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Accueil du site > Actualités > Economie > Productivité, prix et découplage des croissances au XXIe siècle

Productivité, prix et découplage des croissances au XXIe siècle

Nous savions depuis longtemps que nous habitions un monde fini. Mais nous touchons à peine aujourd’hui, à l’échelle mondiale, aux limites de volume de production possible sur cette planète. Quelles en seront les conséquences économiques, politiques et sociales ?

Jean Fourastié a formidablement expliqué le développement économique des XIXe et XXe siècles (j’invite tout le monde à lire son anthologie posthume intitulée Productivité et richesse des nations ou au moins son résumé) que je résumerais ainsi : les gains de productivité (la hausse de la production par rapport aux facteurs employés) ont permis aux agriculteurs, d’abord, de nourrir plus de personnes en travaillant autant ; puis l’industrie a ainsi pu produire des biens que nous souhaitions consommer et utiliser, toujours plus nombreux et à moindre coût grâce aux progrès de productivité ; enfin, les services et les nouvelles technologies nous permettent de communiquer, de nous informer, de consommer, de payer, de nous financer plus facilement et à un coût réel (par rapport à nos revenus) de plus en plus faible. En bref, la formidable hausse de la productivité en deux siècles a généré une formidable hausse de notre pouvoir d’achat.

Mais les temps actuels semblent remettre en cause cette évolution séculaire. Pour la première fois, depuis quelques années, les prix augmentent plus vite en France et en Europe de l’Ouest que les revenus moyens : le pouvoir d’achat diminue. Quand les prix des logements se stabilisent enfin après avoir plus que doublé en dix ans, c’est le prix de la nourriture qui commence à augmenter fortement. Et pendant ce temps, le prix du pétrole ne cesse d’augmenter, avec des prix à la pompe en hausse de 50% sur 5 ans.

Si c’est la hausse de la productivité qui a permis la hausse du pouvoir d’achat, la baisse récente de ce dernier proviendrait donc d’une baisse de la productivité.

Prenons l’exemple du pétrole pour bien comprendre. Pendant les deux siècles de son exploitation, son prix réel a régulièrement baissé grâce à deux facteurs. D’abord, les économies d’échelle : extraire 80 millions de barils coûte moins cher par baril qu’en extraire 10, toutes choses égales par ailleurs. Mais surtout de nouvelles techniques et de nouveaux matériels ont permis d’extraire et de transporter toujours plus de pétrole avec des coûts régulièrement réduits : c’est la hausse de la productivité. Cependant, les ressources naturelles étant par définition limitées, on se rend compte petit à petit que nous épuisons les gisements qui étaient facilement exploitables et qu’il faut creuser plus profond, sur terre comme en mer, pour extraire des quantités de pétrole données, qui d’ailleurs est souvent de moins bonne qualité que les premiers gisements exploités et qui nécessite donc plus de transformation par la suite.

Et ceci est vrai pour l’ensemble des ressources naturelles (à des degrés divers). Jusqu’à la fin du XXe siècle, la productivité n’allait que croissante. Grâce à l’abondance apparente des ressources naturelles, la production d’un bien ou d’un service ne pouvait coûter que moins cher, en termes réels, qu’auparavant. Mais quand l’extraction des ressources devient moins facile, bien que nos machines et les connaissances de nos scientifiques continuent de s’améliorer, celle-ci devient plus coûteuse. Autrement dit : la raréfaction des ressources naturelles est un facteur de décroissance de la productivité. Or diminution de la productivité signifie diminution du pouvoir d’achat.

