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Accueil du site > Actualités > Economie > La Française de jeux, ticket gagnant pour l’économie ?

La Française de jeux, ticket gagnant pour l’économie ?

A l'heure où la crise économie n'épargne personne, le secteur du ''marché du rêve'' reste en perpétuelle évolution. Son chiffre d'affaires augmente de manière considérable chaque année. La Française des jeux, innove, évolue mais à quel prix ?

Qui n'a jamais joué ou été tenté une fois dans sa vie de jouer ?

Vous savez ces petits tickets à quelques pièces qui promettent des millions. Qui n'a jamais été pris d'un grain de folie  : celui de tenter le Jackpot ?

En effet, la Française des Jeux est présente dans tout les tabacs presse. Et quand bien même nous nous y rendons pas, les publicités FDJ inondent les ondes.

Les ventes de la FDJ représentent aujourd'hui 13,7 milliard d'euros, c'est 5,4% de plus qu'en 2014, ce qui en fait l'une des 3 meilleures progressions depuis la création de l'entreprise. [1]

La hausse est d'autant plus marquante car elle ne semble pas subir la crise.

Entre 1999 et 2014, l'Observatoire des jeux a pu enregistrer une baisse du nombre de joueurs de près de 6 millions de personnes.[2]

Les français deviennent alors moins nombreux.

Cela dit, les joueurs sortent plus d'argent de leur porte-monnaie ; dix euros par semaine en moyenne en 2015, selon Denis COSNARD journaliste.

Toutefois la FDJ, ne compte pas perdre leurs clients. Pour cela, elle cherche aujourd'hui de nouvelles créations et innove dans le but de « reconquérir 1 million de français d'ici 5 ans  » comme le souligne Stéphane Pallez, directrice de la fdj.[1]

 

Le bureau des rêves

 

Si la FDJ n'est plus celle de ses débuts, elle a cependant su se réinventer depuis la signature de la création en 1975.

Tout d'abord, le premier tirage de loto a eu lieu le 19 mai 1976. Celui-ci visait à l'époque, à pallier l'essoufflement de la Loterie Nationale. Sur le plan juridique en 1991, elle reçut une transformation nominale passant de la loterie Nationale à la Française des Jeux.[3]

Nous constatons que son poids économique est devenu l'un des plus importants de France.

A sa tête, depuis 2014, Stéphane Pallez, élue présidente directrice de la française des jeux, femme ambitieuse chargée des décisions majeurs de pilotage des activités. [4]

La mise moyenne d'un joueur est passée de 175 euros par an en 1999, à 480 euros en 2014.

Ce chiffre a fait un sacré bon en l'espace de 16 ans. Pourtant une question persiste, comment est-ce possible que la FDJ soit en hausse évidente alors que le nombre de joueurs diminue depuis 1999  : de 37 millions à 22 millions en 2014 ? [2]

Est-ce parce que les joueurs misent plus ? Ou est-ce à cause des nouvelles technologies et innovations qui permettent à tous de jouer à tout, partout.

 

Les stratégies marketing

 

En effet aujourd'hui la stratégie marketing de la FDJ est bien ficelée, des applications, des nouveaux jeux, des thématiques, de nouvelles possibilités de paris..

Christophe PALIERSE, journaliste pour les Echos publie régulièrement les nouvelles innovations de la FDJ.

Tout d'abord en terme de Loto, puisque depuis sa création celui-ci n'a cessé de se développer. Du loto traditionnel à l'Euro million en passant par les Kenno, nous pouvons ainsi dire que rien n'est trop beau.

Les tickets de grattages se réinventent chaque jour avec de nouvelles thématiques, par exemple le ticket exclusif de grattage pour l'UEFA EUROPA LIGUE 2016 qui saura charmer les les supporters de football avec en jeu, 250 000 euros.

Notons uniquement 21 millions de tickets commercialisés, faisant office de partenaire officiel de l'UEFA. [5]

Nous ne sommes pas sans savoir qu'aujourd'hui le numérique est partout.

