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Accueil du site > Actualités > Economie > Quel plan de sauvetage ?

Quel plan de sauvetage ?

Un sénateur américain s’exclamait il y a quelques jours que le plan de sauvetage concocté par l’administration Bush mettait en danger "non seulement l’économie mais également la Constitution" de son pays. Un certain nombre d’observateurs avisés se sont émus d’une "socialisation" des Etats-Unis, accusant quasiment le gouvernement américain de remplacer la faucille et le marteau du drapeau soviétique par un monocle et un haut-de-forme... Pourtant, l’utilisation des fonds publics aux fins de contrôler l’économie et la finance est aussi américaine que peut l’être le Pentagone ou le bureau ovale.

Le problème fondamental se situe dans la substance même de ce plan : en effet, et si - contrairement à ce qui se dit - les difficultés des banques ne provenaient pas tant du fait de la valorisation de leurs actifs à des prix trop bas, mais plutôt du fait qu’elles doivent provisionner des pertes gigantesques qui sont le reflet de l’effondrement de la valeur de leurs actifs ? Auquel cas le plan de l’administration américaine ne serait pas suffisant car certaines estimations relativement sérieuses prévoient que les pertes globales du système financier suite à l’effondrement immobilier s’approcheront du trillion (mille milliards) de dollars... Ainsi, le gouvernement américain, qui se propose d’acquérir ces créances toxiques à un prix légèrement supérieur à leur valorisation actuelle au bilan des banques, ne résoudra-t-il pas le problème à la racine puisque ces mêmes banques seront toujours assises sur des pertes substantielles ! M. Paulson devra alors fatalement reprendre son bâton de pèlerin pour mendier une rallonge.

Une solution nettement plus intelligente d’assainir les banques - et d’investir en même temps l’argent du contribuable - consisterait en l’acquisition par le gouvernement américain d’une partie du capital de ces banques. L’Islande a ainsi procédé hier à l’achat de 75 % du capital de la Glitnir Bank pour 600 millions d’euros, ce qui lui permettra le moment venu de revendre cette participation avec bénéfices tout en soulageant cet établissement par un afflux massif de liquidités.

Par ailleurs, la manière la plus efficace et la plus judicieuse d’aider les contribuables et les propriétaires de biens immobiliers est encore d’éviter une récession... et l’expérience japonaise des années 90 met clairement en garde contre le sauvetage des établissements financiers après une déconfiture du marché immobilier. Ainsi, le gouvernement japonais s’était-il efforcé de soutenir par tous les moyens son secteur bancaire afin d’éviter le traumatisme des faillites au détriment toutefois d’une vraie politique du pouvoir d’achat et de la création d’emplois. Cette récession nippone, souvent appelée "la décennie perdue", qui ne s’est terminée qu’il y a quelques années permet de tirer de précieux enseignements car le diable est dans le détail : s’il est en effet vital de débarrasser les banques de leurs avoirs toxiques, ces plans de sauvetage ne doivent en aucun cas se transformer en "machines à fabriquer des zombies". En d’autres termes, maintenir en vie un établissement virtuellement en faillite ne fait que prolonger le marasme économique.

Comprenons-nous bien : il est néanmoins absolument vital de secourir le secteur bancaire et l’exemple le plus significatif de crise majeure où l’Etat avait tardé à secourir son système bancaire est encore la Grande Dépression ! L’exemple le plus équilibré étant celui de la Suède qui a opéré au début des années 90 une sélection d’établissements dont elle prendrait des participations.

La finance, tout à la fois essentielle et centrale pour nos sociétés modernes, a également ceci de particulier qu’elle porte en elle les germes susceptibles de tuer le développement économique. Elle est un instrument extrêmement puissant qui doit être constamment canalisé et surveillé. 

 


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31 réactions à cet article    



    • Bernard Dugué Bernard Dugué 2 octobre 2008 10:59

      Bonjour,

      La finance qui ne fonctionne pas est comme un cancer
      Les politiques se trompent, en alimentant le cancer, ils produisent des métastases dans tout le système, alors qu’une opération aurait été plus uitile. Laisser crever les financiers véreux et toute la clique qui en profite


      • alberto alberto 2 octobre 2008 11:31

        Bernard Dugué, c’est aussi ce que disent les néolibéraux : laisser le système s’autoréguler, et mort aux vaincus !


