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Accueil du site > Actualités > Economie > Quel avenir pour le dette de la France ?

Quel avenir pour le dette de la France ?

La dette de la France vient d’atteindre 66,8% du PIB. Certains écrivent que finalement, dépasser 60% du PIB n’est pas dramatique, l’Italie et la Belgique sont bien au-delà. Et en effet le débat n’est peut être pas d’en avoir ou pas, mais de savoir à quoi ça sert.

C’est pourquoi je souhaite réagir face à ceux qui chantent les louanges de la dette publique et critiquent ceux qui souhaitent la réduire. Comme je fais partie de la deuxième catégorie, il me semble important de rappeler quelques éléments concernant la gestion d’un budget et le financement d’un budget, que ce budget soit celui d’un ménage, d’une entreprise ou celui d’un État ; le point commun est celui ci : ils ont tous un point de rupture dans l’endettement qui fait basculer la dette, de dette au développement et à l’investissement, à une dette pourrie du surendettement et de la banqueroute.

Or le poids de la dette est supportable si le pays s’enrichit grâce à cette dette, ce que rapporte d’ailleurs l’article d’Eric Grandvuinet du 10 avril dernier "Vive la dette publique" et que l’on retrouve dans un « chat » réalisé par Le Monde avec M. Fitoussi.

Et c’est bien là que la dette française blesse, le budget de l’Etat nécessite des emprunts pour être bouclé, et fait aggravant, ce budget est continuellement déficitaire, entraînant de facto un endettement complémentaire pour financer la trésorerie (le fonds de roulement), grosso modo de septembre à décembre. Seul avantage, et non des moindres, les taux d’intérêts sont très bas, ce qui limite le coût de cette dette.

Ainsi la dette française ne permet plus d’avoir d’effet de levier mais au contraire plombe la trésorerie de l’Etat pour le moment, puisqu’il faut trouver environ 1/4 du budget sous forme d’emprunt. La limite n’est pas simple à trouver, mais soyons démago pendant deux lignes : si vous devez emprunter pour financer votre budget de septembre à octobre tous les ans, dans quelles conditions pouvez-vous tenir ?

Théoriquement, c’est donc un cercle vicieux qui s’engage, car au-delà de la dette, c’est la source de cette dette qui nous importe. Cette dette provient du déficit budgétaire, et donc si le budget ne redevient jamais positif ou équilibré, alors la dette du pays ne peut pas diminuer. La dette finance nos services publics, ce qui peut être un choix, mais qui en fait n’en est pas un, car c’est le résultat d’un échec de nos politiques de relance économique.

A un moment ou à un autre, l’électro-choc se produira, soit par l’extérieur avec une décote de la note financière de la France qui verrait immédiatement les taux d’intérêts augmenter (les taux d’intérêts sont la prime de risque de l’emprunt ; plus l’emprunt est risqué car l’emprunteur ne présente pas de garanties suffisantes, plus le taux d’intérêt est élevé). La conséquence dans ce cas est de devoir agir plutôt dans l’urgence et sous une contrainte extérieure. Ou alors il se produit politiquement à l’intérieur du pays et sur la base d’un projet et à cet égard le débat pour 2007 est une opportunité de dire pourquoi on s’endette et pour quel résultat.

Et ce que je souhaite, c’est que nous prenions les bonnes décisions pour relancer notre croissance ! Qu’importe si la dette augmente encore par le déficit budgétaire, si dans le même temps le politique se fixe de rétablir à 5 ou à 10 ans l’équilibre budgétaire, si l’on s’abstient de financer des boulots sans valeur ajoutée et sans avenir, si le débat qui vient permet de redéployer nos institutions pour supprimer au moins un niveau de décision et donc un niveau de structure administrative, bref si le débat qui vient permet de donner de l’élan à notre pays.

Qu’importe en effet de s’endetter sur des programmes de développement (énergies, bio-technologies, industries de pointe...) si au bout, il y a le progrès et de la richesse.

Par contre, creuser un déficit sans projet pour notre pays, sans vision d’avenir comme nous le vivons depuis maintenant plus de dix ans est à mon sens une fuite en avant qui réduit nos marges de manœuvres. Sans projet, pas de réformes, sans réformes, pas de réduction à terme de nos déficits et de notre endettement, et un jour alors, le point de rupture sera atteint, avec des conséquences que je ne sais pas imaginer aujourd’hui pour notre pays.

Quelle dette pour la France de 2007 à 2012 ? Messieurs, à vos claviers.


