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L’argent

Essai sur la cause des causes de la crise.

- Introduction -

La thèse défendue dans cet essai est qu'une des manières de penser la crise est de considérer la défaillance généralisés des individus dans leurs rapports à l'argent. Les criconvolutions de la crise financière n'est, de ce point de vue, qu'une forme macroscopique d'un chaos dont l'origine se trouve à l'échelle microscopique.

 

- Développement -

A/ Qu'est ce que l'argent ? Ou, du moins, que devrait-il être ?

1/ L'argent est un outil - au sens on peut qualifier d'outil toute production de l'esprit humain qui peut servir d'intermédiaire pour la réalisation d'une tâche, et qui a pour but de rendre cette réalisation globalement plus aisée.

2/ La fonction de l'argent-outil est de servir d'étalon de valeur pour les biens et les services à l'intérieur d'une société - ensemble d'individus ayant un sentiment de vivre ensemble partagé suffisamment fort pour permettre une coopération active entre eux - de manière à faciliter les échanges à l'intérieur de celle-ci.

3/ L'existence de l'argent en tant qu'outil repose sur deux pilliers : D'une part, le signe monétaire ( pièce, billet, ... ) et, d'autre part, l'organisation sociale et culturelle qui permet de donner à ce symbole purement virtuel de richesse une valeur réelle, communément admise et partagée.

4/ Les seules caractéristiques nécessaire pour les signes monétaires sont a) De pouvoir être comptés b) De n'exister qu'en un nombre fini et connu.

5/ Tout comme la voiture, en tant qu'outil, est une création purement humaine - non naturelle - qui doit être entretenue par un ensemble de techniciens sous peine de voir ses composants retomber à leur état naturel ( un tas de rouille et de poussière ), l'argent-outil doit être activement maintenu en l'état pour rester utilisable. Que ce soit une petite association munie d'un tableau et de feutres pour un SEL (système d'échange local), ou une entité européenne avec force paperasse et matériel informatique.


B/ Quel est le comportement des individus face à l'argent, au quotidien ?

1/ L'argent n'est pas perçu comme un moyen, un outil, mais comme une richesse en soit, la question de l'usage de l'argent arrivant majoritairement dans un second temps.

2/ La zone économique dans laquelle la monnaie à cours se délite de plus en plus du fait de la mondialisation, à laquelle chacun contribue en profitant des bas couts des produits importés de pays où la main d'oeuvre est peu chère. Implicitement, si le producteur ne prend pas la peine d'apporter des informations sur l'organisation de la production, il est clair que celle-ci est entièrement conditionnée par la recherche du moindre coût financier.

3/ Plus personne ne se soucie de la mécanique de l'argent-outil, laissant l'affaire à des spécialistes, au gouvernement ou dans le secteur financier privé.

4/ On a laissé les gouvernement manipuler la masse monnétaire dans leur double délire d'obtenir de la croissance à tout prix (1er délire) en modulant la vitesse d'impression du papier monnaie (2ème délire), et accepté d'en subir les conséquences, sans jamais manifester quelque mécontentement que ce soit à ce sujet avant la crise.

5/ Au lieu de réagir à l'accaparement de la gestion de l'argent-outil par les banques privées en restreignant au maximum la quantité de monnaie laissée en leur pouvoir, tous le monde s'est laissé bercer par la possibilité de faire fructifier par magie son argent, sans se poser de question.

C/ Quelles conséquences ?

Une maxime qu'on ne cesse de nous rabâcher dans les média est que le rôle des banques est de financer l'économie. Ah bon, ce sont aux banquiers de modeler l'économie de demain en faisant profiter tel ou tel de leurs largesses ? Le pouvoir corrompt, et voilà ce qui arrive quand on donne du pouvoir sans limite à un technicien : il finit par se prendre pour Dieu.

 
Un banquier n'est pas plus apte que vous est moi à décider qui doit recevoir de l'argent ou pas. Il est normal que les banquiers ne prêtent qu'aux riches - i.e, ceux qui ont des actifs qui puissent être liquidés en cas de défaut - puisque le banquier n'a pas plus de compétence que vous et moi pour savoir qui va gagner ou perdre de l'argent demain.


