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Accueil du site > Actualités > Citoyenneté > Un président noir pour la France

Un président noir pour la France

Depuis que Barack Obama est en position de devenir président des Etats-Unis, il ne se passe pas un jour sans qu’un journaliste bien intentionné ne nous pose THE question à 100 balles : "Est-ce possible en France ?"

La réponse habituelle et convenue est bien sûr "non".

Et pourtant...

Techniquement et pendant quelques heures, la France A EU UN PRESIDENT NOIR....

Le 19 mai 1968 au matin, le général De Gaulle embarque dans un hélicoptère, puis disparait. De 11 heures à 18 heures, absolument personne ne sait ce qu’il est devenu, ni où il se trouve. Techniquement il n’assure plus sa fonction, et constitutionnellement le premier ministre de l’époque, Georges Pompidou, aurait pu décréter la vacance du pouvoir. La Constitution française est très claire : en cas de vacance du pouvoir, quelle qu’en soit la raison, c’est le président du Sénat qui assure l’intérim en attendant de nouvelles élections. Ce fut le cas à deux reprises en 1969 et 1974, et les deux fois, Alain Poher a assuré ce rôle et a été effectivement président de la République.

Mais qui est le président du Sénat en mai 1968 ? Il se nomme Gaston Monnerville, il est originaire de Guyane, né d’un père martiniquais métis, mais petit fils d’une esclave, et d’une mère elle-même fille d’esclave. Cet avocat métis à la peau noire s’est illustré dans les années 30 en plaidant dans l’"affaire Galmot", puis surtout en devenant sous-secrétaire d’état aux Colonies en 1937 et 1938, ce qui lui vaudra les insultes des gouvernements italien et allemand : "derrière le rouge du front Populaire vient le Noir"

Héros de la Résistance, Il est réélu de manière quasi ininterrompue à la présidence du Sénat de mars 1947 à octobre 1968, soit plus de 21 ans. Alors qu’il avait activement participé au retour du Général de Gaulle au pouvoir, il s’éloigne de lui après le référendum de 1962 et pendant 12 ans (jusqu’à sa nomination au Conseil Constitutionnel et son retrait de la vie politique) il devient un farouche opposant au Général et joue sans doute un rôle non négligeable dans l’échec du référendum sur la réforme du Sénat de 1969.

Le 28 avril 1969, le Général De Gaulle démissionne et Alain Poher devient président de la République. Si cette démission s’était produite 6 mois et 26 jours plus tôt, la France aurait eu officiellement son premier président de la République à la peau noire.

Gaston Monnerville était un homme politique brillant et charismatique. La couleur de sa peau n’a jamais été un obstacle (ni d’ailleurs un avantage) pour qu’il arrive aux plus hautes fonctions de la République. D’autres après lui ont été élus du suffrage universel, ministres. Un jour nous aurons notre Barak Obama, mais comme celui des américains, il ne le devra pas à la couleur de sa peau mais à sa personnalité, à ses idées et à sa capacité à unir les français derrière lui sans a priori et sans communautarisme.

Une sorte d’anti-Dieudonné en quelque sorte.

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25 réactions à cet article    


  • allaf 8 novembre 2008 11:55

    Contrairement à ce que vous sous-entendez la réussite professionnelle de Dieudonné ne doit rien à sa couleur de peau mais à son talent, tout comme le succès de de Elie Seymoun ne doit rien à sa judaïté.


    • Malraux Malraux 8 novembre 2008 13:20

      Je ne parlais bien sûr pas de sa réussite professionnelle (qu’on peut apprécier ou pas, mais qui est réelle) mais de sa "sa capacité à unir les français derrière lui sans a priori et sans communautarisme" 
      Il me semble qu’il n’est pas très bien placé pour ça... 


