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Accueil du site > Actualités > Economie > L’économie comportementale : l’économie de demain

L’économie comportementale : l’économie de demain

Cet article va vous expliquer comment une révolution d'idées est en cours et comment dans les dix prochaines années notre économie va se métamorphoser. L'échec de notre économie a mis en avant une nouvelle approche portée par des chercheurs en sociologie et en psychologie. Bienvenue dans l'économie du bonheur.

" En 1941 ou 1942, alors que les Juifs devaient porter l'étoiles jaune et respecter un couvre-feu à six heures, je rentrais tard après avoir été jouer avec des camarades chrétiens. Alors que je marchais dans la rue, un soldat allemand s'approche. Il portait l'uniforme noir des SS que l'on m'avait appris à craindre plus que tout. Alors que j'accélérais le pas, arrivant à son niveau, je notais qu'il me regardait intensément. Il s'est penché vers moi, m'a pris puis serré dans ses bras. J'étais terrifié qu'il ne remarque mon étoile sous mon chandail. Il me parlait avec émotion, en allemand. Il a desserré son étreinte, ouvert son porte-monnaie, montré la photographie d'un petit garçon et donné de l'argent. Je suis rentré à la maison, plus convaincu que jamais que ma mère avait raison : les gens sont infiniment compliqués et intéressants. "

Les gens sont infiniment compliqués et intéressants...

Daniel Kahneman est un psychologue. Pourtant il a reçu en 2002 le prix Nobel d'économie pour sa théorie des perspectives. Il dira lui-même qu'il n'a jamais pris un seul cours d'économie et que toute son étude a été basée sur ses expérimentations.

Quelle est donc sa contribution ?

Il a simplement démontré que l'homme est capable de faire des choix paradoxaux. Souvenez-vous dans un précèdent article "Homo economicus contre Homo irrationalis", je parlais d'une sociologue qui avait démontré par expérimentation que des singes soumis à des choix débouchant aux mêmes résultats vont prendre des décisions incohérentes. Tout ça parce que la vision de perdre des grains de raisin leur était insupportable. Et bien la théorie des perspectives c'est la même chose appliquée aux humains. Pour faire simple, la douleur de perdre 1000 euros ne pourrait être compensée que par le plaisir de gagner 2000, ou même 3000 euros. On pourrait penser que quelque soit le choix que vous allez faire la logique vous permettra de prendre des décisions identiques. Mais il n'en est rien face à deux choix ayant des résultats semblables l'émotion l'emporte.

C'est ainsi qu'un psychologue a réussi à nous donner une leçon d'économie et à ouvrir une porte pour ce qu'on appelle l'économie du bonheur.

Ces mots prêtent à sourire mais en réalité elles montrent la vraie nature de l'économie :

"La croissance est la solution de tous les mots de l'univers." Ceci est notre dogme économique. Néanmoins il semble que la croissance ne fait pas le bonheur. Il est démontré que passer un certain seuil de revenus l'argent seul ne suffit plus. Il est même démontré que les pauvres sont plus heureux que les riches. 

Ridicule vous allez me dire comment mesure-t-on le bonheur ? Et puis le bonheur des uns n'est pas forcément le bonheur des autres. Pourtant l'échec de notre économie actuelle montre qu'il faut penser différemment.

Sans compter qu'être heureux ça paie !

Et bien oui, deux chercheurs français en économie, Yann Algan et Pierre Cahuc, montrent dans leur essai "La Société de défiance - Comment le modèle français s'autodétruit", qu'une société pessimiste et sous anxiolytique comme la France détruit ses emplois et sa croissance :

"Il est possible d'examiner l'impact de la défiance sur l'emploi. Nous avons montré que la défiance et l'incivisme en France entravaient le dialogue social et la sécurisation des parcours professionnels. Notre déficit de confiance est donc susceptible de réduire l'emploi. [...] Des études approfondies, ... , montrent que la confiance mutuelle a bien un impact significatif sur l'emploi. Dans le cas de la France, la réduction du déficit de confiance par rapport à la Suède impliquerait une baisse du taux de chômage de trois points de pourcentage."