Les inégalités dans la distribution du capital étant encore plus forte que les inégalités dans la distribution des revenus, tout dépôt en banque viendra mécaniquement renforcer les inégalités puisque la liquidité ira prioritairement à celui qui possède déjà plus d'actifs que le déposant.


D/ Une remarque sur Frédéric Lordon

Un des penseurs populaire de la crise financière, Frederic lordon, dit en fait exactement la même chose, si on l'écoute bien ( dans la fin de l'émission en particulier ) LIEN à savoir que la source de l'oppression moderne des peuples, c'est le capital financier aveugle, qu'une société plus humaine ne peut exister sans une nécessaire ré-humanisation du capital des entreprises, chose impossible tant que les peuples continuent d'alimenter la source de leur opppression avec leur épargne. Il se retrouve néanmons face à une aporie, ne pouvant envisager que des solutions holistes ( qui supposent un renversement global ) à la crise, tout en sachant qu'une telle solution ne peut être mise en oeuvre que de manière centralisée, ce qui n'est pas souhaitable.


- Conclusion -

La conclusion logique de ce propos devrait être d'appeller chaque citoyen à reprendre la gestion de son capital financier en main, dont le devenir naturel devrait d'être transformé en capital réel (au sens strict, un ensemble de propriétés permettant la création de valeur via le travail personnel ) à une échéance aussi courte que possible. Les manières de "rematérialiser" sont capital financier sont nombreuses, mais comportent toutes une part de risque, qui est à mettre en perspective avec la certitude d'être perdant à tous les coups dans l'inaction, que ce soit en tant qu'épargnant, que salarié, ou que citoyen. La conséquence logique d'une telle rematérialisation du capital fincancier, c'est qu'elle viendrait forcément développer les secteurs à la jonction du champ de compréhension et du champ d'action des individus, donc forcément à l'échelle locale. Or, cette relocalisation de l'économie est, à mon humble avis, la seule manière de dépasser la triple crise que nous vivons : crise financière, crise énergétique, et crise écologique, qui ont toutes les trois pour point commun de résulter d'un abandon des individus à participer à des systèmes qu'ils ne comprennent pas, au profit du bien être à court terme.


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30 réactions à cet article    


  • Romain Desbois 28 juin 2012 10:09

    Oui la monnaie est une unité de mesure comme le sont le litre et le kilo.
    C’est une invention primordiale qui nous a sorti du troc.

    Comme souvent l’on accuse l’outil responsable de l’utilisation et non l’utilisateur. Une façon de se déresponsabiliser .


    • luluberlu luluberlu 28 juin 2012 11:48

      Bonjour,
      Juste une remarque sur votre conclusion pourquoi repousser le bien être à court terme ? ou en tous cas y ressentir comme qq chose de négatif. Parce que pour le bien être ou le bon état de l’être, il n’y a que le présent à se mettre sous la dent....Et exiger le bien être NOWWW comme criait l’autre, est le minimum que nous nous devons.
      Sinon que votre démarche n’est pas des plus connes. Le rapport au pognon ? La difficulté est que pour bien en voir le contour il faudrait s’en extraire, et là c’est pas gagné, quoiqu’en croient les gavés.
      Pour ma par il y a du théos dans le gonpo ".


      • efarista efarista 28 juin 2012 19:18

        Juste une remarque sur votre conclusion pourquoi repousser le bien être à court terme ? ou en tous cas y ressentir comme qq chose de négatif. Parce que pour le bien être ou le bon état de l’être, il n’y a que le présent à se mettre sous la dent....Et exiger le bien être NOWWW comme criait l’autre, est le minimum que nous nous devons.

        Oui mais non. C’est au nom du bien être immédiat que tant de gens ont un crédit sur le dos. Le problème de base est définir le bien être. Le crédit a la consommation pour une fichue bagnole, ou un fichu écran plat.... ben moi j’ai pas l’impression que ce soit quelque chose d’indispensable a notre bien être...pourtant cela fait parti des biens de consommations jugés parfois indispensables.Pourquoi certaines personne ne peuvent même pas imaginer acheter d’occasion ??
         Les fringues de marques, décathlon, la foirfouille, casa,.... que de temples du superflu. Mais qui juge du niveau où quelque chose est superflu ? le bien être par le superflu c’est peut être la que le bat blesse.


