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Accueil du site > Actualités > Economie > La terrible vérité sur les aides financières au développement

La terrible vérité sur les aides financières au développement

Et si on se trompait complétement sur la notion d’aide au développement ?

Et si le meilleur service à rendre à l’Afrique (entre autres) ce serait tout simplement de ne PAS intervenir ?

Cette proposition paraît choquante mais elle est pourtant soutenue par James Shikwati, un économiste africain connu.

Un article particulièrement intéressant et édifiant cette semaine dans Libération  : La Palestine, un État en faillite permanente, lire à [->http://www.liberation.fr/page.php?Article=355533].

Dans cet article, on apprend que, entre autres,

la Palestine est aujourd’hui la contrée la plus assistée au monde. En 2005, l’aide étrangère y a atteint 1,1 milliard de dollars, soit 366 dollars par habitant. Par comparaison, en Afrique, l’aide dépasse rarement 30 dollars par tête.

Continuons à citer Libé, extraits :

Cette enveloppe, destinée au développement, a surtout servi au fil des ans à renflouer les caisses de l’administration palestinienne.

...

L’Autorité palestinienne a continué à recruter à tout-va. Cet été, près de 4 000 militants ont été enrôlés dans les services de sécurité. Des prises d’otages occidentaux à Gaza se sont parfois réglées par l’embauche d’une dizaine de membres d’un même clan.

Édifiant, n’est-ce pas ?

Mais, après tout, si les occidentaux sont assez bêtes pour alimenter ainsi un puits sans fond, pourquoi s’en priver, pensent sûrement les quelques Palistiniens (peu nombreux en fait) qui profitent le plus de cette manne.

Ceci dit, il ne s’agit pas ici de faire le procès des Palestiniens. Interrogeons-nous plutôt sur le principe même des aides, surtout financières, qui sont envoyées aux pays dits du tiers-monde. Cela fait des dizaines d’années que des millions d’euros sont déversés sur des contrées présentées comme nécessiteuses... et avec quels résultats ?

On le sait tous, des résultats très décevants, pour ne pas dire pire.

Les prêts (qui forment la dette actuelle de ces pays) ont souvent été utilisés pour acheter des armes (vendues par ceux qui accordaient les prêts... rien ne se perd !). Et c’est pour ce cycle infernal qu’ensuite les grands organismes internationaux comme le FMI imposent des politiques d’austérité ?

Si on avait pu présenter par avance ces beaux résultats, les populations concernées auraient simplement dit : "Merci, mais non merci, gardez donc votre argent".

Pareil pour les dons. Seule une partie réduite (pour ne pas dire infime) de l’argent envoyé pour les victimes du tremblement de terre au Cachemir (par exemple, pour reprendre un événement récent et encore dans les mémoires) va à ceux qui en ont le plus besoin. D’après l’association "Survie", seuls moins de 3% de l’APD (l’aide pour le développement) servait la cause des plus déshérités.

Sur le terrain, quelques ONG se battent vraiment pour faire changer les choses, mais les plus actives sont aussi les moins tolérées par les autorités locales. Les gouvernements préfèrent largement celles qui ont le mieux compris les règles non-écrites du "charity-business" et qui, pour creuser un puits dans un village, ont besoin d’hospitalités climatisées, de téléphones par satellites et de 4x4 dernier cri.

Je ne suis pas certain que le puits en question méritait cette débauche de technologie et cet étalage de richesse. Je ne suis pas certain non plus que les villageois qui auront bénéficié de ces largesses garderont un bon souvenir de l’aide occidentale.

Je crois qu’il est temps de remettre en cause le principe même de l’aide au développement, non pas parce qu’il s’agirait d’un gaspillage de notre argent, mais parce que les effets ne sont pas positifs, tout simplement.

Oui, au bout du compte, c’est bien notre argent qui est ainsi dépensé inutilement. Je peux être sensible à la détresse d’un peuple touché par une catastrophe, mais je suis vite atterré par l’usage qui est fait de mes dons ou de mes impôts quand je vois qu’ils sont utilisés pour fournir des Mercedes et des Kalachnikovs à quelques excités qui entraînent tout un peuple dans un abîme sans fond.