    • Lapa Lapa 8 novembre 2008 12:39

      Ce n’est pour l’instant pas possible en France pour la simple raison que les présidentiables chez nous sont des vieux routards de la vie politique, si possible ayant déjà échoué plusieurs fois à l’élection (Miterrand, Laguiller, LePen, Chirac, Giscard...et tutti quanti).. Aux USA un mec "self made" et issue d’une minorité peu réussir et remporter l’élection (et un échec signifie génarelemnt que le mec va pas se représenter encore trois fois comme chez nous) , en France nous sommes tros schlérosés. Aussi tant que certains hommes/femmes de couleur ne feront pas d’abord partie intégrante du paysage politique Français ils n’auront pas le statu de présidentiables ; quand bien même l’opinion serait prête : ce sont les politiques qui ne le sont pas !

      Pour finir la véritable révolution de mentalité sera le jour où l’on ne se préocupera plus de ces questions idiotes tant certaines choses sembleront naturelles.


      • Marc Bruxman 8 novembre 2008 12:43

        Le problème n’est pas tant la couleur de peau du président. C’est un symbole qui fait très plaisir bien sur parce que ca permet de clouer le bec aux racistes mais dans le cas d’Obama c’est sa compétence qui a fait la différence, pas sa couleur de peau. 

        En France, je ne connais aucun politique "de couleur" de la carrure d’Obama ou de carrure présidentiable (quoique si Royale est présidentiable n’importe qui peut l’être). Les noirs américains ont commencés à connaitre une réussite sociale avant de connaitre une réussite politique. En France, la réussite sociale pour les gens issus de l’immigration commence juste à venir. Il va donc falloir être patient. 


        • Malraux Malraux 8 novembre 2008 13:28

          Des hommes à la peau noire qui avaient la carrure d’un présidentiable, il y en a eu dans l’histoire de la République : Gaston Monnerville, bien sûr, mais aussi Leopold Sedar Senghor (avant 1960) ou Aimé Césaire. Peut être qu’aujourd’hui personne n’apparaît de manière évidente, mais je ne peux pas partager votre analyse à propos des "vieux routiers de la politique".

          Giscard a été élu après une campagne qui n’a duré que quelques mois et alors qu’il n’avait pas le soutien du parti majoritaire de l’époque. Et qui aurait pensé deux avant les dernières présidentielles que S. Royal arriverait au 2nd tour en position éligible  ??? On a vite oublié qu’il y a quelques années ou même quelques mois l’idée qu’une femme puisse être élue présidente relevait encore de la Science Fiction... Les idées et les sociétés avancent parfois beaucoup plus rapidement que ce qu’on imagine.


        • Lapa Lapa 8 novembre 2008 13:51

          je reste toujours end ésaccord.
          En France si tu n’es pas issu du milieu et si tu n’es pas un vieux routier de la politique (ne serait-ce que pour assassiner ses amis) tu ne peux pas être présidebtiable actuellement. Seul Sarkozy n’a pas fait l’ENA mais notre caste politique est bien plus verouillée qu’aux US, les ambitions clairement affichées 10 ans à l’avance.

          Quant au phénomène S.Royale, vielle routière de la politique aussi rappelons-le, elle ne doit son ascension qu’au media qui a, bizarrement, commencé à mettre son nom dans les sondages concernant la présidence. Media si proche d’un certain N.S qui était sûr d’avoir une adversaire battable sans problème.

          Nous ne sommes certes pas à l’abri d’une autre manipulation de ce genre en faveur d’une personne isue de sminorités (comme on dit) . C’est bien ce qui différencie le système Français de celui, plus spontanné, des US qui permet de mettre des acteurs à la présidence, cela ne choque personne. En France il existe une caste politique et si tu n’en fais pas partie, point de salut.


        • Lisa SION 2 Lisa SION 2 8 novembre 2008 13:06

          Coluche, notre abbé Pierre civil et populaire, a été menacé, avec violence, sur sa route tout droit vers l’Elysée...

          Eric Blanc avait le charisme pour finir comme Reagan. Il était en plus irrésistible avant d’être écarté du Paf !

          http://www.google.fr/search?q=eric+blanc+humoriste&ie=utf-8&oe=utf-8&aq=t&rls=org.mozilla:fr:official&client=firefox-a

          J’aurais bien vu Samir Nasseri si il n’avait pas dérapé jusqu’à sortir de la route...