      • Karash 28 juin 2012 22:12

        @luluberlu

        En une phrase : parce que la cigale et la fourmi


      • luluberlu luluberlu 29 juin 2012 12:52

        La fourmis comme la cigale vivent leurs conditions même si elle se rencontrent chez Ésope et la Fuente, penser notre réel à travers des métaphores chargées idéologiquement, c’est le moins que je puisse claver, me parait très indulgent avec la pollution....intelectuelle si l’on ose claver. Méfies toi, mon frère, de ce qu’ont gravé sur la paroi de la caverne nos prédécesseurs en pensée.
        Quoiqu’il en soit suivons nos pas. A+


      • Leo Le Sage 28 juin 2012 11:53

        @auteur

        Bonjour,

        « chaque citoyen à reprendre la gestion de son capital financier en main »

        Qu’on commence par apprendre à tous à compter correctement aussi...
        Après on verra si la personne pourra savoir gérer... surtout gérer un actif financier...


        • Revan 28 juin 2012 17:03

          si l’argent est un outil alors il devrait servir la cause humaine, or aujourd’hui il fait tout l’inverse, ne profitant qu’a certains, soit il faut entretenir l’argent par de réel service compétant, soit penser a un autre système, autrement c’est le mur...


          • Karash 28 juin 2012 22:09

            C’est à chacun de maitriser l’outil qu’il utilise. L’homme est l’animal qui fabrique ses outils. Ceux ci ont exactement la forme que leurs créateurs ont bien voulu leur donner. L’argent est un outil commun, et suppose donc une surveillance commune. Mais en parlant de « service compétent » vous perpétuez l’idée que c’est une affaire de spécialistes, alors que c’est justement le travers à éviter.
            Il est impossible de confier la gestion d’un bien commun à un spécialiste, puisque par définition l’homme commun ne peut pas juger du bien fondé de son action.


          • Daniel Roux Daniel Roux 28 juin 2012 17:13

            Beaucoup de mots pour une conclusion que je trouve confuse.

            Si le but de l’auteur était de vulgariser la thèse de Lordon, c’est raté.

            Je lui rappelle que la moitié des Français gagnent moins de 1750 euros par mois et que les emplois sont partis dans les pays pratiquant le dumping social, écologique et fiscal.

            Dissertons entre privilégiés sur notre rapport à l’argent et sur le bonheur, une tasse à la main, en regardant de notre fauteuil confortable, la misère gagner nos villes et nos campagnes.


            • Karash 28 juin 2012 21:44

              Lordon est là un peu par hasard. En cherchant une source pour la première version de mon introduction ( complètement différente de celle ci ), je suis tombé sur cette vidéo, et ait été surpris de constater la proximité de ses constats, et l’aporie à laquelle il faisait face en n’envisageant pas de solution à l’échelle individuelle.

              Et contrairement à ce que vous semblez avoir compris, je ne m’adresse pas aux personnes ayant 5 zéros sur le compte en banque. Ce sont M et Mme tout le monde qui alimentent les assurance vie et les retraites complémentaires, ce sont M et Mme tout le monde qui ont permis la généralisation des paiements dématérialisés, ... et ce ne sont pas les personnes ayant 5 zéros sur le compte en banque qui ont fait pression à un tel point sur les prix des T shirt ou des tomates premier prix qu’il a fallu en délocaliser la production respectivement en Asie ou en Espagne.

              Insinuer que les pauvres ne font pas de conneries, c’est de la discrimination.


            • Romain Desbois 28 juin 2012 23:29

              Karash

              J’admire votre maturité d’esprit à 22 ans. Vous semblez comprendre bien mieux que beaucoup , plus vieux et plus « médaillé ».

              Peut-$être que ce site et la philosophie de cette « banque » vous intéressera :

              lanef.com


            • mozee mozee 29 juin 2012 01:23

              Le texte à mon humble avis a trois mérites :
               - celui de poser les termes du débat : de les définir
               - celui d’exposer les problèmes, le moyen devenu fin : le bien-être par l’argent
               - celui de proposer une solution, si j’ai bien compris : un fonctionnement économique local.