      • Forest Ent Forest Ent 2 octobre 2008 11:26

        J’imagine qu’il va désormais y avoir pas mal de discussions sur la meilleure manière d’agir, voire sur ce qu’il aurait fallu faire un peu avant. Amha, ça fait un bon moment qu’il n’y a plus rien à faire, au moins deux ans.

        La finance est un instrument extrêmement puissant qui doit être constamment canalisé et surveillé.

        Hélas, c’est exact. Ca n’a pas été fait. Place aux dégâts. J’anticipe sur la réaction de M Lyon : il y avait plein de gens compétents et diplômés qui s’en occupaient.

        Si les difficultés des banques ne provenaient pas tant du fait de la valorisation de leurs actifs à des prix trop bas, mais plutôt du fait qu’elles doivent provisionner des pertes gigantesques qui sont le reflet de l’effondrement de la valeur de leurs actifs ?

        C’est effectivement la différence entre crise de liquidité et crise de solvabilité. Ajouter des liquidités dans un système insolvable ne résoud rien.

        La manière la plus efficace et la plus judicieuse d’aider les contribuables et les propriétaires de biens immobiliers est encore d’éviter une récession.

        Certes. On peut donc se demander pourquoi subventionner les créanciers plutôt que les débiteurs. Et c’est là que l’on comprend que la situation est désespérée : rajouter 700 G$ dans l’économie réelle est une goutte d’eau, même pas 4 fois le plan Paulson précédent de relance par réduction fiscale. La dette US n’est pas remboursable.

        L’expérience japonaise des années 90 met clairement en garde contre le sauvetage des établissements financiers après une déconfiture du marché immobilier

        Certes. Mais je mets en garde contre l’idée que cette crise ne sera pas plus grave que la crise japonaise. Il n’y a pas d’épargne aux US, pas d’exportation, pas d’activité en croissance, et l’impact est contagieux sur la planète. L’ampleur est autre : l’état US n’a pas les moyens de garder autant de zombies dix ans. Ca va aller beaucoup plus vite.

        Et surtout surtout il n’y avait pas au Japon de crise des dérivés. Nous constatons que les dérivés créent de la monnaie, créent de la dette, et de manière non traçable et horriblement insidieuse. Par exemple, AIG a fait faillite sur une question de CDS. Cela signifiait que AIG a pendant un moment encaissé des primes gratuites, en contrepartie de l’éventualité de rembourser des faillites plus tard. Si ce n’est pas de la dette, qu’est-ce qui en est ? Or personne ne connait le volume consolidé de ce genre d’engagements.

        Tant qu’on y est sur la nationalisation des pertes, je signale que Paulson vient également de décider de prêter comme prévu plein de thunes à Ford et GM pour "développer la technologie". C’est là que l’on voit le naufrage de "l’économie de la connaissance". Leur problème, c’est qu’ils vendent des bagnoles qui consomment trop, c’est tout.


        • wesson wesson 2 octobre 2008 12:16

          @Forest

          "Tant qu’on y est sur la nationalisation des pertes, je signale que Paulson vient également de décider de prêter comme prévu plein de thunes à Ford et GM pour "développer la technologie"."

          Bien entendu. Ce plan pour
          "développer la technologie" n’a bien entendu rien à voir avec l’effondrement des ventes de voitures de ces 2 compagnies sur leur continent.

          Voir l’état américain subventionner directement son industrie automobile pour la sortir de la nasse, c’est en soi une révolution - qui plus est contraire à ce que le pouvoir nous racontes comme fadaises en Europe depuis 30 ans.


        • Dominique Larchey-Wendling 2 octobre 2008 18:04

          il y avait plein de gens compétents et diplômés qui s’en occupaient.

          La compétence et les diplomes ne sont d’aucun secours quand la cupidité remplace la raison.



