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Accueil du site > Actualités > Citoyenneté > Une gauche très gauche et une droite maladroite

Une gauche très gauche et une droite maladroite

Dans mon pauvre cerveau perturbé de gaucher contrarié, les choses étaient pourtant simples : il y avait jusqu’à présent dans le paysage politique une gauche et une droite auxquelles correspondaient une idéologie et des programmes bien définis.

Ce n’est plus le cas aujourd’hui et le pays « s’américanise », parce qu’il n’y a pas l’épaisseur d’une feuille à cigarette entre les programmes entre ex-gauche et droite au point que la droite classique, incapable d’avoir des propositions plus libérales que celles du gouvernement actuel, se focalise sur les thèmes de l’extrême droite et prend le nom de son pendant aux Etats-Unis – Les républicains – avant sans doute créer un Tea Party à la française.

Les idéaux de gauche sont bel et bien enterrés et il y a donc désormais de la concurrence à droite au point que la nouvelle gauche sera bientôt incarnée par Bayrou.

Il y a trois, ans, le discours du Bourget…

« Présider la République, c’est préserver l’Etat face aux puissances d’argent, face aux communautarismes, c’est être viscéralement attaché à la laïcité »

« Nous relancerons le pouvoir d’achat dont la stagnation rend la vie quotidienne de plus en plus difficile… »

« Nous lutterons contre les licenciements, combattrons vraiment le chômage »

« Nous limiterons les rémunérations abusives… »

« Nous dissuaderons les licenciements boursiers… »

« Je serai le Président de la fin des privilèges… parce que je ne peux pas admettre que pendant que certains s’enrichissent, la précarité s’étende, la pauvreté s’aggrave… »

« Mon véritable adversaire n’a pas de nom, pas de visage, pas de parti. Il ne présentera jamais sa candidature et pourtant il gouverne. Cet adversaire, c’est le monde de la finance »

« Maitriser la finance commence par le vote d’une loi sur les banques qui les obligera à séparer leurs activités de crédit et leurs activités spéculatives »

« Les stock-options seront supprimées, les bonus encadrés »

« Je renégocierai le pacte européen de stabilité » 

Arrêtons-là cette funeste énumération qui parle d’elle-même tant l’écart entre le discours et la réalité est patent. A la décharge de leur auteur, on pourra dire que les promesses électorales non tenues sont légions et que leur « oubli » est fréquent quel que soit le candidat ou le parti, mais cela n’excuse en rien les renoncements.

Bilan de mi-mandat

Sur le pouvoir d’achat, chacun aura déjà jugé du résultat que ce soient les salariés, les retraités ou les fonctionnaires dont le pouvoir d’achat est bloqué. Le seul résultat tangible en ce domaine n’est pas du fait du gouvernement mais de la conjoncture extérieure (baisse du prix du pétrole et baisse des taux du crédit) et ce ne sont pas les quelques mesures de simplification destinées à faire réaliser des économies aux particuliers qui convaincront les français qu’ils sont plus riches.

Mais, me direz-vous de nombreux contribuables sont désormais exonérés de l’impôt sur le revenu ! Dont acte, mais lorsqu’on sait que le rendement de cet impôt est en hausse malgré la diminution du nombre de contribuables, on se dit qu’il y en a d’autres qui payent davantage. L’ennemi, c’est donc la finance, mais ce n’est pas chez elle, ni chez les exilés fiscaux que l’on va chercher à remplir les caisses de l’Etat, c’est chez le contribuable lambda des autres tranches, sachant par ailleurs que cet impôt concerne désormais moins de la moitié des français et que les nombreuses niches fiscales qu’on préserve le réduit à l’état de gruyère .

Concernant le chômage et le combat contre les licenciements, les chiffres sont là, ils sont cruels et ils se passent de commentaires. Sur ce terrain on notera le renforcement des contrôles sur les chômeurs, le plafonnement des indemnités prud’homales de licenciement et les milliards du pacte de responsabilité versés à fond perdu et qui servent juste à « préserver l’emploi » ce qui donne l’orientation claire du gouvernement, à l’opposé du programme du candidat du Bourget.