              Maintenant, comment convaincre M. et Mme Toulemonde, qui sont bombardés de propagande consumériste presque tout le temps ? Le web est peut-être une partie de la réponse.

              Je plusse.


              • Karash 29 juin 2012 03:10

                Chercher à atteindre un consensus global avant d’agir n’est pas une bonne stratégie. Il faut agir de son côté, à son échelle et, si ça marche, ça se saura. M et Mme Toulemonde sont très forts pour ça, ne vous inquiétez pas.


              • Romain Desbois 29 juin 2012 07:39

                oui l’argument de M.Madame Toutlemonde est souvent l’excuse pour justifier ne rien faire soi même.


              • bert bert 29 juin 2012 04:24

                A quel empire profite la diffusion d’idées aussi stupides ........ ???????


                la pioche est un outil 
                et
                l’argent est un métal




                • Karash 29 juin 2012 13:45

                  Pourriez vous développer ?

                  Je parle bien de l’argent - monnaie. Le recouvrement historique entre l’argent métal et la monnaie à produit une fusion linguistique dans la langue Française qui est particulièrement pauvre en vocabulaire ( ce que d’aucuns considèrent comme une richesse ) , mais au départ ce sont des réalités distinctes. Les cigarettes, le temps, les céréales ont été autant d’unités de références dans les temps où la monnaie métallique se fait rare.


                • Romain Desbois 29 juin 2012 18:16

                  Bien que censée votre réponse n’intéresse pas bert qui n’est qu’un troll.

                  Au fait êtes-vous allez voir le site de La NEF ?

                  J’aimerais bien avoir votre avis.


                • Karash 29 juin 2012 22:07

                  J’ai étudié les offres de la NEF et du crédit coopératif. Le crédit coopératif était en fait bien en dessous de l’idée que je m’en faisais. La seule chose qu’on peut espérer en mettant son argent là bas, en gros, c’est qu’il ne finisse pas chez des marchands d’arme, mais c’est bien tout. La part de marketing est énorme. J’ai eu dès doute dès le moment ou j’ai vu la tête du compte rendu d’activité 2011 .. d’un aspect trop « bisounours » pour être crédible.

                  Pour la NEF, la qualité des investissement est bien meilleure, mais les taux sont à peine supérieurs à ceux du livret A, avec le blocage des fonds en plus. Tant qu’il n’y aura pas de filet minimum de sécurité contre l’inflation,vu la durée de blocage nécessaire pour avoir un taux raisonnable ( 10 ans pour 3% environ ), je ne placerais pas mon argent à la NEF. Car vu la politique de la BCE, c’est vraiment quelque chose à craindre.


                • bert bert 29 juin 2012 23:47

                  non non je suis pas un troll je suis un grand hamster smiley


                  le développement de morphéus (un peu plus loin) est vraiment juste !

                • Romain Desbois 29 juin 2012 23:58

                  La NEF a pour ambition de devenir suffisamment grosse pour pouvoir se détacher du C.Coopératif à qui elle soustraite la gestion des comptes .

                  La NEF n’a pas pour objectif d’offrir des rendements importants à ses clients qui ont une autre démarche en étant dans cette coopérative. L’assurance que les prêts octroyés sont sur des critères écolos ou sociaux.

                  Bon certes ce n’est pas parfait et je comprends votre argument. Mais le taux est-il plus important que la façon dont il est obtenu ?

                  En tous cas perso je n’ai pas trouvé mieux que la NEF (à ne pas confondre avec le crédit coopératif).

                  Par contre je n’ai compris votre propos au sujet de la BCE par rapport à la NEF


                • Karash 30 juin 2012 00:18

                  En plaçant de l’argent à la NEF, on ne cherche pas à en gagner, c’est admis. Mais il ne faudrait pas que la conséquence soit de perdre de l’argent non plus. Néanmoins, pour que le taux soit raisonnable, il faut bloquer l’argent pendant 10 ans. Seulement, si pendant cette durée, l’inflation grimpe mais que le taux de rémunération reste inchangé, l’épargne va fondre comme neige au soleil. Or, vu la politique monétaire laxiste de la BCE, on risque de se prendre une inflation modèle géant dans les dents à brève échéance, ce qui fait courir un risque bien trop grand à mon sens si on place son argent à la NEF dans ces conditions. A ce compte là, autant se contenter du livret A, qui finance le logement social et les PME.

