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Accueil du site > Actualités > Economie > Mai 2008 : sous les pavés, la droite

Mai 2008 : sous les pavés, la droite

On a bien du mal à définir la doctrine économique du président. Les zigzags sont tels qu’on finit par parler de pragmatisme, pour être positif. On pourrait tout aussi bien parler d’incohérence, tant il est difficile de trouver un sens à ce patchwork.

Ayant promis tout et son contraire, la réduction de la dette en même temps que des baisses d’impôt et l’augmentation du pouvoir d’achat, ayant cité Jaurès et Blum tout en ayant fustigé la gauche et caressé l’extrême droite, ayant parlé d’abolition des droits de succession comme des parachutes dorés, ayant loué à la fois les modèles britanniques et scandinaves, Sarkozy l’illusionniste a envoûté la plupart des analystes qui n’osent plus le qualifier de libéral. Pourtant, derrière le désordre des mots, une vraie politique de droite est en marche.

Depuis un an, en y regardant de près, on constate que toutes les mesures libérales ont été lancées manu militari avec les moyens qu’il fallait, et la grande majorité des velléités sociales sont restées à quai.

Bouclier fiscal, suppression des droits de succession, poursuite des baisses d’impôt sur le revenu, exonérations de cotisations sur les heures supplémentaires pour les entreprises, déduction des intérêts d’emprunt sans condition de ressources pour les propriétaires, franchise médicale, suppression de postes dans l’éducation, suppression de la carte scolaire, baisse des dotations aux associations de solidarité urbaine, rétention de sûreté, limitation de la responsabilité pénale des dirigeants et du délai de prescription des abus de biens sociaux, carte judiciaire, tests ADN pour le regroupement familial, quotas d’expulsés par région, contrôle des chômeurs.

Tout y est passé avec un minimum de débat, financé inconsidérément, tamponné au Parlement par une majorité soumise, sans évaluation et parfois sans préparation.

De l’autre côté, malgré de belles paroles distillées çà et là pour amadouer sans frais l’opinion dès que la pression augmentait ou que les sondages baissaient, on attend encore la suppression des parachutes dorés, la contribution aux cotisations des stock-options, la dotation et la généralisation du RSA (qui lui a dû subir une évaluation contrairement aux 14 milliards du paquet fiscal), le conditionnement des exonérations à des augmentations de salaire des embauches ou du réinvestissement, la suppression des niches fiscales (après un an, on vient d’apprendre cette semaine que 5 sur 359 seraient peut-être plafonnées !), la sécurisation des emplois contrepartie de la flexibilité des salariés et des sanctions aux chômeurs, l’augmentation des retraites modestes et du minimum contributif, les 25 % d’augmentation du minimum vieillesse, les contraintes au patronat pour l’emploi des seniors, l’augmentation du budget de la justice, des prisons, du logement.

La vérité est que cette droite-là, qui n’applique et ne budgète que les réformes libérales, a rarement été aussi dure et aussi dogmatique. Les croyances classiques et conservatrices sont là, tenaces, et elles sont bien le fil conducteur des réformes, qui servent les intérêts des mêmes, les plus riches (au sens des grilles de revenu et de patrimoine de l’Insee) et les entreprises. A tel point qu’une partie des députés de la majorité, après le désaveu logique des élections municipales, a réclamé plus de justice. Car les réformes, pour être acceptées par des Français qui y sont prêts, doivent être justes, faire partager l’effort, et s’attaquer aux conservatismes du bas comme du haut.

Au lieu de cela, la réforme, argument de vente principal de ce gouvernement et terme passe-partout enrobant n’importe quel plan de rigueur, est devenu un nom de code pour un programme idéologique à sens unique, vieux comme les recettes éculées de la droite : moins d’Etat et de fonctionnaires, moins d’impôt progressif, moins de charges, moins d’immigrés, plus de flexibilité, plus de travail, plus de sanctions.