Last but not least, les primes diverses et variées offertes aux entreprises qui souhaiteraient recruter et qui ne le feront pas parce que les carnets de commandes sont au plus bas.

Il y a donc une forme d’obstination coupable à oublier les promesses concernant le pouvoir d’achat des particuliers, seules susceptibles de relancer l’économie. A côté de ça on organise un pont d’or en faveur des mandants du Medef qui se contente juste de dire que « certaines mesures vont dans le bon sens, mais sont insuffisantes ». On voit bien ce qui se profile derrière tout cela : le détricotage du code du travail, la fin du CDI dont le renouvellement désormais permis du CDD est le cheval de Troie.

S’agissant de l’Europe, on constatera que la promesse de renégociation du pacte européen de stabilité n’aura tenu que quelques semaines et que, cruel paradoxe, Cameron devrait obtenir des assouplissements des règles européennes pour maintenir le Royaume Uni dans cet espace : tout est dit sur la « puissance » de la France en Europe déjà bien affaiblie sous Sarkozy.

Ajoutons à ce tableau déplorable les attaques sur l’hôpital public, la grande mansuétude envers les professions libérales encadrées (notaires, par exemple), la régularisation des fraudeurs fiscaux en catimini dans les couloirs feutrés de Bercy, le fiasco de la réforme territoriale, qui ne simplifie rien et entraînera sans doute des dépenses supplémentaires, les 40 milliards de fraude fiscale et sociale, etc., etc… et on comprendra l’ampleur de la perte de crédit du politique.

Alors ?

Alors quoi ? Les promesses électorales ne sont-elles là que pour conquérir le pouvoir ? Oui ! Et cela vaut pour la gauche comme pour la droite dont les élus, une fois parvenus à leurs fins, ne sont là que pour accompagner la mondialisation, la finance, mais selon les règles édictées par ces marchands du temple, pas selon la volonté exprimées par les citoyens.

Voter ? Bof ! Les résultats sont là : les électeurs désertent de plus en plus les urnes fatigués par les promesses non tenues, les coups de canifs aux contrats.

Hollande, Sarkozy, pour ne parler que de ceux qui sont ou ont été aux affaires adoptent la même posture : de l’emphase, de l’enthousiasme, de la force de conviction quand ils jouent les bateleurs sur les estrades électorales et un renoncement coupable lorsqu’ils sont aux affaires. En ce sens, je ne distingue pas vraiment de différences entre ces deux personnages, sinon la soif de pouvoir pour eux-mêmes et ceux qui les entourent.

 


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11 réactions à cet article    


  • L'enfoiré L’enfoiré 11 juin 2015 17:19

    Et pas de troisième jambe au centre pour faire le trépied.

    Pas étonnant qu’on se casse la g... en France. 

    • joelim joelim 11 juin 2015 19:53

      La 3e jambe qui fait le trépied c’est le front natio-bouc-émissairial.


      Sans lui tant les ripoublicains que les faucialistes se cassent la gueule.

      Sans ces 3 partis les élections auraient un sens.

      Si les français se donnaient le mot...

      • joelim joelim 11 juin 2015 19:55

        Voter ? Bof ! Les résultats sont là : les électeurs désertent de plus en plus les urnes fatigués par les promesses non tenues, les coups de canifs aux contrats.


        Je parie même que si les citoyens organisaient une élection alternative, si cela était bien mené elle aurait plus de succès !

        • Spartacus Lequidam Spartacus 12 juin 2015 08:18

          Des gens exonérés d’impots......


          La connerie est de gauche.

          Offrir des privilèges à des gens qui ne l’on pas demandé payables par les pauvres.....

          Augmenter la TVA payable par tous, et réduire et supprimer pour des classes moyennes le paiement de l’impot. Que c’est con, et anti-social.

          Dire que la france serait libérale, alors que nous sommes sur le chemin de l’ex-RDA.