Mais ce n’est pas cela le plus grave. En effet, j’accepterais volontiers un peu (ou même beaucoup) de gaspillage de mon bel argent, si seulement ça servait à quelque chose de positif. Hélas, rien de positif ne semble sortir de notre aide au développement. Pire, il apparaît même que c’est tout le contraire qui arrive : plus nous aidons certains pays, et moins ils s’en sortent !

En effet, comment expliquer autrement l’état dans lequel se trouve l’Afrique aujourd’hui ?

Des dizaines d’années de programmes qui se superposent, pour quoi ?

Pour rien ?

Non, même pas pour rien (cela serait un moindre mal), pour finalement arriver à une situation pire qu’avant notre intervention !

Qui oserait aujourd’hui dire que notre action présente un "bilan globalement positif" ?

C’est un peu comme la risible influence positive de la colonisation... La colonisation n’a été positive pour personne, même pas pour les empires qui l’ont menée !

Mais alors, que proposes-tu ?

- Que faut-il faire pour aider efficacement les pays et les peuples dans le besoin ?
- Rien.
- Quoi, tu ne proposes rien ?
- Non, je dis qu’il ne faut *rien* faire, nuance...
- Ne rien faire... non, tu n’es pas sérieux !

Si, je suis parfaitement sérieux, si on veut vraiment aider ces pays et ces peuples, il faut d’abord les laisser tranquilles, ne pas intervenir. Notre intervention n’est pas adaptée à leurs contextes, elle n’est pas efficace, elle est perturbante, elle sème le désordre et la corruption. Le mieux est donc de ne plus intervenir.

En première analyse, cela paraît difficile à admettre, puisque cela va à l’encontre de ce qu’on pratique depuis des décennies. De plus, tous nos médias ne nous proposent pas d’autre voie que "plus de la même chose", alors on trouve naturel de poursuivre...

Pourtant, on commence à s’apercevoir qu’il serait temps d’arrêter de polluer notre environnement, puisque nous finissons par sérieusement abîmer notre milieu. Nous devons également considérer que nos voisins proches ou lointains font partie de notre environnement. Et, en toute logique, nous devons éviter de les polluer, de les abîmer.

Pour cela, il faut changer notre attitude : plutôt que de continuer à faire "plus de la même chose", arrêtons carrément notre aide au développement, puisqu’elle est néfaste, je suis persuadé que ces pays ne s’en porteront pas plus mal, au contraire...

Voilà tout ce qu’a trouvé ce donneur de leçons privilégié : stopper l’aide aux pauvres !

Décidément, l’oppression capitaliste se sent pousser des ailes en ce moment : même un petit profiteur comme Lefebvre pense qu’il peut prôner l’arrêt de l’aide au développement !

Allons, soyons réalistes : on sait bien que ceux qui profitent de nos aides, ce ne sont justement pas les pauvres !

Ce sont précisement ceux qu’on voudrait le moins aider (les profiteurs, les dictateurs et autres seigneurs de la guerre) qui bénéficient le plus et le mieux de nos programmes, qui sont conçus sans connaissance de la réalité du terrain. L’aide sous la forme actuelle n’est pas seulement inefficace, elle est nocive, néfaste !

Nous devons arrêter ces programmes qui ne font que perpétuer des situations injustes, que maintenir en place des dirigeants corrompus, qu’alimenter des fauteurs de troubles avides. Nous devons arrêter de penser à ces pays comme à des provinces sous tutelle. Nous devons cesser de croire ce qu’on nous présente comme étant "nécessaire, pour leur bien".

Bien sûr, si c’est moi qui le dis, c’est sujet à caution, car ces aides ne me concernent pas. En revanche, si c’est un économiste africain qui le proclame, cela prend tout de suite un autre relief !

Lisez donc cette traduction de l’interview que James Shikwati a accordée au Spiegel en juillet 2005... Extraits :

Si les pays industrialisés veulent réellement aider les Africains, alors ils doivent enfin mettre fin à cette terrible aide. Les pays qui ont reçu le plus d’aides sont ceux qui vont le plus mal.

