• AgoraVox sur Twitter
  • RSS
  • Agoravox TV
  • Agoravox Mobile

Accueil du site > Actualités > Economie > Réconcilier les potentiels économiques et humains

Réconcilier les potentiels économiques et humains

Interrogez les salariés autour de vous sur leur état de bien-être au travail. Vous constaterez que très souvent un grand nombre ne trouvent plus de sens à leur quotidien professionnel. Pire, ils ne savent pas toujours à quoi sert ce qu’ils font tout au long de la journée. Or, l’être humain ne peut vivre dans un monde qui n’a pas de sens. Si nous n’agissons pas, il y a fort à parier que les millions de salariés qui aujourd’hui déjà ne trouvent plus de sens à leur travail ne développent une contagion du mal-être en entreprise. La motivation est rarement contaminante. La démotivation, oui !

Le 22 mai dernier, se tenait à Paris, au siège de l’Unesco, l’assemblée générale de l’association citoyenne, l’élan nouveau des citoyens.

Présidé par le Dr Philippe Rodet, cette association a, entre autres, pour vocation, à remettre l’homme, le citoyen, au cœur de la cité. Il n’est donc pas surprenant de voir siéger à la présidence d’honneur de cette association Jacqueline de Romilly de l’Académie Française, historienne et spécialiste internationale de la culture grecque antique et le spationaute Jean-Loup Chrétien. La conjugaison de la tête dans les étoiles et des pieds sur terre, le mariage du futur de l’espace avec le passé de notre histoire.

L’un des orateurs, Fabrice Pollet, chef d’entreprise et membre du Centre des jeunes dirigeants (CJD) a traité dans son intervention de la perte de sens qu’il constate dans les entreprises et des efforts que lui-même et son équipe développent dans son entreprise, afin d’y pallier. Son intervention a beaucoup tourné autour de mots ou d’expressions comme : engagement, sens de l’action, valeurs, projets. Des mots et expressions qui rejoignent les réflexions de Christian Lemoine un avant-gardiste en matière de conseil en management, qui avait coutume de dire lors de ces interventions, qu’un homme en projet est imbattable, infatigable, et ajouterait-il probablement aujourd’hui, moins sensible au « mauvais » stress. Il n’est d’ailleurs pas surprenant que le CJD, tout comme l’élan nouveau des citoyens aient fait de la lutte contre les stress l’un de leurs atouts majeurs pour 2008-2009.

Le constat fait au quotidien dans certaines entreprises, laisse apparaître que le stress, est parfois dû à l’inexistence même des mots évoqués plus haut : sens de l’action, valeurs projets, engagement. Tant que ne seront pas réhabilitées les notions d’engagement et de valeurs professionnelles et que les employeurs ne développeront pas d’efforts pour redonner du sens au travail, alors nous risquons de continuer à glisser sur la pente de la morosité et d’une certaine forme de déconstruction sociétale.

Les entreprises touchées par ce phénomène sont-elles si démunies qu’elles n’entrevoient plus de solutions ? Pourtant, ce n’est pas les propositions qui manquent. Quantité d’ouvrages paraissent sur le sujet ; l’un des derniers en date L’Entreprise réconciliée de Jean-Marie Descarpentries et Philippe Korda propose avec beaucoup de pertinence de réconcilier potentiel économique et potentiel humain en offrant une multitude de pistes dont certaines ne semblent relever que d’un simple bon sens. Mais le bon sens existe-t-il ou n’est-il que le reflet de notre façon de voir les choses.

Quoi qu’il en soit, la conjugaison au cynisme de l’époque que nous traversons, associée à une forme de développement sauvage de l’individualisme ainsi qu’à la perte des « anciens repères » : religion, politique, spiritualité et philosophie, conduit un certain nombre de salariés et même d’organisations à ne plus trouver de sens à leur quotidien et parfois à offrir ainsi des terrains propices au développement du stress. Est-ce à dire qu’il faut réhabiliter les « anciens repères », je ne me hasarderais pas sur ce terrain, étant par nature adogmatique et respectueux de toutes des formes de convictions, de croyances ou de religions, dès lors, bien sûr, que celles-ci sont conformes à ce que j’appellerais la citoyenneté éthique et donc non nuisibles aux citoyens de cette société. Mais il est curieux de se rappeler que l’on rejoint là une citation prêtée à André Malraux : « Le XXIe siècle, disait-il, sera spirituel ou ne sera pas ».