          Loi renseignement qui fait que maintenant vous êtes sur écoutes. Chque jour une intervention d’état et contrainte sur la société....

          Une abjection cette gauche. 

          Etre de gauche c’est pas être social, c’est utiliser l’état contre des catégories sociales libres qui foutent les boules à des gens qui ont choisit la prison d’être en servitude de l’état et ont abandonné leur liberté contre des privilèges de statuts.


          • Michel DROUET Michel DROUET 12 juin 2015 09:26

            @Spartacus

            ...et l’intelligence est de droite, bien sûr !

            Molière de la meilleure tirade comique 2015
            Le gagnant est : Spartacus, pour l’ensemble de son oeuvre


          • 6ber 6ber 12 juin 2015 09:59

            Mon pauvre spartacus...


          • L'enfoiré L’enfoiré 12 juin 2015 16:44

            @Spartacus,


             J’ai une question : pourquoi êtes-vous resté en France ?
             Enfin, je suppose que vous l’êtes, puisque vous êtes sur une antenne « franchisante » ?
             Je ne connais pas tous les tics ou les tocs français. 
             Si je suis ici, c’est pour les étudier.
             Ce qui est certains c’est que l’Europe se joue sur deux grandes pattes de lapins : la France et l’Allemagne.
             Les autres ne sont là que pour la figuration. 
             Le chemin de la RDA ?
             Quand Madame Merkel qui a été plébiscitée et qui vient de la RDA, qui en connait les vicissitudes, faudrait pas charrier.
              Les réformes sont nombreuses.
              Si vous suivez un peu ce qui se passe par chez nous, vous sauriez ce qu’elles coûtent.
              Les abjections existent surtout dans les extrêmes. 
              La gauche a besoin de la droite et la droite, un besoin de gauche.
              Extrême gauche et extrême droite déconnent par le populisme.
              Vous n’auriez pas des tendances de populisme par la propagande, tout de même ? smiley

          • 6ber 6ber 12 juin 2015 09:58

            UMP, FN, PC, PS et les autres, Nous en avons marre de ces soi-disant représentants qui nous vantent et nous vendent jours après jours leurs mérites respectifs totalement inadaptés à la situation et si loin des préoccupations populaires.
            Ces partis attardés ont tous une image risible et débile voire morbide qui leur colle à la peau.
            UMP, union pour un mouvement populaire, nouveau RPR, rassemblement pour la république et maintenant, les républicains et pourquoi pas les populaires ou union pour le peuple ?
            FN. Le FN c’est encore l’image de l’algérie, de l’oas, du sac, celle d’une autre époque malgré les gros effort de mlp.
            PC. pc puis pcf, puis prcf. Une armée de soldats obsolète mais qui fait toujours peur bien que ce soit le parti avec qui la CGT a réussi les meilleures défenses sociales.
            PS. Alors là grosse rigolade. Délitement, désagrégation, décomposition, fragmentation, pourrissement...
            Et pour tous mensonges, mensonges et encore mensonges.
            Le peuple, le vrai, ceux d’en bas, attend le Messie. Mais comment faire autrement vu notre système représentatif ?
            L’histoire nous apprend qu’autrefois les messies on les clouait sur la croix.
            Aujourd’hui on les étouffe, on les achète ou même on les supprime par les moyens les plus divers avant qu’ils n’émergent du panier de crabe.
            Oui vraiment On en a marre. Allez prêcher ailleurs.


            • zygzornifle zygzornifle 12 juin 2015 10:42

              dis papa c’est quoi la gauche ??


              • Le p’tit Charles 12 juin 2015 10:53

                C’était quand même mieux sous Vercingétourisque.. ?


                • zygzornifle zygzornifle 15 juin 2015 09:19

                  Une gauche, une gauche  ?? ou ça, ou ça !!!! Tout le monde en parle mais qui l’a vue ?? Personne ?? .... Moi je cherche désespérément et je ne voie que la droite partout ......

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