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Accueil du site > Actualités > Economie > Retraites : des pistes inexplorées

Retraites : des pistes inexplorées

La réforme des retraites que le gouvernement actuel souhaite relancer s’articule sur le double modèle bien connu du bouc émissaire et du TINA (« There Is No Alternative ») si cher à Madame Margaret Thatcher et aux néolibéraux. D’autres pistes existent ; elles méritent d’être explorées.

La réforme des retraites est un dossier toujours chaud, que le gouvernement actuel s’apprête à resservir à nos concitoyens. La sauce qui servira à accommoder le plat sera sans doute l’épaisse sauce « communication », avec pour motto le traditionnel raisonnement proposé aux français : on ne peut continuer à travailler jusqu’à 60 ans alors que la durée de vie s’allonge, le régime par répartition est en danger et il faudra donc soit réduire le montant des prestations, soit cotiser plus, soir cotiser plus longtemps. C’est ce discours que tient régulièrement Monsieur F. Fillion depuis son accession au poste de premier ministre (1). 
 
Bouc émissaire un jour, bouc émissaire toujours 
 
Cette analyse se double d’un recours à la technique du bouc-émissaire, bien rodée dans l’équipe gouvernementale, qui permet en désignant un coupable tout trouvé de faire oublier les questions qui fâchent. On présente ainsi les fonctionnaires à la vindicte populaire les accusant d’être des privilégiés en matière de retraite. La comparaison du statut du secteur privé avec celui du secteur public montre de fait que le régime de retraite de la fonction publique est plus avantageux. On y cotise à peu près autant en termes de trimestres, en revanche, seuls les montants des traitements des 6 derniers mois de travail sont inclus dans le calcul du montant de la pension, celui-ci pouvant atteindre à taux plein 75% de ces derniers traitements. Notons cependant que les salariés du secteur public sont en moyenne plus qualifiés que ceux du privé, qu’ils ont effectué des études plus longues, que nombre d’entre eux n’arriveront pas à cotiser 42 ans vu l’âge d’entrée dans la fonction publique, et que leurs revenus, contrairement à des idées reçues sont à qualification équivalente légèrement supérieurs pour les catégories les plus basses, mais très largement inférieurs pour les catégories les plus hautes. Ainsi les très décriés professeurs d’université gagneront moins de 3800 euros mensuels en fin de carrière pour 10 ans d’études, autour de 3000 euros mensuels pour les maîtres de conférence (même durée d’études), le tout pour des semaines de travail d’une durée effective de bien plus des 35 heures légales. C’est peu par rapport aux cadres sup formés à Bac +7 ou +8 dans le privé ! Observons que pour beaucoup de fonctionnaires, les heures supplémentaires ne sont pas payées et que le salaire est constitué de primes (parfois jusqu’à plus de 50% du traitement) qui n’ouvrent pas droit à retraite. Notons également que dans bien des entreprises privées, un régime de retraite complémentaire auquel cotise l’employeur comme le salarié porte le montant exact des retraites servies au-delà du seuil généralement présenté de 50% de la moyenne des salaires perçus. Le discours facile qui alimente les préjugés et les fantasmes autour des « privilèges » oublie aussi de mentionner que jusqu’en 1995, la pension des fonctionnaires représentait en moyenne 66 % du dernier salaire, contre 64 % dans le privé ; une différence in fine effectivement scandaleuse ! 
 
Des groupes d’intérêt contraire à ceux du monde du travail 
 
En dépit de ces subtilités qui justifient en partie les différences de calcul des retraites, le gouvernement actuel attise l’opposition entre salariés du privé et fonctionnaires aidé en cela depuis peu par quelques syndicats collaborationnistes ou proches du pouvoir tels la CGE-CGC ou la CFDT qui toutes deux ont peut être beaucoup à se faire pardonner dans le dossier de la gestion du comité d’entreprise d’Air France (2). L’aide provient aussi de certains « think tanks » néolibéraux, et du soutien des médias. On reprendra ainsi connaissance de l’interprétation biaisée des sondages relatifs à ce sujet, présentée récemment dans les très politiquement corrects « Journal du Dimanche » et « Figaro » (3). Enfin, notons depuis peu l’apparition sur la scène d’associations « sans but lucratif » telle la très droitiste « sauvegardes retraites » (4) dont la spécialité semble être depuis plusieurs années la levée de fonds… Enfin, notons le silence assourdissant entourant la réforme des retraites mirifiques de réels privilégiés, tels certains politiques, ministres et députés en particulier, cadres très supérieures et grand dirigeants du MEDEF qui sont en partie ceux qui attisent l’opposition entre fonctionnaires et salariés du privé.  
 
Des pistes inexplorées 
 
Ce qui précède démontre bien que l’opposition entre salariés du secteur privé et fonctionnaires n’est qu’un tour de passe-passe destiné à divertir l’attention des réels problèmes des régimes de retraites et pas à améliorer l’avenir de la retraite par répartition en alignant par le haut les régimes de retraite du public et ceux du privé. Si l’on veut améliorer les régimes de retraite et faire en sorte que le contribuable lambda y trouve son compte, des pistes alternatives au traditionnel tripode de « réflexion » gouvernemental peuvent être envisagées. Ainsi, au cours des 20 dernières années, le PIB a très sensiblement progressé ; dans le même temps la part des revenus salariaux dans le PNB national a chuté et simultanément la part des revenus non salariaux a augmenté dans les mêmes proportions (5). Il semble donc plus qu’équitable de proposer que l’on assoie les recettes des caisses de retraite pour le privé et de l’imposition pour le public sur les bénéfices tirés pour l’essentiel des gains de productivité du monde du travail, gains de productivité dont il n’a que très peu bénéficié. On peut aussi proposer que les revenus financiers non productifs, qui se sont accrus très sensiblement, participent aussi à l’effort nécessaire d’alimentation des caisses de retraite. Ces pistes ne sont que rarement, voire quasiment jamais proposées dans les sondages. Lorsqu’elles le sont, elles recueillent pourtant une vaste majorité de soutiens (6). 
 