Je ne développerais pas les raisons de la perte de sens au travail qui s’amplifie année après année, en France, mais force est de constater que le domaine d’activité, l’environnement social, l’attrait ou l’absence d’attraits, tant du poste que de l’organisation impactent également sur le rapport du salarié à son entreprise. Travailler chez Google, dans une start-up, ou dans des univers que les Anglo-Saxons qualifient de « sexy »  : mode, pub, médias, high-tech, etc., peut être générateur de sens pour un grand nombre de salariés de ces structures, mais qu’en est-il pour les millions de salariés qui travaillent dans des organisations ou à des postes qui peuvent être ressentis comme étant moins attrayants. Ne voulant heurter aucune organisation professionnelles privées ou publiques, je m’abstiendrais de citer, tant des domaines d’activités que des postes qui pourraient et sont souvent ressentis comme n’étant pas particulièrement attrayants.

Certes, parmi ces salariés, certains seront porteurs de projets personnels ou professionnels (ambition, plan de carrière, etc.). Mais pour tous ceux qui n’ont pas de projets, pas de but, pas de vision. Qui n’ont plus accès aux « anciens repères » ou qui s’en sont détachés, quelle est la réponse à ce mal-être ?

Quel est le salarié qui peut trouver du sens à son quotidien, dans une répétitivité de tâches et face à une nouvelle forme de taylorisme tertiaire naissant ?

Quel est le salarié qui peut trouver du sens à son quotidien quand le management « baisse les bras ? », voire quand il y a un management digne de ce nom.

Quel est le salarié qui peut trouver du sens à son quotidien quand il ne connaît pas l’utilité de son travail et que le management est inexistant ?

Quel est le salarié qui peut trouver du sens à son quotidien quand l’exigence s’amplifie et que, dans le même temps, la reconnaissance, dont on ne peut ignorer qu’elle est un facteur impératif à l’implication, la motivation et par-là même la performance professionnelle n’existe pas ?

Quel est le salarié qui peut trouver du sens à son quotidien quand des mots comme autonomie et créativité sont absents du discours managérial et surtout des méthodes de travail ?

Quel est le salarié qui peut trouver du sens à son quotidien quand l’entreprise entreprend changements sur changements sans même valoriser et reconnaître les efforts fournis et ayant permis l’aboutissement des changements précédents ?

Doit-on tenir rigueur au dirigeant des organisations dans lesquelles travaillent les salariés décrits ci-dessus ? Certes, non, s’ils ont des responsabilités dans cette situation, ils n’en sont pas pour autant coupables (pardonnez-moi ce trait d’humour involontaire).

Mais ne l’oublions pas, il y a dix ans, la perte de sens au travail était balbutiante. Il restait un reliquat des « anciens repères » qui continuent à se désagréger. Autre temps, autres mœurs.

Force également est de constater qu’antérieurement à ces dix ans, le lien social conjugué à la convivialité dans un monde ou le « politiquement correct » n’existait pas encore, donnait plus de liant aux relations professionnelles et offrait ainsi plus de sens au quotidien. Nous sommes entrés depuis dix ans dans l’ère de la mondialisation, certains l’appellent la globalisation. Pas de retour en arrière possible. Bien ou mal n’est pas le thème de la réflexion. Nous ne pouvons pas changer hier, mais nous pouvons agir aujourd’hui, ici et maintenant pour faire un meilleur « demain ».

Il faut donc, si nous voulons continuer à construire du progrès, tant social qu’économique, si nous voulons redonner du sens au quotidien, si nous voulons prévenir le stress et non le traiter, réconcilier les potentiels économiques et humains de toutes nos organisations professionnelles.

