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Les petites erreurs de prévisions du gouvernement ne facilitent pas la rentrée économique

Les nouvelles macro-économiques de la rentrée ne sont pas très réjouissantes pour nos ministres et bien entendu pour les français. Après un tumulte assourdissant venant d’un remaniement ministériel un peu décevant pour celles et ceux qui attendaient de la nouveauté, ce sont désormais les chiffres qui parlent et qui pourraient se faire entendre avec une grande limpidité, sans brouillage, sans parasite. Les mots d’ordre de la nouvelle équipe sont « cohérence, cohésion, clarté », les 3C. J’espère que cette maxime se portera également sur les données macro-économiques à venir, les prévisions, les objectifs affichés, les résultats atteints.

En septembre 2013, au moment où la séquence budgétaire 2014 a été présentée dans le projet de loi de fiances initial (PLFI, sigle que j’utiliserai par la suite) la confiance du ministre de l’économie et du ministre délégué au budget était intacte. Ils prévoyaient un effort d'économies ambitieux et sans précédent pour maintenir le cap de la réduction des déficits sans entraver la croissance. Aujourd’hui cela pourrait faire sourire si la situation économique n’était pas aussi préoccupante.

Voyons ce qu’il en est avec une sélection de trois « petits » problèmes qui se glissent maladroitement dans cette rentrée et qui n’arrangent pas vraiment nos petites affaires :

  1. La dérive du déficit public

A coup sûr, les chiffres du déficit public ne seront pas reluisants à la fin de l’année 2014. L'objectif de déficit public nominal pour 2014 était de 3.6% dans le PLFI (le déficit nominal prend en compte les déficits dits structurels et conjoncturels ainsi que l’impact de mesures ponctuelles et temporaires). A cette période (septembre 2013), pas si éloignée, le gouvernement maintenait sa prévision d'un retour du déficit public sous la barre des 3% fin 2015. Apparemment l’horizon était éclairci, bien dégagé et laisser entrevoir un chemin bien balisé. Inutile de rappeler que cet objectif a volé en éclat ces derniers mois. Les 3% ne seront atteints ni en 2015 ni en 2016 ni en 2017. Notons que Mr Hollande avait annoncé un retour à l’équilibre budgétaire à la fin de son mandat. Cela s’appelle une dérive, voire une grosse dérive. En fait, le déficit sera supérieur à 4%, déjà acté par le gouvernement. Il est probable qu’il approche les 4,3% (niveau de 2013), et il est plausible qu’il puisse le dépasser. Si tel était le cas, la baisse tendancielle serait rompue ; inquiétant ! Notons que lors du PLFR (projet de loi de finances rectificative), il avait été révisé à 3,8%.

Le gouvernement estime que les rentrées fiscales de l’impôt sur le revenu vont plafonner à environ 65 milliards d'euros, soit 10 milliards d'euros de moins que prévu. Un simple manque à gagner de 10 milliards d’euros propulse le niveau du déficit public à 4,3%. D’autres aléas comptables et quelques dérapages dans la dépense publique pourraient bien surgir, accélérer la course du déficit en le mettant sur une orbite incontrôlable. Mais restons optimiste ! De bonnes nouvelles pourraient tout aussi bien apparaître, comme le retour d’une croissance disparue, fugueuse, que l’on attend depuis si longtemps et qui ne peut rester insensible aux récurrentes prières ministérielles.

  1. La croissance n’est pas au rendez-vous

Deuxième retour arrière : le PLFI (toujours en septembre 2013) dévoile une prévision de croissance du PIB à 0,9% en volume par rapport à 2013. Cette hypothèse de croissance était jugée prudente par nos deux ministres qui affichaient alors une aisance déconcertante dans le jeu des prévisions, en reléguant les excès au passé. Ils caressaient même le rêve de voir dépasser leurs objectifs. Mais l’environnement économique semble en avoir décidé autrement. Les deux premiers trimestres affichent un taux de croissance à 0%. Cela s’appelle une stagnation. On a frôlé la récession. Les incertitudes et les marges d’erreur nous ont souri car l’Insee aurait pu tout aussi bien aligner des croissances de -0,1% (une différence de l’ordre de l’épaisseur du trait). Dans ce cas, nous basculions en récession, car selon les critères communément admis, un pays se trouve en récession dès qu’il connaît deux trimestres consécutifs de croissance négative (je préférence décroissance, mais apparemment nos politiciens n’aiment pas ce mot maudit). Ouf, on l’a échappé belle.