Dernier exemple, la question des retraites donne l’occasion au gouvernement de resservir son couplet bien huilé : il parle de « la » réforme comme s’il n’y en avait qu’une possible, il vend une solution unique, l’allongement de la durée de cotisations, et ne supporte aucune contradiction, traitant les contestataires d’immobilistes ou d’ignorants. Si la réforme était contestée, c’est qu’elle aurait été mal expliquée, sans assez de « pédagogie ». Une vraie propagande. L’équation des retraites, mathématique, a pourtant d’autres leviers, avec des marges de manœuvre sur chacun d’entre eux : le taux de cotisations, le niveau des pensions (abaissement du plafond ou dégressivité pour les grosses retraites par exemple), le taux d’emploi (des seniors et des jeunes en particulier), l’assiette des cotisations. Un exemple parmi d’autres sur l’assiette : on peut l’élargir aux revenus du capital, mais déjà limiter les exonérations sur les revenus du travail. La Cour des comptes a recensé tous les revenus du travail qui échappent aux cotisations ou à la CSG (rapport annuel sept. 2007) : stock-options, épargne entreprise, participation, intéressement, indemnités de retraite et de licenciement, heures sup… Au total, environ 40 milliards d’euros par an de manque à gagner pour la collectivité, profitant à une minorité de salariés qui plus est. Les exonérations diverses (lois Fillon notamment sur les salaires jusqu’à 1,6 Smic) accordées sans contrepartie, coûtent à peu près le même montant. A côté, le déficit des retraites est estimé par le Conseil d’orientation des retraites à 5 milliards en 2008, 15 milliards en 2015, 25 milliards en 2020.

Des économistes proposent également d’autres solutions qui simplifient, répartissent l’effort et équilibrent le système : étude Bozio-Piketty, par exemple, réforme selon le modèle suédois.

Contrairement au discours martelé, d’autres réformes, alliant efficacité et justice, sont possibles.
Contrairement aux apparences, Sarkozy est bien plus dogmatique que pragmatique
.


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33 réactions à cet article    


  • Francis, agnotologue JL 9 mai 2008 15:43

     

     

     

    Cet article manque de rigueur, souffle le chaud et le froid. On y trouve pèle mêle " Bouclier fiscal et … déduction des intérêts d’emprunt sans condition de ressources pour les propriétaires" ou " la suppression des niches fiscales (après un an, on vient d’apprendre cette semaine que 5 sur 359 seraient peut-être plafonnées !), et … les contraintes au patronat pour l’emploi des seniors"".

    Sur les niches fiscales, il serait bon de dire ceci : Pour la première fois, le ministère des Finances détaille officiellement les 400 niches fiscales offertes aux ménages et aux entreprises, le nombre de leurs bénéficiaires et le coût pour le budget. Où l’on découvre que leur plafonnement prévu en 2006 ne rapportera que 50 millions d’euros."

    "D’après les calculs du quotidien Les Echos, elles représentent un coût total de 45 milliards d’euros, voire 59,5 milliards si l’on y ajoute celles dont bénéficient les entreprises. "

    Autrement dit, l’Etat propose de réduire l’évasion fiscale ... de 1% ! peut-être même ne réduira-t-il rien du tout si les personnes concernées obtiennent grâce au bouclier fiscal les remises qu’elles allaient chercher dans les niches !


    • Vincent Marot 9 mai 2008 16:05

      à JL :

      "Cet article manque de rigueur, il souffle le chaud et le froid" : finalement il est à l’image de notre président non ?

      Sur les niches fiscales si j’ai bien compris votre propos, nous sommes d’accord  ! 

      Entre les paroles, ambitieuses ("Je propose que l’on divise par deux le montant des niches fiscales d’ici à 2012 : cela fait un effort de 6 milliards d’euros par an, soit un peu plus de 10% de réduction des niches fiscales par an", expliquait M. Lefebvre dans la Tribune la semaine dernière) et les actes ridicules (5 niches sur 359), le gouvernemetnt a encore cajolé sa clientèle.