          • armand armand 8 novembre 2008 13:45

            Monnerville ! C’est vrai que je n’y aurais pas pensé. Certain qu’un homme de sa stature à l’heure actuelle pourrait se faire élire sans problème.
            Et dans le pays qui a élevé Dumas père et fils au sommet de la popularité, un président noir ne devrait pas poser problème.

            On élit bien des magyars !


          • Olga Olga 8 novembre 2008 16:03

            ...des magyars ?
            Et Magloire comme président ?


          • Lisa SION 2 Lisa SION 2 10 novembre 2008 05:53

            Je te remercie Olga pour ton lien divertissant, Gonzague tv. Bien rigolé, surtout l’autographe sur rouleau de papier toilette...Tiens, j’en profite pour te lancer un défi : Demain, tu te rases ( gratis ) le bas ?


          • michel 8 novembre 2008 14:21

            J’apprécie la fin de votre propos mais je ne peux m’empêcher de penser que tous ceux qui se posent cette question depuis mercredi matin ne se posent pas la bonne question, à savoir : à quand un renouvellement des élites politiques en France ?
            A lire aussi sur mon blog mon sentiment à propos de cette Obama-mania française : http://w454.skyrock.com/


            • Internaute Internaute 8 novembre 2008 14:26

              La question à 100 balles fait partie des placages hypocrites que les journalistes font sur la société française. Dans leur cerveau de la taille d’une noisette ils ne se sont pas rendu compte que les noirs aux USA ont une forte implantation séculaires suite à l’esclavage et représentent 13% de la population.

              Cela n’a rien à voir avec la situation française.

              En France, bien que les noirs occupent 30% environ de l’espace médiatique à cause de la propagande pour le métissage que nous fait la télévision publique, leur présence sur le terrain est trés récente et ne dépasse pas les 1 à 2%.

              S’il fallait transposer la question on pourrait le faire avec les arabes. 


              • appoline appoline 11 novembre 2008 15:48

                @ Internaute,
                Effectivement propagande est bien le mot à utiliser. On ne demande jusqu’où cela va aller, d’ailleurs. La culpabilité est un mal qui s’estompe de très lentement, mais à trop vouloir en faire, l’effet est quelque fois inverse.


              • CAMBRONNE CAMBRONNE 8 novembre 2008 15:12

                Merci à l’auteur d’avoir exhumé la mémoire de Gaston Monnerville , un "grand nêgre" de la république .

                Hé oui cet homme métis était considéré comme noir et cela n’a pas empéché la république de le considérer comme son numéro deux à part entière .

                Rappelons aussi Félix Eboué gouverneur du Tchad et premier à rallier la france libre . Il avait son timbre dans les années cinquante .

                Salut et fraternité .


                • hihoha 8 novembre 2008 16:07

                  Article intéressant, même sa chute...

                  En ajoutant deux points,
                  Le premier, s’il n’y a pas eu de président noir en France, il y a eu des juifs : Blum, Mendès -France, le deuxième point : alors qu’aux états-Unis il y a bien un président noir-métis,il n’y eu jamais de président juif..
                  Cherchez l’erreur !!


                  • Internaute Internaute 8 novembre 2008 18:54

                    En France on a eu un président auvergnat. Aux Etats-Unis, jamais cela. Sommes-nous une démocratie plus avancée que la leur ?


                  • fouadraiden fouadraiden 8 novembre 2008 16:41

                     il y a une chose que je n’arrive pas à comprendre et qui semble sous-entendu ds ces débats autour de l’opposition blanc/noir .


                     que démontrerait l’élection d’un homme de couleur pour la conscience occidentale ? pkoi pas un chinois ou un pakistanais ? 

                    ou peut-etre cherche- t -on à excuser quelque faute en voulant à tt prix un noir à la présidence tricolore ou américaine ?
                     

                     vouloir un noir , souvent seul je remarque, ds un systeme de blancs, ne témoigne til pas que le paradigme ds lequel nos mentalités évoule est celui du racisme ou les noirs sont disqualifiés même avec un chef à la couleur "trouble".