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17 réactions à cet article    


  • Jean Pierre an Alré (---.---.124.107) 18 avril 2006 14:17

    Bonjour

    Bien que nous ayons un déficit croissant d’année en année, il y a toujours des gens prêts à prêter de l’argent à l’état Français. L’auteur s’interroge sur cette mauvaise gestion apparente par les gouvernants.

    Je pense que l’explication est simple : La masse monétaire croît chaque année plus que le taux d’intérêt. Plus le temps passe, moins le montant de la dette en argent constant est élevé. http://www.banque-france.fr/fr/publications/telechar/rapport/c2_rapbdf04.pdf

    C’est le système que les US utilisent depuis 1973 et personne ne songe à le remettre en cause (et donc ne plus acheter de bon du trésor US, ce qui serait pourtant logique à très long terme).

    Comme tous les états ont recours à ce procédé, en terme relatif (les seuls qui comptent) il n’y a pas d’état plus sain ou moins moral qu’un autre.

    En fait la logique des prêteurs est une logique du cours terme, à court terme ça marche c’est indéniable, mais c’est une bulle rien d’autre.

    Qui donc ferait les frais d’un éventuel éclatement de cette bulle ? Les personnes qui placent à long terme leur fortune sous forme monétaire et particulièrement celles qui achètent des bon du trésor de quasiment tous les états pour un placement à long terme. Mais tout le monde pense que ça n’arrivera pas et donc il n’y a pas une trop mauvaise conscience à exploiter les prêteurs.

    JP


    • Basta (---.---.213.202) 18 avril 2006 21:52

      Il me paraît erroné de rapporter la masse monétaire aux taux d’intérêt pour en déduire que c’est l’inflation qui paye la dette, celle-ci diminuant en € constants. En fait, il faut rapprocher taux d’intérêt et taux d’inflation. Or celle-ci est aujourd’hui nettement inférieure aux taux d’intérêt, bien qu’ils soient faibles en Europe. C’est bien pourquoi la dette s’envole en France. Nous n’avons pas assimilé la fin de l’inflation, et l’impossibilité de la dévaluation. C’étaient les deux outils merveilleux qui permettaient aux emprunteurs de ne rembourser que la moitié de leur dette : demandez aux acquéreurs d’appartements des années 70, et bien sûr à l’état le plus gros des emprunteurs. Ainsi la France continue de dépenser comme au temps de l’inflation et des dévaluations. Pour évaluer l’évolution de la masse monétaire, il faut tenir compte d’abord du taux de croissance.


    • Antoine (---.---.227.187) 18 avril 2006 16:09

      il est temps d’effacer la dette des pays pauvres que sont la Belgique, la France, les USA, etc.....


      • un mouton presque comme les autres (---.---.255.103) 7 septembre 2006 01:40

        Tout à fait d’accord :

        On a bien compris que la dette des pays du tiers monde permet de les mener par le bout du nez et de les maintenir dans la dépendance.

        Quand allons nous réaliser que c’est également le cas pour nos pays soit disant développés ? Cette prise de conscience nécessiterait avant tout d’accepter l’éventualité que nos élites dirigeantes ne soient pas de si bonne foi (ou alors se laisseraient gentiment berner par ceux qui en retirent les fruits).

        Restons positif : l’accumulation des disfonctionnements majeurs du système actuel nous pousse lentement mais surement vers cette remise en question...


      • un mouton sceptique (---.---.255.103) 7 septembre 2006 02:24

        Il y a une question que l’on nous a appris à ne plus nous poser :

        QUI TOUCHE EFFECTIVEMENT LES INTERETs DE LA DETTE FRANCAISE ?

        oui, bien sur, ce sont d’autres pays, ou encore des institutions, ou encore des particuliers, donc vous et moi en fait...

        Et bien moi j’aimerai bien savoir qui touche quoi, et si à travers divers organismes eux même détenus par d’autres organismes eux même dirigés par etc... donc si on remontait les filières quelle proportion de cette dette serait perçue par un nombre réduit de partenaires.

        Enfin, on peut aussi se demander qui a pouvoir sur les détenteurs de cette dette : ce pourrait être vous et moi, mais sans le savoir, à travers par exemple des produits financiers divers, et donc c’est le gérant de ces produits financiers qui détient le pouvoir de continuer ou d’arréter de financer la dette de la france.

        En remontant également les filières de contrôle du financement de la dette, arrive-t-on à un nombre réduit de partenaires ? Car si c’était le cas, ces partenaires auraient un pouvoir immense sur notre pays... et la problématique de la dette prendrait alors une autre dimension.