On finance d’énormes bureaucraties, on favorise la corruption et l’auto-complaisance, on habitue les Africains à mendicité et à la dépendance. De plus, l’aide au développement affaiblit partout les marchés locaux et l’esprit d’entreprise dont nous avons tant besoin. Elle constitue l’une des causes des problèmes dont souffre l’Afrique, aussi absurde que cela puisse paraître. Si on supprimait ces aides, les petites gens ne s’en apercevraient même pas. Seuls les dirigeants seraient choqués. C’est pourquoi ils prétendent que ce serait la fin sans ces aides.

Lisez l’interview complète, ça en vaut la peine ! [->http://www.imani.fr/component/option,com_content/task,view/id,45/Itemid,97/]

La terrible vérité, c’est que dans "aide au développement", ce n’est pas le mot aide qui compte, mais bien le mot développement. La finalité de ces programmes, ce n’est pas de venir en aide aux populations, mais plutôt de permettre le développement de nouveaux marchés, de nouveaux débouchés, et peu importe à quels coûts !

L’Afghanistan est toujours une contrée désolée, où l’illettrisme domine, mais, signe inconstestable de progrès, on commence à y construire des centres commerciaux ultra-modernes, voir à [->http://www.afghana.org/html/article.php?sid=1770]

En effet, ça va tout de suite mieux. Une fois encore, à qui profite le crime ?


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11 réactions à cet article    


  • ni-ni (---.---.216.46) 6 février 2006 11:41

    tout a fait d’accord ; mais ca va pas etre facile.... premièrement il y a la gauche bien pensante qui s’autocomplais dans une mauvaise conscience néo-colonialiste et veu aider pour se « refaire » une virginité. deuxièmement il y a les gros lobby occidentaux qui profite de ces fonds (marchands d’armes ou lobby agricole qui y voit une façon de se débarasser des surplus) et enfin il y a tous ces jeunes « bénévoles » (mais néanmoins payés !) ou permanents (le salaire augmente) qui y vois une façon de faire carrière avec une reconnaissance sociale positive et qui satisfait leur besoin de voyage et d’exotisme ... autrefois ils se seraient engagés dans l’armé ou l’administration coloniale.... en plus des profiteurs « locaux » ça fait du monde à mécontenter et en plus c est difficile à faire passer dans l’opinion si on à des images d’enfants mourrant de faim au 20h....


    • ni-ni (---.---.216.46) 6 février 2006 23:56

      moi insultant et dérisoire, bof si sa satisfait votre égo tant mieux :)

      en plus vous parlez des productions mondialisés mais 1er je ne critique pas le commerce équitable (j en achete plutôt) dans le sens ou celui ci est l inverse de l aide financiere mentionnée par cet article ; quant a la production locale elle a (ou plutot avais) un débouché sur le marché local en question.... difficile d’écoulé sa production pour un agriculteur quant les produits sont donnés à coté, en plus on leur envoye nos production donc on change les us alimentaire (en autre en afrique le riz a supplanté la consommation de manioc dans certaines régions et la production agricole chute car une année d’aide détruit l’agriculteur local) au cas ou vous le sauriez pas l’agriculture est un des rare cas économique d’équilibre instable c ’est pour ca que les gouvernements on tj établi des controle sur les prix et la distribution... et ce avant le moyen age.

      au sujet de l’aide qui « sauve » des vies vous rappellez vous ce que fit l’inde dans les années 70 en atteignant l’autosuffisance alimentaire..... contre les cris des bien pensant europeens , elles vendit d« énorme stock » de riz a l’urss entre autre contre des brevets et de la technologie, condannant aisi une partie de sa population a la malnutrition voir pire ; le raisonnement qu’elle défendi était le suivant sois nous nourissons toute notre population mais la condamnons a rester un état du tier monde soit nous achetons les techniques et technlogie qui permettrons à nos enfants de sortir du sous dévellopement..... regarder l’inde maintenant : mittal va racheter arcelor, les indiens sont le back office informatique du monde et les boite comme ibm intel etc.. délocalisent de 20 a30% de leurs service R&D en inde... et après la chinoise la croissance indienne est une des plus forte du monde. le pari a marché. Personnellement je ne serai pas assez raciste et condescendant avec les africains pour penser qu’ils ne peuvent sans sortir sans notre « aide ». ayez foi dans les hommes et ils s’en sortiront, bien sur il y aura des morts toujours triste et malheureuse... mais si c’est necessaire au bien être futur de ces populations pourquoi pas... même si le prix nous semble trop lourd.

