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Modes d’emploi du migrant en Angleterre

L’Angleterre est le pôle d’attraction d’un grand nombre de migrants économiques qui viennent pour trouver du travail, un meilleur salaire, d’autres perspectives d’emploi. Cet ensemble est hétéroclite : jeunes et moins jeunes, diplômés ou non, avec expérience professionnelle ou à la recherche d’un premier emploi. Malgré des motivations variées, leur sort prend bien souvent la même tournure. En fait les possibilités de découvrir l’emploi "rêvé" demeurent une exception et relèvent du parcours du combattant.

Le travail intérimaire constitue le point de départ le plus facile et l’évidence. L’avenir professionnel du migrant économique ne dépendra pas toujours de ses diplômes. A eux seuls, ils ne garantissent plus un emploi attractif. C’est là que la réussite de la politique pour l’emploi de l’Angleterre réside et qu’elle se présenterait pour certains hommes politiques français comme un exemple à suivre : l’Angleterre, pays champion de l’embauche avec ou sans réussite scolaire. Un véritable choix de société. Le diplôme n’est pas obligatoire, seules les compétences comptent (skills). Alors que dire des diplômes étrangers et des expériences de travail à l’étranger en Angleterre. Ils ne sont pas reconnus dans ce système, à moins de n’avoir travaillé auparavant dans des compagnies anglophones ou des multinationales, auquel cas les chanceux peuvent monnayer leurs références, autrement les agences rechignent à demander des références en dehors du Royaume-Uni. Un diplôme étranger ne pourra pas prétendre à l’équivalence avec son homologue anglais, sauf les exceptions de quelques diplômes professionnels ou provenant d’universités et écoles exclusives.

Avoir recours aux agences peut se révéler un véritable casse-tête et une démarche à double tranchant. Le nouveau migrant est plein d’espoir et veut trouver du travail. Il doit s’adapter au système de recrutement automatique des agences d’intérim. Les fiches de poste ne mentionnent que des compétences, les "qualifications", aptitudes professionnelles requises sont minimalistes pour laisser à l’employeur le choix de la sélection dans un pool de candidats possibles inscrits à plusieurs agences. Dans ces conditions beaucoup de diplômés étrangers ne sont pas embauchés à leur juste valeur. Très souvent un étranger repart à zéro dans un pays d’accueil où il doit faire ces preuves pour convaincre de sa valeur. Et le marché anglais de l’intérim ne fait pas exception. C’est la règle, c’est là que le miracle n’opère pas car les obstacles sont innombrables. Les résultats de prospection active ne sont pas à la hauteur des attentes. La raison en est bien simple : la quantité des offres d’emploi a du mal à masquer la pauvreté de la qualité des emplois proposés.

Le "business de l’embauche de masse" par l’intermédiaire d’agences est en essor constant et le marché est très structuré.

L’inscription à l’agence demandera de l’habilité où il faudra ruser avec l’employé à l’accueil et répondre à une série de questions inquisitrices et automatiques qui se résument à : "avez-vous une pièce d’identité ?", "quel type de travail recherchez-vous ?", "avez-vous un CV ?". Cette procédure en soi est une entrée en matière pour vérifier le profil du candidat tout autant que son droit à travailler en Angleterre. Le candidat ne doit pas s’affoler si à la première prise de contact avec une agence il est rejeté car il a mal répondu aux questions ou que son CV ne correspond pas. Il suffit de se présenter à la porte à côté. Le candidat améliore ainsi sa présentation, son « pitch », il s’adapte à la terminologie et rectifie son CV pour satisfaire à la demande. Une fois passée cette barrière, les tests de compétences l’attendent. Même s’il ne veut pas être "secrétaire", il a droit à un exercice de vitesse de dactylo pour tout emploi dans un bureau. A ce stade, le diplôme n’est pas un critère de sélection, au contraire.

Les "consultants", c’est ainsi qu’ils se nomment, sont les premiers interlocuteurs des candidats après leur inscription. Ces "spécialistes" du recrutement sont de jeunes diplômés, "graduates". Ils ont pour particularité d’être rémunérés à la commission après avoir réussi le placement d’un candidat auprès d’un client. Ils ont aussi des objectifs de recrutement à atteindre. S’ils ne rencontrent pas des candidats, ils passent la deuxième partie de leur temps à appeler des listes de clients auxquels ils proposent le CV des candidats qu’ils ont récemment enregistrés : de la prospection pure et dure. Ils en profitent pour faire le point des besoins en travail temporaire de l’entreprise contactée.

