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Une mobilisation citoyenne pour l’école publique

Vendredi 23 janvier 19h, école élémentaire des Amandiers, Paris 20e. Une trentaine de parents participe à “une nuit des écoles“. Objectif, s’informer des conséquences des lois Darcos.

Un collectif est déjà constitué. Il comprend des enseignants et des parents d’élèves. Depuis des semaines, ils mènent des actions pour sensibiliser plus largement. “Quand on lit le programme de réformes du gouvernement, on trouve les syndicats un peu mous du genou” s’étonne une chef d’entreprise qui scolarise son fils aux Amandiers. Aucun de ces citoyens “désobéissants” n’est affilié à un syndicat ou un parti. “On pioche des infos sur le site de la FCPE ou d’autres, on fait connaître notre action aux médias, syndicats et partis politiques. Personne n’est encarté” déclare un membre du collectif.

La soirée commence par la diffusion d’une interview de P.Meyrieu. Il décrit dans le jargon les conséquences pédagogiques des réformes initiées à partir de mai 2007. Une vingtaine de minutes de mise en bouche, où l’universitaire met en garde contre les vieux réflexes de la droite au pouvoir : mettre à mal l’école publique, en commençant par la maternelle. Il expose par le menu les méthodes habituelles de destruction. Il fait l’analyse du discours “décliniste” dont abuse N.Sarkozy pour “réformer”. Les prétextes principaux sont l’illettrisme et une supposée baisse du niveau. Les jeunes français mutileraient la grammaire et l’école primaire en serait responsable. En réalité, c’est l’ensemble de la population qui lacère la langue de Molière, pas seulement de jeunes incultes. Les parangons de l’école d’antan (toujours meilleure) appuient lourdement sur la faible valeur que confèrent les diplômes et le niveau d’instruction des enfants aujourd’hui. Pour P.Meyrieu, il s’agit justement et simplement d’un conflit de générations. Les uns ne supportant pas le dépassement réel et symbolique des autres.

Deux jours plus tôt, sous les ors et devant les médias, dans une conférence de presse nombriliste, X.Darcos exhibe un nouveau hochet : l’absentéisme. Il propose cinq mille emplois pour parer à ce fléau. Après l’éradication (partielle) des RASED, pour lutter contre l’échec précoce, le mâtin de N.Sarkozy déploie des gardes-chiourmes. Toute l’ambition du gouvernement peut se résumer là : on remplace des professionnels bien formés et pérennes par des smicards précaires. L’inconstance et la duplicité deviennent la caractéristique principale dans la gestion de l’éducation nationale par les équipes de X.Darcos. Ont-ils un instant fait le lien entre échec scolaire et absentéisme ?

Au sous-sol de l’établissement des Amandiers, après l’échange de gâteaux, de thé et de sourires, on constitue deux groupes de paroles et un binôme. Les premiers comportent des professeurs, des parents d’élèves déjà mobilisés et “les nouveaux arrivants”. Et, un parent explique spécifiquement les réformes à un père malentendant.
Cela fait chaud au cœur de vous voir aussi nombreux” lance un professeur à l’assemblée. En effet, l’essentiel des parents présents est là pour la première fois. De multiples thèmes sont abordés, les RASED, les EPEP, la mise en concurrence des établissements, les évaluations. Mais principalement la vision de l’école d’un gouvernement qui n’a que faire d’une éducation de qualité et gratuite pour tous. Et qui le montre ostensiblement.

L’auditoire est attentif. Mais aussi fataliste. “Sarkozy s’en fout de ce que l’on dit” lance le père d’un élève. “Darcos a reculé avant Noël” lui rétorque-t-on. La population du soir est loin des luttes, des immigrés africains en majorité. Le directeur confie : “ce soir ce sont des nouveaux, des gens que l’on n’a pas l’habitude de voir, les bobos, eux, ne sont pas là”.

Dans cette école, tous les mardis les parents organisent une occupation. Sans perturber les programmes. Le symbole est fort. Des citoyens se mobilisent pour défendre l’école publique et gratuite pour tous. “Nous (ndr : les enseignants) ne sommes pas beaucoup (ndr 10), c’est grâce à vous que le mouvement prendra de l’ampleur” leur explique un professeur. Le corps enseignant savoure une autre victoire. Dans l’après-midi, seuls 2 des 26 élèves de CM2 étaient présents pour l’évaluation imposée par le gouvernement.

Avant de se séparer, on organise les suites du mouvement. L’occupation de l’établissement va être reconduite. De plus, lors de la prochaine manifestation nationale on marchera et on fera du bruit, beaucoup de bruit. On se motive : “Il ne faut pas écouter les médias qui pêchent les informations au rectorat. La semaine dernière, ils annonçaient 20 établissements occupés à Paris. En fait, il y en avait 19 dans les 20e et 14 dans le 13e…“.

Autour les enfants chahutent.

Vogelsong - 27 janvier 2009 - Paris

Photos : S.Reuno

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1 réactions à cet article    


  • civis1 civis1 11 février 2009 20:57

    Merci pour cette information citoyenne qui a toute sa place et son importance sur AV

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