Remettre l’homme au cœur de toutes les actions, au cœur de la cité, au cœur des organisations professionnelles et publiques. Se rappeler que l’économie est au service de l’homme et pas l’inverse. Pas d’économie sans l’homme, mais sans l’homme, pas besoin d’économie. Ces deux forces doivent se réunir sans contraintes, sans s’opposer et, à défaut de regarder la même chose, regarder dans la même direction. Si nous n’agissons pas, il y a fort à parier que les millions de salariés qui aujourd’hui déjà ne trouvent plus de sens à leur travail ne développent une contagion du mal-être en entreprise. La motivation est rarement contaminante. La démotivation, oui !

Comme le dit Philippe Rodet dans son livre Le Stress, nouvelles voies, le salarié doit être convaincu de l’utilité de son activité à l’égard de ses collègues, d’autrui et d’une manière plus générale de la société. Henri Bergson, ajoute-t-il, faisait déjà état du lien naturel entre « intérêt personnel et intérêt général ».

L’on entend souvent parler de la notion de « Projet entreprise ». Est-ce à dire qu’il faut un projet d’entreprise fort pour mobiliser les effectifs ? Une chose est sûre, si c’est le cas, ce n’est en rien nuisible. Mais l’absence de projet d’entreprise est elle préjudiciable à la pérennité de l’organisation ? Heureusement, non ! Car il y a des palliatifs qui peuvent réunir une entreprise, une organisation et ses salariés autour de visions partagées autres que le « projet d’entreprise ».

L’association d’une entreprise ou d’une organisation professionnelle à une action citoyenne en est une possibilité. L’investissement dans une action dont le but est d’améliorer la vie des citoyens de la cité est propice à fédérer des salariés autour de cette action. Il y a nature à créer une vision partagée entre salariés et employeurs et ainsi recréer du liant, du lien, lutter efficacement contre le stress et surtout redonner du sens au quotidien. Et ce ne sont pas les associations qui manquent. Il y a quelques années, Jean Boissonnat écrivait : Si l’on veut que les choses changent par en haut, on risque d’attendre longtemps ou d’y perdre notre liberté. Si on veut qu’elles changent par en bas, il faut construire et diffuser une culture de la responsabilité.

Un grand nombre d’entreprises sont aujourd’hui citoyennes, responsables et impliquées dans la vie de la cité. Quand elles partagent leurs actions d’implication dans la vie de la cité en soutenant des initiatives citoyennes et qu’elles y associent les collaborateurs qui veulent s’y engager, alors les mots et termes : engagement, sens de l’action, conscience professionnelle, autonomie et créativité font partie de leur culture. Ce sont des entreprises en progrès qui ont compris que la performance cela se construit et qu’au-delà des compétences, c’est l’envie et la motivation qui donnent du sens à l’action.


Moyenne des avis sur cet article :  4.43/5   (14 votes)




Réagissez à l'article

8 réactions à cet article    


  • Cug Cug 27 mai 2008 14:24

     C’est pas "demain la veille" que l’homme remplacera le profit dans les entreprises.


    • wiztricks 27 mai 2008 23:20

      Comme le dit le commentaire précédent, à quoi sert bercer les employés d’élans généreux si c’est pour tout juger à la seule aune du profit....

      Comment convaincre, motiver, mobiliser avec ce que nous pouvons appeler du pur ’cynisme’ ? Lorsqu’on les entends on ne peut que penser ’cause toujours toto’...

      Pas facile dans ces conditions de redonner du sens au travail... Vous savez ces activités que vous ne pouvez réaliser sans vous impliquer dans ce que vous faites pas seulement parce qu’il y a un salaire mais parce que vous faites partie d’une équipe qui compte sur vous ou plus simplement parce que vous pouvez aimer et prendre plaisir à ce que vous faites.

      Tout ramener à des questions de profits tue une certaine idée du travail, la liberté que nous prenons parfois de prendre sur nous de faire un peu plus pour que le client soit servi correctement.