      ceci dit que des medecins (mdm ou msf), des ingénieurs etc.. en gros des gens avec des vrais compétences veulent allez aidé la ils sont utiles tant que nous n’envoyons ni habits ni argent ni nouritures.... envoyons plutot des livres des enseignants et des ordinateurs... aidons à construire des routes... la on pourra aider au lieu de ravager ( a conditions que l’on ne fasse pas construire des route sur des fonds qu’on leur prête, donnons les plutôt)

      quant à mon commentaire il vous semble insultant (etes vous cadre dans une ONG ?) et dérisoire, mais dérisoire est l’« amélioration » des conditions de vie des populations concerné après trente ans d’aide au regard des moyens recoltés, versé ou preter par les populations européenes,

      et les lobbys en question dont je parlent au faits ils sont insulté ou dérisoire pour vous ??

      mais rassurez vous : cela va continuer car un enfants qui meurt au 20 heure , et si possible en direct, à une charge émotionelle que nul ne peut ignorer (et en plus penser ca me rassure sur l’humanité).... comme vous dites les choses ne sont pas si simple...


    • Prosper Prosper 6 février 2006 12:44

      je ne réagis pas au commentaire précédent, insultant et dérisoire. Concernant cet article, si beaucoup d’éléments que vous relevez posent de terribles questions, je crois que les choses sont plus compliquées :
      - la mondialisation est une réalité : que deviendront les quelques exportations de ces pays telles le café, le cacao, bananes, etc. Quelles armes leur laissez vous pour qu’ils atteignent des prix décents (à ce sujet, que pensez vous du comerce équitable pratiqué par Artisans du Monde, La Grande Girafe, etc. ?). Faut il vraiment supprimer toute aide au développement dont même une partie servira ces exportations ?
      - que croyez vous qu’il puisse arriver si rien n’est fait pour soutenir d’autres exportations, telles le coton ? Les africains ont déjà un mal fou à le vendre, si vous supprimez toute aide, pensez vous que les Etats Unis arrêterons pour autant l’aide à leurs exportations de coton ? de même l’U.E. avec ses surplus de viande ?
      - vous dites « Je peux être sensible à la détresse d’un peuple touché par une catastrophe mais je suis vite aterré par l’usage qui est fait de mes dons ou de mes impôts » : voilà une dérive dangereuse. Les quelques personnes qui ont pu s’en sortir ne sont pas du même avis ...
      - plus généralement, même si le gachis et le détournement sont des réalités que vous avez raison de dénoncer, prendrez vous la responsabilité de supprimer même l’infime partie de l’aide qui sauve des vies ?
      - enfin concernant l’aide à la Palestine, le contexte est un tel noeud pour l’ensemble de la région (et pour l’ensemble du monde dans une phase de danger réel), ces aides recèlent également une utilité, à la fois humanitaire et politique. Vous avez donc raison, encore une fois, de dénoncer ce qui doit l’être, mais élargissez le propos en considérant que rien ne vaut une vie, pas même nos feuilles d’impôts.


      • ni-ni (---.---.216.46) 6 février 2006 23:58

        oups j ai mal clicker le commentaire est sur ma premiere intervention .....donc voir plus haut


      • ni-ni (---.---.216.46) 7 février 2006 00:02

        moi insultant et dérisoire, bof si sa satisfait votre égo tant mieux :)

        en plus vous parlez des productions mondialisés mais 1er je ne critique pas le commerce équitable (j en achete plutôt) dans le sens ou celui ci est l inverse de l aide financiere mentionnée par cet article ; quant a la production locale elle a (ou plutot avais) un débouché sur le marché local en question.... difficile d’écoulé sa production pour un agriculteur quant les produits sont donnés à coté, en plus on leur envoye nos production donc on change les us alimentaire (en autre en afrique le riz a supplanté la consommation de manioc dans certaines régions et la production agricole chute car une année d’aide détruit l’agriculteur local) au cas ou vous le sauriez pas l’agriculture est un des rare cas économique d’équilibre instable c ’est pour ca que les gouvernements on tj établi des controle sur les prix et la distribution... et ce avant le moyen age.