Alors vous me direz peut-être : "certes, l’industrie peut devenir moins productive, mais nos économies reposent sur les services à 70%". Ce n’est pas faux, mais ce serait oublier que les services présentent par nature les gains de productivité les plus faibles. Là encore j’en appelle à Fourastié pour la démonstration qui - en plus des Trente Glorieuses - a aussi défini et baptisé les trois secteurs de l’économie : primaire, secondaire et tertiaire. Si vous le lisez, il ne les définit pas seulement comme trois niveaux de développement des sociétés (l’accroissement de la productivité apporté par le progrès technique a provoqué les grandes migrations de la population active de l’agriculture vers l’industrie, puis de l’industrie vers les activités de services), il les définit surtout comme trois branches avec des gains de productivité potentiels très différents, en appelant primaire toute activité à progrès technique moyen, secondaire toute activité à progrès technique rapide, tertiaire toute activité à progrès technique lent. Si certains services ont connu récemment de forts gains de productivité grâce à des ruptures technologiques (l’informatique puis l’internet), la plupart des services présentent des gains de productivité faibles (exemple : la consultation d’un médecin) voire nuls (une coupe chez le coiffeur).

Ce qui fait dire à Fourastié dès avant les Trente Glorieuses : "Le temps de la croissance économique ne pourra être qu’une phase transitoire entre deux équilibres : un équilibre ancien caractérisé par une énorme population active agricole et un très faible niveau de vie moyen ; un équilibre futur qui sera caractérisé par une énorme population active tertiaire et un niveau de vie moyen très élevé."

Je vais donc plus loin : le XXIe siècle pourrait bien être caractérisé par une faible hausse de la productivité des services, comme les précédents, mais aussi par une diminution de la productivité de l’industrie et de l’agriculture à cause de la raréfaction des ressources naturelles. Ainsi, à l’échelle mondiale, après le rattrapage de productivité dont les pays émergents bénéficient aujourd’hui, la croissance du PIB serait décroissante à long terme. "Le temps de la croissance économique" serait ainsi terminé.

Par ailleurs, on a dit que la raréfaction des ressources diminue la productivité. Or dans le monde fini que nous habitons, la hausse de la consommation, où qu’elle soit dans le monde, favorise la raréfaction des ressources. Ainsi, la hausse du niveau de vie dans un endroit du monde favorise la baisse de la productivité, et donc du niveau de vie, dans le reste du monde.

Ceci remet en cause la vision traditionnelle des liens de croissance entre les pays. Concernant les prévisions de croissance en Europe pour 2008 par exemple, vous pourrez lire qu’elle sera faible à cause du ralentissement américain, mais quand même solide grâce à la demande des pays émergents. Ces liens de cause à effet étaient vrais dans le passé, et le sont encore dans une large mesure aujourd’hui, en particulier lorsque les liens commerciaux entre deux pays ou deux régions sont forts. Mais on se rend compte de l’émergence de facteurs opposés : par exemple la croissance de la Chine et sa demande en pétrole réduit clairement le pouvoir d’achat de l’automobiliste européen ou américain. Autrement dit, la croissance d’une région comme l’Europe serait - pour une part grandissante - inversement liée à celle d’une région comme l’Asie de l’Est...

Les conséquences de ce nouveau paradigme économique seraient multiples et diverses. D’un point de vue économique on aurait un monde plus stable, dans la mesure où la décroissance dans une région du monde serait systématiquement compensée par une croissance ailleurs. Ainsi le prix des matières premières augmenterait régulièrement, de même que les volumes de production évolueraient avec un taux de croissance décroissant. D’un point de vue politique, ceci renforcerait la violence des guerres à venir pour l’appropriation des ressources naturelles (énergie, métaux, mais aussi céréales et eau).

Les deux années à venir vont être un test grandeur nature pour cette théorie car la croissance de la Chine va probablement ralentir. Alors deux scénarios seront possibles : soit cela empêche la croissance occidentale de rebondir et cette théorie s’en trouvera invalidée (pour l’instant), soit la baisse des prix relance le pouvoir d’achat et la croissance occidentale et il faudra alors la prendre en compte. Rien de tel qu’une étude empirique pour valider une théorie n’est-ce pas ?


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15 réactions à cet article    


  • Tzecoatl Tzecoatl 31 mars 2008 11:52

    Belle remise en question de Fourastié.

    Le facteur qui tranchera entre la validation ou non de son paradigme (baisse continue des prix du secteur primaire) dépendra des apports technologiques.