      C’est parce que nous avons un petit peu de liberté dans ce genre de choix que l’entreprise - le machin qui doit produire des résultats - s’adapte pour obtenir des résultats. Si nous supprimons systèmatiquement tout ce ’mou’ qui non seulement permet de à l’entreprise de s’adapter mais aussi de nous réaliser dans notre travail.... 

      Ce qui démissionnent adoptent souvent un modèle de ’production soviétique’ : vous voulez que je produise 10 kg de cartons par jour, je me débrouille pour sortir 10 kg de truc par jour... Ah pardon, ca c’est pas du carton mais des vieilles chaussettes.... Oops, je ferais mieux la prochaine fois.

      D’autres vont prendre sur leur temps personnel, d’autres vont se retrouver complètement coincés et vont stresser...

      Contrairement à ce que dit mon prédécesseur, unne entreprise dans laquelle les employés ne se retrouvent plus, n’existent plus devient sans ame et aura des difficultés à faire des profits...

      Bien sûr, dans sa logique financière, le patron a des solutions : licencier, délocaliser, racheter ou se faire racheter... Ca peut remobiliser car çà bouge autour d’un vrai projet. En général pas trop longtemps, car le court terme revient au galop...

      Comment voulez vous vous projeter (c’est ce que signifie projet) si vous avez constament le nez sur le guidon ? Impossible. Cela ne signifie pas qu’il ne faille pas s’assurer assez régulièrement que les résultats sont là... Juste qu’il n’est peut être pas nécessaire que l’ensemble de l’entreprise vive à ce rythme.

      Dans ce cadre, les managers ont une lourde responsabilité dans la façon dont ils transfèrent leur stress sur l’obtention des résultats. La aussi si le couplage est trop fort, l’assemblage se raidi et il n’y a plus de distance entre les profits à réaliser et la réalisation du boulot qui nous permettra de les obtenir ?

      Je connais des boîtes qui se concentrent sur les activités plus faciles à vendre et qui vont les faire réaliser par des sous traitants pour maximiser leurs profits : les sous traitants couteront moins cher que les employés ’réguliers’... On leur expliquera ensuite qu’ils coutent trop cher... qu’ils ne sont pas assez rentables alors que le client paie plein pot...

      Après ce genre de coup, vous pouvez toujours faire du violon sur le thème projet d’entreprise, valeurs,... Non seulement vous ne serez pas crédible mais certain se poseront légitimement la question de savoir de qui vous vous foutez...

      -W

       

       


      • Jean-Louis RENAULT Jean-Louis RENAULT 28 mai 2008 12:16

        Bonjour Cug

        Je vais me permettre un brin d’impertinence,  C’est vrai que "C’est pas "demain la veille" que l’homme remplacera le profit dans les entreprises." Mais est ce la vocation d’une entreprise que de substituer l’homme aux profits. Dans une économie de marché ou capitalistique, la vocation d’une entreprise est de faire des profits, mais j’ajouterais, pas à n’importe quel prix et pas au dépens de la valeur "humaine", ce qui j’en conviens n’est pas toujours le cas.

        Bonjour Wiztricks

        Merci pour cette pertinente intervention. Je partage votre point de vue sur le profit . La rentabilité d’une entreprise et l’amélioration des profits ne sont pas des leviers de management. La rentabilité et les profits ne devraient être que les conséquences d’une performance dans laquelle tous les acteurs de l’entreprises sont, au delà des leurs compétences, motivés à agir, et surtout ,conservent une fierté d’appartenance. Cela est une partie du rôle du management. Pour reprendre votre intro sur "les belles paroles" j’ajouterais la citation d’un collègue et ami "On existe qu’en fonction de ce que l’on fait pas de ce que l’on dit" . certaines entreprises devraient donc privilégier l’action à la parole. Nombreuses le font.