        • Pierre JC Allard Pierre JC Allard 4 octobre 2008 08:21

          @ Forest Ent : Merci de ne pas avoir renoncé a poursuivre la description anticipé de la crise ; elle n’est pa finie, elle commence. Comme ce qui est devenu loi ne fera rien de plus que d’amadouer les financiers pour qu’isl se sabotent pas délibrement l’économie - mais sans réoudre en aucune façon ls problemes des citoyens, payer la rançon n’aura servi qu’a reculer pour mieux sauter. 

          Si les USA ne réussissent pas a convaincre tous leurs créanciers inernationaux de maintenir l’illusion de la valeur du dollar - mais que certains en sous-main trichent et cherchent a sauter dans la chaloupe avant que le capitaine n’est crié "scramble" - on peut se retrouver avec un crise plus gravee durant l’interregne de novembre à janvier, quand décreter un État d’urgence ne sera pas si facile...

           Piere JC Allard

          http://nouvellesociete.org/10b.html

          http://les7duquebec.wordpress.com/2008/09/15/un-dream-team-pour-obama/



        • alberto alberto 2 octobre 2008 11:26

          M. Santi : si toutes les créances vérolées n’arrivent pas à échéance en même temps, pourquoi vouloir à tout prix les purger dès maintenant et ne pas étaler ça dans le temps ?
          Bien à vous ?


          • Michel Santi Michel Santi 2 octobre 2008 11:32

            parcequ’elles sont à présent valorisées au bilan des banques à des prix ridiculement bas...à tel point que ces banques n’arrivent plus à emprunter.
            On a largement dépassé le stade où l’on espérait en effet que l’étalement dans le temps "amoindrirait" le choc, on en est à des choses plus sérieuses !! 


          • geko 2 octobre 2008 11:58

            J’ai noté dans vos échanges avec Forest que la planche à dollars tournait plein pot en ce moment et la situation devrait inévitablement déboucher sur de l’hyperinflation !

            Dites moi si je me trompe, mais sachant que les réserves de la BCE sont constituées en grande partie de dollars et que la BCE pratique le swap de devises euro-dollars, ces réserves vont fondre comme neige au soleil ?


            • Forest Ent Forest Ent 2 octobre 2008 12:19

              Comme dirait M Branche, c’est un système shadok où il faut pomper.

              Les créances insolvables sont progressivement annulées, directement ou à travers des faillites bancaires. Il y a donc une grande quantité de monnaie qui disparait. Dans le même temps, les gouvernements fabriquent de la monnaie à toute vitesse pour éviter l’implosion, ce qui transfère vers le public certaines dettes privées insolvables plutôt que de les annuler tout de suite.

              Ca fait deux ans que l’on discute pour savoir lequel de ces deux mécanismes ira le plus vite. On va vite voir.

              En 1929, ça a été clair : il y a eu d’abord une phase de disparition des dettes (déflation), puis une phase où la création de monnaie n’a pas réussi à relancer l’activité (hyperinflation et stagflation). Paulson et Bernanke connaissent ça par coeur. C’était même le sujet de thèse de Bernanke. Il a tenté de dégonfler la bulle doucement en relevant lentement les taux en 2006. Ca a flingué l’immobilier en 2007, et les banques ont commencé à sauter en 2008. Paulson a commencé à nationaliser, puis constaté qu’à la vitesse où ça allait il ne tiendrait pas longtemps. Il a donc décidé d’en laisser une disparaitre pour voir : Lehman. L’annulation des dettes de Lehman a immédiatement flingué l’ensemble des marchés de cash. Donc il propose de continuer à nationaliser. Il préfère une forte inflation à une déflation énorme. Mais a-t-il vraiment le choix ?

              Notez que quand Sarkozy dit : "je m’engage à ce que les déposants ne perdent pas un euro", cela signifie en bon français qu’il vient lui aussi de nationaliser l’ensemble du système bancaire français (ou quasi-français avec Dexia).


            • Michel Santi Michel Santi 2 octobre 2008 12:21

              Geko : c’est les réserves de toutes les banques centrales qui vont fondre car la période de vaches maigres qui s’annonce le sera pour nous citoyens mais aussi pour les banques centrales qui sont en train de livrer une rude bataille.


            • geko 2 octobre 2008 13:25

              Merci pour vos commentaires respectifs  !

              Entre la peste et le cholera il ne s’agit que de ralentir une chute inéxorable !

