Résoudre la crise en relançant la consommation ?

- Faciliter le crédit ! Original comme idée ! Imiter les Américains submergés de crédits à la consommation de toutes sortes !? On n’a pas trouvé mieux comme idée ?!

- Mais que faire d’autre ? Les Français n’ont plus de pouvoir d’achat !

- Si seulement on pouvait augmenter les salaires ! C’était l’idée de Ford avant 1929 : redistribuer les gains de la productivité aux salariés pour qu’ils aient les moyens d’acheter les voitures produites en masse et qu’il fallait bien vendre à quelqu’un ! On connaît le fameux : "Je paie bien mes ouvriers pour qu’ils achètent mes voitures". L’idée de Ford n’a pas été suivie tout de suite par les autres entreprises, la crise est survenue mais, plus tard, on l’écoutera enfin et on aura de belles années de croissance.

- Mais on ne peut plus faire cela à présent car les bénéfices de la productivité sont partis chez les actionnaires ! On ne peut plus les récupérer !

- Cela, c’est sûr ! Allez donc les rechercher maintenant ! Allez donc vous attaquer aux "paradis fiscaux" ! Ce n’est pas gagné d’avance !

- Alors comment faire pour que les Français consomment plus alors que leur compte en banque est vide au 15 du mois et sans les inciter à s’endetter davantage ?

- On se heurte à une impossibilité, c’est évident.

 Prenons alors le problème autrement.

 On parle beaucoup de relancer la croissance mais il ne faudrait pas que la crise nous fasse oublier ce qui nous paraissait presque évident il y a 6 mois encore, à savoir que la croissance infinie dans un monde fini n’est pas possible, que trop de consommation tue la planète, que si des régions du monde ont besoin de se développer et de consommer davantage, ce ne sont peut-être pas les USA ou l’Europe de l’Ouest.

 Dans ces pays, on a plutôt besoin de rééquilibrer la consommation que de l’augmenter globalement : certains ne consomment pas le minimum nécessaire tandis que d’autres ne savent plus où donner de la tête dans les magasins, c’est évident, mais globalement, ces pays ne sont pas en manque de biens nécessaires et même de confort.

- Mais si on ne relance pas la consommation, l’économie va souffrir.

- C’est-à-dire qu’il y aura du chômage car, soyons clair, ce n’est pas tant de la production massive dont nous avons besoin et que nous appelons de nos voeux : ce qui nous préoccupe, c’est l’emploi. Non, nous ne craignons pas la pénurie, nous craignons le chômage.

 Alors, il faudrait réfléchir à des moyens de sauver l’emploi sans augmenter la production ni la consommation. N’y aurait-il pas d’autre solution pour limiter le chômage et la précarité que d’augmenter la consommation ? D’autant plus que chômage et précarité ne riment pas bien avec consommation...

- Je ne vois pas...

- Moi, j’ai bien une idée, une idée qui faisait même plutôt consensus dans les années 80 si mes souvenirs sont exacts, une idée qui était même soutenue par des grands patrons comme Antoine Riboud (Danone) mais une idée qui est devenue tabou.

- Je ne vois pas de quoi vous parlez.

- Je parle de la réduction du temps de travail, de la semaine de 4 jours, comme le préconise Pierre Larrouturou. Quand on aura fini de tourner en rond, il faudra bien étudier à nouveau le sujet.

- Peut-être mais, comme vous le dites, c’est plutôt tabou, parlons donc d’autre chose... De quoi parlions-nous ? Ah ! oui, comment relancer l’économie par l’augmentation de la consommation sans surendetter les gens ?