Merci les incertitudes !

  1. Le plan d’économie de 50 Mds d’euros affaibli

Le gouvernement avait annoncé un plan d’économie de 50 milliards d’euros s’étalant sur les trois prochaines années, dont 21 milliards prévus l’an prochain. Seulement voilà, le ministère de l’économie vient d’annoncer qu’il sera impossible de maintenir les 21 Mds en 2015, la faute à une inflation trop faible, plus faible que ce qui avait été envisagé. Encore une erreur d’appréciation ? La faute de la BCE ?

L’inflation a toujours été une préoccupation pour nos dirigeants, mais dans le sens où celle-ci est perçue comme bénéfique, alors que les citoyens n’affichent pas un amour particulier pour la progression des prix. L’inflation est un vrai bonheur pour l’exécutif, car elle agit comme un facteur érosif, effaçant progressivement la dette ou ralentissant sa progression, rendant plus efficace les gels des prestations sociales et des salaires des fonctionnaires, grâce à une augmentation en valeur du PIB accompagnée de meilleures rentrées fiscales. Ah l’inflation, bonne pour les uns (pas très nombreux), mauvaise pour les autres ; à vous de choisir !

Décidément, le gouvernement n’est pas chanceux, les pronostics sont encore une fois déjoués car nous sommes entrés depuis quelques années en désinflation, avec en ligne de mire une éventuelle déflation.

Cette malchance, ces trébuchements répétés impliquent les appels au secours à l’endroit de la BCE en l’implorant d’agir, de toujours faire plus, tout en demandant à l’Allemagne de consommer davantage pour relancer la croissance en Europe, et par conséquent faire remonter l'inflation.

En fait, il faut sans cesse le souligner, les économies annoncées par le gouvernement sont en trompe l’œil car il s’agit en réalité d’une augmentation des dépenses sur un rythme inférieur à celui des dernières années. La déformation des structures de dépenses ne sera pas celle espérée et c’est ainsi que l’on renouvelle périodiquement les demandes de clémence vis-à-vis de Bruxelles. Mais Bruxelles n’a pas l’air très méchant, il est donc inutile de nourrir quelques inquiétudes sur l’obtention de délais supplémentaires. Ce plan d’économie avait été érigé comme un gage de sérieux. Le voilà mis en défaut comme beaucoup d’autres objectifs.

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Rien ne va dans ce monde bien agité, où géopolitique, guerres, crises politiques, crises sociales, croissance molle, récessions par-ci, stagnations par-là, menaces de déflation, excès de liquidités, jouent les rôles de perturbateurs économiques et sociaux. On connaît les perturbateurs endocriniens, nommés pesticides, qui mettent en péril la fécondité de l’espèce humaine. Voilà maintenant toute une palette de perturbateurs macro-économiques qui empoissonnent au quotidien et à petit feu la vie de nos dirigeants, et surtout celle de nos concitoyens, mettant en péril la croissance, les équilibres budgétaires, la maîtrise de la dette, le pouvoir d’achat, l’emploi, la stabilité sociale, et j’en passe.

Bonne rentrée à toutes et à tous


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5 réactions à cet article    


  • vachefolle vachefolle 4 septembre 2014 12:13

    Il faut rappeler que jamais l’état n’a envisagé d’économies. c’est un mensonge.
    Car dans l’acceptation courante faire des économies consiste a dépenser MOINS qu’avant.

    La notion d’économie des socialistes était simplement de dépenser moins que ce qui etait initialement prévu en hausse. Bref pour les socialistes faire des économies signifie « ralentir l’augmentation de la dérive du déficit »... Pas de chance ce mensonge va eclater a cause de la baisse de l’inflation, comme le mensonge du chomage, celui de la croissance et du déficit.