              La création de l’euro aura favorisé les échanges intra-européens et une certaine stabilité monétaire.
              Mais l’absence d’une stratégie de devises de réserve ne traduit elle pas un manque de volonté d’une europe forte et indépendante des USA ?


            • Michel Santi Michel Santi 2 octobre 2008 13:28

              A voir mon article de demain...


            • wesson wesson 2 octobre 2008 12:09

              Bonjour l’auteur,
              Je ne sait pas comment le dire sans être trivial, meme si je partage votre point de vue (il faut sauver les banques), ça me fait quand même bien mal au cul !

              et surtout, si il faut sauver tout ce monde, ce n’est quand même pas à n’importe quel prix. 

              Hors, le plan Paulson 2, c’est encore du "a n’importe quel prix". Les modifications effectués sont électoralistes (250.000$ de garantie de dépot au lieu de 100.000$), alourdissent la note, et n’enlèvent pas la disposition qui à mon avis est la plus dangereuse : le trésor fixe les prix tout seul, sans contrôle possible à priori ni à postériori. 

              C’est un pouvoir exhorbitant, qui va alourdir la note dans des proportions insupportables - c’est le vrai chèque en blanc. Qui plus est, régler les problèmes provenant d’un défaut de contrôle par un plan qui lui même ne prévoit aucun controle, y’a comme qui dirait un problème.

              C’est pourquoi je pense aujourd’hui que oui, il faut sauver le système financier, mais pas avec cette moûture du plan qui n’est rien d’autre qu’une prise d’otage fusil sur la tempe, qui ne fera que déplacer le problème, sans rien enlever à son intensité.


              • pallas 2 octobre 2008 12:21

                Ce sont ceux qui ont peut de moyen financier la categorie populaire qui ont crée la crise banquaire et non les riches. Il est normal que le contribuable paye, car tout le probleme vien de lui en verité. Il fait un credit qu’il sera incapable de remboursé et il le sait tres bien, les banques ont ete trop credules et se sont fait avoir en beauté. La crise boursiere est en voie d’etre fini et heureusement, nous sommes passé de justesse a un 1929 bis en scenarion réellement mondial. Les riches ont evité la crise et les proletaires l’ont crée, il faut reformer le systeme bancaire mondial et s’assurer des garanties de remboursement bcp plus dur pour s’assurer que le proletaire rembourse, sa passe evidemment par l’augmentation du taux d’interet et ensuite de mettre en gage ces biens en cas de non payement et assouplir la lois sur le logement, qui consiste a chassé l’individu de chez lui des qu’il ne paye plus, la banque devrait avoir bcp plus d’autonomie et etre libre, c’est un second point et avoir le doit de faire des enquetes permanentes sur ces clients avec le pouvoir de le chasser de chez le mettre en liste noire, dans un listing que toutes les banques puissent voir, et prendre mesure avec du bon et mauvais grain.


                • Tristan Valmour 2 octobre 2008 12:32

                  M. Santi

                  Je crois, pour aller dans votre sens et pour essayer de prolonger (et je veux bien m’instruire des compétences des différents lecteurs pour me réviser), que :

                  Le rôle initial des financiers et de la bourse était d’accompagner le développement des entreprises ; que ce rôle a été dévoyé il y a environ 20 ans ; que la bourse fait depuis son beurre essentiellement avec du vent, or ce vent tombe ;

                  La mondialisation n’a pas été maîtrisée, elle est allée trop vite ; elle a mis en concurrence de façon brutale différents systèmes économiques, différentes cultures économiques et sociales. Ce n’est pas un problème de mondialisation mais de vitesse. La faute en incombe en grande partie aux organismes supranationaux que sont l’OMC, l’OCDE, la banque mondiale, le FMI (…) ; bref, tous les organismes qui ont prôné une unique vision de l’économie, qui ont fait abstraction des réactions humaines qui, elles, ne peuvent se réduire aux seuls indicateurs. Or, quand le conducteur a les yeux rivés uniquement sur son compteur de vitesse, sa jauge d’huile (…), il ne voit plus la route.