        au sujet de l’aide qui « sauve » des vies vous rappellez vous ce que fit l’inde dans les années 70 en atteignant l’autosuffisance alimentaire..... contre les cris des bien pensant europeens , elles vendit d« énorme stock » de riz a l’urss entre autre contre des brevets et de la technologie, condannant aisi une partie de sa population a la malnutrition voir pire ; le raisonnement qu’elle défendi était le suivant sois nous nourissons toute notre population mais la condamnons a rester un état du tier monde soit nous achetons les techniques et technlogie qui permettrons à nos enfants de sortir du sous dévellopement..... regarder l’inde maintenant : mittal va racheter arcelor, les indiens sont le back office informatique du monde et les boite comme ibm intel etc.. délocalisent de 20 a30% de leurs service R&D en inde... et après la chinoise la croissance indienne est une des plus forte du monde. le pari a marché. Personnellement je ne serai pas assez raciste et condescendant avec les africains pour penser qu’ils ne peuvent sans sortir sans notre « aide ». ayez foi dans les hommes et ils s’en sortiront, bien sur il y aura des morts toujours triste et malheureuse... mais si c’est necessaire au bien être futur de ces populations pourquoi pas... même si le prix nous semble trop lourd.

        ceci dit que des medecins (mdm ou msf), des ingénieurs etc.. en gros des gens avec des vrais compétences veulent allez aidé la ils sont utiles tant que nous n’envoyons ni habits ni argent ni nouritures.... envoyons plutot des livres des enseignants et des ordinateurs... aidons à construire des routes... la on pourra aider au lieu de ravager ( a conditions que l’on ne fasse pas construire des route sur des fonds qu’on leur prête, donnons les plutôt)

        quant à mon commentaire il vous semble insultant (etes vous cadre dans une ONG ?) et dérisoire, mais dérisoire est l’« amélioration » des conditions de vie des populations concerné après trente ans d’aide au regard des moyens recoltés, versé ou preter par les populations européenes,

        et les lobbys en question dont je parlent au faits ils sont insulté ou dérisoire pour vous ??

        mais rassurez vous : cela va continuer car un enfants qui meurt au 20 heure , et si possible en direct, à une charge émotionelle que nul ne peut ignorer (et en plus penser ca me rassure sur l’humanité).... comme vous dites les choses ne sont pas si simple..


      • Alain Lefebvre Alain Lefebvre 6 février 2006 17:31

        J’essaye de répondre au commentaire de Prosper...

        Tout d’abord, c’est vrai, il y a rarement des réponses toutes simples à problèmes complexes. En particulier sur les questions liés à l’exportation où, sûrement, James Shikwati est plus pertinent que moi. Mais justement, ce dernier a une argumentation très claire et très forte : en polluant ainsi ces pays avec nos « aides », nous les empêchons de fait de se développer, nous les maintenons sous tutelle. Peut-être peut-on trouver quelques cas où les aides sont réellement utiles mais il semble bien que la balance soit fortement déséquilibrée, dans le mauvais sens. Sinon, on est forcément d’accord sur un point précis : « rien ne vaut une vie, pas même nos feuilles d’impôts ». Mais j’ai l’impression que nous faisons plus de mal (bien plus) que de bien, y compris avec cette mauvaise utilisation de nos impôts.


        • Jean-Pierre Llabrés (---.---.162.34) 18 mai 2006 12:44
          Union européenne : Gaspillage annuel de 30 milliards d’Euros !

          Aide au sous‑développement économique durable des pays émergents ?

          jeudi 21 avril 2005.

          La nouvelle Commission Européenne a pris ses fonctions fin 2004, pour une durée de 5 ans. Il est donc trop tôt pour évaluer son acion en matière d’Aide Publique au Développement des pays émergents. En revanche, il est possible de présenter le bilan de la Commission Prodi en la matière pour la période 1999-2004 durant laquelle les Commissaires au Développement et aux Relations extérieures étaient, respectivement, Poul Nielson et Christopher Patten. 1. Le fiasco !