De très nombreuses propositions à évaluer 
 
De façon plus précise, dans le secteur privé, une véritable réforme de l’assiette des cotisations sociales patronales pourrait s’articuler autour de deux axes : a) la contribution des entreprises pourrait être assise sur la totalité de la richesse produite par l’entreprise et non pas sur la seule masse salariale, et b) l’assiette des cotisations salariales et patronales pour les retraites devrait être étendue à tous les éléments de rémunération qui n’en font pas partie aujourd’hui, y compris les primes ou les stocks options. Au-delà, l’accroissement limité - mais réel - du nombre d’heures supplémentaires proposées aux salariés contribue à réduire le nombre de cotisants, et de façon pernicieuse l’assiette des cotisations surtout en regard des mesures d’allégement de charges dont certaines de ces heures bénéficient. On pourrait donc proposer d’augmenter le coût de la cotisation retraite sur les seules heures supplémentaires travaillées. Enfin, pour favoriser l’investissement productif et limiter le spéculatif, il semble raisonnable de demander aux entreprises qui ont bénéficié de prêts de l’Etat, qui dégagent de bénéfices, et qui continuent d’opérer des licenciements boursiers, de rembourser ces prêts qui seront immédiatement affectés aux caisses de retraites des salariés. 
Dans le public, où les retraites sont financées par des cotisations des agents et surtout par l’Etat, les collectivités territoriales ou l’assistance publique (selon le secteur considéré), la stratégie alternative globale vise à rechercher de nouvelles sources de financement qui ne soient ni le contribuable honnête, ni l’Etat, ni le fonctionnaire. La première et la plus évident de ces stratégies repose sur une chasse drastique à la fraude fiscale, qui pourrait rapporter autour de 40 milliards d’euros par an. Une seule année apporterait ainsi de quoi combler le « trou » de la sécurité sociale et couvrir 5 ans environ d’augmentation de la cotisation retraite des fonctionnaires ! La chasse aux aides d’Etat détournées peut aussi rapporter gros. Deux exemples. Les 2 milliards d’euros d’exonération de TVA accordés aux restaurateurs en échange d’embauches dans ce secteur (embauches que l’on attend toujours) devraient être remis en cause. De même, la procédure dite du crédit impôt-recherche doit être revue en totalité. Le montant de ce crédit d’impôt est de l’ordre de 4 milliards par an. Bien que l’impact réel de cette aide ne soit presque jamais évalué (ou évalué de façon défavorable par la cour des comptes !), il est intéressant de constater que la plus grosse partie de ces aides profite non pas aux « start-up », aux PME innovantes, mais.... aux banques, aux assureurs et aux très grosses entreprises telles Veolia ou Total (7) ! Au travers de ces deux exemples, ce sont donc plus de 4 milliards par an qui pourrait être réaffectés au financement des retraites de la fonction publique. Or il existe bien d’autres de ces niches... 
Au travers des pistes présentées plus haut, comment ne pas repenser à la franco-américaine Susan George, critique notable du néolibéralisme et de la mondialisation, qui nous disait « qu’un autre monde » est possible alliant solidarité intergénérationnelle et justice sociale. Susan Georges moquait aussi le TINA régano-thatchérien en expliquant qu’il pouvait souvent être remplacé par un « TATA » (There Are Thousands of Alternatives) ! Ce dossier des retraites confirme bien la validité de ce point de vue.
 
Références 
 
1. On en trouvera un exemple édifiant dans la déclaration de Monsieur F. Fillion devant les cadres UMP réunis au parc floral de Vincennes en juin 2009. 
2. Voir par exemple
3. Sur agoravox :
Sur le Figaro :
4.Voir
5. Source INSEE 
6. Sur agoravox :
7. Voir par exemple
On lira aussi avec intérêt les articles d’Henri Audier :
 
 

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48 réactions à cet article    


  • Jean-Pierre Llabrés Jean-Pierre Llabrés 28 janvier 2010 09:55

    Les solutions généralement envisagées aujourd’hui pour résoudre le problème des retraites, des 35 heures et du chômage sont d’ores et déjà totalement obsolètes et archaïques.



    • citoyen 28 janvier 2010 10:55

      excellent article , bravo


      • xa 28 janvier 2010 16:38

        "Les retraites concernant tous les Français, il est donc normal et nécessaire que toutes les catégories de revenus contribuent de la même manière, y compris les différents revenus du capital."

        Si vous militez pour que tous les revenus participent au financement des retraites, serait-il possible alors de considérer que tous aient droit à une retraite ?

        Parce que contrairement à ce que vous dites, tous les contribuables ne sont pas concernés par la retraite.


      • xa 29 janvier 2010 14:33

        J’ai un contre exemple : moi.

        Je suis contribuable, je paye des impots, je n’ai droit ni à la retraite, ni à la sécu, puisque je travaille hors de France.


      • Francis, agnotologue JL 28 janvier 2010 12:08

        Bon point de vue, que j’approuve.

        Cependant, vous écrivez : « De façon plus précise, dans le secteur privé, une véritable réforme de l’assiette des cotisations sociales patronales pourrait s’articuler autour de deux axes : a) la contribution des entreprises pourrait être assise sur la totalité de la richesse produite par l’entreprise et non pas sur la seule masse salariale, et b) l’assiette des cotisations salariales et patronales pour les retraites devrait être étendue à tous les éléments de rémunération qui n’en font pas partie aujourd’hui, y compris les primes ou les stocks options ».

        Est-ce que le b) n’est pas inclu dans le a) ?

        Est-ce que le a) ne revient pas à taxer le CA de l’entreprise ?

        Il est inepte de parler de retraites si l’on ne parle pas de chômage ! Il est absurde d’évoquer l’allongement de la vie, notamment quand on lit que « L’amiante va tuer 100 000 Français d’ici 2025  »

        Enfin, si le discours évosqaunt l’archaïsme du droit du travail et des lois sociales au motif qu’à l’époque le chômage n’était pas une calamité est une imposture : est-ce aux salariés d’en payer les frais, alors qu’ils en sont doublement les victimes ? Pour eux la double peine pendant que les possédants ont le beurre et l’argent du beurre, à savoir leur part des bénéfice des gains de productivité et celles des travailleurs qui ont apporté leur savoirs faire et leurs compétences qui ont permis ces gains formidables !