    • Bulgroz 9 mai 2008 19:07

      Les commentaires tels que celui de JL relèvent de la méthode Coué : en politique, autant dire du nihilisme. C’est le type même du commentaire non constructif puisque par volonté délibérée du posteur il est destructeur. De même qu’il existe un point godwin, je propose d’attribuer à JL un point coué.


    • Francis, agnotologue JL 10 mai 2008 08:48

       

      Bulgroz, essayez au moins de copier intelligemment. Il n’y a aucune affirmation gratuite dans mon post, ni aucune volonté de détruire l’article. Au contraire, j’apporte des précisions qui font défaut. C’est donc vous qui méritez ce point Coué puisque vous êtes l’arroseur arrosé.

      Savez-vous que chaque fois que vous trollez ainsi vous perdez deux fois : en vous ridiculisant et en faisant de la pub pour ceux que vous trollez, parce que c’est réjouissant de savoir qu’on ne fait pas plaisir à des gens comme vous.


    • Francis, agnotologue JL 10 mai 2008 08:51

      @ l’auteur, sur les niches fiscales : ça va mieux en le disant.

      Vous proposez de les réduire de 10% par an ? Peut-on savoir sur quoi est basée une telle propositions ?


    • Vincent Marot 10 mai 2008 10:18

      Apparemment vous lisez les commentaires comme vous lisez les articles, en diagonale. Ce n’est pas moi qui ai proposé de supprimer la moitié du montant des niches fiscales à raison de 10% par an, c’est une proposition de l’UMP que j’ai citée. Proposition plutôt ambitieuse, concrétisation ridicule, cela reflète parfaitement le sens de mon article.


    • Francis, agnotologue JL 10 mai 2008 11:23

      @ Vincent Marot : je m’en suis aperçu. Ce qui m’a particulièrement indisposé avec votre article c’était ces listes à la Prévert. Si vous avez voulu dire que cette mesure de déduction des intérêts d’emprunt sans condition de ressource c’est un cadeau proportionnel aux revenus, il fallait le dire, et là je suis pleinement d’accord avec vous, le voisinage avec le bouclier fiscal n’est pas choquant.

      A la prochaine, pour une meilleure compréhension.


    • Vincent Marot 10 mai 2008 12:27

      Il semble que nous nous comprenions mal en effet ; je pointais bien l’injustice des mesures fiscales de la droite, qui grignotent sans cesse la progressivité (successions, IR, ISF, bouclier fiscal), et qui en faisant croire de servir tout le monde, servent les mêmes intérêts : loi TEPA, dont plus de la moitié du montant, dont les intérêts d’emprunt, a profité d’abord aux plus aisés et au patronat, et vélléités récurrentes sur les niches fiscales, puisque le gouvernement finit toujours par se coucher devant le lobbying aussi influent que peu nombreux des riches (ça fait 5 ans qu’on entend parler de s’attaquer aux niches fiscales).

      Les listes à la Prévert se voulaient lourdes, désordonnées et exhaustives pour coller au flot des promesses depuis un an. Si vous trouvez l’ensemble confus, alors l’objectif est atteint, puisque il représente la logorrhée incohérente des prétendues réformes.

      Cependant, il y a deux listes de promesses à la Prévert : les premières ont été tenues, pas les deuxièmes, je ne vais pas refaire l’article. 


    • Francis, agnotologue JL 10 mai 2008 18:09

      Vincent Marot, puisque vous insistez, sachez aussi que ""les contraintes au patronat pour l’emploi des seniors, "" ne sont pas forcément du goût de tout le le monde. Avez-vous vu des seniors "tenir les murs" à longueur de journée ? Moi pas. Pourquoi n’avez-vous pas parlé de l’emploi des jeunes ?

      Je sais bien, c’est votre article, vous y mettez ce que vous voulez. Mais il y a une tonalité, un non dit entre les lignes qui m’a paru suspect. Vous en pensezce que vous voulez, maintenant j’ai dit ce que j’avais à dire.