                  Sachant que de toute façon, comme je l’ai dit dans l’article, il faut limiter au maximum sa quantité d’épargne, et investir dans du capital réel. I.e, son entreprise, sa maison, son terrain, ses outils, son jardin, ou la même chose pour des proches, et j’en passe.



                • Romain Desbois 30 juin 2012 08:07

                  Merci pour votre réponse.

                  Au plaisir de débattre à nouveau.


                • Morpheus Morpheus 29 juin 2012 10:26

                  Bonjour l’auteur. En parlant de cause des causes, et en prenant l’argent pour sujet, puis-je vous apporter (en bref), ma propre analyse ?

                  1. La monnaie est un instrument inventé par les humains pour échanger des marchandises et des services. Au moment où la monnaie a été inventée, elle a sans doute répondu à un besoin dans la façon dont les hommes voulaient s’organiser, et a donc sans doute rendu service pendant un temps déterminé. Le monde actuel, globalisé, avec la quantité de connaissances et de découvertes acquises depuis des générations, a changé, et ce système ne remplit plus la fonction pour laquelle il a été inventé : il est donc obsolète.

                  2. La monnaie, qu’elle soit matérielle (billets, pièces, or, etc.) ou virtuelle (données informatiques) n’a en elle-même aucune valeur réelle : on ne peut pas se nourrir avec des billets, ni produire de l’énergie, ni fabriquer une maison ou quoi que ce soit ; ce n’est pas la monnaie qui produit des richesses, ce sont les ressources (et leur valorisation par le travail) qui constituent la véritable richesse.

                  3. La valeur que l’on attribue à la monnaie est subjective et dépend de la confiance qu’on accorde à ces signes (nb. voir aussi le point 7 à ce sujet), mais également de la quantité de signes en circulation (inflation / déflation).

                  4. Par contre, la valeur des biens et des services va dépendre essentiellement de leur rareté : un produit, un bien ou un service abondant aura un faible prix ; un produit, un service ou une ressource quelconque se trouvant en faible quantité ou en pénurie aura un prix élevé (principe de la "loi de l’offre et de la demande").

                  5. Par conséquent, l’ensemble du système économique basé sur la monnaie est fondé sur la (gestion de la) pénurie : pour qu’un produit, une ressource ou un service ait une valeur, il doit être plus ou moins rare. Le suprême paradoxe étant que, pour maintenir sa valeur, la monnaie elle-même doit être rare ! (du moins, doit-elle être inégalement répartie entre les individus de façon à être peu voir pas accessible à une importante frange de la population).

                  6. Comme la quantité de signes (de monnaie) en circulation doit elle-même être en situation de pénurie, il en résulte que de manière générale, il doit ne jamais y en avoir assez pour tout le monde ... ! (on en viens à la dernière remarque du point précédant).

                  7. Ce système d’économie basée sur la monnaie doit reposer sur un ensemble de lois contraignantes, sans lesquelles l’ensemble des populations ne joueraient pas le jeu. Ces lois sont le ciment du système et ne peuvent être discutées, à la façon d’un credo religieux au sein d’une église.

                  8. Comme l’argent devient nécessaire pour se procurer les produits et les services nécessaires à vivre et prospérer, et comme il n’y en a pas assez pour tout le monde, il s’ensuit logiquement qu’il va y avoir concurrence et compétition.

                  9. De façon générale, l’ensemble des ressources (donc des richesses de la planète) vont aboutir - par le biais de la compétition et des inégalités - entre les mains d’un très, très petit nombre de personnes (en proportion au 7 milliards d’individus), et ces personnes, contrôlant de (très) grandes portions des ressources, déterminent elles-mêmes la rareté et les prix, quitte à détruire (ou dissimuler) les ressources excédentaires (il faut maintenir
                  - artificiellement ! - les prix, donc la rareté et la pénurie).

                  10.  Donc, tout système économique basé sur la monnaie revient in fine à organiser et pérenniser la pénurie et la compétition, plutôt que gérer de façon commune les ressources dans le but de générer l’abondance pour tous.