        • Ronny Ronny 28 janvier 2010 17:30

          J’ai beaucoup de mal a repondre. Avox me plante les reponses a votre message et me bouffe tous les caracteres accentues. Voyez un essai de reponse plus bas sur le fil. Desole de ce probleme informatique.


        • Francis, agnotologue JL 28 janvier 2010 18:42

          @ Ronny, je prends bonne note de votre réponse que j’ai pu lire sans trop de difficulté, plus bas. Bonne soirée.


        • Croa Croa 28 janvier 2010 20:30

          Evidences !

          « Est-ce que le b) n’est pas inclus dans le a) ? »
          Il n’y a aucun rapport entre le bénéfice et ce qui constitue un coût de main d’oeuvre.

          « Est-ce que le a) ne revient pas à taxer le CA de l’entreprise ? »
          Oui, tout à fait mais cette contribution sociale serait légitime.


        • ddacoudre ddacoudre 28 janvier 2010 12:37

          bonjour rony

          bien d’accord sur l’analyse

          je te copie le lien d’un article.

          http://www.agoravox.fr/ecrire/?exec=articles&id_article=68945

          cordialement.


          • Yena-Marre Yena-Marre 28 janvier 2010 12:49

            Bonjour,
            Il est à noter que l’allongement de la durée de vie ne concerne pas toutes les catégories, que nos élus ont un régime de retraite scandaleusement avantageux et qu’ils nous mentent lorsqu’ ils nous expliquent cette impasse de financement.
            Ils sont très capables de trouver du fric pour payer les « grands serviteurs » de l’état et leur verser des pensions démesurées, je suis certain qu’ils en trouveraient pour les nôtres si ils en avaient la volonté.


            • Yena-Marre Yena-Marre 28 janvier 2010 12:57

              http://www.sauvegarde-retraites.org/article-retraite.php?n=460

              Le député touche, après 5 ans d’activité, la même retraite que le salarié du privé qui a travaillé 40 ans



            • Ronny Ronny 28 janvier 2010 17:24

              Bien d’accord pour nos ministres, deputes et senateurs, mais merci de ne pas mettre tous les elus dans le meme « sac ». Je suis moi meme elu local, et completement benevole. Je ne touche aucun jeton de presence ou compensation financiere ; je dois meme prendre des demies journee de RTT pour assurer certaines taches municipales...


            • Yena-Marre Yena-Marre 28 janvier 2010 18:08

              C’est bien pour ça que les élus locaux tiennent encore la route dans l’opinion publique, les autres n’ont mème pas la côte de confiance de prostituées ou des journaleux, c’est peu dire !


            • tvargentine.com lerma 28 janvier 2010 12:58

              Un article écrit par un fonctionnaire et qui veut surtout que les salariés du privé et leurs entreprises paient pour le train de vie des fonctionnaires dans ce pays qui bénéficient d’un meilleur avantage au départ à la retraite

              Je ne suis pas d’accord avec vous,il faut ramener les fonctionnaires aux mêmes niveaux que les salariés du privé pour la retraite ,cela s’appelle l’équité républicaine

              http://www.tvargentine.com


              • Gorg Gorg 28 janvier 2010 13:22

                Vraiment Lerma, tu en tiens une couche, que dis-je, une croûte gratter au racloir....


              • jps jps 28 janvier 2010 13:33

                @ lerma
                vous promulguez la stratégie politique de Sarkozy ? divisons, divisons,  ... (pour que sarkozy régne mieux ?). S’il vous plait, n’entrez pas de ce débat qui arrange bien sarkozy.
                Toute profession a ses avantages et ses inconvénients. il convient d’avoir une approche globale et non parcellaire. Certes, il peut y avoir à redire sur certains fonctionnaires mais également sur certains salariés, mais le sujet n’est pas là. Cordialement


              • Ronny Ronny 28 janvier 2010 17:21

                Absolument pas ! Lisez ce que j’ai ecrit. Avant la reforme Balladur, les ratios retraite/salaire etaient quasiment les memes dans le prive et le public. La justice sociale et l’equite republicaine - pour vous citer - sont la et pas dans le mode de calcul !

                De plus, a vous lire, il faudrait aligner a minima, c’est aligner la retraite des soi disant favorises sur celles des moins favorises. Avec ce genre de discours, nous n’aurions eu ni les conges payes, ni la retraite, ni la secu !

                Ils doivent bien rire les membres du MEDEF club au Fouquet’s devant leurs entrees au foie gras, en lisant ce type d’argument...


              • Kétamine 29 janvier 2010 09:59

                Les fonctionnaires ne sont pas avantagés par leur système de retraite parce que on oublie toujours de dire que les primes qui représentent parfois 40 % à 50% du salaire (pour les salaires les plus élevés) ne sont pas incluses dans le calcul de la retraite. Pour les cadres de catégorie A, ingénieurs, professeurs..., on a des salaires moyens de 3000 euros à 4000 euros en fin de carrière, primes comprises soit une base de salaire de 2500 euros à 3000 euros sur laquelle après 40 ans de cotisation, vous obtenez à peu près 2000 euros de retraite par mois pour une carrière complète de cadre. Il faut en plus savoir qu’un cadre ne pourra pas faire une carrière complète sauf à entrer directement dans la fonction publique en fin d’études. Cela semble assez loin des carrières d’ingénieurs ou de cadres sup dans le privé. C’est un choix mais au moins ne pas dire que l’Etat gâte ses cadres (un million de cadres dans la FP d’Etat ont ce régime de salaires très modérés et primes plus ou moins importantes selon les postes et les corps). Peut-être que pour les catégories C, il est plus avantageux de faire carrière dans l’administration, car au moins vous n’êtes pas au smic toute votre vie, il y a une évolution de carrière.


              • snoopy86 28 janvier 2010 13:44

                En un mot nions les évidences démographiques et surtout ne changeons rien aux statuts privilégiés que nous nous sommes octroyés au détriment des générations à venir...

                La répartition va dans le mur ? fiscalisons donc la charge des retraites...