      • éric (---.---.61.253) 18 avril 2006 16:28

        Les créanciers, fonds de pension..., n’ont pas intérêt à voir leurs débiteurs faire faillite (si tant est qu’un État puisse faire faillite), donc il n’y a pas grand risque. Mais en effet il faut que la dette serve à relancer l’économie, il faut qu’elle crée un effet de levier. Le problème est peut-être que finalement l’État français, sous de multiples pressions, est trop timide. Il faudrait augmenter considérablement cette dette afin de réaliser quelques projets qui replaceraient le pays dans le peloton de tête des pays riches d’avenir. Ne rien choisir, une sorte de ni-ni de la dette est la solution la plus absurde. L’endettement augmente sous la pression des intérêts à verser mais ne crée pas suffisamment de richesse dans notre pays. Il faut donc augmenter, pour de bonnes raisons (investissement) la dette publique.


        • Basta (---.---.213.202) 18 avril 2006 21:12

          Si la relance keynesienne massive par l’état était la solution universelle, les 30 glorieuses dureraient toujours, nous serions dans les 60 glorieuses... et la politique de la gauche en 1981 (brutalement, +25% de dépenses publiques...) n’aurait pas donné... 3 dévaluations en 18 mois, et un million de chômeurs de plus.

          Ce qui marchait dans l’après-guerre (« miracles » allemand, italien français), alors que les infrastructures devaient être reconstituées, ne marche plus une fois l’économie rendue à la société, « civilisée ». Le problème, c’est que la société française ne semble vouloir compter que sur l’impulsion de l’état, comme un conducteur qui s’acharnerait en vain à tirer sur le starter, noyant son moteur avec application, mais continuant de plus belle.


        • sociétal (---.---.198.207) 15 août 2006 19:02

          Votre analyse qui est celle de considérer que la cause du pic de chômageest la politique de gauche me laisse songeur.

          Je suggère d’envisager une autre cause, qui est celle de l’augmentation du prix du pétrole ( voir ce schéma sur le site de Jancovici et la page http://www.manicore.com/documentation/petrole.html ), avec l’indication suivante :

          « Résultat du »petit traitement« décrit ci-dessus pour le prix du baril (en dollars 2004 constants depuis 1979), comparé - de manière normalisée - à la »faiblesse de la croissance« de l’année qui suit, et au taux de chômage de 3 ans après. Le plus haut du chômage sur la période est donc obtenu est obtenu en 1983, 3 ans après le plus haut du pétrole en 1980, puis un nouveau point haut est obtenu en 1993, 3 ans après un petit »pic« du prix du pétrole en 1990, et enfin un nouveau point haut survient en 2003, 3 ans après un »pic« secondaire du prix du baril en 2000. »

          Quand à savoir si la poursuite d’une politique keynésienne aurait abouti à 60 glorieuses, nous ne le saurons jamais puisque cela n’a pas eu lieu ... smiley


        • Marc (---.---.137.52) 18 avril 2006 21:38

          Merci à Yann pour cet excellent article qui rappelle au bon sens ceux qui croient que l’on peut perpétuellement vivre à crédit.

          Un endettement raisonnable pour des investissements productifs créateurs de richesse future (usines, recherche, éducation,...) peut se justifier. Par contre, l’endettement pour la consommation, les dépenses courantes et les saupoudrages électoraux ne crée aucune richesse, bien au contraire. L’endettement est un impôt sur les générations futures.

          Il faut bien comprendre qu’à terme il n’y aura plus que deux issues possibles au surendettement de l’État et des collectivités locales : la banqueroute ou l’hyper-inflation. Les gouvernants et les banques centrales choisiront certainement la seconde voie, à moins qu’une crise économique et financière majeure ne les force à la banqueroute. Ceux qui en doutent devraient se demander pourquoi l’or est passé de $250 en 2001 à $600 ces derniers jours(de €270 à €500 en euros).


          • Jean-Pierre An Alre (---.---.115.88) 19 avril 2006 21:47

            Attention, le taux d’inflation dont on parle dans la presse, c’est un taux calculé à partir de l’évolution du prix de produits de références. Produits dont la liste est à géométrie variable...

            Donc il ne faut *pas* comparer les taux d’intérêts et le taux d’inflation des prix à la consommation.

            Maintenant c’est vrai qu’on est entouré de paradoxes qui n’étonnent pourtant personne. Tiens pourquoi donc le CAC 40 augmente t-il de 20% par an depuis que l’augmentation de la masse monétaire en fait autant ?