Trois points de chômage en plus parce que la société française déprime ? Etonnant. Et pourtant il semble que rendre les gens heureux les rend plus performants, plus optimistes, plus confiants en l'avenir. La confiance ! Imaginez-vous ce que pourrait faire un gouvernement en matière de réformes si les Français lui faisaient enfin confiance. On voit tout de suite l'utilité d'une économie du bonheur pour les citoyens, les politiques et les entreprises.

Aujourd'hui nous sommes toujours englués dans une économie de chiffres. Cependant l'économie comportementale s'impose comme une alternative aux sociétés modernes car elle apporte un ensemble théorique bien plus en lien avec la réalité irrationnelle de son sujet, l'homme. Rappelons-nous que l'économie est une science humaine et qu'il faut donc plus se rapprocher de la psychologie ou de la sociologie pour la comprendre que des sciences pures. Et faites également attention, nos préjugés sur le libéralisme économique semblent inapproprié car il semble que les gens soient plus heureux dans une économie libérale où ils savent qu'ils ont leur destin entre leurs mains.


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14 réactions à cet article    


  • chapoutier 19 avril 2013 09:16

    pour en finir avec la crise du capitalisme il suffit d’une bonne dose de prozac

    trop fort !


    • joletaxi 19 avril 2013 10:17

      Quand on ampute votre salaire de moitié, pour permettre à des cahuzac de prendre l’air en Suisse, il vous vient une certaine frustration qui ne vous rend pas heureux.
      Si demain, les gens percevaient 100 % de ce qu’ils coûtent à l’entreprise, ils seraient peut-être plus à l’aise ,et auraient des fins de mois plus détendues non.
      j’ai lu, qu’à la belle époque, un ouvrier sur la chaîne de montage chez GM, gagnait 7500$ par mois, tout en bénéficiant d’un plan santé, et d’une retraite(cela a fini par mettre GM en faillite) de haut fonctionnaire sous nos latitudes.Certains me diront, était-il plus heureux que notre monteur en France avec son smig ?Je n’ai pas la réponse,et vous ?


      • Papat 19 avril 2013 13:57

        « dans une économie libérale où ils savent qu’ils ont leur destin entre leurs mains »

        Depuis quand les gens ont leur destin en main quand ils ne font que survivre au jour le jour pour payer leur loyer ou leur credit et doivent s’endetter encore plus pour sauver les banques ?
        Et encore, c’est pour ceux qui reussissent a conserver leur emploi dans une bienfaisante economie liberale qui delocalise a tour de bras.


        • Rincevent Rincevent 19 avril 2013 17:46

          « il semble que les gens soient plus heureux dans une économie libérale où ils savent qu’ils ont leur destin entre leurs mains » Papat m’a enlevé la réaction de la bouche, c’est exactement ce que j’allais dire. Dans quel monde vit l’auteur ? A propos de Prozac, j’ai idée qu’il a dû forcer sur sa dose, je ne vois pas d’autre explication...


          • Peretz1 Peretz1 19 avril 2013 18:32

            Il ne faut pas oublier Keynes qui a dit exactement la même chose. Il a même abandonné ses théories mathématiques de l’économie pour dire que la psychologie prenait trop le pas sur les chiffres. Je dis pareil dans mon bouquin « En finir avec les crises et le chômage »