                Et quand on lit écrit par un homme dit de gauche :
                « la contribution des entreprises pourrait être assise sur la totalité de la richesse produite par l’entreprise et non pas sur la seule masse salariale »

                Ca ne vous rappelle pas un peu la TVA sociale ?


                • Blé 28 janvier 2010 14:14

                  Dans les années 50 et 60 la France s’est endettée copieusement sans penser aux générations futures. Bien au contraire en donnant des retraites et un pouvoir d’achat digne de ce nom le pays s’est relevé.
                  Cela ne plait pas aux oligarchies qui nous gouvernent. Il n’y a jamais eu autant de richesses que maintenant et dans le même temps la misère se propage comme la gale.

                  Lagardère, Bouygues et les autres n’ont aucune envie de partager, si les salariés veulent une part du gâteau une retraite par exemple, faudra qu’ils fassent comme les anciens, qu’ils se battent. Durant des dizaines d’années les patrons disaient que si les enfants dès l’âge de 5-6 ans ne travaillaient pas ce seraient leur ruine, puis les semaines de 40 h ce seraient aussi leur ruine, etc..., etc..., bref, les salariés dans le privés ou le public ne travaillent jamais assez et sont toujours trop payés.

                  Combien faut-ils de salariés pour faire vivre un rentier ou enrichir un actionnaire ?


                • Francis, agnotologue JL 28 janvier 2010 14:22

                  « En un mot nions les évidences démographiques et surtout ne changeons rien aux statuts privilégiés que nous nous sommes octroyés au détriment des générations à venir... » (snoopy)

                  Les évidences démographiques ? Le fait que les pays du sud sont une bombe a retardement démographique, peut-être. En attendant, avec les « épidémies » de cancer et autres joyeusetés qui attendent notre belle jeunesse, cette idée d’allongement de la vie ne sera peut-être plus bientôt qu’un rêve évanoui.

                  Nous nous sommes octroyés quelque chose au détriment des générations futures ? Où avez-vous vu ça ? La retraite par répartition n’est pas une dette, la dette intergénérationnelle n’est pas financière. Si demain le générations actives refusent de payer un centime de cotisations retraites, les retraites des anciens qui ont cotisé en leur temps ne pourront être honorées.

                  C’est le gvt actuel qui, en empruntant aux banques pour payer les retraites fait payer une double charge aux actifs actuels : le remboursement de cette dette là, et la charge de leurs anciens. A moins qu’on ne décide de les euthanasier !?

                  De quoi Ubu est-il fondamentalement la figure ? Du despote parasitaire. Avant l’Etat fiscal, il y a eu la servitude féodale… et après lui il y a la prédation actionnariale. …Quelle est la puissance despotique d’aujourd’hui qui soumet absolument le corps social et le laisse exsangue d’avoir capté la substance de son effort ? Certainement pas l’Etat – dont on rappellera au passage qu’il restitue en prestations collectives l’ensemble de ses prélèvements… – mais le système bancaire-actionnaire qui, lui, conserve unilatéralement le produit intégral de ses captations.«  » (Frédéric Lordon)


                  En empruntant pour payer les dépenses courantes, l’Etat se fait l’obligé d’Ubu.


                • Croa Croa 28 janvier 2010 20:06

                  « Combien faut-ils de salariés pour faire vivre un rentier ou enrichir un actionnaire ? » Parfois un seul !

                  En considérant un rentier fictif qui serait bailleur par exemple : Il existe des commerces qui raquent plus pour le bailleur que pour le vendeur salarié, le patron lui-même ayant parfois aussi du mal à s’en sortir ! ( Magasins en galerie marchande des grandes surfaces, les loyers de centre-villes étant bien plus raisonnables.)


                • drlapiano 28 janvier 2010 16:35

                  Rendons justice à l’auteur : il y a beaucoup d’alternatives.
                  Donnons lui tort lorsqu’il qualifie la méthode de Fillon de « libérale » voir « d’ultra libérale ».

                  La seule méthode libérale, la seule, c’est de donner au salarié l’intégralité de ce qui lui revient par son travail (finit retenues et autres foutaises de part patronale ! ), et de le laisser se démerder à souscrire les assurances et retraites qu’il souhaite, auprès des compagnies qu’il souhaite.

                  On est là à des années lumière du soit disant libéralisme de Fillon qui, les libéraux le savent, eux, n’est qu’un aspect particulier du socialisme.


                  • foufouille foufouille 28 janvier 2010 16:49

                    comme ca tu auras 1000 voire 500
                    meme avec 2000 le nombre de cotisant sera peu eleve
                    et ta retraite etc, sera 2 ou 3x plus cher
                    ecrase par un chauffard sans assurance tu sera plus rentable
                    et servira de pieces detaches pour les bourgeois


                  • xa 28 janvier 2010 16:42

                    « Notons également que dans bien des entreprises privées, un régime de retraite complémentaire auquel cotise l’employeur comme le salarié porte le montant exact des retraites servies au-delà du seuil généralement présenté de 50% de la moyenne des salaires perçus. »

                    J’ai un doute, mais il me semblait que la complémentaire venait compléter la retraite sécu, laquelle est plafonnée et, pour un cadre, très en dessous des 50% de son revenu initial.

                    Soit je me trompe (ce qui est possible vu que je ne suis pas concerné), soit vous devez penser aux plans de retraite entreprise qui viennent eux mêmes en complément de la retraite sécu et de la retraite complémentaire.


                    • Ronny Ronny 28 janvier 2010 17:07

                      Ces termes ne sont pas très clairs, vous avez raison :

                      a) la contribution des entreprises pourrait être assise sur la totalité de la richesse produite par l’entreprise et non pas sur la seule masse salariale, et b) l’assiette des cotisations salariales et patronales pour les retraites devrait être étendue àtous les éléments de rémunération qui n’en font pas partie aujourd’hui, y compris les primes ou les stocks options".

                      Est-ce que le b) n’est pas inclus dans le a) ? Pas tout àfait. b) concerne comme je l’ai dit les stocks options, primes exceptionnelles dites parachutes dorés etc. qui ne concernent que quelques « Ã©lites » et qui ne cotisent pas aux caisses de retraite. a) se rapporte non pas au CA (quoique dans certains cas, cela pourrait être logique de taxer le CA) mais au revenu des placements financiers des entreprises, dont le montant dans certains cas représente deux àtrois fois celui résultant de l’activité productiviste de l’entreprise. A moins bien sur que ces revenus soient réinvestis dans l’outil de production.