                  On peut réfléchir à toutes les implications et conséquences sur les comportements humains d’une société sans monnaie, sans argent, et où chacun à accès à tous les biens ou services dont il a besoin. Il est cependant nécessaire de bien garder à l’esprit que cette analyse nécessite de ne pas transposer nos propres comportements dans ce contexte, car nous-mêmes sommes névrosés par le contexte de la société actuelle : nous sommes matérialiste parce qu’il n’y en a pas assez ; nous amassons et nous sommes possessifs avec les biens matériels, parce que cela représente des richesses, du fait de leur (relative) rareté, et parce que la possession est le signe de la réussite et d’une « bonne vie ». Il en irait tout autrement dans un contexte où tous auraient accès tout ce dont il a besoin librement. Dans pareil contexte, les névroses possessives disparaissent. Le besoin d’accumuler (peur du manque) n’a plus besoin d’être. L’obsolescence planifiée disparait, et les ingénieurs peuvent - enfin ! - déployer toute leur créativité afin de développer des dispositifs et appareils solides, fiables et durables (puisqu’il n’y a plus besoin de répondre à des objectifs de rentabilité et de consommation renouvelée). Les vols n’ont plus lieu d’être, par conséquent, toute une série de crimes n’ont plus de raison de se développer. Libéré des tâches pénibles et dangereuses grâce à la robotique, les gens peuvent consacrer une grande partie du temps ainsi libéré afin de se consacrer, qui à la gestion de la cité, qui a l’étude, qui à des loisirs (créatifs ou non), qui à des associations culturelles, qui à la spiritualité, qui à la recherche... La participation à la gestion de la cité est encouragée et souhaitée, par le biais de l’application à tous les domaines de la politique (au sens noble du termes, c’est-à-dire « gestion de la cité »), des principes de l’Open Source.

                  Si nous sommes nombreux à simplement savoir et connaître l’existence de cette solution, lorsque la fracture arrivera (l’effondrement programmé du système), nous pourrons échapper à la « stratégie du choc » qui risque fort de nous être imposée par les oligarques. Nous pourrons dire NON à leurs prétendues « solutions », et exiger une société fondée sur une économie basée sur les ressources. La prochaine grande révolution a donc déjà un nom, un objectif clair, et une déclaration universelle : l’ensemble des ressources de la planètes sont le patrimoine commun de tous les êtres vivants, et nul ne peut se les approprier à son bénéfice propre.

                  Cordialement,

                  Morpheus


                  • Karash 29 juin 2012 14:27

                    Bonjour,
                    Votre analyse est évidemment la bienvenue, voici les réactions qui ont été les miennes sur vos différents points :

                    1/ 2/ 3/ 4/ RAS
                    5/ Vous vous trompez vous même en réfléchissant en terme de rareté. La monnaie ne peut exister qu’en quantité définie pour être utilisable. La concentration qui peut ensuite se produire n’est pas à rejeter sur la monnaie, mais sur la répartition des pouvoirs préexistante à l’introduction de la monnaie. L’inflation éventuellement subséquente ne sera pas d’origine monétaire mais purement économique. Et il est même dangereux d’essayer de contrer une telle inflation par la création monétaire, car l’information contenue dans l’inflation sera perdue momentanément alors que la cause première n’aura pas disparu, ce qui ne fera qu’amplifier le problème.

                    6/ Ce qui compte ce n’est pas la quantité de monnaie mais le pouvoir d’achat de la monnaie. On peut multiplier demain la valeur par deux de chaque billet et pièce en euro, ça ne changera rien à la pénurie d’argent des smicard, qui verront leur salaire multiplié par deux, et l’ensemble des prix avec.


                    10/  "Donc, tout système économique basé sur la monnaie revient in fine à organiser et pérenniser la pénurie et la compétition, plutôt que gérer de façon commune les ressources dans le but de générer l’abondance pour tous.

                    Pour résumer, je pense que vous inversez le sens de la causalité. La pénurie et la compétition préexistent à la monnaie, qui est au contraire un outil de civilisation puisqu’il accroit la liquidité des biens et permet d’éviter les situations de pénurie intolérables menant à la violence. Le problème vient à mon sens du défaut de rationalité qui s’est constitué autours de la monnaie, entrainant à son tour un manque de rationalité dans la structuration de l’économie, sans toutefois qu’il faille envisager d’autre fautif que le manque de vigilance de l’individu lambda ( vous et moi inclus ).


