L’irrésistible internationalisation des entreprises françaises...
L’opinion publique,dans notre beau pays, donne toujours l’impression de considérer que nos entreprises en sont toujours au même stade qu’il y a cinquante ans, c’est-à-dire qu’elles ont des actionnaires exclusivement français, qu’elle ne produisent qu’en France, et qu’elles exportent dans le monde ce qui vient des productions de leurs usines françaises, et que leur bénéfice provient exclusivement des efforts des salariés français. C’est sans doute notre compréhension du patriotisme économique.
Or, depuis 50 ans, les choses ont beaucoup changé. Les sociétés françaises se sont internationalisées à outrance, par la vente d’abord de produits exportés de France, puis par la production dans quantité de pays européens et mondiaux, en suivant les marchés. Les actionnaires sont devenus au moins à 50 % des actionnaires étrangers. Quant aux bénéfices, ils sont l’agrégation des bénéfices individuels de toutes les filiales dans le monde. Les dividendes sont versés à 50 % à des actionnaires français et à 50 % à des actionnaires étrangers. Tout au moins pour les 150 à 250 plus grosses sociétés françaises. Pour certaines d’entre elles, dont la principale source de richesse provient de l’etranger, comme les compagnies pétrolières, le pourcentage de revenus d’origine étrangère est encore bien plus énorme.
L’évolution de leurs activités, par ailleurs, du fait des marchés en développement dans le monde et de la recherche des coûts de production les plus faibles, est de plus en plus dirigée vers les marchés émergents, ce qui veut dire que le pourcentage de bénéfices en provenance de France diminue continûment, ainsi que celui des effectifs français.
Quelques exemples récents, pour vous en convaincre : Schneider Electric, dont la croissance actuelle est tirée par le marché sud-asiatique, ne fait plus que 12/13 % de son chiffre d’affaire en France, pour 30 % dans les pays émergents , 25 % en Amérique du nord et 32 % dans le reste de l’Europe hors de France .La production est encore assurée à 60 % en zone euro mais Schneider Electric prévoit d’augmenter sa part de fabrication en Amérique du Nord et dans les pays émergents pour être en ligne avec ses marchés.
Autre exemple, Danone, dont le chiffre d’affaire hexagonal est de seulement 21 % de son chiffre total contre 42 % dans le reste de l’Europe, 18 % en Asie et 19 % dans le reste du monde.
Enfin SEB, entreprise moyenne familiale, fait 27 % de son chiffre d’affaire en France, 30 % dans le reste de l’Europe,13 % en Amérique du Nord , 6 % en Amérique du Sud et 30 % dans le reste du monde. Par contre son personnel est encore à 50 % en France.
On pourrait multiplier les exemples. Tout ceci pour dire que, que nous le voulions ou pas, la mondialisation de notre industrie est déjà faite, et les préoccupations de leurs dirigeants sont tout autant, voire plus, dirigées vers les pays les plus importants pour eux en profits générés, aux marchés les plus dynamiques et présentant le meilleur potentiel d’évolution, plutôt que vers le marché et les usines français. Etant Français et attachés à leur pays, ils demeurent particulièrement attentifs aux résultats en France et à l’évolution de leurs activités dans leur pays d’origine, mais leurs soucis quotidiens, leurs investissements futurs et même leur présence physique vont vers les pays qui représentent l’avenir de leurs sociétés.
On peut le regretter, mais il vaut mieux le savoir, et le prendre en compte dans la vision d’avenir que nous pouvons avoir de l’évolution de nos entreprises.
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