                      Pour le reste de votre message, bien d’accord évidemment !

                      Est-ce que le a) ne revient pas àtaxer le CA de l’entreprise ?

                      a)


                      • Patrick Lefèvre 28 janvier 2010 17:40

                        Bien sûr qu’il faut approfondir toutes les pistes de financement
                        Par contre, il serait quand même formidable que nous ayons tous les mêmes règles et ce peu importe le statut professionnel
                        Un petit détail à ce niveau : vous oubliez de mentionner que le taux de cotisation salariale est nettement inférieur pour les fonctionnaires que pour les salariés du privé (Sécurité sociale + Caisse complémentaire obligatoire)
                        Rien qu’un ajustement à ce niveau participerait de la réduction du déficit budgétaire et serait un signe d’équité 


                        • Romain Desbois 28 janvier 2010 19:03

                          Bravo pour cet article très clair et sans parti pris.

                          - Il ya encore pas si longtemps , l’on devait cotiser 37,5 ans et attendre 65 ans pour en bénéficier sur un calcul basée sur les derniers revenus. Au passage ce taquet de l’âge minimum faisait qu’un salarié ayant cotisé dès l’âge de quinze ans partait après 50 ans de cotisations !

                          On en est bien loin déjà et mode de calcul des 25 meilleures années, moins médiatisé que le nombre d’années de cotisation a été très préjudiciables sur le niveau des retraites ( moins 20% en moyenne d’après la presse).

                          - L’astuce de Balladur était de réformer le privé, de façon que l’écart se creuse entre les « avantageuses » retraites du public et celles du privé. C’est réussi puisque la réforme des régimes spéciaux est passée comme une lettre à la poste, avec une baisse des pensions du public (perso à la SNCF, j’aurai une retraite amputée de 22% par rapport à avant la réforme).

                          - L’allongement de la vie qui n’est qu’une moyenne est un argument très dangereux qui permet à Parisot de proposer que celui ci soit au 2/3 pour le travail et 1/3 pour la retraite.
                          C’est oublier que ceux qui partiront aujourd’hui ne gagnent pas six mois de vie par an supplémentaire, comme on l’entend dans les médias et la bouche d’élus mais c’est la personne que nait aujourd’hui qui gagne six mois de plus que celle qui est née l’année dernière.
                          C’est oublier qu’il ne s’agit qu’une espérance de vie, qui par définition n’est pas garantie et surtout pas égale selon les sexes, les métiers voire les constitutions et les modes de vie.
                          Dangereux et glissant argument qui risque de déclencher des argumentations par l’absurde du style : puisque les femmes vivent en moyenne plus longtemps, elles doivent cotiser plus longtemps.

                          - Une réforme est depuis longtemps inévitable, le principe de la connexion entre actifs/retraités étant dès l’origine viable à la condition que l’on meurent avant d’en profiter et que le ratio cotisant/retraités reste le même (mathématiquement cela revient à penser qu’à chaque personne qui part à la retraite deux voire trois arrivent sur le marché du travail et trouvent un travail).

                          - Des corrections faciles à faire ne sont pas faites, par exemple régler le problème des retraites faites à de différentes caisses qui sont préjudiciables malgré le même nombre d’années de cotisation.

                          - déterminer ce qu’est un métier difficile est ardu. Pour les pompiers, le travail de nuit cela peut se concevoir aisément mais le stress de certains métiers du tertiaire ou dans les bureaux n’est pas à négliger. Il serait facile de ne prendre que le facteur physique d’un emploi pour en déterminer la dureté. Hors ce n’est pas si simple. Et puis il faut que les bonus liés à la pénibilité soit au plus près (par exemple à la SNCF c’est au bout de vingt ans de 3/8 que l’on touche une prime de pénibilité, quid de ceux qui n’ont fait que 19 ans et 6 mois ?). Je pense que cela doit doit se calculer au minimum au mois.

                          Vous avez rappelé justement qu’avant de proposer d’augmenter le débit d’un tuyau, il faut d’abord chercher à supprimer les fuites.

                          Les exonérations compensées par l’Etat reviennent à faire faire payer deux fois les contribuables. Une fois sur leur salaire, une fois sur leur revenu.

                          Enfin je suis étonné que personne ne propose la progressivité des cotisations sociales. si nous sommes dans un système solidaire, cela devrait s’imposer de lui même.

                          Autre facteur que l’on a tendance à sous-estimer, le dégraissage des emplois dans les entreprises. à la SNCF en 60 ans nous sommes passés de 450 000 à près de 110 000.
                          Au dela du fait que l’on a réduit le nombre de cotisants alors que les retraités continuaient à augmenter, combien de chômeurs le privé a dû assurer même mal ? Les vases communicants des caisses sociales ne sont jamais évoqués. Difficile pourtant de nier qu’elles sont liées entres-elles (retraites, chômage, sécu).


                          • Francis, agnotologue JL 28 janvier 2010 19:16

                            « Il ya encore pas si longtemps , l’on devait cotiser 37,5 ans et attendre 65 ans pour en bénéficier sur un calcul basée sur les derniers revenus. Au passage ce taquet de l’âge minimum faisait qu’un salarié ayant cotisé dès l’âge de quinze ans partait après 50 ans de cotisations ! » (Romain des bois)

                            C’est faux ! On pouvait, comme maintenant prendre sa retraite à 60 ans !

                            60 ans est l’âge de départ à l’intiative du salarié. 65 ans est l’âge à partir duquel un employeur peut se séparer du salarié sans licenciement mais pour cause de mise à la retraite à son initiative d’employeur.


                          • Radix Radix 28 janvier 2010 19:51

                            Bonjour JL

                            Tu as tort, la retraite à 60 ans date de 1981, avant c’était 65 ans pour tout le monde quelque soit le nombre d’années de cotisation !

                            Mon père a commencé a travailler à 14 ans et a prit sa retraite à 65 ans... l’année de sa mort !