    • Vincent Marot 10 mai 2008 18:32

      à JL :

      Même Prévert ne pouvait pas tout mettre dans ses listes.

      Mais enfin, je parle à la fin de mon article, mot pour mot , de "taux d’emploi, en particulier des jeunes et des seniors".


    • Fergus fergus 9 mai 2008 18:09

      D’accord avec la tonalité générale de l’article et avec sa conclusion : Sarkozy plus dogmatique que pragmatique. Et le pire est que, parmi les soutiens les plus fervents de Sarkozy, se comptent, au-dela des clientèles privilégiées habituelles, des centaines de milliers de personnes issues des classes populaires et converties à ce même dogme d’une nécessaire rigueur budgétaire visant en premier lieu les classiques boucs émissaires stigmatisés en boucle par la droite libérale : fonctionnaires, chômeurs, érémistes, autrement dit les composantes sociales censées fournir les principales cohortes d’inutiles et de paresseux, bref tous ces gens qui, peu ou prou, minent le potentiel économique de notre pays.


      • impots-utiles.com 9 mai 2008 19:19

        Nous avons publié les chiffres de l’inflation pour la période 2000-2006 et ces chiffres sont consternant...surtout pour celui qui se disait président du pouvoir d’achat...Cette petite étude comparative des prix des divers produits de consommation courante nous montre que la plupart des produits quotidien comme la pomme de terre, fromage, baguette etc... ont tous augmenté au minimum de +100% ...

        Et cela ne vaut que pour la période 2006... Connaissez vous les chiffres de l’inflation pour la période 2006-2008 ?

        quel est votre opinion concernant ces exemples concrets d’augmentation des prix entre 2000 et 2006 ?

        http://www.impots-utiles.com/les-vrais-chiffres-de-l-inflation-et-de-l-augmentation-des-prix-depuis-2000.php


        • JPC45 9 mai 2008 21:22

          d’où viennent ces chiffres : par exemple il est indqiué que le salaire a diminué de 0,5% entre 2000 et 2006, ce que ne laisse pas voir les études de l’INSEE sur le sujet.


        • JPC45 9 mai 2008 21:02

          oui j’ai lu ce que propose Pikety sur son site : qq bonnes idées (souvent pas de lui d’ailleurs surtout les comptes notionels) mais surtout qq erreurs qui indqiuent une méconnaissance du sujet...

           


          • JPC45 9 mai 2008 21:03

            le terme méconnaissance est trop fort, je dirais une mauvaise maîtrise de ce sujet.


          • Le péripate Le péripate 9 mai 2008 22:03

            Bien évidemment, quand on a pour tout bagage politique l’équation droite = libéralisme, on s’interdit de comprendre rien à rien.

            La gauche, quand de libérale est devenue collectiviste, a sa part de responsabilité dans cette immaturité politique. Le libéralisme français, rejeté à droite, s’est transformé sous la pression des conservateurs en libéralisme de la contrainte, bien contraire à son esprit originel, et peu acceptable. Il n’en reste qu’un libéralisme de circonstance, un libéralisme du contribuable, légitime, mais insuffisant.

            D’autant que la grande leçon des révolutions libérales du 18 eme a été oublié : la limitation du pouvoir. Aussi, nous avons dérivé vers une démocratie illimitée, une démocratie totalitaire, la dictature des majorités. Un président élu au scrutin majoritaire et qui cumule tous les pouvoirs, quelque soit ses options politiques, ne pourra que tenter de satisfaire les demandes contradictoires de majorités disparates, unis par le seul mot d’ordre d’arracher une plus grosse part du gateau.

            La France de 2008 est à plus de 80% bonapartiste et/ou bolchevique, en tout cas, l’Etat y est vu comme le Grand Dispensateur. Si ce n’est celui ci qui clame avec vigueur qu’on lui arrache le coeur quand on lui dérembourse ses lunettes, c’est cet autre qui réclame une aide pour installer son entreprise. Longue litanie des droits à tirer sur l’Etat.