La FDJ a décidé de réaliser une « révolution numérique  » mettant tout en œuvre afin de correspondre aux attentes des consommateurs.

La PDG n'a pas hésité à emmener ses dirigeants en Israël pour s'inspirer des start-up, car selon Stéphane Pallez « Compte tenu de l'évolution de notre environnement, nous devons êtres capables de repérer plus rapidement des sources d'innovations. Et ce voyage confirme mes intuitions. Nous devons nous mettre en mode start-up.  ». [6]

La française des jeux dans sa stratégie n'hésite pas à se mettre à la page. Il est clair que les spots publicitaires jouent un rôle essentiel. Ils sont de plus en plus attractifs et accessibles par tous. Sur Youtube, là où les clips ne cessent de vendre du rêve, les slogans sont simples, prenons l'exemple de celui-ci « Quand nos cœurs se sorry, smile illko  » et les commentaires ne se font pas attendre « Smile, Illiko trop LOL  », « J'adore la soirée Illiko  », le buzz est alors immédiat. [7]

Mais l'innovation va encore plus loin, pour ses 40 ans la FDJ s'est offert le luxe d'avoir sa propre application sur Smartphone et fait déjà parler d'elle. Désormais il sera possible de jouer en instantanée à tous les jeux que propose la FDJ. Une publicité pour promouvoir cette application, sortie il y a 3 mois, a déjà fait plus d'un millions de vues.

Bien que la vente de jeux à gratter soit interdite aux mineurs, la FDJ n'hésite pourtant pas à charmer les plus jeunes. En effet c'est souvent auprès de ces derniers que les jeux sont les plus connus.

 

En somme, la Française des Jeux se donne les moyens de gagner toujours plus, l'entreprise pèse aujourd'hui 13,7 milliard d'euros. Et pour cela elle se justifie du mieux qu'elle peut.

Elle explique que 95% de cette somme a été redistribué, avec 66% aux gagnants, 23% aux collectivités, 6% aux réseaux de distributions et seulement 5 % à la FDJ, ce qui représente 6 millions d'euros, « qui permettront a la FDJ de créer des jeux innovants et divertissants  ». [4]

Bien évidement si la FDJ n'y gagnait pas au change, elle n'aurait pas lieu d'exister.

 

La place de l’État

 

Et quelle place l'État occupe-t-il dans ce réseau ?

L'État, bien qu'il se fasse discret détient depuis toujours 72 % des parts gagnantes de la FDJ. D'après un rapport de 2007 approuvé par François TRUCY, ex-sénateur, « l’État ne pousse pas à développer le jeu pour alimenter ses caisses  ». [8]

Or comment justifier que la FDJ, avec les péages, soit l'une des meilleurs rentes de l'État  ? Et comment celle-ci n'influence pas l'innovation afin de percevoir plus  ?

L'économie toujours plus en hausse de la FDJ ne cesse d'être mise en avant, mais où se place l’État dans tout ça  ?

Il est donc évident que l’État, de la même manière que la FDJ, atteint des parts records, bien qu'il fasse profil bas sur leurs bénéfices.

 

Quand le bureau des rêves se transforme en bureau des pleurs

 

Mais ces bénéfices sont fait au profit de qui ?

Des joueurs évidemment. Si la FDJ est capable de se féliciter pour ses chiffres d'affaires records, il faudrait par la même occasion remercier les consommateurs, qui restent les principaux acteurs de ces chiffres records.

Ces personnes qui dans l'espoir de gagner un jour une fortune, ne cessent de perdre de l'argent un peu plus chaque jour.

Depuis la crise, « Le vert n'a jamais eu autant la côte  » selon Pierre MANIERE économiste, la FDJ ne se nourrirait-t-elle pas du désespoir des français en se conduisant comme un vendeur de rêves  ?