                            Radix


                          • Francis, agnotologue JL 28 janvier 2010 20:11

                            @ Radix, dont acte sous réserve de confirmation. De mon point de vue, « il n’y a pas si longtemps », en l’occurence, c’était pour moi moins de 30 ans. Ceux qui ont eu leur retraite avant 1981 ne sont pas ici.


                          • Romain Desbois 28 janvier 2010 20:19

                            JL Tout dépend de l’âge du commentateur. J’ai commencé à bosser avant 1981 j’ai donc l’impression qu’il n’y a pas si longtemps. C’est ça les vieux smiley


                          • iciailleurs 28 janvier 2010 19:03

                            Et le cocotier, personne n’a pensé au cocotier, tu fais grimper un ’vieux’, tu secoues, s’il tient, il peut encore servir, s’il tombe le problème de la retraite est réglé.
                            Ah, j’oubliais, cela existe déjà sous une forme pernicieuse, les entreprises se débarrassent des ’vieux’ dès l’âge de 50 ans.
                            Entre 50 et 80 ans, qu’est ce qu’on fait ? Le cocotier, le cocotier...
                            Merde, j’ai 64 ans !


                            • bo bo 28 janvier 2010 19:20

                              Votre défense des fonctionnaires est totalement biaisée : il n’y a pas que les professeurs d’université au barème...il y a ceux qui ont de nombreux revenus annexes en effectuant notamment plusieurs cours, qui touchent une somme forfaitaire annuelle par étudiant suivi et inscrit dans le doctorat qu’il anime, etc...)... et il y a surtout toutes les rémunérations de de tous les assimilés hors cadre....et les hors cadre et là le nombre a explosé et les émoluments aussi..
                              Pour aborder une réforme égale pour tous, il faut tout mettre à plat et la règle doit être la même pour tous : aucune justification d’exception n’est acceptable et obtiendra un consensus... car maintenant le constat est fait que le travailleur du secteur privé fera plusieurs métiers dans sa vie professionnelle.
                              Et dans la réforme, il ne faudra pas oublier nos chers élus qui partent avec des retraites exceptionnelles. .........la caste des élus s’est vraiment arrogé trop de privilèges du statut d’avocat « automatique » à celui des retraites et autres friandises.....


                              • Marco Marco 28 janvier 2010 20:21

                                "la contribution des entreprises pourrait être assise sur la totalité de la richesse produite par l’entreprise et non pas sur la seule masse salariale"

                                Cette proposition me parait la plus sensée. On peut très bien imaginer que dans plusieurs années on ait une société fonctionnant majoritairement à l’aide de robots et d’automates. Dans ce cas là il faudrait bien changer de modèle, on pourrait pas se reposer sur un modèle de retraite par réparation, ce modèle là est absurde et ne peut conduire qu’à la catastrophe.

                                L’inconvénient serait le chantage à la délocalisation que feraient les entreprises. Pour l’appliquer il faudrait mettre en place un protectionnisme européen et une politique de financement des retraites commune à l’échelle européenne.

                                Bref on peut toujours rêver pour que ca se fasse, en attendant on va droit à la catastrophe...  smiley


                                • Croa Croa 28 janvier 2010 22:15

                                  Tout à fait !

                                  D’autant que si on y regarde de près aujourd’hui l’entreprise, en pratique, ne cotise pas ! Sa soit-disant part est en fait comprise dans le cout de sa main-d’oeuvre ! Bref, c’est bien le salarié qui finance la retraite avec son travail, et ce à 100% !

                                  De plus, si la productivité a augmenté, c’est bien grâce au travail dont une partie a été investie dans l’amélioration des procédés et le perfectionnement des machines, aujourd’hui complètement robotisées. Pourquoi cet investissement travail serait-il confisqué par l’entreprise en profits à sens unique, c’est à dire tout pour la finance ? C’est ainsi qu’on vire des salariés qui donc auront travaillé à leur perte alors qu’ils serait normal de leur verser un droit pour ça ? Partager ces fruits serait un minimum notamment en cotisant vraiment pour les retraites !


                                • Francis, agnotologue JL 28 janvier 2010 22:18

                                  « L’inconvénient serait le chantage à la délocalisation que feraient les entreprises. » (Marco)

                                  Mais si l’on considère que la richesse d’une nation ce sont ses savoirs faire et sa force de travail, et non pas les capitaux - ça c’est ce que les capitalistes ont réussi à nous imposer - , alors, quoi de plus facile que d’imprimer nous mêmes notre monnaie et de faire marcher nos usines !? Pour la monnaie, c’est facile, on l’appellerait le franc, et on a même les imprimeries encore là.

                                  Bon, et puis si tous ce salauds de capitalistes sont partis ! On restera entre nous, et personne ne nous empêchera d’instaurer le socialisme, l’autogestion, et toutes ces choses dont on pourrait bien reparler à nouveau.


                                • Francis, agnotologue JL 28 janvier 2010 22:33

                                  « la contribution des entreprises pourrait être assise sur la totalité de la richesse produite par l’entreprise et non pas sur la seule masse salariale » Sauf erreur, c’est bien ainsi que sont assujettis les auto-entrepreneurs. Pourquoi ne pas étendre cette règle à toutes les entreprises ?

                                  En fait, on ne taxerait pas en fonction du CA mais de la plus value. La TVA sociale ? Et si l’on s’y prend bien, on pourrait s’arranger pour qu’une PME employant des salariés ou bien sous traitant avec des auto-entrepreneurs dégagerait indifféremment au bout du compte le même bénéfice.


                                • Croa Croa 28 janvier 2010 22:36

                                  Concernant la délocalisation ne cauchemardisons pas non plus !

                                  Comme s’il ne délocalisaient pas déjà à fond ! 
                                  Soyons sans illusions, les activités délocalisables le sont déjà ! Ce qu’ils peuvent encore délocaliser le sera, et ceux qui croient notre notre soumission éviterait le pire sont complices des exploiteurs !  smiley


                                • Francis, agnotologue JL 28 janvier 2010 22:43

                                  @ Croa, c’est comme ceux qui ont préféré le désonneur à la guerre, et qui ont eu le déshonneur et la guerre.