            Au mieux il y a une similitude du comportement des acteurs des deux phénomènes, au pire...


            • societal (---.---.206.107) 10 août 2006 09:04

              Jean-Pierre An Alre pose la question « Tiens pourquoi donc le CAC 40 augmente t-il de 20% par an depuis que l’augmentation de la masse monétaire en fait autant ? » ... et pourquoi la bulle immobilière à classer dans la même catégorie ? Alors que l’inflation (dont l’indice n’inclue ni l’immobilier, ni l’actionnariat) reste stable aux environs de 2 % ?

              Cher Monsieur .. ca s’appelle la spéculation et c’est du à la quantité de monnaie de crédit en circulation (M1 augmente en moyenne de 11% par an dans la zone euro, alors que le mansdat de la BCE est justement de juguler l’inflation), monnaie de crédit qui profite aux riches qui peuvent s’endetter et donc spéculer et s’enrichir avec elle


              • Yann (---.---.196.185) 10 août 2006 09:13

                Aprés tout si on est capable d’annuler 10 fois la dette de pays du tiers monde on doit bien pouvoir le faire une fois pour la France mais je dis peut être une connerie.


                • Yann Riché Yann Riché 10 août 2006 18:42

                  Dans l’absolu oui car l’annulation de la dette de la France aurait des impacts en cascade sur la zone €uros d’une part et sur la crédibilité de nos finances. Ensuite la contrepartie demandée par ceux qui détiennent la dette ne serait sans doute pas acceptable pour la France car contrepartie il y aura sauf si la France décide unilatéralement cette « annulation » mais là elle se met en dehors de la communauté internationale...


                • societal (---.---.194.47) 15 août 2006 09:51

                  L’auteur de l’article, Yann Riché, écrit « Or le poids de la dette est supportable si le pays s’enrichit grâce à cette dette, »

                  ... mais justement, oui, la France s’enrichit (en capital) grâce à cette dette : les dépenses d’investissement (comprennent la Formation Brute de Capital Fixe : Écoles, hôpitaux, infrastructures de transport et de communication, l’acquisition de terrains, etc.) représentent 3,3% du PIB en 2005 soit 56 Md€

                  Comme le budget de l’Etat est de # 330 Md€, le taux de FBCF est de 17% du budget, et incidemment plus que le « déficit » qui est en 2005 de 46,9 Md€. Si l’Etat tenait une comptabilité d’entreprise, en face de ce « déficit d’exploitation » de 46,9 Md€ il y aurait bien une création de capital (de valeur) de 56 Md€, et cette « entreprise » (l’Etat) paraitrait tout à fait saine, étant capable d’investir 17% de son budget pour développer son attractivité. On peut souligner que ces équipements vont servir aux générations futures et il n’est donc pas anormal que ces générations futures participent également au remboursent de cette dette et au payement des intérêts de celle ci.

                  De plus, on ne peut pas regarder le montant d’une dette sans la comparer au capital... chaque nouveau-né français est endetté à hauteur de 17000 euros c’est vrai. Mais « en face » il dispose d’infrastructures : routes, hôpitaux, écoles... Sa richesse peut être évaluée à environ 166 000 euros (somme des patrimoines publics et privés divisée par le nombre d’habitants). Parler de la dette sans évoquer les infrastructures et l’activité qu’elle finance et dont tout le monde bénéficie est bien peu sérieux.

                  Je rajouterais que si le « droit régalien » d’émettre notre monnaie n’avait pas été bafoué, nous (collectivement) ne devrions pas emprunter pour investir, et que , sans remonter plus en amont que que 1980, à cette époque la dette de l’Etat (français) était de 206 Md€ (en valeur « euro 2004 »). Si on considère les intérêts moyens à 5% sur la période 1980 à 2004, un calcul à partir des valeurs annuelles de la dette nous montre que si nous n’avions pas eu à emprunter cette monnaie sur un marché monétaire (donc à payer des intérêts) la dette cumulée ne serait que d’environ 417 Md€ à fin 2004 (au lieu de 1067 Md€). Pour résumer, entre 1980 et 2004 la dette a augmenté de 861 Md€, lesquels sont répartis en 211 Md€ de nouveau capital emprunté et 650 Md€ d’intérêts. Les prêteurs nous ont donc collectivement « ponctionné » de 650 Md€ et c’est un transfert de richesse de la collectivité vers des « particuliers » , vers ceux qui sont déjà les plus riches. ’’

                  Voir des réfutations complètes de l’article de Yann Riché sur ce lien et celui-ci

                  Maintenant, j’approuve l’idée que la dette ne doit pas servir à financer le fonctionnement de l’Etat et de son administration, mais seulement permettre la création de richesses « réelles » (équipements) ... la comptabilité publique n’est hélas pas présentée comme une comptabilité d’entreprise et il est donc difficile de savoir ce qui part en fonctionnement et en équipement dans les emprunts budgétaires.


