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Nous vendrons des ours en peluche aux Chinois

Margrethe Vestager, ministre danoise de l’économie, dont le pays assure en ce moment la présidence de l’Union européenne, vient de déclarer, dans la perspective de la réunion du G20 qui doit débattre, le 22 avril, d’une augmentation des ressources du FMI : « Il est important de faire en sorte que le FMI ait suffisamment de ressources pour jouer son rôle systémique dans l'économie mondiale et l'accord d'hier au sein de l'Eurogroupe [...] est très important à cet égard. »

Quant à Jörg Asmussen, membre du directoire de la BCE, il a déclaré : « Nous pouvons nous rendre aux réunions de printemps à Washington, le sentiment du devoir accompli ».

Cette autosatisfaction n’est pas de mise. Les mesures qui ont été prises et celles qui se préparent visent à éviter l’implosion du système économique et financier qui domine le monde depuis une trentaine d’années mais elles n’en corrigent ni les excès ni les vices fondamentaux. L’ultralibéralisme vient de produire une succession de crises sans précédent, réduisant à néant ses prétentions à l’autorégulation. L’ouverture inconditionnelle des frontières et la dérégulation à outrance ont fait voler en éclats la cohérence des territoires d’exercice des pouvoirs politique, économique et financier, mettant le premier sous tutelle des deux autres.

Parce qu’elles en constatent les effets, sans nécessairement en identifier les causes, les populations sanctionnent lors des élections ce déclin du pouvoir politique. Les forts taux d’abstention n’expriment rien d’autre qu’une décrédibilisation de nos gouvernants. Pourquoi se déplacer si l’on est convaincu que « rien ne changera » ?

Ce désarroi démocratique mérite toute notre attention car il ouvre un boulevard aux vendeurs de potions magiques et chasseurs de boucs émissaires. 

De surcroît, cette impuissance et ce discrédit du politique surviennent en un temps où l’humanité va devoir affronter des périls dont nous ne faisons encore que pressentir l’envergure : dégradation de l’environnement, pression démographique, flux migratoires, pénuries en eau, aliments, énergie, …

La mise en place d’un « gouvernement financier » de la planète, sous l’égide du FMI n’apportera aucun remède, bien au contraire, à cette crise du politique, ni aux problèmes sociaux et environnementaux, et il va de même des mécanismes budgétaires et financiers qui ont été mis en place en Europe. C’est pourtant à ces problématiques fondamentales qu’il va falloir finir par s’attaquer.

Trois organismes internationaux jouent aujourd’hui un rôle majeur dans la conduite des affaires économiques au niveau mondial : le FMI, la Banque Mondiale et l’OMC. Tous ont été et demeurent des artisans d’un libéralisme radical.

Les deux premiers ont été créés à l’issue de la conférence de Bretton Woods qui, en 1944, dans l’élan de solidarité succédant à la guerre visait, d’une part, à éviter le retour des désordres de la crise de 1929 et, d’autre part, à financer les travaux de reconstruction.

A partir du début de la décennie 80, le FMI a trahi sa mission et s’est converti à l’ultralibéralisme. Créé pour éviter de nouveaux dérèglements des marchés financiers, il a tourné casaque et s’est mis à prôner leur libéralisation complète. Dans le même temps, la Banque Mondiale, initialement BIRD (Banque Internationale pour la Reconstruction et le Développement) est devenue l’instrument de cette doctrine : du financement de projets, elle est passée aux prêts à « l’ajustement structurel ».

Les interlocuteurs nationaux de ces institutions internationales sont des argentiers : ministres des finances et directeurs de banques centrales, qui agissent nécessairement en relation avec les milieux d’affaires. Tout cela est de bon ton, parfois enveloppé de considérations humanistes, mais les affaires sont les affaires.

Ces gens-là vont de réunions en colloques, de colloques en congrès, de congrès en symposiums.

Ils s’y retrouvent, s’y congratulent. Ils y brassent gaillardement des centaines de milliards. Le grand frisson, c’est les réunions de crise ! On commence par annoncer qu’aucun accord n’est en vue et que le précipice se rapproche. Les gazettes s’affolent. Mais personne n’a intérêt à ce que le jeu s’arrête. Après avoir fait craindre le pire, on annonce que, cette fois encore, un accord a été trouvé. La planète économique et financière est sauvée. On respire. Bien sûr, la roue à cliquet de la rigueur va devoir continuer à tourner. La voie de la compétitivité est un parcours de pénitence, mais on nous assure que la récompense est au bout : nous serons pauvres, abrutis de travail et de consumérisme indigent mais nous vendrons des ours en peluche aux chinois.

Pour débattre du rôle de l'Europe :

http://www.citoyensunisdeurope.eu


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13 réactions à cet article    


  • pidgin 3 avril 2012 11:09

    Comment peser aujourd’hui sur des enjeux mondiaux ?
    L’union fait la force, la désunion l’impuissance.
    Un point d’application pertinent du levier est l’Europe.
    Hélas, elle a bon dos, surtout en période électorale : c’est facile, elle ne risque pas de se plaindre, on peux taper ...
    C’est un bouc émissaire commode qui évite de mettre ses propres pratiques en question.
    Cessons de baisser les bras, réveillons-nous, et pour commencer allons voter !


    • foufouille foufouille 3 avril 2012 13:58

      avec un smic roumain a 150€ .........


    • pidgin 3 avril 2012 14:44

      C’est bien sûr à une « autre Europe » que je fais une allusion.
      Pas celle où les SMIC jouent au vase communiquant, dans une course folle à la compétitivité.
      Cela implique effectivement de changer beaucoup de choses, mais ce n’est pas hors de portée si les peuples européens se décident à confier le pouvoir à des majorités qui les défendent au lieu de les sacrifier sur l’autel de l’austérité.


