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Accueil du site > Actualités > Economie > Faut-il se réjouir du retour de la Grèce sur les marchés ?

Faut-il se réjouir du retour de la Grèce sur les marchés ?

« La Grèce fait un retour triomphal sur les marchés  » : les Echos présentent l’emprunt souscrit par Athènes comme un « énorme succès  ». Une vision superficielle et caricaturale des choses, tout juste modérée par l’infographie qui rappelle un peu l’horreur que le pays traverse depuis 4 ans.

L’arbre devant la forêt
 
Bien sûr, les analyses à courte vue soulignent que le pays n’avait pas pu emprunter sur les marchés depuis quatre ans et que l’offre a été sur-souscrite six fois par les marchés. La Grèce a donc réussi à emprunter 3 milliards d’euros à 4,95% à 5 ans, une forme de « retour à la normal ». Mais l’infographie du journal apporte une perspective différente : taux de chômage passé de 8 à 27%, dette publique passée de 100 à près de 180% du PIB, doublement du taux de suicide, envolée des nouveaux cas de sida… Bref, il serait bon de mettre en perspective cette information avec l’horreur que traverse le pays depuis 4 ans, qui pourrait bien demain être qualifiée de véritable crime contre l’humanité
 
Sur son très recommandable blog, Jean-Claude Werrebrouck y voit trois gagnants  : les banques, qui vont empocher des sommes rondelettes avec un minimum de risques, Bruxelles et les dirigeants grecs qui peuvent afficher ce retour sur les marchés comme une preuve du succès de leurs plans… Mais l’essayiste souligne justement que les perdants seront les citoyens grecs, qui vont devoir payer les charges tout en supportant encore une monnaie bien trop chère qui a laminé son industrie (et donc l’emploi), poussant le pays dans une véritable déflation pour relancer sa compétitivité. Il rappelle aussi le caractère illusoire de ces dettes : qui peut croire qu’Athènes pourra les rembourser ?
 
Un esclave qui change de maître

Cette introduction amène plusieurs remarques. D’abord, que les plans européens pour Athènes, Lisbonne ou Dublin n’étaient pas des plans d’aide aux pays mais bien à leurs créanciers. Sans l’intervention de la troïka, ils auraient perdu beaucoup plus et auraient du affronter plusieurs défauts sévères. Cependant, la situation grecque est absolument intenable  : comment le pays pourrait-il honorer une dette publique de plus de 170% du PIB sans croissance ni inflation pour en réduire le poids ? En fait, cette introduction bénéficie de la subvention implicite de l’UE, les investisseurs partant du postulat qu’elle aidera Athènes à régler la facture pour éviter que la tour de babel monétaire ne s’effondre.

Ce faisant, l’impression que donne cette levée de fonds, c’est que la Grèce a seulement changé de maître. Après avoir été l’esclave de l’UE (qui lui a refusé un référendum sur les plans puis poussé à un changement de premier ministre), elle change juste de maître en devenant à nouveau dépendante des humeurs des marchés. Cela pose un double problème. D’abord, comme l’UE protège les marchés, cela signifie que le pays est toujours saigné pour ses créanciers. Ensuite, cela rappelle que le pays n’a plus de banque centrale, moyen d’échapper à la tyrannie financière et d’alléger la facture pour le peuple, par la monétisation de la dette publique, comme cela se fait presque partout.
 
Ce retour de la Grèce sur les marchés n’est en aucun cas le signe que la situation va mieux en Grèce. D’abord, l’état du pays et de la population s’est profondément dégradé en 4 ans, comme le rapporte le Monde. Mais, pire, rien dans les décisions récentes ne lui permettra de se redresser.

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8 réactions à cet article    


  • Le taulier Le taulier 12 avril 2014 09:47

    Toujours la même chose avec Debout la République , le FN ou le Front de Gauche.

    Beaucoup de critiques mais aucune proposition d’alternative crédible (désolé mais dire qu’on va fermer nos portes aux importations et qu’on va en même temps demander au reste de la planète de soutenir nos exportations, c’est une histoire bonne à raconter les soirs de Noël).

    Si les Grecs ne veulent pas emprunter et ne veulent pas de l’argent des autres pays de l’UE, ils peuvent toujours le dire à travers les élections. Si ils ne le font pas c’est qu’ils comprennent surement mieux leur intérêt que tous les pousse-au-crime parisiens.


    • alberto alberto 12 avril 2014 13:25

      Courte participation de ma part sur ce fil où l’auteur n’intervient jamais :

      1 Pinsolle larmoyant n’explique pas pourquoi un pays qui est sensé crouler sous les dettes est accueillie à bras ouverts pas des prêteurs enthousiastes !

      2 Quand la Grèce (enfin les marionnettes mises en place pour parler en son nom) emprunte 3 milliards, Pinsolle toujours évanescent se garde bien d’expliquer ce que les grecs (enfin, les mêmes...) vont en faire !

      Bref du pisse-copie de pub pour deux-bouts la république...


      • zygzornifle zygzornifle 12 avril 2014 15:00

        ça va coûter dans peu de temps un max de milliards .....


        • bourne 12 avril 2014 19:00

          Un non événement comme savent en créer nos maitres ...


          • BA 12 avril 2014 22:37

            A propos de la Grèce :

             

            2005 : dette publique de 195,421 milliards d’euros, soit 99,8 % du PIB.

            2006 : dette publique de 224,204 milliards d’euros.

            2007 : dette publique de 239,3 milliards d’euros.

            2008 : dette publique de 263,284 milliards d’euros.

            2009 : dette publique de 299,682 milliards d’euros.

            2010 : dette publique de 329,513 milliards d’euros.

            2011 : dette publique de 355,617 milliards d’euros, soit 165,3 % du PIB.

             

            En début d’année 2012, la Grèce a fait défaut : 107 milliards d’euros de dettes ont été effacés.

             

            2012 : dette publique de 303,918 milliards d’euros, soit 156,9 % du PIB.

             

            Fin septembre 2013 : dette publique de 317,310 milliards d’euros, soit 171,8 % du PIB.

             

            Nous n’avons pas encore le chiffre de la dette publique de la fin décembre 2013.

             

            Je sens que ça va être grandiose.

             

            Comme disent les neuneus : « En zone euro, la crise est derrière nous. »


            • claude-michel claude-michel 13 avril 2014 10:41

              heu...notre dette est à plus de 4.500 milliards d’euros (hors bilan)... !


            • claude-michel claude-michel 13 avril 2014 08:06

              bof...simplement la preuve que les marchés sont pipés.. !

              Nous vivons dans un monde virtuel...pas dans la réalité..


              • zygzornifle zygzornifle 14 avril 2014 08:36

                Les chiffres sont aussi trafiqués que les chiffres annoncés l’ors des manifestations ....

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