                                  L’Etat français cède au chantage à la délocalisation : résultat, nous n’avons ni les emplois, ni l’argent qu’on leur a donné dans l’espoir de conserver les emplois !


                                • rofo 28 janvier 2010 20:37

                                  ci dessous une Belle Piste à explorer.... !

                                  Loi Pompidou-Giscard

                                  Le 3 janvier 2009, sur le site de Karl Zéro, http://leweb2zero.tv/video/webrunner_20495ba61eed38b),

                                  « Webrunner » postait un document qui aurait mérité d’être connu de tous les Français(es).
                                  Il rappelait qu’une loi du 3 janvier 1973, loi voulue par Pompidou, alors président de la République pour un an encore, et Giscard d’Estaing, ministre des finances, opérait un changement révolutionnaire ou plutôt contre-révolutionnaire dans le finances publiques.


                                  Son article 25 stipulait en effet que désormais « Le trésor public ne peut-être présentateur de ses propres effets à l’escompte de la Banque de France ». Cet article interdisait désormais, dans un langage propre à ne pas être compris au commun des mortels (y compris sans nul doute des députés de gauche de l’époque qui ne déclenchèrent pas une tempête de protestations avec manifestations géantes dans la rue), à l’État français, de s’avancer à lui-même les fonds nécessaires pour combler son déficit budgétaire éventuel (lequel serait réduit d’autant en fin d’exercice par l’inflation) mais d’avoir recours pour ses besoins de crédit, comme un particulier, aux banques privées qui lui feraient payer bien sûr des intérêts !!!
                                  Certes pour

                                  les grandes dépenses, les relances économiques, l’État avait dû déjà avoir recours par le passé à l’émission d’emprunts qui s’étaient révélés très sûrs pour les prêteurs (ils étaient assurés que l’État rembourserait, ne ferait pas faillite) et néanmoins juteux pour les plus riches, puisqu’ils étaient souvent assortis de mesures fiscales qui favorisaient justement le plus ceux qui payaient beaucoup d’impôts.
                                  Le

                                  record en la matière avait été l’emprunt Pinay, sous la quatrième République. Car sa valeur de remboursement était indexée sur le cours de l’or. Comme celui-ci suivait au moins l’inflation et flambait même dans ces périodes d’incertitudes que constituèrent les guerres coloniales et la Guerre froide, ceux qui y souscrivirent firent, au détriment de tous les autres Français, le plus beau « coup » de leur carrière de spéculateurs.
                                  Devant le scandale que provoqua ce cadeau fait aux plus riches, Giscard d’Estaing, héritier 20 ans après de l’emprunt pas encore remboursé, ne fit ni une ni deux : il le prolongea encore, autant

                                  qu’il était possible.
                                  La loi voulue par le plus proche conseiller financier du général de Gaulle qu’était Pompidou (On remarquera les trois premiers présidents de la cinquième République étaient très impliqués dans cette situation) entraîna mécaniquement l’explosion de la dette publique, c’est-à-dire de celle de tous les Français.
                                  Elle était déjà de 229,15 milliards d’euros en 1979 (valeur actuelle après prise en compte de l’inflation sur 20 ans), et représentait 21% du Produit Intérieur Brut (toute la richesse produite par le travail des Français) en un an. En 2006, elle avait atteint 1 149,9 milliards d’euros, et représentait 63,9% du PIB !!!
                                  Bien sûr, entre temps, il y

                                  avait eu le ministère Balladur : désireux comme Giscard, Pompidou, de

                                  Gaulle et autre Pinay, de favoriser leurs amis les plus riches par une fiscalité allégée, sans cependant mettre dans la rue les travailleurs par une austérité insupportable (et contre-productive pour l’activité économique) l’ex-premier ministre avait ouvert en grand les vannes du déficit budgétaire.
                                  On aurait pu espérer que l’Union de la gauche arrivant au pouvoir en 1981, supprimerait la loi Pompidou-Giscard et permettrait de nouveau à la France de se prêter à elle-même. Mais il était trop tard ! L’adhésion aux traités européens l’interdisait déjà !
                                  Depuis,

                                  avec l’adoption de la monnaie unique (sauf pour les Britanniques, donneurs de leçons économiques ... mais pour les autres) le système a été sur-verrouillé. C’est désormais une banque indépendante se comportant comme une banque de statut privé, la Banque Centrale Européenne qui contrôle le taux d’intérêt de base sur lequel se fonde celui que doit payer l’état emprunteur.
                                  Or pour empêcher les particuliers de trop emprunter ce qui paraît-il relancerait l’inflation, la BCE a toujours fixé des taux directeurs d’intérêts les plus hauts. ce qui n’a fait que faire exploser la dette. Avant la grande crise actuelle qui ne fait que commencer, de bons esprits préconisaient pour résorber cette dette, non d’augmenter les impôts directs sur les plus hauts revenus pour améliorer le « pouvoir d’achat » de l’État, mais par différents procédés de faire baisser les salaires et les retraites et diminuer les dépenses publiques. Ce qui ne pouvait manquer que tuer la demande et diminuer en cercle vicieux le PIB et les revenus de l’État en même temps que cela augmentait le chômage.
                                  Outre qu’en révélant son étendue effrayante, la dette publique sert à « calmer » les légitimes revendications des travailleurs (« Non seulement les caisses sont vides mais en plus on doit de l’argent »), elle permet également aux banques privées et leurs actionnaires, en ayant pour débiteur le plus sûr client qui soit, à savoir l’État lui-même, de s’offrir une durable rente de situation. Elle compense en partie les pertes que leur confiance irraisonnée envers leur maîtresse idolâtrée à tous, l’économie américaine, leur a fait subir.
                                  La France a payé depuis 1980 1176 milliards d’euros d’intérêts. Sa dette actuelle s’élève à 1149 milliards d’euros. 1176 - 1149 = 27. Si la France se prêtait à elle-même, au lieu d’une dette abyssale, elle se retrouverait avec 27 milliards d’excédents. CQFD


                                  Alain Colbert.

                                  • Croa Croa 28 janvier 2010 22:23

                                    C’est très intéressant mais là nous parlons des retraites !