                  • GIL (---.---.91.163) 30 août 2006 16:02

                    Si l’on cherche à rapprocher « éthologie » et « économie » ce que les bons économistes devraient toujours faire, on constatera que le processus de la « dette », propre au sociétés, comporte, comme toutes les formes de relations d’échange interpersonnel (langage, affection, sexe, commerce) deux termes, en l’occurrence : un créditeur, qui emprunte et un créancier, qui prête.

                    La trop fameuse « dette publique » ne fait pas exception : l’Etat et les collectivités publiques ont emprunté. Suivant les estimations, les chiffres varient : entre 1800 et 2000 milliards d’euros, sur des durées plus ou moins longues. A travers elles, c’est chaque citoyen qui se voit affubler, dès sa naissance, d’une obligation de remboursement, estimée entre 12000 et 15000 euros.

                    Si l’on s’en tient à ce point de vue, c’est môche, très môche car, dans notre beau pays de paysans catholiques économes si fiers de ne rien devoir à personne, la dette, c’est une preuve, au mieux, d’insouciance, au pire, de dépravation. Bref, derrière le discours libéral du XXIe siècle transpire la bonne vieille morale du XIXe siècle : haro sur les vilains créditeurs, pour l’essentiel des salauds de pauvres qui surchargent la collectivité avec leurs dépenses sociales pharaoniques.

                    Sauf qu’il y a aussi l’autre volet, en l’occurence le point de vue des créanciers. Car, pour financer les salauds de pauvres, il a bien fallu trouver des prêteurs bienveillants, les créanciers qui ont mis la main à la poche pour financer la fameuse dette publique. Pourquoi l’ont-ils fait si c’est si mal ? Par philantropie ? Sûrement pas ! Par souci du bien public et de l’intérêt général, alors ? Soyons sérieux ! S’ils ont mis au pot, c’est bien sûr, par « intérêt » ! Un intérêt, au propre et au figuré, que leur ont recommandé les banques, les compagnies d’assurance et les autres opérateurs financiers pour leur fourguer des placements juteux.

                    C’est vrai que, dans le contexte actuel, pour le bon père de famille, la dette publique de la France, quoi qu’on pense de l’usage des deniers publics, reste plus attractive que celle de l’Argentine, du Burkina-Faso ou de la Birmanie. A fortiori quand le placement proposé par l’opérateur (OPCVM, assurance-vie) ne laisse rien transparaître de la destination finale des fonds collectés : la dette publique française.

                    En comme, dans notre beau pays de paysans catholiques économes si fiers de ne rien devoir à personne ont répugne à placer ses éconocroques à la bourse en préférant plutôt les placements de bons pères de famille, les fonds abondent. Tout le monde en veut de cette vilaine dette-là. Finalement, dans la finance mondialisée, ce sera toujours plus facile de faire payer les salauds de pauvres pour qui on a prêté.

                    Résultats : tous les citoyens, c’est sûr et certain, naissent avec une dette de 12000 et 15000 euros euros, c’est selon. Mais, certains d’entre eux naissent aussi avec les créances qui correspondent à cette part de la dette publique. L’un du montant de l’assurance-vie qu’il a souscrite, l’autre du placement dérivé qu’il a hérité.

                    Aussi, chaque fois qu’un technocrate, un économiste de cour ou un politicien vous fait remarquer que vous êtes endetté, demandez-vous si vous n’êtes pas aussi un peu créancier ou, si vous n’avez aucun placement de ce genre, qui, dans l’assistance pourra, un jour ou l’autre, vous réclamer son dû.


                    • Guillaume Yziquel (---.---.164.26) 7 octobre 2006 19:44

                      Quelqu’un aurait un lien sur le détail de la composition de nos créanciers ? Cela serait véritablement intéressant.


                    • liberator liberator 21 novembre 2006 14:53

                      Ci-dessous lien menant au graphique des détenteurs de la dette :

                      http://www.aft.gouv.fr/article_960.html?id_article=960&id_rubrique=163

                      Cela permet de comprendre qui a quelques pouvoirs sur la france, les assurances et les non résidents en particulier.

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