        Pour en revenir à la pression exercée par les managers, elle est souvent le palliatif à une absence de management. Tout individu motivé à agir dispose de ressources exvceptionnelles qu’il ne demande qu’à exprimer, mais de manière libre, créative et autonome, pas sous la pression du jeu. Manager c’est aussi substiituer à la pression de l’enjeu le plaisir du jeu.

        Et surtout encore une fois, ne logeons pas toutes les entreprises à la même enseigne. Un grand nombre font de réels efforts pour rendre l’environnementt professionnel plus agréable au quotidien. Certaines sont porteuses de valeurs qu’elles expriment et partagent avec la plupart de leurs collaborateurs. Particularité ne fait pas généralité, quand bien même ces "particularités" sont nombreuses. Quand un fossé sépare deux parties (employeurs/salariés) comme nous le constatons de plus en plus, il y a deux possibilité : Continuer à creuser et à élargir ou combler le fossé. Mais si l’une des parties commence à combler, l’idéal est que l’autre partie en fasse de même, sinon....Le fosse s’élargit. Et dans ce cas, qu’en serait-il demain de notre modèle économique et quelles alternatives s’offrent à nous ? Mohammed Yunus peut -être ou le capitalisme à portée de tous les terriens. C’est un autre sujet.

         


      • Ecométa Ecométa 31 mai 2008 11:37

        Comment nous étonner que les choses aillent si mal !

        J’en suis désolé mais le but principal d’une entreprise n’est pas le profit, mais simplement d’obtenir une rentabilité lui permettant de dégager une capacité d’investissement pour sa pérennité en innovant, ceci, à la condition express de ne pas tomber dans le changement pour le changement et la fuite en avant économico technoscientiste ! 

        Le but économique premier d’une entreprise, si elle veut durer économiquement ... c’est d’être en mesure de rendre service à la société !

         

         

         

         

         


      • kisait 29 mai 2008 01:45

        Bonjour à tous,

        L’absence de management est souvent la conséquence d’une absence de vision stratégique de long terme ou d’une vision tout court ou de la possibilité d’en avoir une. Celles-ci sont alors portées par de simple notion budgétaire et de profit fixé par les actionnaires.

        L’employé, le middle management... ne sont plus que des variables d’ajustement dans la tenue de ces objectifs, ce qui rend la planification de projet impossible, si ce n’est dans l’urgence. Ce qui ne s’inscrit plus dans un développement personnel dans une organisation, mais dans une tache à accomplir par le salarié. Véhicule de stress et de tension organique dans l’entreprise.

        Le rapport économie / humain est alors le coeur même du déséquilibre et ne cessera de l’être sur le modèle actuel.

        J’ai pour ma part souvent rencontré des dirigeants qui étaient là par le hasard d’une relation et qui n’avait aucune idée de la "direction à prendre", pas plus que d’une vision du devenir de l’entreprise. Les jongleurs d’organisation comme je les dénomme, font du personnel de leur entreprise de tels variables d’ajustement à leur propre incompétence que cela frise le chaos dans les rapports internes.

        Heureusement, il y a toujours des salariés consciencieux qui sortent de leur fonction pour palier à leur niveau la désorganisation engendrée, mais au prix d’un stress colossal. Ces mêmes salariés se retrouvent souvent sous les feux des reproches pour avoir négligé leur fonction principale pendant quelques temps.

        Pour les plus motivés ou ambitieux, cela ne les arrête pas et ils reproduisent le fait à la moindre occasion pour se sortir d’une organisation tayloriste trop aliénante. Pour les autres, ils se résignent rapidement.

        Le "toujours plus" est à la base, comme tout excès des pires dérives et donc des plus forts antagonismes. Que celles-ci soient managériales, éthiques... Si un objectif peut être commun, la façon de l’atteindre est souvent loin d’être partagé par l’ensemble (peut être pas dans le monde de la pensée unique). Dans sa mise en oeuvre, mais surtout dans le bénéfice que chacun en tirera. Plus les dérives capitalistique et l’individualisme engendré s’accroitront et plus les tensions s’accentueront, jusqu’à la délocalisation.

