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La professionnalisation des petits boulots

Jean-Louis Borloo vient d’annoncer à grand renfort de publicité la création du chèque emploi-service universel, le CESU. Pour tous ceux qui pratiquent ou ont pratiqué le chèque emploi-service actuel, il ne s’agit que de l’amélioration d’un système de paiement pratique des salaires et charges sociales, pas vraiment d’une révolution.

Or, surprise, avec le CESU, a été annoncée la mise en place de toute une série d’opérateurs de services de tous types. Il en existe une douzaine déjà, créés par toutes sortes d’organismes, les banques, les assurances, tout le système mutualiste, certaines sociétés de services comme le groupe Accor, Sodexho, etc., en général en association les uns avec les autres. Et 20 métiers différents ont été considérés comme éligibles aux facilités du CESU, pour les services aux enfants (soutien scolaire, garde), aux personnes dépendantes( tous services), les services d’entretien à domicile (femmes de ménages, petit travaux) et même des assistances administratives ou informatiques. C’est dire que la gamme de services couverte est extrêmement vaste.

Si vous avez lu un article du 16 janvier sur les jobs du futur sur ce blog, vous avez sans doute remarqué que, d’après les études de l’ex-Commissariat au plan, les métiers du futur étaient des activités de services à domicile ou aux personnes âgées. Monsieur Borloo avait sans doute lu le même rapport, et a bâti là-dessus, avec tous les partenaires concernés ou émergents et le fameux CESU, non pas des facilités administratives de plus pour les petits boulots, mais une véritable industrie de service pour l’avenir. Il n’est pas innocent, d’ailleurs, qu’autant de sociétés de tous types se positionnent d’ores et déjà sur ce créneau. Visiblement, elles y croient.

Et pour nous, utilisateurs, qu’est-ce que cela va changer ? Eh bien, au lieu de consulter les annonces chez votre boulanger pour trouver une femme de ménage ou une garde d’enfant, vous vous adresserez à une des nouvelles sociétés qui vont apparaître sur ce marché. Ce ne sera pas nécéssairement la même femme de ménage que vous verrez à chaque fois, mais elle aura la même formation et en principe la même efficacité que sa consoeur. Avantage supplémentaire, vous trouverez désormais très facilement des services que vous ne savez où trouver actuellement, comme l’aide à l’informatique pour vos plantages divers ! Une professionnalisation des petits boulots, en quelque sorte.

Pour accompagner le lancement de cette industrie, l’Etat fait bien les choses, puisqu’une batterie d’avantages fiscaux vont accompagner le CESU.

Longue vie au CESU, et surtout à l’industrie des services aux personnes.


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13 réactions à cet article    


  • www.jean-brice.fr (---.---.5.249) 21 février 2006 21:33

    Cela fait partie de la politique d’ une mafia qui s’est emparée du pouvoir il y a trente ans et qui ne sait plus quoi en faire...


    • marie (---.---.39.14) 21 février 2006 22:45

      Qu’il est enthousiasmant de savoir que la France a un gouvernement ambitieux doté d’une vision d’avenir qui permet aux jeunes de se projeter avec courage et confiance. Enfin des vrais solutions pour créer de l’emploi. Chômeurs, devenez employés de maison, chauffeurs de maître, gardiens d’immeuble, porteurs de linge repassé, coursiers, tailleurs de haies et tondeurs de pelouse. Je ne dénigre pas ces activités, mais je ne parviens pas à trouver moderne (il paraît que le libéralisme est très moderne) de proposer aux jeunes de retrouver les activités qu’avaient les classes défavorisées avant la guerre de 14. Il ne s’agit bien évidemment pas de la même chose,.. .maintenant ce sont des postes qualifiés (plusieurs CAP et BEP vont déboucher sur ces métiers).Mais ce sont des emplois à temps plus que partiels et parfaitement aléatoires qui ne dépasseront jamais le smic (à condition qu’il existe toujours). De nombreuses entreprises se lancent sur ce nouveau créneau qui consiste à mettre en relation le client et l’employé. Constituées sur le modèle des agences d’intérim (sans la contrainte de la garantie financière) mais destinées à mettre en relation des particuliers (ça permettra quand même de trouver un employé de maison quand la boulangerie aura fermé). Et comment convaincre les particuliers qui n’ont pas vraiment les moyens d’avoir recours à ce type de services : en finançant partiellement ces emplois sur fonds public (abattement de cotisations URSSAF, TVA à 5.5%, CESU, réduction d’impôt de 50%). Ca valait le coup de supprimer les emplois jeunes pour les remplacer par des emplois à domicile !