                  Le capitalisme est à mes yeux le meilleur système économique ; son problème est qu’il ne connaît que les limites physiques (géographie finie de la Terre, ressources finies, etc.), que l’on atteint petit à petit, alors que les progrès technologiques n’ont pas progressé assez rapidement pour les reculer. Peut-être, justement parce qu’on n’a pas suffisamment investi dans la recherche fondamentale qui ne rapporte pas à court terme. Le trop plein de capitaux – largement virtuels – s’effondre sur lui-même, comme une étoile qui devient un trou noir.

                  Nous assistons-là à l’échec d’un système, à l’échec d’une prédation sans limites qui a permis la création d’entreprises trop importantes, l’enrichissement démesuré d’individus, et leur a procuré une capacité de nuisance que l’on découvre aujourd’hui. Tout pouvoir doit être limité, que ce soit le pouvoir des individus, des entreprises, des associations ou de l’Etat.

                  J’observe que tous les grands économistes ont moqué la France – et beaucoup continuent-, ce pays ringard, qui, sous l’impulsion de de Gaulle a tracé une voie entre le socialisme et le capitalisme. Et maintenant on nous dit que ce qui reste du gaullisme et n’a pas été démantelé par Sarkozy l’Américain est peut-être ce qui va permettre à la France de souffrir moins que les autres. Nous, les ringards, les ploucs, les bouseux, les provinciaux du monde, amateurs de vin et de bonne chair.

                  Le monopoly économique est l’exemple parfait de l’échec de l’application des conceptions darwiniennes puisqu’au terme de ce jeu, il ne reste qu’un joueur… qui a aussi perdu la partie !

                  Bonne soirée à tous



                  • bof 2 octobre 2008 13:13

                    Ca c’est bien vrai !
                    Un tel plan met en danger les fondements mêmes des Etats-Unis. N’a-t-on pas vu des millions d’électeurs furieux à l’idée d’un Etat qui oserait leur prendre de l’argent à eux, pour renflouer les banques ?
                    Et les élus de s’apercevoir, bien embêtés, qu’il y a bientôt des élections bientôt, et qu’à suivre trop aveuglément les consignes de leurs partis ils pourraient bien devoir renoncer à leur douillet statut de représentant.

                    A la surprise générale, Washington redécouvre la démocratie et doit se livrer en catastrophe à des aménagements du plan Paulson, retardant d’autant le salutaire sursaut qui va, n’en doutons pas un instant, rétablir Wall Street. Parce que pendant que le Congrès doit composer avec la mauvaise humeur de l’électorat, la bourse continue de plonger, plonger, plonger, plonger...


                    • FYI FYI 2 octobre 2008 13:42

                      Couper les parties gangrenées avant de reconstruire 				

                      Le gouvernement français a finalement décrété l’état d’urgence face au krach financier mondial : lundi, nationalisation de Dexia pendant la nuit par la France, la Belgique et le Luxembourg ; mardi, réunion de crise à l’Elysée avec les principales banques et compagnies d’assurances pour examiner l’état des lieux ; samedi, réunion probable à Paris des chefs d’Etat du G4 (France, Allemagne, Italie et Grande Bretagne) avec Jean Claude Trichet (BCE), Jose Luis Barroso (UE) et Jean Claude Juncker (Eurogroup) afin de préparer un sommet pour fonder un Nouveau Bretton Woods.

                      Alors que le krach a eu lieu en août 2007 , il a fallu que certaines de principales banques du monde commencent à tomber pour que les chefs d’Etats de grandes puissances se rendent à l’évidence de l’effondrement du système et commencent à élaborer des plans d’action.

                      Erreur gravissime de ces plans d’action : tous songent à sauver un système déjà fortement gagné par la gangrène, en multipliant les transfusions alors que chacun sait que dans ce cas, il faut amputer avant de pouvoir stabiliser et reconstruire les parties saines du corps. Arrêtons tout de suite cette métaphore morbide et revenons aux termes classiques de l’économie. Lorsqu’une société est en faillite, on lui applique la procédure dite de « mise en règlement judiciaire », suivant laquelle des experts nommés par un tribunal examinent l’état de la compagnie, coupent dans les activités ayant provoqué la faillite et injectent de nouveaux crédits pour relancer les activités saines pouvant générer des bénéfices.