        Lorsque la productivité baisse (Stress, désorganisation...), il est plus simple de repartir de zéro avec du personnel moins payé, mais non rompu aux belles promesses de l’entreprise. Cette grande famille dont tout le monde peut profiter généreusement, dans laquelle il fait bon vivre, dans une ambiance conviviale ou les valeurs de chacun sont partagées par tous et dans laquelle on s’inquiète de votre bien être et de vos objectifs personnels.

        Mais au détriment de tout ce qui fait l’homme, la famille et le bonheur de vivre.

        Comment dans une société aussi individualiste que la notre, peut on encore croire à ces boniments, dans ce premier maillon d’exploitation qu’est l’entreprise. Peut on réellement penser que celle-ci puisse se soucier honnettement du bien être de ses salariés, de leurs ambitions ou désirs. Quelle temps et quel argent pourrait elle bien y consacrer. Devrait elle s’organiser ou se désorganiser pour le faire ?!

        C’est pourquoi, à mon avis les modèles économiques/humains actuels courrent à leur déclin ou vers une rupture douloureuse. Mais par quoi seront ils remplacés, c’est la grande question. Dans tous les cas, le "Toujours plus" touchera ses limites avec les pénuries et le commerce de la rareté qui a commencé. Nous aurons alors des soucis bien moins matérialiste et beaucoup plus primaire, au delà des risques sécuritaire et climatique qu’ils engendreront du fait des grandes migrations.


        • Jean-Louis RENAULT Jean-Louis RENAULT 29 mai 2008 10:26

          Bonjour Kisait,

          Je ne peux bien sur que partager une partie de votre vision notamment sur l’absence de management, le développement à l’extrème du principe de Peter qui fnous montre que certains évoluent parfois dans une incompétence qui mérite le respect, mais étant d’un naturel optimiste, je ne peux que constater qu’ici et là, et Antoine Riboud en fut un des précurseurs dès 1978, des efforts considérables sont développés par de plus en plus d’entreprises. Je suis d’accord, ce n’est pas suffisant, puissent ces entreprises, être entendu et procéder à une contagion positive. L’Entreprise réconciliée. (Pages 26-27)

          Il faut, vous avez raison, oser diriger autrement. le toujours plus n’est pas un facteur de progrès, mais de croissance. J’ai déjà exprimé mon sentiment à ce sujet dans un billet intitulé Développement et durable sont sur un bateau

          L’entreprise de demain devra concilier du coeur, du courage, du cerveau.

           

           


          • Ecométa Ecométa 31 mai 2008 11:20

             

            Un peu trop de prosélitisme dans votre article... pour autant je partage entièrement votre point de vue sur le stress au travail. 

             

             

            Agir sur l’entreprise est certes nécessaire, mais reviendra tout simplement à mettre une cautère sur une jambe de bois ! Ceci, sans aucun doute, ne sera pas suffisant car les difficultés auxquelles nous sommes confrontées, comme celles environnementales qui intéressent de plus en plus, ou encore celles sociétales, qui, comme par fatalisme systémique, intéressent beaucoup moins, sont de nature bien plus fondamentale, et dépassant donc largement le cadre de la seule entreprise ! En réalité nous avons un sérieux problème de logiciel, en fait nous avons un vrai problème de simple logique, tout simplement de paradigme ; un vrai problème de compréhension de la réalité : de toutes les réalités ! En même temps : comment pourrait-il en être autrement puisque cognitivement, et opposition culture / nature oblige, nous avons développé un savoir en totale négation de la « Nature » et des « états de nature » dont notre propre nature simplement humaine, qui, rationalisme technoscientiste oblige, ne conviendrait pas ! Ne fallait-il pas, rationalisme oblige mourir au sensible… donc mourir à l’humain…c’est fait, même bien fait, ont peut même dire : savamment, délibérément, et même académiquement fait ; nous en sommes précisément là ! 

