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Europe : l’enfermenent dans une politique de déclin et de ruine

Certains hommes, dans le dépassement d'eux-mêmes, sont capables de dominer des chutes.

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Nick Wallenda Niagara Falls june 2012
AP Photo,The Canadian Press, Frank Gunn


Mais l'actualité montre aussi qu'il y a des déclins et des chutes inéluctables.

 
Ce week-end, des élections se déroulaient dans deux pays de la zone euro dont la situation actuelle de récession économique, de montée du chômage et de la précarité, de baisse du pouvoir d’achat, est le résultat de 10 années de monnaie unique et de ses politiques associées impulsées par des institutions que l’on ne peut qualifier de démocratiques.
 
Si l’enjeu en France était totalement marginal, portant sur des mesures limitées (certes bonnes à prendre pour ceux qui en bénéficient) et un maintien dans le système européen néo libéral dont le PS français est un pilier, comme son homologue le Pasok en Grèce, l’issue du scrutin grec pouvait marquer l’émergence d’une remise en cause de politiques qui se résument aujourd’hui à faire financer par les dettes publiques les Banques et les marchés financiers. Pour que cela ait un sens en termes financiers et monétaires, il faudrait compenser cela par une croissance de la production.
Or, l’Europe est soit en récession, soit en croissance faible dans le meilleur des cas. Dans la mesure où l’unité des sommes engagées est la centaine de milliards d’euros (sans compter les 1000 milliards d’euros quasiment donnés aux Banques entre la fin 2011 et le printemps 2012), le recours à des politiques d’austérité drastiques est incontournable si l’on choisit de rester dans l’Euro et son contexte ultralibéral. La baisse du pouvoir d’achat qui en résulte aggrave encore la situation en asphyxiant un des moteurs de la croissance qu’est la consommation.
 
Si l’on ne modifie pas le système institutionnel actuel qui met en œuvre des règles d’essence néo libérale, la mise sur pied de fonds au niveau européen est réalisée au moyen de trois sources :
 - Un financement direct des Etats.
 - Un financement par les Etats qui empruntent sur les marchés et prêtent ensuite à des taux plus bas en général.
 - L’émission de Bonds garantis par les Etats ou par des institutions européennes qui peuvent être la BCE (mais ce n’est pas son rôle institutionnel actuel) ou bien un Fonds européen.
 
Les deux premiers mécanismes creusent évidemment les dettes publiques.
La troisième solution qui demande un accord européen unanime et à obtenir, ne soulève pas l’enthousiasme des marchés et accentue encore l’imbrication des actifs des Etats et Banques privées, ce qui engendre une plus grande fragilité vis-à-vis de la propagation et de l’extension des crises, notamment des défauts de paiement.
[Ceux-ci concerneront avant tout le paiement des intérêts, puisque les dettes sont à niveau tel que l’on sait déjà qu’elles ne seront jamais remboursées]
Tout cela va de paire avec un renforcement de l’intégration européenne et des pouvoirs accrus pour des institutions et organismes européens de moins en moins contrôlés.
La meilleure preuve que cette monnaie qui inonde les Banques et les marchés ne se retrouve jamais de manière positive et dynamique dans l’économie réelle est que certains pays européens veulent mettre en place et financer un fonds européen consacré exclusivement à la croissance. Mais ceci se heurte à sa contradiction fondamentale. C'est-à-dire que les pays initiateurs d’une telle demande entendent bien utiliser pour eux mêmes les fonds ainsi rassemblés. [à noter que le montant, un peu plus de 100 milliards d’euros serait à peine suffisant pour des investissements urgents en France seule, économie d’énergie, modernisation du réseau électrique, ferroutage et amélioration du réseau ferroviaire et de communication, notamment pour le désenclavement de régions comme le Val de Durance par exemple..]. D’autres pays rétorquent logiquement que cela réclame une plus grande intégration, particulièrement vers une politique économique commune, et que cette création monétaire doit être payée par une austérité accentuée.
A peine élu, étonnement avec le désistement de personnes et partis qui se prétendent opposés à l’ultralibéralisme, le PS français va être le fer de lance de l’enfoncement européen dans cette voie néo libérale vouée à l’échec, demain encore plus qu’hier.
Plus déterminante était donc l’élection grecque qui va au moins conduire à une certaine clarification des engagements et positions politiques puisqu’il est vraisemblable que le parti pro européen, partisan de la soumission aux directives de la troïka, - FMI, BCE et commission européenne-, va avoir le soutien des socialistes grecs, le Paso.
Comment plus de 30% des votants, pour la plupart aux moyens financiers limités et à la situation déjà précarisée par les mesures déjà prises sous le gouvernement socialiste, en arrivent-ils à voter pour une austérité aggravée s’imaginant que cette fuite en avant du système les protègera, relève d’un certain mystère.
Pour le comprendre, il faut sans doute passer sans les négliger de la pensée de Marx et Lénine aux réflexions d’Orwell. C’est d’ailleurs ce que fait un philosophe dont les pensées performantes et dérangeantes lui valent d’être écarté de la scène médiatique officielle des « penseurs autorisés », Jean-Claude Michéa.
Il faut bien considérer que la simple exploitation de la force de travail et la force de l’idéologie dominante ont maintenant laissé la place à une véritable domination des personnes et des peuples.
Force est de constater que dans ces conditions, toute véritable solution qui permettrait de jeter les base d’une inversion du déclin économique, industriel et social fatal, comme une sortie maîtrisée de l’euro et la vraie reprise en main de la monnaie, ainsi qu’un coup d’arrêt à l’invraisemblable ingénierie financière que le néo libéralisme a montée, est exclue.
Le système ira donc au bout de ses contradictions qui finiront sans doute par le faire imploser, créant ainsi bien plus de dégâts que ne l’aurait fait une rupture avec le néo libéralisme lorsqu’il en était encore temps.

