Les marins appellent cela le clapot : lorsque des vagues de directions, intensités et dimensions différentes s’entrechoquent il se forme un clapot.
Le clapot en général survient lorsque les vents sont tombés et rencontrent des courants divergents.
Les marchés financiers sont dans le même état aujourd’hui : que soit Wall Street, Frankfurt, Shanghai, Tokyo, Londres ou Paris, chaque jour financier succède au précédent sans la monde logique financière, économique ni sociale : ups and downs alternent allégrement chaque jour.
Pendant que les spéculateurs parient sur la sortie de l’Euro de l’Europe du Portugal, de la Grèce et de l’Irlande par le bas et de l’Allemagne par le haut, les Etats-Unis critiquent la Chine pour sa politique faussée du Yuan alors que la Chine lui rappelle aimablement qu’elle possède virtuellement le Trésor américain et qu’une vente massive de Bonds en quelques heures précipiterait la chute du système financier international
Les frères texans Hunt en manipulant le marché de l’Argent métal et Georges Soros en jouant massivement contre la livre britannique avaient montré l’exemple dans les dernières décennies de ce que peut être une spéculation de grande ampleur. Les bulles récentes d’Internet et de l’immobilier également.
Désormais ce sont les gros joueurs qui jouent les montagnes russes : les Hedge Funds, les grandes banques d’affaires rescapées de 2007-2008, et même les Banques Centrales des différents pays ou groupes de pays les unes contre les autres.
Quand la FED lance son quantitative easing pour justifier l’hyperinflation elle annonce 600 milliards de dollars d’achat de Bons du Trésor fédéral US pour amuser les naïfs. Et une fois la pilule avalée, elle annonce sans rire que désormais elle injectera 100 milliards de dollars tous les mois dans l’économie selon le même processus d’acquisition de Bons du Trésor.
Selon David Stockman, ancien directeur du budget de Ronald Reagan qui avait quitté son poste il ya 25 ans revient à grand renfort de sirènes d’alarmes sur la scène politique en tant que sénateur du Michigan pour communiquer sa terreur (et celle des autres) d’une explosion massive des marchés. Sur CNN et ailleurs David rappelle que les Etats-Unis ont 8.000 milliards de dette vis-à-vis du reste du monde et que la dette totale des Etats-Unis (intérieure et extérieure) est de 50.000 milliards de dollars. Selon lui le niveau de leverage de l’économie mondiale est supérieur à celui de la Grande Dépression de 1929. Ce qui est moyennement encourageant au moment de déposer ses souliers sous l’arbre.
En verve, Stockman et ses amis (nombreux et tout aussi joliment pessimistes) prédisent encore au moins 10 ans de crise économique dure avant une réelle reprise.
L’économie US croît de 50 milliards de dollars par mois et la dette augmente de 100 milliards de dollars par mois… il suffit de faire le calcul… ou peut-être est-il préférable de ne pas faire la soustraction.
Sans Vergogne, comme disait Georges Brassens, le lendemain de cette annonce, Wall Street atteint les records absolus de son histoire dépassant le plus haut de l’avant-crise de 2007 !!!
Qui a raison ?
Quelqu’un a-t-il seulement raison ?
La BCE danse avec l’Irlande pour lui prêter des Euros, l’Irlande refuse, puis accepte et puis on négocie les montants qui changent tout le temps et lorsqu’un accord est trouvé l’Allemagne laisse entendre qu’elle ne paiera pas
Les scenarii sont si fous qu’ils inspirent de nombreux commentaires légitimes et des inquiétudes qui le sont encore plus :
Cet article simule un effondrement du dollar et s’appuie sur une vidéo qui circule dans le monde entier.
Si bien que nous ne savons plus aujourd’hui ce qui est le plus catastrophique : les faits, la menace de faits, la communication qui entoure les faits ou les prédictions cataclysmiques.
Y-a-t-il un jeu d’argent gigantesque organisé au profit de géants financiers cachés (conspiracy theory) ou une spéculation erratique de milliers de Hedge Funds affamés de profit ?
Ce qui est certain, c’est que nous sommes au bord du gouffre.
La preuve exprimée en langage de bon goût ?
Certains disent qu’il y a désormais beaucoup trop de crapauds autour du clapot
D’autres voient les vents mauvais se lever.
Une des questions à se poser serait peut-être de savoir si oui ou non l’apocalypse financière est pour demain ou si l’on nage dans la pure fiction.
L’un n’empêche pas l’autre
Passez de bonnes fêtes quand même !
Olivier Chazoule