                  • Morpheus Morpheus 29 juin 2012 21:31

                    La pénurie et la compétition préexistent, dites-vous, à la création monétaire. C’est plus subtil que cela.

                    D’abord, la pénurie précédant la création monétaire n’est que relative à l’aire d’influence et d’exploitation de tel ou tel peuplade : il n’y a pénurie qu’en fonction des ressources disponible ou non sur cette aire d’influence et de contrôle, pas dans l’absolu. C’est-à-dire que la Terre, au total, est à même de procurer une grande abondance dans un grand nombre de ressources, pourvu que celles-ci soient exploitées en respectant l’équilibre dynamique.

                    Cela signifie que, plutôt que de faire la guerre, les peuples peuvent (auraient pu) collaborer afin de partager équitablement les ressources. Le choix entre guerre (compétition agressive et recherche d’avantage différentiel) et collaboration (échanges mutuellement avantageux) ne dépend que du contexte socioculturel dans lequel évoluent les différents peuples.

                    Donc, considérant la pénurie, ce que l’on peut dire c’est qu’aujourd’hui, compte tenu primo que le monde est globalisé (accès à l’ensemble des ressources de la planète) et deuxièmement que notre niveau de connaissance et de technologie nous permet une transformation optimale (améliorable, mais capable déjà de produire en masse), de pénurie il n’y a plus. Pour preuve, les grandes quantités de déchets que nous produisons provient entre autre d’une surproduction. Seuls certaines ressources d’énergies (non renouvelables) sont en voie de pénurie, pour cause de surexploitation démesurée en 150 ans. Ce qui n’est pas une fatalité (c’est une question de mauvais choix, dût à l’avidité de quelques-uns).

                    Ensuite, la compétition. Celles-ci n’est pas non plus une fatalité. Elle n’est pas inscrite dans nos gènes. La croyance dans le fait que l’ordre naturel serait fondé sur la compétition est une croyance fausse, un sophisme libéral qui réinterprète dans un certain sens la théorie de l’évolution de Darwin. Dans la nature, ce n’est pas la loi du plus fort, mais la loi de l’adaptabilité qui prédomine. C’est cela que dit la théorie de Darwin. Pour s’adapter, il n’est pas nécessaire d’être obligatoirement compétitif. Dans de très nombreux cas, la nature montre une collaboration, une symbiose - inconsciente la plupart du temps, mais bien réelle - entre espèces (qu’elles soient végétales ou animales). L’homme n’est pas différent : il s’adapte à son environnement.

                    Cependant, du fait de l’avènement de la sédentarisation ET de la civilisation (vie dans la cité), l’homme a recréé un environnement différent de l’environnement naturel, et décalé des cycles et des lois naturelles. Les choix des humains ont mené à développer la compétition plutôt que la collaboration, et la domination de la nature plutôt que la symbiose avec ses rythmes. Ces choix peuvent être changés, pourvu que l’on revoit notre copie concernant nos croyances, nos habitudes, nos mœurs, notre culture.

                    On peut donc dire que la compétition n’est pas une fatalité, et qu’on peut (à mon avis, on DOIT) changer pour développer la collaboration et l’échange mutuellement avantageux, plutôt que la compétition et l’avantage différentiel. C’est d’autant plus vital que nous réalisions ce revirement de paradigme que nous sommes à présent (par la mondialisation et la technologie) véritablement interdépendant (dépendant les uns des autres = ce qui affecte les uns affecte les autres), et d’autre part, les équilibres naturels ont été bouleversés par l’activité humaine, et il est urgent de nous réaligner avec les rythmes naturels. Si nous ne le faisons pas, c’est nous qui perdrons. De toute façon.