          En 2002, l’Union européenne a contribué, à concurrence de 31 milliards d’Euros [1], à plus de la moitié de l’aide publique mondiale destinée au développement des pays émergents. Or, cet effort financier des contribuables européens s’avère n’être qu’une aide au sous‑développement économique durable car l’Union européenne est incapable de générer des activités économiques pérennes.

          En effet, aucun des programmes et des projets de développement économique qu’elle a mis en œuvre, depuis plusieurs dizaines d’années, n’a jamais survécu à la fin de la période de financement initial externe. Autrement dit, les investissements financés ne se sont jamais traduits, nulle part, par des résultats économiques, des profits durables et croissants en faveur des populations bénéficiaires.

          Pour être parfaitement clair, il ne s’agit pas de nier les progrès économiques réalisés par les pays émergents. Mais, il s’agit de souligner que ces progrès se font « malgré » et non pas « grâce à » l’Aide Publique au Développement.

          2. Principe de l’aide au développement économique

          La réalisation d’un programme, ou d’un projet, de développement économique consiste en la création d’une entité bénéficiant d’un financement externe, durant un à cinq ans, en général [2], destiné à faciliter son installation et son développement initial. Au terme de ce financement externe, le programme, ou le projet, doit obtenir des résultats économiques tels que ses bénéficiaires soient en mesure d’en retirer des profits substantiels ainsi que d’en poursuivre le développement de manière autonome.

          Par exemple, s’agissant de développement rural, en général, et de production de produits vivriers, en particulier, vitaux pour l’alimentation des populations des pays émergents, un programme de développement économique peut consister en la création, financièrement assistée, d’une coopérative d’agriculteurs ayant pour objet de stocker et de commercialiser lesdits produits vivriers de telle manière que les agriculteurs, sociétaires de la coopérative, améliorent les revenus procédant de leur activité économique et, ce faisant, accroissent leur productivité et améliorent leur niveau de vie.

          Bien entendu, l’aide au développement, financée par les pays riches, ne saurait réaliser, à elle seule, l’intégralité du développement économique des pays émergents qui en bénéficient. En revanche, son objectif est de mettre en œuvre des programmes, projets et entreprises « pilotes » dont le succès doit apporter une amélioration économique intrinsèque mais, également, par son exemplarité, provoquer la réplication en grand nombre des « modèles‑pilotes » afin de générer un ensemble, aussi vaste que possible, d’entreprises économiques rentables et profitables aux populations des pays émergents.

          3. Évaluation & Bilan

          Depuis plusieurs dizaines d’années, l’Union européenne a financé des quantités de programmes et projets de développement économique. En bonne logique, si l’aide au développement économique de l’Union européenne avait été efficiente, on devrait rencontrer, dans tous les pays émergents où l’Union européenne est intervenue, des entreprises rentables et en développement longtemps après qu’ait cessé le financement externe.

          Pour ce qui concerne spécifiquement la Commission européenne, les Commissaires au Développement et aux Relations extérieures, respectivement Poul Nielson et Christopher Patten, sont dans l’incapacité absolue de déterminer, pour les trente dernières années, quelles ont été les ressources financières investies dans l’aide au développement des pays émergents et dans combien de programmes ou projets elles l’ont été.

          De même, ils sont également incapables de faire la part entre les investissements dont on ne saurait attendre, autrement qu’indirectement, un retour sur investissement (éducation, santé, etc.) et ceux dont il est absolument légitime et logique d’espérer, directement, un retour sur investissement (programmes et projets de développement économique).

          Enfin, et le plus grave, ils sont tout aussi également incapables de déterminer combien de programmes et de projets de développement économique, financés durant leurs années de démarrage, se sont avérés rentables, après la cessation des financements externes, et continuent, depuis dix, quinze ou vingt ans, de se développer de manière financièrement autonome, générant des profits financiers pour leurs bénéficiaires et en améliorant le revenu ainsi que le niveau de vie.

          Or, malheureusement, on ne trouve nulle part, dans aucun pays émergent, un seul projet qui, ayant cessé de recevoir un financement externe, aurait continué de prospérer depuis dix, quinze ou vingt ans, en tant qu’entreprise indépendante et rentable pour la plus grande satisfaction de ses bénéficiaires.