    L’énergie est à ce titre le secteur le mieux prédisposé à connaitre de vraies révolutions.

    L’agriculture fournissant des matières premières renouvelables, la rareté est temporaire.

    Quand au reste (métaux, etc), la situation est plus inquiétante dans certains cas, et est conditionné une fois de plus à des technologies de substitution.

    Mais il est clair que son scenario construit sur la base de matières premières illimitées n’est plus vraiment valide.

    Il peut sembler naturel que la limitation des matières premières force l’économie tertiaire (et quaternaire), moins avides de celles-ci, à se surdévelopper.


    • Nono Ladette Nono Ladette 31 mars 2008 13:41

      Merci.

      Je ne pense pas remettre en question Fourastié : c’est sa grille de lecture, sa théorie, que j’applique à un contexte nouveau, que Fourastié lui-même pouvait entrevoir mais pas définir clairement. Il a d’ailleurs toujours eu à l’esprit le caractère limité des ressources naturelles : ainsi, il doutait que la population mondiale puisse se maintenir durablement au-dessus de... 4 milliards d’individus !

      En ce qui concerne le caractère renouvelable de l’agriculture, il a lui aussi ses limites. Une terre cultivée continuellement perd en rendement régulièrement (d’où les jachères). Ensuite, les surfaces cultivables sont limitées par l’étalement de l’homme (construction de pavillons et de grandes surfaces par exemple). Enfin, quand on manquera d’eau, on aura du mal à faire pousser du maïs par exemple !


    • Tzecoatl Tzecoatl 31 mars 2008 23:39

      "Une terre cultivée continuellement perd en rendement régulièrement (d’où les jachères)"

      Pas vraiment.

      Les jachères européennes ont été mises en place pour limiter la production.

      Un sol bien entretenu ne s’épuise pas : si l’on conserve à des taux satisfaisants les NPK, PH, humus et vie animale du sol, je ne vois pas trop d’inquiétudes à avoir. Reste l’érosion, mais là encore on peut facilement y parer.

      A priori donc, les différences de pratiques justifie notre divergence de point de vue. Mais vous êtes sans doute plus réaliste.

      Evidement, la renouvabilité ne fait pas des productions agricoles des ressources illimitées pour couvrir une période.

       

      J’ai une bonne nouvelle :

      Un chercheur israélien a trouvé une technique pour faire pousser n’importe quelle plante dans une terre salée. Sachant que celles-ci représentent 18,6% des terres agricoles dans le monde, c’est séduisant.

      J’ai une mauvaise nouvelle :

      Sa technique c’est de modifier génétiquement les plantes.

       

       


    • Nono Ladette Nono Ladette 1er avril 2008 09:41

      Merci, je ne suis pas un expert sur le sujet...

      PS : pourquoi est-ce une mauvaise nouvelle ?


    • Tzecoatl Tzecoatl 2 avril 2008 12:01

      Parce que les ogm, de part la dissémination ne respecte pas la propriété privée. Ne me faites pas croire que les 50m de cordon génétique proposé dans la future loi sur les ogm est une quelconque efficacité quand au Mexique on retrouve du maîs traditionnel fécondé par les ogm américains.

      D’autre part, le transgène n’est pas stable dans le génome et les mutations incontrolées risquent d’avoir des conséquences particulièrement facheuses (dégénérescence généralisée par exemple).


    • Emmanuel W 31 mars 2008 12:29

      "Par ailleurs, on a dit que la raréfaction des ressources diminue la productivité. Or dans le monde fini que nous habitons, la hausse de la consommation, où qu’elle soit dans le monde, favorise la raréfaction des ressources. Ainsi, la hausse du niveau de vie dans un endroit du monde favorise la baisse de la productivité, et donc du niveau de vie, dans le reste du monde."

      Ceci pourrait être vrai si le niveau de vie réel était exclusivement lié au niveau de consommation, et donc faire fi des externalités. Or une recherche de bonne relation symbiotique entre l’homme et l’environnement crée de la valeur sur place qui va aussi se propager ailleurs...