Jean-Pierre MARTIGNONI a sa théorie sur le sujet, « La théorie de la pauvreté, plus on est pauvre, plus ont joue ; plusieurs études ont déjà montré une corrélation entre la baisse des revenus et la hausse du jeu  ». [9]

Caroline Piquet journaliste, en 2014, estimait qu'un français perdait en moyenne 400 euros par an, tendance estimé en augmentation par rapport aux mises jouées toujours plus grandes.[10]

Si les français perdent autant alors que la FDJ se repose sur le hasard, pouvons nous nous permettre de remettre le hasard en question ? Une affaire, qui a fait peu de bruit en 2013 a remis en question « le hasard » que proposait la FDJ.

Robert Riblet, suite à une enquête de 3 ans a porté plainte contre la FDJ « reprochant à la FDJ d'avoir créé des jeux manipulés » et il a par la suite été condamné à payer 10 milles euros, pour cause de préjudice moral à la FDJ.

On estimerait aujourd'hui, par paquet de 50 tickets de grattage, qu'il y aurait un seul gagnant d'après Sud OUEST.

L'ancien président de la FDJ, Gérard Colé, soutient qu'"Il y a dans les jeux de grattage, une égalité des chances qui n'a jamais existé".

Alors entre volonté de faire du bruit ou triste réalité, il est difficile d'en tirer une réelle leçon.

Cependant, entre les joueurs qui jouent plus et qui perdent beaucoup, les record de gains pour la FDJ, qualifiables de mirobolants, et les jeux livrés au hasard, l'équation ne fonctionne pas.

Toujours est-il que les réelles victimes sont bel et bien les joueurs et d'autant plus, les « joueurs compulsifs » qui finissent malheureusement parfois par tout perdre en se laissant tenter par le « Dream Pourquoi en anglais ? » promis sur les slogans publicitaires de la FDJ.

Il est impossible de définir son nombre exact aujourd'hui, mais pour autant son existence n'est pas à négliger. D'une manière ironique, ou peut-être pas, la FDJ elle-même réalise des spots de sensibilisation à la dépendance des jeux d'argent.

 

A l'occasion de L'UEFA EURO 2016, une campagne de sensibilisation s'est déployée auprès du grand public. Pour ces 26,3 millions de joueurs, la FDJ s'engage à « prévenir le jeu des mineurs sur le marché du jeu dont les caractéristiques minimisent les risques addictifs et promouvoir son offre de manière responsable ».[4]

Il faut tout de même ne pas oublier de déterminer et quantifier le réel impact que détiennent ces manœuvres, par rapport au nombre de joueurs dépendants.

La FDJ veut à la fois être attractive et responsable, avec évidemment comme objectif le profit. Pour cela, elle n'hésite pas à se réinventer et à innover avec de nouvelles idées pour attirer toujours plus de monde, et ce n'est pas l'État qui imposera des limites.

Le progrès, ainsi que le « hasard » à leur manière, n'auront aucune limite.

La FDJ est un réel tremplin pour la France, sans limites au vu de son pouvoir économique.

GUIBERT Eva & ROBERT Marie

 

[1]- COSNARD, Denis. « Année record pour la française des Jeux ». Le Monde économique [en ligne], publié le 14 Janvier 2016.

Disponible sur : http://www.lemonde.fr/economie/article/2016/01/14/annee-record-pour-la-francaise-des-jeux_4847261_3234.html

[2]- COPPOLANI, Charles. « L'Observatoire des Jeux », « L'Observatoire des Jeux » [en ligne], publié en 2014.

Disponible sur : http://www.economie.gouv.fr/observatoire-des-jeux/francaise-des-jeux-fdj-0?language=fr

[3]- PALIERSE, Christophe.« Coup de fouet digital à la FDJ ». Les Echos [en ligne], publié le 17 Mai 2016.

Disponible sur : http://www.lesechos.fr/idees-debats/sciences-prospective/021747730769-coup-de-fouet-digital-a-la-fdj-1207730.php

[4]- Française des Jeux. « Répartition du capitale, gouvernance, RSE ». La Française des Jeux [en ligne], publié le 15 Octobre 2015.