Le rôle du consultant se cantonne à chercher la perle rare par interrogation de la base de données dans laquelle les candidats sont enregistrés. Le travail de base est effectué par des logiciels qui analysent les CV des candidats et en extraient des mots-clés. Le consultant s’y réfère ensuite quand une entreprise fait paraître une offre d’emploi. Les agences travaillent en réseau et partagent leurs fichiers informatiques de candidats. Fréquemment les "recruteurs" appellent les candidats et leur proposent des postes sans aucun rapport avec leurs expériences de travail passées ou les diplômes acquis. Le recruteur tente sa chance, car son salaire de base, sans la commission, est minimum. Le candidat doit ainsi avoir du tact et passer un temps certain à expliquer ou réexpliquer au consultant le type d’emploi qu’il recherche s’il ne veut pas être grillé auprès de l’agence ou mis au bas de la liste de candidats potentiels car jugé difficile à placer.

L’entretien préalable à l’emploi n’est pas un passage obligatoire s’il s’agit d’un travail temporaire dès l’instant où l’agence a fait son travail d’enregistrement : au minimum un CV, un passage de tests d’aptitudes aux outils informatiques notés et, en dernier, le contact ou le nom de référence, si c’est du domaine du possible car souvent les entreprises se contentent d’avoir accès en ligne au profil des candidats enregistrés dans les bases de données d’agences. Elles choisissent leur personnel temporaire ainsi et téléphonent à l’agence qui entérine le choix en prévenant le candidat de sa sélection par téléphone.

Si le candidat se voit offrir une "mission", la formation de départ pour s’adapter au poste est minimale et couvre les besoins très ponctuels et immédiats de l’entreprise. De telles formations sont mises en place en quelques heures (programme d’induction) et ne peuvent prétendre remplacer un diplôme. Elles n’offrent aucune possibilité d’avancement dans la compagnie. Elles constituent la preuve que le travailleur temporaire est "formaté" aux "normes" de l’entreprise. C’est la mise à niveau des travailleurs.

S’il reste très facile de décrocher un tel emploi par agence, l’autre versant est moins séduisant. Le travail est répétitif, monotone, interchangeable, payé à des taux horaires similaires qui oscillent entre 6 et 8 £/h, quelles que soient les compétences requises. Le Smic anglais, il faut le rappeler est à £5,52 de l’heure. Cela concerne surtout les vendeurs, caissiers, serveurs. Un emploi de bureau, malgré tout, ne confère pas vraiment un statut meilleur parce qu’il est payé entre £6 et £8 de l’heure. A ces taux horaire-là, la vie demeure difficile en Angleterre.

Un certain nombre d’emplois contractés sont renouvelés et durent des années sans jamais mener à une embauche définitive. Grimper la hiérarchie dans ces conditions est souvent très complexe. Dans ce cadre, les étrangers occupent souvent des places sous-payées pour leur "qualification". L’entreprise est gagnante. Ce n’est pas près de changer compte tenu des mouvements migratoires. Les entreprises anglaises ont le choix des candidats.

L’emploi stable reste l’objectif à atteindre pour le migrant, malgré les conditions salariales à la baisse, car les entreprises proposent un "package" à l’embauche. Le paquet comprend certains avantages comme un abonnement à un club de gym, des jours de congés en plus des jours fériés obligatoires en Angleterre, un système privé de santé, une prime d’ancienneté, un régime de retraite complémentaire, une assurance en cas de licenciement, une place de parking gratuite, une carte de transport, etc.

En définitive, le nouvel arrivant n’est pas un privilégié.

Si, en France, l’aventure tente les diplômés ou non, les jeunes ou moins jeunes, ces nouveaux migrants peuvent faire la traversée, ils auront du travail, ils contribueront à l’économie du Royaume-Uni. Le pays est demandeur. Le conseil à donner serait que l’expatrié négocie son départ depuis son pays d’origine pour s’y retrouver à tout point de vue. Les temps changent. Cette déferlante n’a plus de rapport avec une main-d’oeuvre non qualifiée. Les migrants économiques qui décident de quitter leur pays d’origine ne prennent pas cette décision à la légère. Cependant visiblement, malgré les avertissements et les difficultés, la destination exerce toujours autant d’attrait et les nouveaux migrants s’accrochent pour réussir et travaillent dur à atteindre leurs objectifs.


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1 réactions à cet article    


  • Azraelinou 23 janvier 2008 17:14

    Vivant en Irlande (systeme tres similaire et tout aussi demandeur en postulants etrangers), je me suis interesse au contenu de cet article, et je dois dire que certaines choses sont en effet vraies, mais de la a negativiser autant et couper dans leur elan un certain nombre de personnes qui ont deja du mal a se lancer dans une aventure qui leur sera dans tous les cas profitable, je ne suis pas d’accord.

    Je suis venu retrouver un couple d’amis ici a Galway, dans le simple but de decouvrir le mode de vie et surement en quelques semaines, d’ameliorer mon Anglais deplorable car seulement scolaire.