      • Jojo (---.---.186.218) 22 février 2006 09:10

        Si je suis d’accord sur le fond avec vous, il n’en reste pas moins qu’une population vieillissante va avoir besoin de ce type de services, financés par la collectivité pour les moins fortunés. De là effectivement à en faire bénéficier tout le monde (ça veut dire quoi « petits travaux »...), il y a une marge.


      • SamT (---.---.124.107) 22 février 2006 12:16

        Magnifique, des entreprises s’intéressent au CESU ! Voilà qui prouve « qu’il y a un business ». Enfin, je vais pouvoir trouver facilement une femme de ménage... remarquez, je ne m’étais jamais inquiété à ce sujet : elles me semblent nombreuses (heureusement pour le vivier de demandeurs d’emploi !), les femmes qui cherchent un travail pour financer les études de leurs enfants / payer leurs propres études / éviter l’enfer du RMI / assurer leur indépendance d’après divorce. Bon, ce ne sera pas la même tous les soirs, mais quelle importance ? Finalement, ai-je besoin de lui dire bonsoir, de la connaître ? Elle n’est finalement qu’une prestataire de service qui nettoie mon lieu de vie. Et qu’importe si, privée d’une relation cordiale avec son employeur, elle se trouve un peu plus isolée... c’est le lot de chaque travailleur dans cette jolie société de service, non ? Bon, j’avoue tout de même une petite inquiétude : le travail sera-t-il aussi bien assuré, alors que cette femme ne me connaitra pas ? Devrais-je expliquer chaque jour de quelle façon je veux voir pliés mes pantalons et repassées mes chemises ?

        Bref, grâce aux entreprises qui vont trouver un business, tout va aller mieux. Ces entreprises vont créer de l’emploi, donc de la croissance (il faut poser le mot dans toute discussion sur l"actualité économique ou sociale, semble-t-il). D’ailleurs, comment vont-elles financer ces emplois supplémentaires ? La femme de ménage aurait été rémunérée, de toute façon... mais l’on ajoute des intermédiaires, qui prélèveront une marge pour assurer les frais de fonctionnement, ainsi que leur bénéfice. Je vais donc rémunérer une femme de ménage inconnue, moins cher que celle que j’aurai pu avoir dans l’époque préhistorique où les services étaient humains.

        Bon, je l’avoue, je n’ai pas encore de femme de ménage. Mais quand j’en chercherai une, vous me croiserez, discutant avec la boulangère qui me racontera qu’elle connait une amie de son fils qui, la pauvre, n’habitant plus chez ses parents, doit financer ses études... je la paierait un peu plus cher que ce que la loi du marché me le permettrait, je la saluerai, nous prendrons un petit apéro ensemble de temps à autre. Je vous laisse envoyer votre mail à votre médiateur pour prestataire de services. Et je continue à contruire un monde moins anonyme au quotidien pour mes futurs enfants...


        • caderange (---.---.188.202) 24 février 2006 11:47

          Réponse de CaDerange :

          Cherchez une femme de ménage, une garde d’enfant, un jardinier ou une personne qui s’occupe de votre vieille maman et vous verrez que ce n’est pas si facile que vous semblez le penser et que ça coute bien plus que le SMIC.

          Par ailleurs ces métiers sont tout aussi respectables que des emplois de bureaux.

          On ne peut pas non plus n’avoir dans une société que de personnes hautement qualifiées. Il faut aussi que la société puisse fournir à des gens qui ont des niveaux d’éducation, de compétences et de possibilités intellectuelles et physiques très variables des possibilités de vivre et de faire vivre leurs familles. Sinon on va vers l’explosion sociale.

          Marie affirme que ce n’est pas enthousiasmant. Je lui laisse la responsabilité de ses affirmations. Je suis pourtant persuadé que ceux qui exercent ces métiers y tiennent beaucoup,pas seulement pour la rémunération mais aussi pour le contact humain que procurent de ses metiers, la satisfaction d’être utile et celle du travail accompli.

          Dans le monde d’aujourd’hui, il est parfois plus difficile de fournir des postes aux personnes les plus modestes qu’aux ingénieurs. Est il plus enthousiasmant de développer les postes à haute responsabilité et rémunérations que de s’occuper de trouver des activités viables et perennes aux personnes modestes, on peut en discuter !