                      Faute d’appliquer cette procédure au système monétaire international avant de procéder à toute injection nouvelle de capital, non seulement ces efforts seront voués à l’échec mais ils contribueront à détruire ce qui reste de sain dans le système ! C’est vrai pour le plan Paulson, c’est vrai aussi pour les mesures adoptées ou proposées par les pays européens ces derniers temps.

                      Si Nicolas Sarkozy a laissé planer un certain nombre d’ambigüités dans son discours de Toulon, tentant de rassurer à la fois les banques et les épargnants, François Fillon a depuis été beaucoup plus net sur la volonté du gouvernement de sauver les banques majeures d’une faillite : « Si une banque française à des difficultés, l’Etat peut faciliter son adossement, prendre une participation comme nous l’avons fait avec Alstom et hier avec Dexia. Nous nous donnerons les moyens d’empêcher, un sinistre financier majeur. Il n’y aura pas de faillite », a-t-il dit dans son interview aux Echos (1er octobre). La veille, la Belgique, le Luxembourg et la France avaient décidé d’injecter 6.4 milliards d’euros dans la prise de contrôle de Dexia – bien compréhensible par ailleurs vu son poids dans les finances locales — sans que l’on sache, cependant, si ces Etats ont accepté ou non de renflouer aussi tous les actifs pourris de cette banque.

                      Nous semblons donc bel et bien partis dans la direction d’un « renflouement » pur et simple de ces banques, modèles de ce capitalisme sans foi ni loi, agissant au détriment de la société comme un tout, que dénonce si bien Nicolas Sarkozy.

                      Bien entendu, le Président a fait connaître, et ce de façon insistante, sa détermination a assurer un flux régulier de crédit aux PME et aux particuliers, actuellement totalement étranglés par le « credit crunch », une contraction total des crédits provoquée par le fait que les banques, craignant de nouvelles faillites, refusent de se prêter les unes aux autres.

                      Mais tout effort visant à orienter de nouveaux capitaux vers les PME, sans entamer en même temps la « mise en règlement judiciaire » de partis gangrenées du système et dans le contexte d’un vaste plan pour relancer les parties saines de l’économie via le financement de très grands projets et des crédits aux PME, serait voué à l’échec et ruinera en plus ce qui reste de sain dans le système.

                      Prenons deux des mesures adoptées ou proposées pour garantir le flot de crédit vers les PME. Réunis à Nice, les ministres de l’économie et des finances de l’UE ont mobilisé la BEI (Banque européenne d’investissement) pour qu’elle octroi 30 milliards de crédits supplémentaires au PME. Comme l’ont souligné les professionnels eux-mêmes, cependant, au stade actuel de la crise et vu les quelques 26 millions de PME existantes en Europe, cette somme représente une goutte d’eau dans l’océan. Mais pour étendre cette somme, la BEI, une banque publique européenne orientée majoritairement vers l’investissement productif, donc plus saine que la plupart, doit accepter de porter elle-même un plus grand risque, dans un contexte très dégradé avec un grand nombre de ces entreprises pouvant faire faillite prochainement !

                      Prenons aussi la proposition que pourrait faire le gouvernement d’utiliser les collectes supplémentaires du livret A – l’épargne que les citoyens croient avoir placée en lieu sur et qui a grossi de 8 milliards d’euro depuis le début de la crise – pour garantir des liquidités aux PME ou aux particuliers pour l’achat de logements. Si dans un contexte de réorganisation global du système et d’un plan visant à stabiliser l’économie par une forte relance de l’investissement productif, ce type de mesure pourrait peut-être se concevoir, dans le cadre actuel, avec un système monétaire international dans ses derniers soubresauts, suite à 30 ans de spéculation de plus en plus folle, cet argent sera englouti dans les vagues successives de faillites qu’entrainera la crise.