      Votre modèle a au moins le mérite de proposer que la croissance des uns engendre la décroissance des autres, remettant en cause l’idéologie OMC-FMI, et faisant un pas vers l’acceptation que l’optimisation du facteur croissance optimise en fait le gâchis et la destruction. 


      • chmoll chmoll 31 mars 2008 12:30

        Si c’est la hausse de la productivité qui a permis la hausse du pouvoir d’achat, la baisse récente de ce dernier proviendrait donc d’une baisse de la productivité

        purée que voualà une phrase intelligente,j’dirais mème si tu monte en haut c’est qu’tu descend pas en bas


        • Roland Verhille Roland Verhille 31 mars 2008 13:49

          Nono Ladette nous expose ce qu’il dit être une théorie. Il affirme que le pouvoir d’achat diminue en France et en Europe de l’Ouest, en invoquant la hausse des prix du logement, de la nourriture et du pétrole. Il déduit du fait que dans le passé la hausse de la productivité aurait généré la hausse du pouvoir d’achat, que la baisse récente affirmée par lui du pouvoir d’achat découlerait d’une baisse de la productivité. Il attribue cette baisse de productivité à l’épuisement des ressources naturelles devenant de plus en plus coûteuses à exploiter. En même temps, il relève que la hausse du niveau de vie des pays en cours de développement accapare plus de ressources naturelles, ce qui contribue à aussi les renchérir. CQFD : la croissance deviendrait décroissante, le temps de la croissance économique serait terminé, celui du niveau de vie aussi.

          On ne peut que louer un jeune d’essayer de comprendre l’économie, et l’encourager à combattre l’empilement de dettes publiques sur le dos des jeunes.

          Mais une pure vue de l’esprit ne saurait fonder une théorie scientifique : où a-t-il vu que le pouvoir d’achat en Europe diminue ? Sur la productivité, l’Université ne lui a pas appris que c’est une mesure technique, un rapport entre des quantités où les prix n’ont rien à y faire. Il ne prend pas en compte la capacité d’adaptation des humains, et le dynamisme de l’économie. Il ne sait pas que l’uranium pèse 5% seulement du coût de l’électricité, contre 40% pour le charbon et 70% pour le gaz ;  que l’électricité produite en brûlant du charbon ou du pétrole coûte plus cher que celle produite en centrale atomique. Il ne sait pas que la productivité n’est pas le seul facteur de la hausse du pouvoir d’achat, ce qui ne l’autorise pas à déduire d’une hypothétique baisse de pouvoir d’achat une baisse de la productivité. Il confond ralentissement du taux de croissance et disparition de la croissance ou même décroissance.

          Décidément, qui est défaillant ? L’université qui ne lui aurait pas appris à apprendre et à comprendre, ou lui-même qui en serait sorti diplômé par miracle ? Ah, s’il pouvait apprendre que la connaissance, il faut se la fabriquer soi-même tout au long de la vie, en étant toujours circonspect face à celle que les autres s’acharnent à vous livrer toute emballée.

           


          • Nono Ladette Nono Ladette 31 mars 2008 14:50

            Rolland Verhille, curieux commentaire, insultant mais avec élégance !

            Vous voyez le jeune a de l’ambition, non seulement il essaie de comprendre l’économie mais en plus il essaie de l’expliquer. Le jeune est audacieux ! Presque insolent d’essayer de se mesurer à un sénior qui a déjà tout compris, dirait-on...

            Une pure vue de l’esprit la baisse du pouvoir d’achat ? Si vous cherchez à acheter un logement, à remplir le réservoir de votre voiture ou simplement à manger, vous pouvez en acheter moins qu’il y a cinq ans, à moins que votre revenu ait augmenté de plus de 5% par an ce qui, en Europe de l’Ouest notamment, n’est pas donné à tout le monde. Je vous parle des grandes masses, pas du prix de l’électricité : ne savez-vous pas que cela représente moins de 10% du budget des ménages ?

