De même qu’un quotidien en ligne, qui ne semble pas d’obédience bolchévique et anti-sarko, les affaires.com, nous signale qu’un éminent analyste auditionné par une chambre parlementaire états-unienne estime :

"ces pertes colossales allaient probablement contraindre nombre de salariés américains à retarder leur départ en retraite et à repousser certains achats importants."

En effet, on apprend dans cet article que :

"plus de la moitié des personnes interrogées disaient craindre de devoir travailler plus longtemps en raison de la baisse de valeur de leur épargne-retraite souvent placée dans des fonds de pension, aujourd’hui durement affectés par la crise."

Dans la vraie vie, dans le quotidien, cela se traduit ainsi :

"Denise Edwards, une habitante de la banlieue de Washington de 62 ans, s’attend ainsi à devoir rester une dizaine d’années supplémentaires dans la vente d’appartements, le capital qu’elle et son mari avaient prévu d’utiliser pour leurs vieux jours ayant fondu. ’Nous n’avons plus qu’à travailler aussi longtemps que ce sera possible. Et nous allons compter sur nos (deux) filles’, regrette-t-elle."

Autre exemple :

"Cherie Miller, 55 ans, a quant à elle pris sa retraite il y a un mois, après 35 ans de secrétariat, mais elle envisage de reprendre un emploi pour payer son assurance santé, en attendant de bénéficier de la couverture vieillesse (Medicare) à partir de 65 ans."

Dernier témoignage :

"Mon Dieu, je vais devoir travailler jusqu’à ce qu’on me mette dans la tombe !", plaisante John Howe, 65 ans.

Consternant, non ? L’explication est là :

"La crise des marchés financiers survient alors que les pensions de retraite traditionnelles sont en train de disparaître aux Etats-Unis."

En effet, autrefois, les Américains avaient une bonne vieille et efficace retraite par répartition, héritage direct du New Deal.

Et puis, les néo-libéraux de l’école de Chicago ont asséné le discours suivant bien connu :

"vous payez trop de charges, trop d’impôts, surtout pour les autres... En plus, nos entreprises sont handicapées par les charges sociales... Sans parler des données démographiques... La capitalisation va permettre de soutenir nos entreprises et elle est indispensable pour sauver les retraites..."

Peu à peu, le système par répartition a été délaissé jusqu’à devenir marginal, la majeure partie du financement des retraites relevant désormais de la capitalisation et des fonds de pension, c’est-à-dire des travailleurs, et plus précisément ceux qui en ont les moyens...

Les dégâts sont impressionnants :

"En 1980, 60 % des travailleurs bénéficiaient d’un régime de retraite traditionnel garantissant les futurs versements, et seulement 17 % devaient monter leur propre plan d’épargne, selon le Centre de recherche sur la retraite (Center for Retirement Research) de l’université de Boston. En 2004, 11 % des travailleurs disposaient d’une retraite garantie et 61 % dépendaient de leur épargne individuelle."

Conséquences :

"Le fardeau se reporte de plus en plus sur les épaules des particuliers, qui doivent désormais gérer eux-mêmes leur plan de retraite d’entreprise et placer une partie de leurs économies sur les marchés financiers."

On mesure ici les dégâts de l’arnaque néo-libérale : le système des retraites par capitalisation est fragile car sans aucune garantie, mais en plus il est intrinsèquement injuste.

Rassurez-vous, la France suit ce brillant exemple.

Les différentes réformes initiées par la droite, avec le soutien du Medef, favorisent la capitalisation des retraites au détriment de la répartition. Cette arnaque a commencé sous Balladur qui a déprécié les retraites "traditionnelles", en modifiant le mode de calcul, et contraint les salariés à constituer une retraite complémentaire par capitalisation...

Aujourd’hui, on aimerait bien que la droite et le Medef nous exposent leurs idées sur les retraites...

Stop ou encore plus de capitalisation ?