                      « C’est le système, idiot » ! Serait-on prêt à dire, imitant le slogan de la campagne qui avait permit à Clinton d’emporter sa deuxième élection présidentielle. Tant que le gouvernement français, et ses homologues, ne voudront pas faire face au fait qu’il faut une « mise en règlement financier » du système – organisant d’abord une banqueroute des instruments toxiques et des banques qui comme, Lehman Brothers et d’autres, ont pris des risques insensés – avant d’injecter de nouveaux fonds, tant que le gouvernement français, et ses homologues, ne rétabliront pas le crédit productif public pour disposer de crédit à bon marché pour un vaste plan de relance à l’échelle internationale, cette crise dont la virulence a été soulignée, y compris par François Fillon, pourrait emporter toute la civilisation pour de très longues années.

                      				

                      				 				 				 				

                      				 				

                      				


                      • herve33 2 octobre 2008 17:14

                        Excellent commentaire , le problème est bien là , à force de vouloir sauver les banques à coup de centaines de milliards de dollars ou d’Euros ,sans réformer non pas en profondeur , mais carrément remettre à plat le rôle de la finance dans l’économie . Il n’y a pas de demi-mesures à prendre sinon nous ne sortirons non seulement pas de la crise mais l’ effondrement total du système imposera cette remise en question , mais les dégats seront tels que nous serons en zone inconnue .





                      • antitall antitall 2 octobre 2008 13:48

                        Le plan Paulson ? smiley c’est très simple !!LE HOLD UP DU SIÈCLE !!.....le 2éme 911 des néo-cons....


                        • wuwei 2 octobre 2008 15:42

                          Voici ce que disait F.D. Roosevelt en Janvier 1944 lors d’un discours devant le Congrès américain :

                          « La liberté, dans une démocratie, n’est pas assurée si le peuple tolère que la puissance privée grandisse au point qu’elle devienne plus forte que l’État démocratique lui-même, ce qui est fondamentalement le fascisme. »

                          Limpide, non ? 



                          • Benoit FA 2 octobre 2008 15:45

                            Decidement l’economie est une chose trop serieuse pour etre laissee aux financiers.


                            • Yannick Harrel Yannick Harrel 2 octobre 2008 16:14

                              Bonjour,

                              Merci pour cet article et notamment de citer les exemples Islandais comme Nippon qui permettent de mieux appréhender les solutions de gestion (à défaut de sortie) de crise.

                              Je n’en reviens toujours pas que l’on souhaite de plus en plus socialiser les pertes pour des institutions qui n’ont pas été foutues de gérer correctement leurs actifs. Devoir demander au contribuable Américain comme Européen de mettre la main à la poche (déjà bien paupérisée) pour renflouer un secteur financier qui a joué à la surenchère et à la spéculation sur des produits financiers pourris. Or ceux qui étaient voilà encore peu les thuriféraires indéfectibles de la doxa libérale sont devenus des agents forcenés de l’interventionnisme étatique au mépris de l’économie réelle qu’ils vont asphyxier de ce fait.

                              Cordialement


                              • geko 2 octobre 2008 16:49

                                Bonjour Yannick

                                Je partage votre sentiment. Le cynisme et la perversion sont le propre des gens sans moralité. Une fois ce principe bien assimilé vous en serez moins affecté ! Ca permet de faire face pour la suite....


                              • OmegaDG OmegaDG 2 octobre 2008 17:15

                                ’’Une solution nettement plus intelligente d’assainir les banques - et d’investir en même temps l’argent du contribuable - consisterait en l’acquisition par le gouvernement américain d’une partie du capital de ces banques.’’

                                Erreur. Faire l’acquisition d’une partie d’un capital privé emprunté avec l’argent de ce même capital financier ? Vous voulez concentrer plus de pouvoir à ce cartel mafieux ?

                                La solution est la nationalisation complète du système financier américain dans un premier temps.
                                C’est assez de la bande des douze. ’’Get out of the pot’’. Je sais, c’est une révolution majeure et la mort complète du système néolibéral qui n’a jamais été libéral.
                                Les effets risquent d’être dramatiques à court et moyen terme. Mais quand le cancer est diagnostiqué, il faut rapidement décider entre le traitement choc ou laisser la mort s’intaller dans une longue agonie.

                                Le système financier mondial est entre les mains de privés qui concentrent présentement les pouvoirs entre les mains d’un nombre encore plus restrein d’individus sans scrupules, sans nation, sans foi (libérale) ni loi (sociale). In God$ they trust$. Point barre.