            Enfin, le jeune ne confond pas du tout ralentissement du taux de croissance et décroissance, relisez mieux ! Il vous parle d’un taux de croissance décroissant, c’est-à-dire de plus en plus faible. Or, peut-être l’avez-vous aussi appris à l’école, il y a des nombres plus petits que les nombres positifs : les nombres négatifs ! La baisse de la productivité se traduira par une baisse du PIB, et pas seulement de sa croissance.

            J’affirme que la productivité est le facteur essentiel qui conditionne les prix et les revenus, et donc le pouvoir d’achat. Je ne l’invente pas, je le tiens de mes lectures (Bastiat, Fourastié...), ce qui me semble bien correspondre à une "connaissance qu’on se fabrique soi-même tout au long de la vie"...

            Alors s’il vous plait remballez votre conclusion et vos histoires de miracles ! Votre commentaire n’a rien apporté si ce n’est un résumé biaisé de mon article et des commentaires aussi insultants qu’infondés.

            www.nonaladette.fr


          • foufouille foufouille 31 mars 2008 14:57

            il y a des tas de matieres premieres sur la lune. au besoin, on nous sortira une super technologie top secrete declassifie

            ou alors vive le moyen age


            • Roland Verhille Roland Verhille 31 mars 2008 16:00

              Nono Ladette est très susceptible. Il voit des insultes là où il n’y en a pas. Comme il voit une baisse de pouvoir d’achat sans y avoir regardé. Il dit s’être fondé sur des grandes masses : il ne les a pas mesurées, il ne s’est pas assuré que les trois masses qu’il invoque déterminaient effectivement à elles seule le pouvoir d’achat de l’ensemble des masses, les autres comprises.

              Je ne sais pas le lire ? Sa réplique répète sa théorie : « La baisse de la productivité se traduira par une baisse du PIB, et pas seulement sa décroissance ». J’aurais mal lu en comprenant l’énoncé comme signifiant que le ralentissement du taux de croissance occasionne une décroissance ? Une baisse du PIB, ce serait sa croissance ou sa stabilité ? Quand on se met à écrire pour les autres, c’est pour en être compris, et cela suppose de connaître le sens des mots.

              Il ne suffit pas d’affirmer que la productivité soit le seul facteur de variation des prix, des revenus et du pouvoir d’achat pour que ce soit vrai. Il sait peut-être que travailler plus ne sert à rien, que cela n’améliore pas le pouvoir d’achat. Ce n’est pas faux en fait et aujourd’hui, mais la productivité n’y est pour rien, c’est cela qu’il ignore.

              Ah bon, lire Bastiat, Fourastier et d’autres, c’est une manière de connaître par soi-même les faits d’aujourd’hui, sans avoir à les examiner et à les analyser soi-même ?

              Loin de moi une volonté d’accabler l’auteur. Mais avant de vouloir expliquer aux autres l’économie, il faut l’apprendre par soi-même. Il n’en prend pas la direction, je voulais seulement le lui signaler, le laissant en faire ce qu’il veut. Il faut éviter de présenter ici des textes si c’est seulement pour bourrer le crâne des autres ou leur faire partager des erreurs, cela évite de se sentir insulté par ceux qui rendent le service aux autres de les corriger.

               


              • Nono Ladette Nono Ladette 31 mars 2008 16:35

                Il y a de quoi être fâché sans être particulièrement susceptible, quand un lecteur prétend me citer tout en changeant des mots, et donc le sens, de mes phrases. Vos deux principales erreurs :

                1/ Quand j’écris : "La baisse de la productivité se traduira par une baisse du PIB, et pas seulement de sa croissance", vous pseudo-citez : "La baisse de la productivité se traduira par une baisse du PIB, et pas seulement sa décroissance", ce qui ne veut rien dire en français ! Car moi je dis que "le PIB va baisser, et non plus croitre moins vite" alors que vous écrivez que "le PIB va baisser, et non pas baisser"... Je me permets donc de reprendre votre phrase (au mot près pour ma part, cela s’appelle le respect de l’auteur) : "Quand on se met à écrire pour les autres, c’est pour en être compris, et cela suppose de connaître le sens des mots".