Disponible sur : https://www.fdj.fr/accueil/

[5]- Relax News. « La FDJ lance un jeu à gratter à l'occasion de l'Euro ». Le Relax News [en ligne], publié le 01 Avril 2016.

Disponible sur : www.relaxnews.com

[6]- PALIERSE, Christophe.«  Quand la Française des Jeux va à la pêche aux idées en Israël ». Les Echos [en ligne], publié le 15 Février 2016.

Disponible sur : http://www.lesechos.fr/journal20160215/lec2_industrie_et_services/021694266852-quand-la-francaise-des-jeux-va-a-la-peche-aux-idees-en-israel-1200168.php

[7]- Campagne publicitaire digitale FDJ. « Illiko  ». Youtube [en ligne], publié le 19 Avril 2014.

Disponible sur  : https://www.youtube.com/watch?v=d7Qb50ZE2QQ

[8]- TRUCY, François. « Rapport d'information n°58 ». Le Sénat [en ligne], publié le 07 Novembre 2007.

Disponible sur : http://www.senat.fr/rap/r06-058/r06-058_mono.html

[9]- MANIERE, Pierre. «  Quand les jeux d'argents profite de la crise ». Le Figaro économique [en ligne], publié le 07 Janvier 2012.

Disponible sur : http://www.lefigaro.fr/conjoncture/2012/01/06/04016-20120106ARTFIG00588-quand-les-jeux-d-argent-profitent-de-la-crise.php

[10]- PIQUET, Caroline. « Chaque joueur perd en moyenne 400euros par an aux jeux d'argent ». Le Figaro [en ligne], publié le 02 Avril 2014.

Disponible sur : http://www.lefigaro.fr/conso/2014/04/02/05007-20140402ARTFIG00202-jeux-d-argent-les-francais-depensent-en-moyenne-400-euros-par-an.php

 


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5 réactions à cet article    


  • zygzornifle zygzornifle 15 juin 2016 11:22

    Le sénat c’est la Française des vieux.....


    • Clark Kent Jeussey de Sourcesûre 15 juin 2016 12:01

      L’Etat ne recherche pas le « profit », en l’occurrence, mais tout simplement des recettes pour assurer des ressources complémentaires qui contribuent à rembourser la dette publique à des créanciers privés transnationaux qui, eux, réalisent d’énormes profits à travers la perception des intérêts d’emprunt qui, comme vous le savez, sont toujours remboursés avant le capital.


      Les contribuables directs et indirects ne sont pas les seuls à être tondus de cette manière, les gogos aussi, depuis que Casanova a donné à Louis XV la recette vénitienne de la loterie nationale.

      Votre article est ambigu : on n sait pas si la conclusion est une dénonciation ou un encouragement à continuer.

      • Alren Alren 15 juin 2016 17:59

        @Jeussey de Sourcesûre

        Vous avez raison.
        Ceci dit sans FDJ et casinos, il y aurait des jeux clandestins contrôlés par des maffias.
        Les notions de probabilité, d’espérance de gain passent au-dessus de la tête des joueurs qui ont cru, enfants, à la baguette magique des fées changeant le sort de pauvres.
        Seulement là il s’agit d’un gain d’argent qui changerait définitivement leur vie qu’ils estiment insatisfaisante. Et même pour les gagnants, c’est bien souvent un leurre.



        • JMichel (---.---.246.23) 16 juin 2016 11:08

          13700000000 d’euros. Avec un peu de solidarité, d’ambition, de volonté les gens pourraient facilement réaliser leurs voeux.
          Mais dans un monde ou le mot d’ordre et competition, brevet, apparence, individualisme, les jeux c’est ce qu’il reste du dernier laps de temps cerveau disponible.
          C’est l’histoire de mon chien, vous la connaissez ?

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