Débat « Autoentreprise », témoignage
Une ministre (Sylvia Pinel) jette le pavé dans la mare et de suite les conflits éclatent.
Conccurence déloyale, statut bâtard, bricolage, l'auto-entreprise en a déja pris pour son grade.
Le sujet mérite d'être mieux considéré.
Le premier problème c'est que les auteurs des critiques les plus acerbes écrivent souvent de joyeuses stupidités.
Exemples :
- sur la TVA, on oublie que si l'autoentrepreneur n'en facture pas, il n'en récupère pas non plus sur ses achats (tout comme la plupart des associations).
- sur le faible pourcentage de charges, on oublie que l'autoentreprise les calcule sur le chiffre d'affaire et non sur le bénéfice
Ce statut qui à l'évidence n'a pas été imaginé avec un objectif de développement, mais plutôt pour inciter des activités d'appoint à entrer dans la légalité a effectivement été utilisé sous de multiples formes.
Qu'il soit loin d'être parfait, c'est évident.
Qu'il ait permis à une économie alternative d'expérimenter de nouveaux créneau, c'est aussi une réalité et c'est celle la qui m'intéresse ici.
Après un parcours risqué et fort accidenté, je me suis retrouvé à plus de soixante ans au bord de l'exclusion. Je fais partie des marginaux économiques à qui le système ne fait pas de cadeaux. Les électrons libres sont déjà mal considérés, lorsqu'il vieillissent c'est ... Poubelle.
Pour survivre, j'ai donc créé une autoentreprise dans le recyclage de vélos. Une activité dont chacun reconnait le côté "utilité publique" puisqu'elle contribue à la valorisation des déchets, l'économie d'énergie, la santé publique.
A l'heure où le vélo ressort de son affectation "loisir et sport" pour redevenir un outil utilitaire quotidien, le fait de fournir des vélos en bon état de fonctionnement à prix
V-low coast (c'est un jeu de mot !) contribue à régler bien des situations de transport.
On me rétorquera que l'effet est léger vu la faible surface de mon activité mais le "small is beautyfull" est une réalité dans la recherche de nouveaux créneau d'emploi.
Meme si la fonction de recycleur n'est pas référencée par l'Insee, meme s'il est difficile de gérer une activité necessitant beaucoup de main d'oeuvre face à une proposition commerciale à faible coût ( le vélo chinois premier prix), j'arrive tant bien que mal à revaloriser du vélo et notamment de construction française disparue.
Le premier défi n'est pas de démontrer le bien-fondé du recyclage de vélo, mais de démontrer sa viabilité économique à l'inverse des initiatives associatives bénévoles qui n'ont pas ce souçi.
Recycler c'est définir un métier qui n'est pas celui de vélociste dans la mesure où l'on intervient toujours sur du matériel usagé qui nécessite des trésors de savoir-faire pour la remise en état et le reloooking. C'est aussi conserver des compétences en voie de disparition.
Il n'est pas utopique d'imaginer que l'on puisse un jour définir une gestion plus efficace de la vie du vélo que le système kleenex actuel.
Ceci supposerait que l'on y implique tous les partenaires, que l'on définisse les emplois et qu'on y forme des jeunes.
Je pense pouvoir affirmer que dans mon cas, le statut d'autoentreprise est une opportunité intéressante , notamment pour sa simplicité.
Imaginons que j'ai opté pour un projet d'entreprise d'insertion sous une forme associative et j'en serais encore à négocier des accords, à travailler sur des dossiers... ou mort de faim.
A l'évidence, il ne faut pas en demander plus à ce statut qui doit rester modeste, limité pour le chiffre d'affaire et dans le temps.
Si il est dévoyé et qu'il crée effectivement des situations de conccurence déloyale il faut y remédier.
Mais il faut garder à l'esprit que pour une grande majorité des autoentrepreneurs, l'activité est souvent innovante dans le domaine du service, de la proposition d'objets artisanaux et artistiques, et qu'elle est créée avec très peu de moyens, ce qui limite fortement sa capacité "conccurente".
J'en terminerai avec une observation expérientielle. Pour avoir longuement traîné mes baskets dans l'univers du développement économique local, avoir observé et agi, je suis persuadé qu'il doit exister des Sas préalables à la mise en oeuvre d'initiatives économiques.
J'ai observé des pépinières, des couveuses d'entreprises, des centres d'affaires spécialisés, des offices de portage dont beaucoup sont très loin de m'avoir convaincu à cause de leur lourds besoins de subventionnement, leur fonctionnement, et leurs tarifs.
L'autoentreprise est un sas intéressant. Certes les secteurs économiques dans lesquel il s'inscrit mérite d'être défini, mais je vous parie que si demain on le supprimait, on ne tarderait pas à lui substituer un autre.
Qu'on m'excuse pour avoir rédigé ce papier à la hâte, mais j'ai du travail sur le recyclage.
Mon site internet : http://arkacyclo.viens.la
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