                                    Je te suggère de nous écrire un article sur le sujet smiley


                                  • moebius 28 janvier 2010 22:05

                                     Trés interessant...vraiment


                                    • 65beve 65beve 28 janvier 2010 22:49

                                      Bonsoir,

                                      Article très instructif - merci Ronny.

                                      Vous soulignez parfaitement le tassement des salaires qui induit un sérieux manque à gagner pour les retraites.

                                      Une question se pose ;
                                      Puisque les actifs dans notre système payent pour les retraités actuels (et non pas pour leur propre retraite) qu’en est-il des conséquences sur les recettes, du nombre croissant de français qui a augmenté me semble-t-il de 15 millions en l’espace d’une génération. ça doit largement compenser les départs des papyboomers, non ?

                                      @marco
                                       Vous avez raison de penser à l’Europe ( une complémentaire européenne) ?.
                                       Vous parlez aussi d’un risque de protectionnisme - Ne serait-il pas judicieux de « punir » les pays extra-européens qui pratique du dumping social ? un demi-point de TVA sociale ferait déjà rentrer pas mal d’argent.

                                      Depuis que le Président veut réformer les retraites, je n’entends plus parler que d’espérance de vie et du recul de l’age de départ à 61 ou 62 ans. C’est le consensus sur toutes les chaines de TV.
                                      Si la réforme passe, On quittera l’usine plus vite pour le cimetière.

                                      Je suis parti à la retraite à 60 ans avec 42 ans de cotisations.
                                      Pendant mon activité, le nombre d’année de cotisation est passé de 37.5 à 40
                                      ensuite, on a fait la moyenne des 25 meilleures années au lieu de 15.
                                      ça suffit !

                                      Réformons ce Président avant qu’il nous réforme !

                                      Que celà ne vous empêche pas de dormir.
                                       


                                      • Marco Marco 28 janvier 2010 23:42

                                        En fait l’idéal c’est bien de mettre en place un protectionnisme à l’échelle européenne, on ne peut pas lutter contre des pays qui pratiquent le dumping social, ce n’est pas possible, à moins de devoir diminuer notre niveau de vie pour s’aligner sur ces pays, ce qui se fera à terme si rien n’est fait.

                                        Je pense que l’Europe sera contrainte tôt ou tard de mettre en place ce protectionnisme quand le chômage et la pauvreté auront atteint leur paroxysme à moins que nos dirigeants politiques se contentent de cette pauvreté...


                                      • beethoven32 beethoven32 29 janvier 2010 00:43

                                        Oui intéressant,

                                        Je me permet cependant d’apporter quelques chiffres clés récents qui mettent en exergues les difficultés actuelles et à venir (références inconnues mais issues de l’introduction d’un cours de gériatrie dont le gériatre nous a affirmés que ces chiffres étaient tout récents à la date du 14 janvier 2010).

                                        En 2050 en France nous serons 70 millions.
                                        1/3 aura plus de 60 ans.
                                        Par rapport à aujourd’hui
                                        . les plus de 85 ans seront 4 fois plus nombreux
                                        . 1/4 des plus de 80 ans seront déments (joue sur l’aspect assurance maladie plus que sur la retraite)

                                        Après la Guerre de 39-45 il y avait 5 actifs pour 1retraité
                                        Aujourd’hui : 2 actif pour 1 retraité
                                        En 2050 : 1 actif pour 1 retraité

                                        Tous les ans on gagne 3 mois de vie (espérance moyenne de vie en France)
                                        . pour les femmes à l’heure actuelle l’espérance de vie est de 82-84 ans
                                        . pour les hommes : 67-78 ans

                                        Ces chiffres sont alarmants et dépassent à mon sens la discussion droite/gauche, privée/publique, dette/moins de dette...

                                        Dette ou pas la période d’après guerre des « trente glorieuses » (qui voit naître la sécurité sociale : un système où 5 cotisant soutiennent la retraite d’une personne), et aujourd’hui ou deux actifs font vivre un retraité, les choses ont énormément changé et il me semble utopique de croire que l’on puisse continuer dans cette perspective en sachant qu’en 2050 un actif devrai nourrir sa famille et prendre en charge la retraite d’une personne... un couple d’actifs prendre en charge la retraite de 2 personnes... je vois mal dire à l’ouvrier et la ménagère dans 40 ans « tu fera les courses le mois prochain y a la retraite des voisins à payer »

                                        Je crois avoir trouvé la source qu’a utilisé mon prof :
                                        http://www.insee.fr/fr/themes/document.asp?ref_id=ip1089&reg_id=0#inter5

                                        Évidement il existe sûrement une solution qui serait la reconstitution des liens intergénérationels où le retraité à une place dans la société et dans les foyers... Mieux (« I have a dream... »  smiley) une société où on replacerai l’humain et la vie au premier plan devant l’argent le travail et la possession. Mais c’est une autre histoire probablement plus utopiste encore que celle que de croire que moi, étudiant 21ans, dans 40 ans je serais à la retraite (avec un peu de chance en pleine force de l’âge) dans ma maisonnette (j’aurais réussi à capitaliser un minimum) et qu’un couple « actif » paiera ma retraite et celle de ma femme au lieu d’aller faire les courses pour leurs gamins !

                                        cordialement smiley


                                        • zelectron zelectron 29 janvier 2010 10:30

                                          (espérance moyenne de vie en France)
                                          . pour les femmes à l’heure actuelle l’espérance de vie est de 82-84 ans
                                          . pour les hommes : 67-78 ans
                                          En clair, cela veut dire qu’une classe d’age masculine est quasi-anéantie 4 ans avant que les premières femmes nées en même temps qu’eux ne meurent à leur tour.


                                        • beethoven32 beethoven32 30 janvier 2010 01:32

                                          Ces informations sont en effet issues d’un cours les informations précises quand à l’espérence de vie sont trouvées ici :
                                          http://www.insee.fr/fr/themes/tableau.asp?reg_id=0&ref_id=NATnon02229 (INSEE : Institut National de la Statistique et des Etudes Economiques)

                                          Mais en effet il y a bien un écarts considérable entre les hommes et les femmes, ces écarts sont dus à une inégalité de répartition des facteurs de riques entre les sexes (tabac, alcool, facteurs hormonaux... ...)

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