            Alors, cohérent Sarko ? Comme les Français... Et ni plus ni moins que l’aurait été Dame du Poitou. D’autres auraient été servis, mais ça aurait été la même guerre des égoïsmes.

             


            • Vincent Marot 9 mai 2008 22:45

              Je vous suis sur l’abus de langage pour le terme libéralisme. Celle que je décris et qui est à l’oeuvre, sous ses apparats modernes et populaires, est finalement bien plus conservatrice que libérale, la suppression des droits de succession en porte-drapeau. La gauche, si elle finit un jour par passer et se contente de suivre les sirènes d’autres sondages et de servir d’autres égoïsmes, se perdra aussi je suis d’accord.


            • JPC45 9 mai 2008 22:48

              vous êtes plutôt ouvert pour admettre que finalement Sarkozy est surement plus conservateur que libéral, ce qui est rare sur ce forum...


            • Le péripate Le péripate 9 mai 2008 22:49

              Merci d’accepter ma critique, qui aurait pu être formulé un peu plus gentiment.


            • JPC45 9 mai 2008 22:52

              Je suis parfaitement d’accord avec vous : les français attendent trop de l’Etat. Il y a une certaine immaturité à réagir de cette façon : l’élection de Sarkozy a été nette puis la désilusion a été grande : qui peut croire que l’état peut tout faire ?

               


            • JPC45 9 mai 2008 22:56

              Je suis parfaitement d’accord avec vous : les français attendent trop de l’Etat. Il y a une certaine immaturité à réagir de cette façon : l’élection de Sarkozy a été nette puis la désilusion a été grande : qui peut croire que l’état peut tout faire ?

               


            • Vincent Marot 9 mai 2008 23:02

              C’est d’autant plus facile à admettre que c’est exactement ce que je pense, mais que j’ai apparemment mal formulé dans mon article...


            • Le péripate Le péripate 9 mai 2008 23:04

               Vous êtes aussi psychiâtre, Leon ? D’où vient cette manie de vouloir spychiatriser ceux qui ne pensent pas comme vous ?

              Enfin, doux rêveur me convient, mieux que cynique. D’ailleurs, dans quel ouvrage avez vous pris l’idée que le libéralisme était la guerre de tous contre tous ? J’ai trouvé cette expression dans Spencer et les adeptes du darwinisme social, mais jamais chez aucun auteur libéral. Auriez vous une référence ?

              A propos de Bastiat, il plaçait la coopération aussi haut que la liberté : La société est l’ensemble des services que les hommes se rendent forcément ou volontairement les uns aux autres ; c’est-à-dire des services publics et des services privés. Les premiers, imposés et réglementés par la loi – qu’il n’est pas toujours aisé de changer quand il le faudrait – peuvent survivre longtemps, avec elle, à leur propre utilité, et conserver encore le nom de « services publics », même quand ils ne sont plus des services du tout, même quand ils ne sont plus que de publiques vexations. Les seconds sont du domaine de la volonté, de la responsabilité individuelle. Chacun en rend et en reçoit ce qu’il veut, ce qu’il peut, après débat contradictoire. Ils ont toujours pour eux la présomption d’utilité réelle, exactement mesurée par leur valeur comparative.

              Ce qui est un plaidoyer vigoureux pour une coopération libre et intelligente.

               


            • William7 13 mai 2008 16:18

              Chaque fois que marx parle de Bastiat, je me délecte.

              "Quand un géant de la pensée, tel qu’Aristote, a pu se tromper dans son appréciation du travail esclave, pourquoi un nain comme Bastiat serait-il infaillible dans son appréciation du travail salarié ? "

              :D


            • JPC45 10 mai 2008 16:24

              A l’auteur : vous parlez de 40 milliards qu’aurait chiffré la cour des comptes et vous le mettez en face du déficit de la branche vieillesse. a ce niveau plusieurs points :

               *citer le chiffres sans dire ce qu’il y a derrière est assez trompeur. Je vais donner un exemple : celui de la prévoyance et de la retraite dite complémentaire. Les entreprises ont la possibilité de fournir à leurs salariés une mutuelle à des conditions avantageuses. Voulez vous remettre cela en cause ? avec le risque de voir des entreprises laisser tomber leurs mutuelles santé ?