          En d’autres termes, les investissements colossaux réalisés par l’Union européenne, durant plusieurs décennies, se sont révélés totalement improductifs, voire contreproductifs. Il convient mieux de parler de gaspillage que d’investissement !

          4. Autres bailleurs de fonds

          Lors de son voyage officiel au Niger et au Mali, en octobre 2003, Jacques Chirac s’est lancé dans une violente critique de l’aide au développement de la Commission européenne, expliquant que cette dernière était dans l’incapacité de comprendre les réalités du développement. Cela sous‑entend que la coopération bilatérale française possède ladite capacité.

          Or, sur le terrain, c’est‑à‑dire dans les pays émergents, rien ne vient démontrer que la coopération bilatérale française soit plus efficace que celle de la coopération de l’Union européenne ou d’une quelconque autre coopération bilatérale. En réalité, les coopérations bilatérales ne peuvent s’enorgueillir d’un taux de pérennisation supérieur à celui obtenu par la Commission européenne et, malheureusement, égal à 0 % (nombre d’entreprises pérennes / nombre de projets financés).

          Par ailleurs, il convient de faire remarquer que, si la France, en général, et Jacques Chirac, en particulier, détiennent réellement la capacité à comprendre les réalités du développement, on ne peut que s’étonner du fait que la Commission européenne n’ait pas bénéficié, jusqu’ici, de leurs conseils avisés en la matière alors même que la France demeure un membre éminent, voire influent [3], du Conseil européen.

          5. Palme de la perversité

          Il est impossible de traiter de l’inefficacité de l’aide publique au développement des pays émergents sans souligner que la palme de la perversité revient indubitablement à la Banque Mondiale qui, elle, au contraire de nombre de bailleurs de fonds, ne dispense pas son aide par des dons mais par des prêts.

          Dans ce schéma, les pays émergents peuvent bénéficier de prêts pour financer leur développement économique à la condition d’investir selon les critères de la Banque Mondiale. Jusqu’à présent, les résultats ne se sont pas avérés plus probants que ceux des autres bailleurs de fonds.

          Dans sa grande sagesse, la Banque Mondiale a donc souvent changé de critères, toujours meilleurs que les précédents, selon elle, et, tout en continuant de rembourser les prêts contractés pour investir conformément aux « anciens‑bons‑critères », les pays émergents ont toujours continué de s’endetter pour pouvoir investir selon les « nouveaux‑meilleurs‑critères ». Merveilleux exemple de cercle vicieux...

          6. Toujours plus !

          En dépit de ces résultats, plus que calamiteux, de l’aide publique mondiale au développement économique des pays émergents, il est de nombreux beaux esprits et bonnes âmes pour exiger toujours plus d’argent pour financer ladite aide.

          L’exemple le plus emblématique en est donné par les tenants de l’établissement d’une taxation des transactions financières internationales, « Taxe Tobin », en vue du financement plus intensif de l’aide au développement des pays émergents.

          Sans préjuger du bien‑fondé de ladite taxe, on ne peut que se demander s’il y a vraiment urgence à mobiliser de nouveaux moyens financiers s’ils devaient s’avérer aussi improductifs que les fonds actuellement consacrés à ladite aide.

          7. C’est « politique »...

          Bien entendu, pour justifier le fiasco de l’aide publique au développement économique des pays émergents, une des explications, que l’on ne manquera pas d’avancer, consistera à dire qu’il est parfois (souvent ?) nécessaire de consentir à des concessions (investissements improductifs ; euphémisme pour « gaspillage ») de manière à obtenir des résultats positifs (pour le pays bailleur ? Pour le pays bénéficiaire ?) dans d’autres domaines.

          Ce serait donc « po‑li‑ti‑que » ! Pourquoi pas ?... Dans ce cas, face à la généralisation du fiasco, on ne peut manquer de se demander si toute la problématique de l’aide ne serait pas effectivement politique. Selon cette logique, il serait nécessaire d’échouer pour réussir...

          Néanmoins, les observateurs avertis sont en mesure de citer nombre d’exemples de programmes et de projets de développement économique qui, bâtis sur des critères rationnels, auraient pu se révéler productifs, et favorables aux populations des pays émergents bénéficiaires, sans compromettre quoi que ce soit dans le fameux domaine politique.