                    Enfin, ce que l’on constate, c’est que les principes mêmes de compétition et d’avantage différentiel, s’ils ne sont pas inhérent à l’homme, sont gravés dans l’économie de marchés et la monnaie. Vous semblez me contredire sur le point cinq, pourtant c’est bel et bien la rareté qui fait la valeur (relative) des biens et des services (nier cela revient à nier les principes sur lesquels repose « la loi de marché », à savoir la loi de l’offre et de la demande). S’il pleuvait de la poussière d’or pendant un jour, tout le monde se précipiterait pour l’amasser (bien qu’on ne puisse rien en faire pour vivre, ni en boire ni en manger), mais s’il en pleuvait pendant 1 mois, tout le monde se demanderait comment se débarrasser de cette merde ...

                    Ce principe (loi de l’offre et de la demande) combiné à la compétition, génère inévitablement la rareté, et l’économie, aujourd’hui, consiste à s’accaparer les ressources (énergies, eau, nourritures, matières premières), les terres et la connaissance (brevets), et à thésauriser, afin de contrôler l’offre et la demande. Le capitalisme, c’est du communisme à la soviétique, mais inversé : dans un cas, les ressources sont contrôlées par des agents privés, dans l’autre par des apparatchik de l’état. Pour la grande majorité de la population, le résultat est le même : ils sont asservis par une petite minorité de voleurs de pouvoirs, qui ont tout intérêt à préserver un système fondé sur la compétition et la recherche d’avantages différentiels.

                    Mais ce n’est pas tout. Une autre excellente raison de sortir du système monétaire, c’est que la compétitivité induis toute une série d’effets pervers : exploitation (voir esclavage), obsolescence planifiée (pour alimenter la consommation), pollution et destruction environnementale, etc. Si nous sortons de ce système, ces effets pervers n’ont plus de raison d’être. Au lieu de déployer des trésors d’ingéniosité pour limiter la durée de vie d’un produit, les ingénieurs pourraient déployer leur créativité pour développer des produits de plus en plus fiables, durable et sécurisés.

                    Cordialement,
                    Morpheus


                  • Karash 30 juin 2012 00:43

                    Je pense que l’histoire va complètement à l’encontre de votre perception de la pénurie. Les hommes ne se sont pas dispersés à travers le globe par plaisir ou par gout de l’aventure. Ils l’ont fait par nécessité, car invariablement les capacités du milieux deviennent insuffisantes à mesure que le nombre d’individus à supporter croit.

                    Ensuite, sur la compétition, je pense que vous malmenez Darwin. La compétition et l’évolution sont inséparables. La reproduction sexuée est ultra majoritaire dans le vivant, et il est dans son fonctionnement normal que les individus les plus performants dans leur milieu aient la possibilité de transmettre leurs gènes, et pas les autres. C’est le prix du maintien de la vie sur Terre. Quand à ce que vous appelez coopération, dans les fait il s’agit plutôt d’un opportunisme réciproque bonifié par le temps et l’évolution.

                    La compétition est incontournable, mais s’il est possible de rendre la vie de tous meilleure par la coopération dans certains domaines, il ne faut pas s’en priver.

                    Là ou vous voyez une construction sociale artificelle, je vois la marque d’un comportement de fond impossible à éradiquer complètement. La coopération est souhaitable, mais il ne faut pas céder à l’angélisme. La coopération n’est possible qu’entre personnes responsables, et donc entre personnes qui peuvent subir les éventuelles conséquences négatives de leurs actes, ce qui me parait impossible dans un monde sans argent, un monde sans propriété ( car si la propriété existe, un des actifs possibles finira fatalement par devenir une forme de monnaie ).

                    A l’évidence, nos divergences sont considérables. Mais je n’aurai pas le temps d’aller beaucoup plus loin dans l’échange, malheureusement. Mais à une prochaine, avec plaisir.


                  • Morpheus Morpheus 30 juin 2012 12:26

                    [A l’évidence, nos divergences sont considérables.]

                    Nous sommes au moins d’accord sur ce point smiley

                    Cordialement,
                    Morpheus


                  • Morpheus Morpheus 30 juin 2012 19:14

                    J’ajoute qu’à 20 ans, je percevais le monde avec le même regard que vous aujourd’hui smiley


                  • Francis, agnotologue JL 5 octobre 2012 09:20

                    Le problème n’est pas l’argent mais le profit.

                    L’argent n’est qu’un médium, un moyen, un outil, comme les autres. 

                    ps. Là où le sage montre la lune, l’obscurantiste montre le doigt (in Aphorismes, JL)

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