              *vous comparer 40 milliards (qui représente toutes les branches de la sécurité sociale) avec le déficit de la retraite (’ailleurs vous ne précisez pas si les régimes MSA, RSI, régimes spéciaux, etc sont inclus, mais passons sur les imprécisions) : vous êtes sur de maîtriser le sujet ?

              *autre point : sur les déficits de la partie retraite : vous oubliez le déficit des régimes complémentaires (AGIRC ARCCO qui sont les plus connus) et ils servent près de la moitié des retraites des salariés. Oubli ou ignorance.

              *vous citez ensuite les exonérations de cotisations : mais depuis la loi organique de 2004 (il me semble) ces exonérations sont compensées par l’état : oubli ou ignorance

              et je ne parle de la méconnaissance de base des mécanismes de base de définition d’un régime de retraite. Je vais poser une petite question : comment peut on conserver un système par répartition (a priori les français sont attachés à ce système) en le faisant financer de plus en plus par l’impôt (la CSG) ?

               


              • Vincent Marot 10 mai 2008 18:23

                @ JPC45

                Les 40 milliards se décomposent ainsi :
                . 33 à 36 milliards d’exonérations de cotisations sociales classiques sur salaire + CSG :
                . 5 à 6 milliards d’exonérations de cotisations patronales et salariales sur heures sup de la loi TEPA. 
                Ce qui fait bien environ 40 milliards d’exonérations sur des revenus du travail qui devraient théoriquement contribuer.
                Il est évident que les cotisations retraite n’en représentent qu’une partie, c’est pour cette raison que je parle bien de manque à gagner « pour la collectivité », et pas exclusivement pour les retraites.
                 
                L’Etat devrait théoriquement rembourser au régime général les exonérations suite à la loi de 2004, mais il ne le fait pas en totalité, ou en retard, accumulant des dettes envers la sécurité sociale qui se montaient au 31 décembre 2006 à 9 milliards.
                 
                Les besoins en financement cités (5, 15, 20 milliards jusqu’en 2020) sont ceux du régime général, branche vieillesse de la sécu.
                 
                Mon objectif n’est pas de résoudre ici l’équation des retraites, mais de mettre en regard des chiffres, et de montrer que le gouvernement n’utilise qu’un levier, qui seul ne résoudra pas l’équation (2,5 milliards d’économies d’ici à 2012 pour le passage à 41 ans), surtout si le taux d’emploi des seniors reste en l’état.
                 
                La complexité du système de retraite (régime général, régimes complémentaires, régime des fonctionnaires et régimes spéciaux, régimes complémentaires des non-salariés, minimum vieillesse, fond de réserve des retraites) plaide bien pour une simplification.
                La réponse à votre dernière question est donnée de belle manière par l’étude de Thomas Piketty (dont je vous conseille de lire les 70 pages si vous ne l’avez pas fait, même si Piketty selon vous "ne maîtrise pas le sujet"), il propose une solution qui garantit la répartition et l’équilibre avec plus de simplicité, de transparence et de justice. Je lui fais plus confiance qu’à vous sur ce sujet, mais suis curieux de lire votre proposition.
                Même si je préférerais un système équilibré intégralement par répartition, cela ne me choque pas de passer en partie par un impôt, progressif si possible, pour corriger des déséquilibres ou des inégalités. Cela permet en plus de toucher d’autres revenus que ceux du travail (les 10% des revenus les plus élevés détiennent 50% du capital). Le Danemark finance son système de retraites par l’impôt sur le revenu, et cela fonctionne.
                 