    Je suis finalement reste pour bien des raisons, et en particulier parce que mon baguage etait bien rempli en experience professionnelle dans mon domaine (4 ans de deux fortes experiences aussi bien en France et a Monaco), et un simple BTS Informatique de Gestion qui maintenant me permet de postuler au final a des postes d’ingenieur (ici en tant que consultant). Italo-Francais, je pouvais au moins trouver de la hot-line (ca reste dans mon domaine de competences), comme Crumpet je ne suis que tres peu passe par les agences de recrutement en faisant du porte a porte, mais plutot en mettant a jour constament mon CV sur des sites en ligne comme irishjob.ie, monster et autres locaux.

    J’ai du poser mon CV dans 5 agences ou j’ai eu un entretien face a face dans lequel j’ai toujours fait valoir mes qualites d’etranger tri-lingue (meme si ils etaient capables de juger mon Anglais comme passable, cela pouvait suffire selon la situation et les besoins de l’employeur). Mettre en avant ses qualites donc, avoir deja une presentation concise, plus ou moins rapidement faite selon les metiers et les profils, mais surtout complete aide enormement. Pourquoi ? Parce qu’a l’arrivee, ill n’est pas evident de comprendre la langue et donc de repondre aux questions (en particulier quand la personne en face de vous a un accent tres fort comme c’est assez souvent le cas par ici, ou si elle n’est pas habituee a interviewer des etrangers et donc a adapter son language en consequence).

    J’ai trouve, non pas une perle rare, mais un de ces emplois particulierement bien remuneres (j’ai double mon salaire en comparaison avec la France alors que j’y etais deja ingenieur), dans un poste finalement correspondant particulierement a mes competences (ce qui n’etait pas le cas en France ou dans le domaine, on doit toujours etre multi-casquette car sinon, il faut faire la queue et perdre en productivite, chose treeeeees importante !!! (ironie bien sur)). Je ne me plains pas, vraiment pas, au contraire, je rentre dans une categorie de personnes qui ont un profil varie, interessant grace a cette diversite et aux qualites qui en decoulent (interets dans les langues etrangeres et connaissance essentielle aujourd’hui de l’Anglais PARLE je precise), en plus d’un panel de connaissances agrandi par les methodes employees a l’etranger grace au pluriculturisme dans lequel vous evoluez tous les jours. Les besoins ne sont pas les memes, forcement les solutions le seront tout autant. De la, selon le profil de la personne mais pour ma part ca a ete le cas, on s’ouvre, on s’informe, on apprend, mais on y apporte aussi notre savoir faire, les fruits de nos analyses, et sur ce point j’ai ete bien plus en accord avec les Irlandais et/ou etrangers (Tcheques, Portugais, Polonais, Allemands, Italiens, Espagnols, mais aussi Indiens travaillant en Inde et avec qui la communication est encore plus difficile du fait de ne pouvoir etre face a face, Japonais et Americains par exemple...)).

    L’essentiel selon moi est deja de connaitre ses qualites et defauts (ne souriez pas, ce n’est pas toujours le cas, et je vois beaucoup de personnes qui se devalorisent alors qu’elles ont des potentiels fabuleux si quelqu’un savait leur permettre de se realiser dans un domaine les mettant en valeur), se preparer un speech bien complet pour se presenter aussi bien face a face qu’au telephone et de meme sur le CV. Laisser le moins la place a une incomprehension ou une exasperation de l’un ou l’autre des interlocuteurs et aussi un moyen de montrer sa repartie et sa faculte d’adaptation, ce sera apprecie selon l’interlocuteur, mais le sera beaucoup plus venant de la part de l’etranger que vous etes aux yeux du "consultant" comme le soulignait l’auteur.

    En bref, je suis juste parti en HS, mais je voulais juste montrer qu’une reussite est possible, en peu de temps (je n’ai vraiment cherche, et sans trop me decarcasser, durant une periode plutot stagnante, que pendant 6 semaines).

    Il faut juste se connaitre assez, et connaitre assez ce a quoi vous aspirez, le reste, ce sont des methodes, qui se passent et s’apprennent a force d’experiences. Maintenant, le travail a l’etranger n’est pas un Eldorado, et il faut se procurer les outils pre-cites pour y arriver, c’est parfois long et difficile, mais quelle satisfaction que d’en apprendre tous les jours sans forcement s’en rendre compte ! Et pour ca, rien de mieux que simplement s’interresser a votre nouvel environnement, venir en quete d’argent ne vous amenera pas tant de satisfaction, meme s’il est possible de faire de belles economies afin de descendre faire le touriste sur la cote d’Azur (non, merci, je plaisante, tres peu pour moi maintenant cette zone, j’y ai deja passe trop de temps a mon gout smiley )

    Good luck donc, et surtout : open your mind.

    PS : desole pour la tonne de fautes, et les accents manquants, clavier QWERTY et faute de temps, telles sont mes excuses. smiley

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