    • jef88 jef88 3 avril 2012 11:29

      Les forts taux d’abstention n’expriment rien d’autre qu’une décrédibilisation de nos gouvernants

      VRAI !
      Nos gouvernants n’ont qu’un seul pôle d’intérêt : leur poche !
      Pour le reste ????? ils s’en tapent ................................


      • scripta manent scripta manent 3 avril 2012 12:10

        Je ne suis pas du tout certain que ce soit leur poche qui motive le plus les gouvernants.
        Pour une grande partie des élus qui occupent le devant de la scène, c’est le pouvoir et le décorum de la République qui constituent la drogue majeure. C’est aussi pour cette raison que, au lieu de privilégier les sujets qui vont vraiment compter, ils ont l’oeil fixé sur ce qui permettra de gagner la prochaine élection. Tout plutôt que de lâcher son siège, son maroquin, ses privilèges ... Il faut flatter, cajoler, dire à chacun ce qu’il veut entendre. Il faut aussi contrer systématiquement le candidat d’en face. Tout est bon pour s’accrocher au pouvoir ou décrocher la timballe.
        Déjà rendus impuissants par la frénésie de dérégulation mondiale qui s’est emparée de la planète, nos « gouvernants », qui ne gouvernent plus grand-chose, perdent ainsi le peu de crédit et de dignité qui pouvaient leur rester.
        Quant aux citoyens, ils se déplacent de moins en moins pour arbitrer ces jeux du cirque.
        Il serait dangereux de s’endormir en considérant que la démocratie peut durablement résister à ce jeu de massacre !
        www.citoyensunisdeurope.eu


      • jef88 jef88 3 avril 2012 13:52

        bien sur il y a le gout du pouvoir !
        mais quand on connait leurs salaires et leur retraites ???
        on est en droit de se questionner !


      • scripta manent scripta manent 3 avril 2012 14:31

        Oui, le salaire et la retraite ne sont certainement pas indifférents. Et le soin avec lequel les députés et sénateurs ont défendu leurs avantages alors même qu’ils votaient l’austérité pour leurs électeurs laisse un goût amer.
        Mais il y a pire que la rémunération de nos gouvernants. Qu’attend-on pour soulager de quelques millions lady Gaga (au hasard) et quelques autres créatures du business et du marketing « artistique » et sportif au profit de ceux qui en ont vraiment besoin ?


      • Nums Nums 3 avril 2012 14:38

        " Les forts taux d’abstention n’expriment rien d’autre qu’une décrédibilisation de nos gouvernants "


        En effet...

        Je pense qu’il y a plusieurs types de gouvernants ou de personnes tendant à vouloir gouverner.

        1. Il y a ceux qui ont fait allégeance à la finance et au système totalitaire marchand et qui se contrefoutent royalement du sort du peuple. En gros, l’écrasante majorité des élus. Mais je parle là d’élus d’un certain niveau. Je ne parle pas du petit maire d’une petite commune qui très souvent a pour préoccupation le bien-être de ses administrés.

        2. Il y a ceux qui ont de véritables projets pour la collectivité dans son ensemble mais qui sont inaudibles parce qu’ils dérangent les dictateurs économique qui régissent nos vies.
         Ces hommes et femmes politiques ne pourront jamais accéder à de très hautes responsabilités, les acteurs majeurs du système économiques sont bien trop puissants. Ils ont quelque part, en exagérant un peu, droit de vie et de mort sur chacun d’entre nous. S’il veulent nous asphyxier et je pense que pour certains c’est leur but, ils le peuvent. 
        Un individu intègre, progressiste et humaniste qui voudrait oeuvrer pour l’intérêt commun, donc contre l’intérêt de l’oligarchie se verrait menacé. Pour sa propre personne et son entourage.

        Conclusion : l’état c’est nous. Inutile de compter sur des représentants corrompus. Notre avenir nous appartient et c’est à nous de le reprendre en main.

        • scripta manent scripta manent 4 avril 2012 10:21

          Oui, en démocratie, l’Etat c’est nous et nous ne pourrons reprendre notre avenir en main que si le politique n’est plus sous la tutelle des « marchés ».
          Sauf à plaider pour le despotisme (rarement éclairé) ou pour le mirage anarchiste, cela suppose tout de même que nous élisions des représentants dignes de ce nom.
          L’entreprise d’abêtissement par la majorité des médias, audo-visuels tout particulièrement, est un vrai travail de sape de l’esprit critique. 
          Il y a pourtant une majorité d’électeurs pour considérer qu’il faut réformer la société. Reste à se mettre d’accord sur le « comment » ...

          www.citoyensunisdeurope.eu


        • FYI FYI 3 avril 2012 15:05

          Oui c\\\’est la gouvernance de la peur, par ailleurs c\\\’est eux-même qui créé les crises dans le but de maintenir les populations en leur pouvoir, mais tout ceci n\\\’a qu\\\’un temps, car tout change, et le nœud du problème commence à être connu. Des surprises attendent ces personnes au tant qu\\\’ils sont. Ils se sont crus au dessus des lois de l’universalité, ils ont tous bientôt des comptes à rendre.


          • Abou Antoun Abou Antoun 3 avril 2012 17:55

            Votre titre est très optimiste.
            Pourquoi voulez vous que les chinois nourrissent des foules miséreuses d’européens pour fabriquer des nounours, alors qu’ils pourront faire des chaînes robotisées qui les fabriqueront sur place sans intervention humaine ?

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