        • marie (---.---.187.43) 22 février 2006 23:59

          OFFRE anpe N° 111379V

          Etablissement de 0 salarié secteur : services domestiques recherche pour un contrat à durée déterminée de 01 jour - horaire : 03H00 hebdo

          Lieu de travail : 64 Anglet Jardinier/jardinière H/F

          Particulier recherche jardinier pour travaux de tonte de pelouse, taille de haies. Vous devez posséder votre propre matériel ainsi qu’un véhicule.

          Missions courtes, régulières tout au long de l’année. Connaissance : permis auto (B) exigé

          Expérience exigée de 1 an en entretien jardins Salaire chèques emplois services

          Ceci n’est pas une plaisanterie, mais une véritable offre d’« emploi ».

          Un excellent exemple de Professionnalisation des petits boulots : Chèque Emploi Service de 3 heures : 1 an d’expérience, venir avec le matériel et la camionette.

          Combien le chômeur intéressé doit-il investir pour accéder à ses 3 heures de boulot ?


          • caderange (---.---.188.202) 24 février 2006 11:24

            Réponse de CaDerange :

            Tout à fait d’accord avec vous, c’est bien la situation actuelle que vous décrivez. L’espoir ( qui n’est qu’un espoir, je le concède volontiers) c’est que la professionalisation de ces professions puisse permettre d’en faire de vrais métiers à temps plein et sans devoir fournir le matériel.

            C’est la première fois néanmoins, que je vois une approche structurée et organisée de la fourniture de services se mettre en place...


          • Gil (---.---.93.79) 26 février 2006 11:33

            J’ai un ami spéçialiste des espaces verts et de l’entretien des jardins qui ne vit depuis plusieurs années que de ça, et qui en vit correctement en se faisant rémunérer par des chèques emploi-service. Il a une clientèle qui le rappelle régulièrement car il a su faire apprécier ses services sans avoir eu besoin de monter une entreprise. Il a beaucoup de souplesse dans son emploi du temps ce qui lui convient parfaitement. Bref, il n’y voit que des avantages. Donc, si ça marche pour lui, ça peut aussi marcher pour d’autres.

            Conclusion : avant de critiquer les CESU, attendons un peu de voir ce que ça donnera... (et je dis pas ça pour défendre Borloo ou parce-que je suis de droite, j’en ai franchement rien à foutre. D’ailleurs, un tel dispositif aurait aussi bien pu être mis en place par un gouvernement de gauche...)


          • hawkmoon (---.---.11.21) 26 février 2006 09:13

            super, des gens interchangeables, J6M l avait deja tente dans ses diverses societes de services filliales de Vivendi, je crois savoir qu apres une periode de pressurisation du personnel, eh ben on continue ! comme c est engageant pour l avenir de savoir que le procede se generalise


            • wil (---.---.176.42) 26 février 2006 10:59

              Longue vie aux travailleurs pauvres !!


              • marie (---.---.114.15) 27 février 2006 00:35

                Effectivement beaucoup de très petites activités se développent dans le cadre de chèques Emplois services qui existent depuis près de 20 ans. Les C.E.S. étaient jusqu’à présent gérés par les banques, réservés aux clients particuliers et aux activités qui devaient respecter 2 règles : concerner des services qui entraient dans la convention collective des employés de maison et ne pas concurrencer les entreprises.

                Ces contraintes impliquaient deux éléments : le travail réalisé ne nécessitait pas de compétence professionnelle spécifique et le salarié devait utiliser le matériel mis à sa disposition par son employeur.

                Ce sont ces deux verrous qui viennent de sauter.

                Les C.E.S. avaient été créés pour diminuer le recours au travail au noir dans les services aux particuliers et intégraient déjà les avantages sociaux et fiscaux des CESU.


                • guillaume (---.---.41.103) 2 mars 2006 09:59

                  Je vous annonce le lancement prochain du portail aladom (www.aladom.com) qui permettra de mettre en relation les particuliers qui proposent leurs services et les particuliers qui recherche des prestataires.


                  • velleda (---.---.213.182) 4 mars 2006 18:23

                    il apparaît que vous êtes bien peu à utiliser des femmes de ménage, jardinier...et que vous ne savez donc pas que c’est difficile à trouver et bien payé. Un femme de ménage, en province, gagne 1,5 fois le smic net.C’est un travail qui vaut largement celui de caissière, vendeuse, cariste ou autres métiers. Ce métier est propre, avec peu de risques, peu de stress, souvent pas de chef sur le dos. Quand au sempiternel réservé aux riches ; un certain nombre font le choix de payer une femme de ménage plutôt que d’aller aux sports d’hiver. Une voiture peu chère permet aussi bien des choses par rapport à des voitures inutilement rapides et sophistiquées.

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