                2/ Quand j’écris : "J’affirme que la productivité est le facteur essentiel qui conditionne les prix et les revenus, et donc le pouvoir d’achat." vous répondez par "Il ne suffit pas d’affirmer que la productivité soit le seul facteur de variation des prix, des revenus et du pouvoir d’achat pour que ce soit vrai." Deuxième flagrant délit de tentative d’entourloupe.

                Je refuse vos leçons de paternalisme et je vous propose de lire mieux et de réfléchir plus longement avant l’écriture de votre prochain commentaire.

                PS : Fourastié ça s’écrit avec un "é"


              • Roland Verhille Roland Verhille 31 mars 2008 18:25

                Vous discutaillez.


              • S2ndreal 1er avril 2008 11:38

                Je retiens de votre texte une idée. L’augmentation de la productivité se traduit en un pouvoir d’achat plus important pour le péquin que je suis. Je la trouve correcte avec l’idée des économies d’échelle. Je n’ai pas lu le texte de Fourastié. J’aime beaucoup votre observation sur les limites de la terre. Dans ce sens, je vous suggère de lire ce texte. http://globalpublicmedia.com/transcripts/738. C’est une application surprenante des fonctions exponentielles. Je le trouve très convaincant.

                La conclusion évidente est qu’un jour la croissance sera nulle. Comme vous le notez, les matières premières sont une limite à la croissance. Celle ci demande chaque année un peu plus de ces matières. La croissance économique étant en pour cent (%). L’augmentation de consommation s’exprime aussi en %. C’est une loi exponentielle dont l’exposant est supérieur à 1. Elle diverge vers l’infini. Cela peut prendre du temps pour y arriver. Mais la terre étant finie, la consommation va arriver à épuiser les ressources en matières premières. Ce jour là, la croissance sera nulle.

                La vitesse à laquelle cela nous tombera dessus nous surprendra. Une autre propriété des fonctions exponentielles est qu’à un temps nécessaire pour doubler une consommation correspond une consommation égale à tout ce qui a été consommé avant la période considérée. Sous un autre angle, cela donne qu’une réserve énorme correspondant à tout ce qui a été consommé auparavant sera avalée durant la période de doublement. Avec 7 % de croissance, cela représente 10 ans. Avec 5 %, il faut 14 ans. Avec 3.5 %, cela signifie 20 ans. Ce n’est pas infini. Sur la durée de l’histoire humaine, 20 ans est un instant.

                Bien à vous


                • Nono Ladette Nono Ladette 1er avril 2008 15:16

                  Deux conclusions ressortent en fait :

                  - pour les produits basés sur des matières premières non-renouvelables (métaux, énergies fossiles...), la productivité va décroître donc le PIB va décroître (sa croissance sera négative)

                  - pour les produits basés sur des matières premières renouvelables (agriculture, énergie éolienne ou solaire...) une croissance (= une hausse de la productivité) sera toujours possible avec le développement des techniques, croissance qu’on pourrait estimer décroissante au fur et à mesure qu’on se rapproche d’une hypothétique perfection...

                  Ces deux forces opposées tendront, il me semble, vers une croissance voisine de zéro.

                   

                  Je profite de ce commentaire pour citer l’Edito Matières Premières, lui même se référant à une récente étude du Fonds Monétaire International sur les matières premières, qui va dans le sens de mon article : "Le Fonds note [...] que la plupart des matières sont actuellement extraites au maximum de leurs capacités ; et que leurs coûts d’extraction augmentent rapidement. En conséquence, ces hausses de prix qui s’installent alimentent l’inflation, et pèsent sur le pouvoir d’achat des ménages. Surtout dans les pays émergents, où le budget alimentation est un poste de dépenses important et difficilement compressible. "

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