                Une question plus personnelle pour finir : vous prenez toujours les gens de haut dans votre vie ou vous réservez cette qualité uniquement à internet ?

              • JPC45 10 mai 2008 19:46

                Sur Piketty, j’ai lu l’étude avant vous j’imagine. je vais essayé de noter toutes les imprécisions et méconnaissances dans ce qu’il a fait. Soyons clair, l ne fait que rprendre le modèle suédois en omettant certains points importants. Il passe très rapidement sur la partie capitalisation (en se trompant au passage sur la part de cette dernière dans le système suédois..., 14% et non 2,5% comme indiqué).

                Il ne parle pas de ce deviendrait en France la part que représente la CSG dans le financement de la protection sociale. C’est dommage, ça représente près de 30%. Je vois très mal comme ce modèle peut régler le problème démographique

                Oui, j’affirme et je suis pret à discuter point par point que Piketty a une maitrise faible de ce sujet, voir une méconnaissance de certains points et une naïveté face à la capitalisation qui tombe face à la réalité.

                Je suis en train de noter toutes les erreurs et omissions de sa "proposition" (qui est en fait la reprise du modèle suédois en omettant certains points importants...)

                Sur le sujet de la retraite, je ne fais pas de complexe en effet mais au moins j’ai un peu de bagages pour permettre cela et je me prétends pas expert comme certains alors qu’il ne serait même pas calculer la conversion d’un capital en rente (tient encore qq imprécisions de Piketty sur ce point qui ne retiens que l’espérance de vie).

                J’ai fait des propositions dans un sujet sur la retraite.

                 


                • JPC45 11 mai 2008 22:31

                  au fait à l’auteur :voici un lien de la COR qui présente ce qu’est le métier d’actuaire. dans cette note il est indiqué que dans les pays anglo saxons la différence entre les économistes et les actuaires est plus net car diplôme bien distinct alors qu’en France ça serait une spécialisation. Ce qui est faux (pour la France) malheureusement le métier d’actuaire est peu connu en France et on invite souvent des économistes sur des sujets de retraites alors qu’ils n’ont ni la formation , ni la pratique et ça se ressent dans les écrits de économistes qui font des proposition sur le sujet.

                  D’ailleurs souvents, les économistes ont souvent un parti pris suivant qu’ils sont de gauche ou de droite.

                  Après libre à vous de croire que Piketty, maitrise mieux le sujet que moi, mais ça me semble pas si évident.



                  • Vincent Marot 12 mai 2008 10:20

                    Merci pour le lien, je lirai


                  • JPC45 12 mai 2008 14:00

                    sur le lien, ne lire que le début (pour le rôle de l’actuaire) sinon le prochain congré des actuaires est sur la retraite. Une question à se poser pourquoi les actuaires en France sont si peu présent sur cette problématique.


                  • William7 13 mai 2008 16:06

                    Je n’échangerai pas mon baril de Marx contre vos poudres orwellienne et micheate.

                    Mais bon, ça fait plus "in" de parler de "common decency"... plus "modernes"...ça permet une plus grande respectabilité dans le débat public avec les archéo-libéraux plus poussiéreux les uns que les autres.

                    Le droit naturel man...:D


                    • bob 15 mai 2008 17:04

                      La politique decidee par Sarkozy a ete souhaitee par une majorite de francais. Vous devrez considerer qu’avec le vieillissement de la population, les votes se feront de plus en plus conservateurs. La revolution pronee par les anciens de 68 n’est plus de mise puisqu’ils sont devenus les bourgeois qu’ils pourfendaient dans leurs pamphletaires. Attaches a leurs biens davantage qu’a une quelconque amelioration dans la societe, ils voteront de plus en plus conformiste.

                      Si vous voulez vraiment changer quoi que ce soit, souvenez vous de cette situation et tachez d’agir differement lorsque vous deviendrez a votre tour une personne possedant les moyens de changer la societe ( meme a un petit niveau).

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