          • fredleborgne fredleborgne 19 avril 2013 18:45

            Bravo pour cet article.
            C’est tellement facile de vous faire passer pour un illuminé bisounours. Faut du courage pour rappeler que ce sont nos divisions et nos préjugés qui sont en train de nous étouffer.
            Il faut du courage pour dire aux gens qu’une autre société est possible, mais qu’il va falloir accepter un certain partage, une certaine confiance, quelques sacrifices pour certains, quelques efforts pour d’autres afin de sortir de la spirale de l’escargot au fond de sa coquille.
            Parce que vous avez tout le monde contre vous
            - celui qui a un travail, et qui a vu combien les trente-cinq heures n’ont servi à rien, sans voir que c’est la Droite qui a cassé notre économie en la délocalisant à outrance (D’ailleurs, ils délocalisent à terme même quand on accepte de bosser plus).
            - celui qui n’a pas de travail depuis trop longtemps, qui s’est habitué à sa misère, à la honte qu’il a du subir et qui aujourd’hui est finalement libéré du système à condition de rester un indigent.
            - celui qui a bénéficié d’un milieu favorable, qui va devoir un peu baisser sa consommation pour permettre à d’autres de vivre plus dignement
            - et surtout, celui qui a volé, par triche, spéculation, escroquerie... et qui va devoir rendre, de gré ou de force.
            Surtout continuez ! Cela les dérange, et même s’ils ne comprennent pas, au moment de crever, ils se poseront peut-être enfin la question : y’avait-il vraiment un autre choix que cette vie de merde ?


            • Franckledrapeaurouge Franckledrapeaurouge 19 avril 2013 19:40

              Bonsoir,


              Mr papa vous a répondu exactement ce que je pense.

              Merci Mr papa

              On se croiré en famille.....

              Cordialement

              Franck

              • Prometheus Jeremy971 19 avril 2013 20:57

                Quelle bande de gauchos. Tu leur mets une phrase sur le libéralisme et ils pètent un plomb. Je sens que je vais vous pondre un deuxième article sur le gauchiste et sa pensée sectaire.


                • Wendigo Wendigo 20 avril 2013 06:47

                   

                  Ha parce qu’être anti-libéral, c’est être forcement de gauche ?
                   Vision bien restrictive s’il en est.
                  Sinon nous pourrions toujours débattre ici et de suite du sectarisme libéral, là il y a aussi de quoi raconter. Pour preuve votre réflexion à laquelle je répond ici.

                   Il serait peut être temps de finir les enfantillages et de réaliser que l’esprit humain est bien plus vaste que cette bipolarité et qu’il existe d’autres voies que ces deux version obsolètes et primaire qui ont montrée leurs limites et leur viabilité.

                   


                • Franckledrapeaurouge Franckledrapeaurouge 20 avril 2013 00:25

                  Bonsoir Mr Jeremy,


                  Ce n’est pas une phrase sur le libéralisme qui me gène, et qui en aucun cas ne me fait péter un plomb, c’est que cette phrase est beaucoup trop éloigné de la réalité de nombreux de nos concitoyens, vous en avez apparemment pas conscience mais sachez qu’elle pourrez même pour nombre d’entre eux être à la limite de l’indécence.

                  Cordialement

                  Franck 

                  • Wendigo Wendigo 20 avril 2013 06:49

                     

                     Avec le libéralisme, l’indécence n’est jamais très loin, elle en est même l’une des pierres angulaire.

                     


                  • Prometheus Jeremy971 20 avril 2013 07:44

                    Vous voulez quoi le kolkhoz ? Vous parlez d’un domaine économique dont vous ne connaissez rien. Dès qu’une entreprise délocalise ou ferme ses portes c’est du libéralisme. Dès qu’une banque est renflouée c’est du libéralisme. L’euro ? Une monnaie libérale. Oui il y a des inconvénients dans notre économie mais non tout n’est pas la faute du libéralisme.Enfin j’expliquerai ça bientôt, j’imagine que vous me traiterez de vendu néo-libéral...


                    • Wendigo Wendigo 20 avril 2013 11:51

                      A qui vous adressez vous aussi gaillardement mon ami , je ne vois aucun « kolkhoz » ici ?


                    • Peretz1 Peretz1 22 avril 2013 07:44

                      Quand on ne fait pas de différence entre le libéralisme et sa dernière version, le néolibéralisme, on ne comprendra pas ce qui se passe en économie. C’est la même différence qu’il y a entre un artisan et une multinationale. Et pourtant ils font également partie de l’économie. Attachez vos ceintures et je vous l’explique dans mon bouquin (à ne pas mettre entre les mains d’un économiste).

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