             

            Sur votre site personnel, et pareillement sur celui d’ « Elan nouveau », il est beaucoup question d’humanisme : qu’est-ce réellement que l’humanisme ? Le concept n’a-t-il pas été très largement détourné ? C’est l’humanité qu’il convient d’avoir comme principe car c’est l’humanité qui est le « Grand principe » et non l’humanisme qui à largement perdu de vue la simple humanité !

             

            Sans pour autant négliger la science et la technique qui sont utiles et nécessaires à l’évolution humaine, la vraie mesure de l’homme ne doit être pas être sa technicité ou sa scientificité, c’est à dire le progrès technoscientifique à tout prix et à n’importe quel prix et ce qu’on appelle l’ "humanisme"... mais simplement son " humanité " !

             

            Une autre raison que la seule raison rationaliste, une autre logique que celle dichotomique, un autre savoir que celui de l’exclusive technoscientiste, une autre culture que celle de l’individualisme… une culture politique et économique plus sociétale ; que tout ceci soit un peu plus en phase avec les principes mêmes de « Démocratie et d’Humanité », ou encore ceux de la République qui les rejoignent ! Hélas, et pour causes, nous en sommes très éloignés de ces « grands principes », à vrai dire : nous sommes mêmes aux antipodes ! 


            • Jean-Louis RENAULT Jean-Louis RENAULT 31 mai 2008 14:11

              Bonjour Ecométa

              Un peu trop de prosélitisme, dîtes, vous, vous avez peut-être raison, surement un vieux fond d’indécrottable optimisme. Si je partage grandement votre analyse, je ne peux m’empécher de me rappeler, quand vous parlez de "réalité", que nous en avons tous une vision différente. Vous connaissez l’adage "le monde n’est pas tel que nous le voyons, mais tel que nous sommes" .

              Quoi qu’il en soit, si je reconnais, faisant mien l’adage ci dessus, votre vision et si je la partage en grande partie, je préfère conserver une vision positive à défaut d’optimiste.

              Oui, vous êtes dans le juste quand vous parler de substituer l’humanité à l’humanisme. Le plus gros problème est que globalement, le niveau de conscience qui avait, en partie commencé à s’éveiller au siècle des lumières s’est grandement assombrie durant le siècle dernier. Les charniers des deux grandes guerres et l’absolue horreur de ce siècle sont encore fumants.

              Après être entré depuis plusieurs années dans une ère de "politiquement correct" avec tout le lot d’hypocrisie que cela entraîne, nous évoluons en toute allégresse dans un monde cyniquement incorrect dont visiblement peu s’offusquent, ou que n’entend t-on plus ceux qui s’en offiusquent. Aurions nous perdue la parole ?

              Je ne pense pas, pour ma part, que l’on puisse changer la société, Si nous voulons une nouvelle société, c’est à l’Homme de changer. Hélas, ce facétieux bipède, tout habitué qu’il est depuis plus de 2000 ans à évoluer dans un système de réponses et de prêt à penser y est -il prêt ? Peut-être faudrait-il inscrire Kant au programme du primaire "Sapere Aude" "pense par toi même" écrivait-il

              Oui, il faut remettre l’homme au sein de tous les projets

              Oui, l’être doit primer sur l’avoir si nous voulons perdurer

              Mais pour cela, je pense qu’il nous faut passer de l’esprit à l’action

              A défaut, il ne resterait plus qu’à relire tous les classiques d’anticipation, d’Orwell à Huxley en passant par van Vogt et Asimov pour imaginer le merveilleux monde de demain. Un monde ou la nouvelle religion s’appelerait TF1. Vous voyez, je conserve malgré ma vision un peu proséliste, un vieux relent de lucidité, mais je conserve malgré tout ce vieux fond d’indécrottable optimisme. Je continue, malgré tout, à croire en l’Homme. Même si parfois...

               

               

               

               

               

               

Ajouter une réaction

Pour réagir, identifiez-vous avec votre login / mot de passe, en haut à droite de cette page

Si vous n'avez pas de login / mot de passe, vous devez vous inscrire ici.


FAIRE UN DON






Les thématiques de l'article


Palmarès