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4 réactions à cet article    


  • Tzecoatl Claude Simon 20 juin 2012 11:17

    Je n’ai pas l’impression que l’eurozone, région économique la plus ouverte au monde, se sente enfermé. Il me semble juste d’affirmer que cette crise a pour origine cette ouverte économique à tout crin, que tout les politiques latines et du club med ont accepté sans anticiper les conséquences à terme, contrairement à l’Allemagne qui s’est vu chahuter un calcul trop serré de ses intérêts.


    Pour dire les choses plus explicitement : l’Allemagne est en limite de manque de main d’oeuvre, des taux de chômage abracadabrants pourissent la vie des jeunes générations de l’Europe du Sud, l’incriminé mondialisation trouverait donc probablement une issue dans son parangon local, l’européisation.

    • JMBerniolles 20 juin 2012 16:58

      Merci de votre commentaire. Je parle de l’enfermement dans une politique, par ailleurs extrême en Europe.


      Si l’on prend le cas des Etats-Unis et du Japon, on constate que ces deux pays on encore une maîtrise de leur Banque nationale. Ce qui leur confère encore un levier monétaire.

      Ainsi, la Banque of Japan, intervient sur les marchés pour acheter des dollars afin d’éviter que le Yen ne soit trop haut par rapport à cette monnaie américaine.

      Jusqu’à présent le Japon s’en est plus ou moins sorti avec une balance du commerce extérieure positive.
      Avec le nécessaire recours au gaz naturel, qu’il paie très cher, et au fuel à cause de l’arrêt de ses centrales nucléaires et la « crise européenne » qui limite leurs exportations d’électronique, ce n’est plus le cas. 

      Pour la gestion des accidents nucléaires de Fukushima Daiichi et la reconstruction après le tsunami, la BOJ a aussi débloqué des fonds. D’ailleurs, le fait d’investir dans ces actions concrètes stimulant l’économie, s’est traduit par une légère croissance alors que le Japon est enfoncé dans la récession depuis de nombreuses années.

      C’est évidemment au prix de creuser encore plus la dette. 


    • alinea Alinea 20 juin 2012 14:17

      L’ultra libéralisme ira jusqu’au bout de sa folie car on n’a jamais vu de pouvoir se limitant pour perdurer. Cela doit être une loi physique de base. Le plus drôle c’est que l’homme ne cesse de vanter son intelligence, son ingéniosité... !
      je n’arrive pas à croire que certains puissent croire encore à des « solutions ». Non parce que les solutions n’existent pas mais bien parce que ceux qui ont posé les problèmes sont ceux qui détiennent les rênes du pouvoir !!
      Moi je crois que c’est Michéa qui ne veut pas rentrer dans la médiatisation ; il est très cohérent avec lui-même. La seule chose que l’on puisse faire c’est partager, faire connaitre ses analyses, ses déconstructions qui sont d’une limpidité, d’une profondeur que, pour ma part, je n’ai trouvées chez personne avant lui.


      • JMBerniolles 20 juin 2012 18:11

        J’ai lu que J-C Michéa parlait de « police de la pensée ».

        C’est sans doute aussi qu’il en subit les conséquences, mais pas seulement.

        Cette manière d’imposer des idées, à travers des philosophes officiels, des experts serviles et le discours politique de responsables qui ne font qu’accompagner le système, participe à la domination [j’éviterai de parler de « masse »] des personnes.

        Avant l’idéologie dominante marquait un rapport de forces sociales, Là il y a une vraie volonté d’imposer des idées et de les cibler afin que les gens ne voient pas d’issue au système.

        Par exemple si l’on se réfère à l’exemple grec, on voit qu’une bonne partie de la population est persuadé qu’il n’est pas possible de sortir de l’Euro.

        C’est une idée bien ancrée chez nous, sans qu’elle ait aucun argumentaire sérieux chez les « citoyens » mais aussi chez des hommes politiques qui sont sur cette ligne.



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