                    • Malraux Malraux 8 novembre 2008 17:07

                      @fouadraiden

                      "ou peut-etre cherche- t -on à excuser quelque faute en voulant à tt prix un noir à la présidence tricolore ou américaine ?"

                      Le propos de mon article était justement de montrer qu’en France le n°2 de la République avait été un noir pendant près de 20 ans, manquant de peu l’accession à la présidence sans que quiconque ne s’en soit ému un seul instant.... Voila qui relativise tous les débats actuels artificiels sur la couleur de la peau des hommes politiques. 


                    • fouadraiden fouadraiden 8 novembre 2008 17:12


                       ok. la société française aurait la mémoire bien courte alors !

                       la société française serait- elle, si on suit votre exemple , en retard sur sa classe politique actuelle ? pourtant on n’arrête pas de ns convaincre du contraire.la faute aux partis entend-on partout.


                    • Mohammed MADJOUR (Dit Arezki MADJOUR) Mohammed 8 novembre 2008 16:52

                      La question est très mal posée !

                      Un Président noir en Amérique c’est "normal", c’est l’Histoire ...

                      Pour la France, pays des "occasions perdues" et où la "science est maudite" il faut se rappeler la proclamation de Ferhat ABBAS " LA FRANCE, C’EST MOI ! "

                      Depuis, la France émue et terrifiée à l’idée de voir emerger un Nord Africain avait tout fait pour fermer ses Institutions à toute ambition indigène !

                      Non, la France est fermée, renfermée, bloquée et sans issue ! C’est même en prévision de cela que la loi sur les "bienfaits de la colonisation" a été improvisée par les sorciers néocoloniaux avec la complicité des chefs indigènes soumis qui jouent le jeu des revendications !


                      MOHAMMED.





                      • Nathan Nathan 8 novembre 2008 17:05

                         Vraiment étonnant et instructif. Merci pour ce rappel.

                        En France on aussi tendance à confondre les individus issus de l’immigration et ceux habitants en outre-mer, ceux des DOM-TOM. Christiane Taubira la guyanaise (aussi) s’est présenté à l’élection présidentielle de 2002 et faisait partie de l’équipe de Royal en 2007. Bien que ne partageant pas ses idées, je la trouvais douée et éloquente. Si nous avons un jour un ou une présidente noir(e), il viendra probablement des DOM-TOM.


                        • georges jean 8 novembre 2008 20:48

                          très bon article. toutes les vérités sont bonnes à rappeler


                          • Bois-Guisbert 8 novembre 2008 22:51


                            Gaston Monnerville était un homme politique brillant et charismatique. La couleur de sa peau n’a jamais été un obstacle (ni d’ailleurs un avantage) pour qu’il arrive aux plus hautes fonctions de la République.

                            Cela montre simplement qu’à l’époque le noir n’était pas à la mode et personne ne lui faisait allégeance pour bien montrer son ouverture d’esprit et son absence de préjugés.

                            Ce qui vraiment poilant, c’est qu’en ce temps-là, tout le monde, même les manuels scolaires, parlait de nègres et des termes comme bamboula, négro, cafard, moricaud, blanche-neige, macaque, goudronneuse (argot militaire) étaient fréquents dans le langage courant...

                            Mais, à ma connaissance, le président Monnerville n’a jamais subi la moindre raillerie du fait de la couleur de sa peau. Le problème semble donc bien lié à la surpopulation africaine et à la perception de l’Africain en tant qu’étranger, intrus, envahisseur donc indésirable*...

                            Un jour nous aurons notre Barak Obama

                            C’est très peu probable… Aux Etats-Unis, l’afroricain est perçu comme une composante démographique normale. En France, c’est un importun à qui on demande de quel pays il vient.


                            • Senatus populusque (Courouve) Courouve 12 novembre 2008 10:19

                              Le Vert (et noir) Stéphane Pocrain aurait pu être présidentiable s’il n’avait pas fait la connerie de battre sa compagne.


                              • Thoth 13 novembre 2008 22:30

                                Et si on élisait un président vert, bleu, mauve ou complètement bariolé et que l’on ne nous emmerde plus avec ces histoires de couleur ?

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