    MAis miracle le PS a trouvé la solution au remède de la déflation qui guette, l’augmentation de la TVA. Certes deja faite en début d’année, mais finalement pourquoi s’en passer si les prix n’augmentent pas malgré tout. Evidemment, oublions les 20 dernières années de mensonge du PS quand a l’injustice de cet impot. Ha oui j’oubliais, le gouvernement actuel est de droite donc c’est normal.

    En fait augmenter la TVA aurait le double effet de relancer l’inflation, donc de permettre de baisser le déficit (selon la définition de la baisse dans le dictionnaire de Mr SAPIN), et de remplir les caisses.

    Mais je crois que si le déficit 2014 dépassait celui de 2013, cela serait vraiment trés embêtant pour justifier une baisse et une maitrise de la dépense public. Enfin je crois que SAPIN pourrait sortir la conclusion suivante :

    « L’augmentation tendancielle de la dérive du déficit a été structurellement stoppée, hors impacts conjoncturels »... Bref pour les incapables qui nous gouvernent (lol), tout va bien.

     Enfin soyons juste pour nos fonctionnaires de Bercy. Ils seront bien capables de faire passer le déficit en dessous des 4,3 de 2013, en reportant quelques dépenses et investissements. Qd il faut tirer 0,1 ou 0,2% c’est toujours possible en maquillant les comptes.


    • alain-desert alain-desert 4 septembre 2014 18:52

      Bonjour
      Vous faites aussi bien que Mr Sapin avec ses « sapinades ». Merci pour votre message
      Ils souhaitent l’inflation mais ils prônent la baisse des prix de l’énergie. Tout et son contraire


    • zygzornifle zygzornifle 4 septembre 2014 14:21

      petites erreurs = grandes horreurs ....


      • sls0 sls0 5 septembre 2014 04:00

        Comme on peut voir sur ce graphique, il y a toujours eu une surestimation de la croissance donc la dette a toujours augmenté. Chaque année on entend qu’on s’est trompé dans les prévisions de croissance l’année dernière mais c’est la faute de la conjoncture.
        L’erreur sur l’estimation de la croissance est de 1% pour l’année N+1 et de 1,5% pour les années suivantes. Avec une croissance aux environs d’un pour cent c’est du 100-150% d’erreur.
        Le PIB en France c’est de la dépense de ménage, de la dépense administration publique et de l’investissement. Si on tape dans ces trois postes importants, la croissance pas sûr qu’elle soit au rendez-vous.
        On peut très bien faire un budget en tablant sur une croissance aux environs de zéro, c’est viable sans trop de souffrances.
        En cas d’erreur au pire on réduit la dette.

        C’est un peu hors sujet mais pour comprendre la délinquance dans les différents pays, je croise des chiffres pour trouver des corrélations, de tout les chiffres s’il y en a un qui a aucune corrélation c’est le chiffre de la croissance du PIB. Je n’ai pas de base chiffrées vis à vis du bien être mais il doit avoir une corrélation inverse avec la délinquance ce qui me permet de croire que la corrélation entre le bien être et la croissance ne doit pas être bien forte.

        Il faut une croissance supérieure à 1,9% pour faire baisser le chômage. Certains ont regardé l’évolution de la croissance depuis le XIVème siècle, la croissance c’est du 0,1-0,2% en moyenne. Les pics sont l’industrialisation, les colonies, le pétrole et les 30 glorieuses. Pour faire baisser le taux de chômage j’ai tendance à plus faire confiance à un changement de philosophie au niveau économique qu’à la croissance. Quoi que une petite guerre pour nous refaire d’autres 30 glorieuses, non même ça j’y crois pas trop, on vit dans un monde fini il ne peut pas donné plus qu’il n’a.

        Aller chercher la croissance (avec les dents si on veut) pour améliorer la vie des français j’y crois plus trop.

        Références :
        Historique du PIB sur le site les-crises.fr
        Prévision de croissance toujours sur le même site.

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