          8. Responsabilité

          S’agissant de l’Union européenne, la responsabilité du fiasco appartient, par ordre décroissant d’implication :

          1) au Conseil européen qui décide de la stratégie, de la politique et des actions de la Commission,

          2) à la Commission qui met en œuvre les décisions du Conseil,

          3) aux Commissaires au Développement, Poul Nielson, et aux Relations Extérieures, Christopher Patten, en charge de la réalisation des actions en matière d’aide au développement des pays émergents,

          4) aux Directions Générales respectives, Développement et Relations extérieures, ainsi que la Direction Générale commune « EuropeAid », qui constituent les organes d’exécution finale,

          5) au Parlement européen en charge, au minimum, du contrôle de la pertinence des politiques qui sont conduites.

          Il convient d’insister particulièrement sur le fait que le Conseil européen est constitué des chefs d’États et de gouvernements ainsi que des ministres des pays appartenant à l’Union européenne. Il en résulte que nos personnels politiques nationaux ne peuvent, en aucun cas, se défausser du fiasco de l’aide européenne au développement des pays émergents en disant : « C’est la faute de la Commission ! ». En effet, ce sont eux qui, en dernier ressort, décident de ce que la Commission doit réaliser.

          9. Pourquoi un tel fiasco ?

          Bien évidemment, à constater le fiasco intégral [4] de l’aide européenne au développement économique durable des pays émergents, on ne peut que se demander quelles en sont les raisons. Il serait trop long d’entrer, ici, dans l’examen détaillé de l’ensemble des paramètres techniques qui président à l’échec ou au succès d’une entité économique naissante.

          Cependant, il en existe un auquel il est accordé trop peu d’attention : le potentiel de pérennisation [5] du programme ou du projet de développement économique au‑delà de la phase nécessaire de financement externe. Ce paramètre devrait devenir le premier critère à évaluer avant de donner une suite quelconque à un programme ou à un projet de développement économique supposé durable.

          Faute de procéder ainsi, les populations des pays émergents, supposées bénéficier desdits programmes ou projets de développement économique (durable), continueront de vivre un rêve, durant la phase initiale de financement externe, puis continueront de plonger dans un cauchemar lorsque périclitera leur entreprise, lors de la cessation de tout financement externe, par manque de résultats économiques, de capacité de développement et de profit.

          10. Perspective de l’aide au développement

          Dans l’absolu, s’il existe une volonté réelle d’aider au développement économique des pays émergents, le potentiel de pérennisation économique d’un programme, ou d’un projet, doit devenir le critère premier présidant à la décision de financer ledit programme ou projet [6].

          En effet, sans cette pérennisation économique des investissements financés par l’aide, le développement économique demeurera faible et les États émergents ne trouveront pas les ressources (fiscales ?) nécessaires au financement de leurs fonctions régaliennes ainsi que de leur progrès social.

          Il est donc de la première urgence de rendre l’aide au développement des pays émergents économiquement efficace car, sans développement économique, il ne saurait advenir aucun développement social. Cette efficacité économique ne sera une réalité que lorsque, dans les pays émergents, il sera possible de dénombrer les entreprises qui, générées par l’aide au développement, continueront à se développer et à dégager des profits pour leurs bénéficiaires bien des années après la fin de leur financement externe initial.

          Rappelons qu’aujourd’hui, dans l’ensemble des pays émergents et assistés, ce nombre est de Zéro alors que l’ensemble de l’aide au développement s’élève à environ 50 milliards d’Euros annuellement. Dont, en 2002, 31 milliards d’Euros pour la seule Union européenne ! ...


          • alain Lefebvre (---.---.74.150) 18 mai 2006 15:35

            J’ai l’impression que, morceau après morceau, les révélations vont s’accumuler pour achever de détruire cette idée reçue du « toujours plus d’aides ».


          • Engel Teufel (---.---.162.34) 18 mai 2006 23:47

            À la condition que l’on puisse s’exprimer...


          • Daniel Milan (---.---.168.77) 18 mai 2006 15:44

            Je crois surtout que toutes ces aides profitent d’abord à ceux qui prétendent vouloir aider, ensuite, aux plus aisés... Et à l’arrivée, les personnes«  »aidées", n’ont plus que des miettes à se partager !...

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