme Ahmad. “Les armes légères tuent 300 000 personnes chaque année” dans le monde, affirme un spécialiste, Nicolas Florquin, dans le quotidien La Croix du 16 janvier dernier. Des armes “légères” donc, mais aux effets plutôt lourds. Le commerce de ces armes est florissant. Certaines se vendent sur les marchés officiels : les États-Unis, la Russie, la Chine, le Royaume-Uni, la France et l’Allemagne fournissent 80% du commerce mondial à eux six. Et les cinq premiers Etats cités sont les membres permanents du Conseil de sécurité de l’ONU : cherchez l’erreur ! Mais une partie de ce commerce est illégale. Les vendeurs, qu’ils aient ou non pignon sur rue, louvoient pour contourner les lois internationales de contrôle et les embargos sur certains pays, quand ils ne trafiquent pas carrément.
Car des règles internationales existent dans ce domaine, interdisant, par exemple, les ventes d’armes à certains pays en guerre ou à certaines dictatures, etc. Un film sorti récemment traite de ce commerce : Lord of war, avec Nicholas Cage dans le rôle du vendeur d’armes. Il s’inspire de faits réels et montre à quel point le commerce des armes contribue à la violence et aux pillages de continents entiers comme l’Afrique, certaines régions d’Asie, d’Europe ou d’Amérique latine... C’est un film à voir, même si son dénouement (que je ne vous dévoilerai pas) va peut-être un peu loin.
Une campagne internationale appelé “Armes, un commerce qui tue !” demande que soit mieux contrôlé le commerce des armes à l’aide d’un traité international, dont une quarantaine d’Etats disent soutenir l’idée. La France en fait partie. L’Union européenne soutient également cette initiative, relayée en France par Agir ici, Amnesty international, le Secours catholique, la Ligue des droits de l’Homme, et d’autres associations.
Plus il y a d’armes, plus le monde est dangereux. Un pays comme le Liban compterait un million d’armes légères pour quatre millions d’habitants ! Une Kalachnikov s’y négocie autour de 100 dollars, soit 85 euros. Environ 500 F. Une misère... Qui en veut une pour son anniversaire ?
Christian Le Meut
Pour en savoir plus contacter Agir ici, 104 rue Oberkampf, 75011 Paris. Tél. 01.56.98.24.40. Site internet : www.agirici.org
8 réactions à cet article
Ajouter une réaction
Pour réagir, identifiez-vous avec votre login / mot de passe, en haut à droite de cette page
Si vous n'avez pas de login / mot de passe, vous devez vous inscrire ici.
FAIRE UN DON