                                Assez, c’est assez.
                                Il nous faut expliquer simplement et clairement au citoyen du monde entier le fonctionnement actuel du système monétaire et financier mondial. La décision sera vite prise démocratiquement (la vraie démocratie et non l’illusion de celle-ci que nous impose les organes de propagande que sont devenus les médias contrôlés par ce même cartel mondial). Ce cartel qui s’est accaparé de l’étalon OR pour finalement nous imposer le virtuel monétaire. On voit leurs objectifs avec cette crise.


                                • finael finael 2 octobre 2008 18:46

                                  Quand le chariot est brisé beaucoup de gens vous disent par où il ne fallait pas passer !
                                  (proverbe turc)


                                  • geko 2 octobre 2008 19:44

                                    Parmi ces gens beaucoup l’avaient dit avant qu’il n’y passe non ?


                                  • wesson wesson 2 octobre 2008 21:05

                                    Bonsoir l’auteur,

                                    plan ou pas plan, il semblerai que ce soit pas très bien parti cette affaire. 

                                    Malgrès l’espoir d’une adoption Vendredi, les mauvaises statistiques s’accumulent - la conso en chute (4%), le chomage qui monte comme jamais (+497000 demandeurs), le plan paulson toujours plus impopulaire, et les gens qui commencent à manifester devant Wall Street. 

                                    Les traders ont besoin de cash comme jamais. Comme les VAD sont maintenant interdites, ils sont en train de massacrer leurs actifs - ce qui entraine la chute de la bourse que l’on constate aujourd’hui, et accessoirement la baisse de l’euro face au dollars.

                                    Mais dès lors que les bijoux de famille seront vendus, il va falloir bien s’accrocher aux lampadaires, on devrait assister à un joli effondrement du cours du billet vert.

                                    La prédiction du LEAP (1€ à 1.75$) d’ici à la fin de l’année est en passe de se réaliser, peut-être même plus rapidement que prévu.



                                    • geko 2 octobre 2008 21:56

                                      C’est clairement la recession !


                                    • subwheat 2 octobre 2008 23:00

                                       De fin 1979 à fin 2006 (en euros constants 2006) Augmentation de la dette de 913 milliards d’euros Solde de la différence recettes/dépenses sans intérêts : 263 milliards d’euros Intérêts payés : 1176 milliards d’euros « Ainsi, entre 1980 et 2006, la dette a augmenté de 913 milliards d’euros, alors que nous avons payé 1176 milliards d’euros d’intérêts (…) Si nous n’avions pas eu à emprunter ces 913 milliards d’euros sur les marchés monétaires, c’est-à-dire si nous avions pu créer notre monnaie, faire exactement ce qu’ont le droit de faire les banques privées, la dette qui était de 229 milliards d’euros début 1980 serait totalement remboursée en 2006 grâce aux 263 milliards d’euros économisés et nous disposerions en plus d’un solde de trésorerie positif de 263 - 229 = 34 milliards d’euros. » Pensez-y : 1176 milliards d’euros d’intérêts payés pendant 27 ans, c’est à peu près 120 millions d’euros par jour (oui, par jour) que nous payons aux déjà plus riches qui d’ailleurs peuvent ainsi nous les reprêter à nouveau contre intérêt.. Et ces 43 milliards par an, sont l’équivalent de 240 airbus A350, ou de 3 portes-avions “Charles de Gaulle”, ou de 40 000 belles villas sur la Côte d’Azur, ou de l’isolation (en comptant 10 000 euros par foyer) de 4 270 000 logements, ou un salaire net de 18000 euros annuel, salaire médian en France, à 2 380 000 personnes … mais vous pouvez trouver d’autres exemples ! Le recours à l’emprunt par l’État, qui pouvait se concevoir lorsque la monnaie était représentative d’une certaine quantité de métal (or ou argent) qui à un moment pouvait manquer dans les caisses de l’État, n’a maintenant plus aucune justification depuis que la monnaie est totalement dématérialisée. Nous préconisons au niveau national, une reprise du droit de seigneuriage - droit régalien d’émettre la monnaie. NOW !

                                       

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