Ecologie ou principe de précaution, il faut choisir !
La protection de la nature peut conduire à ne pas protéger les humains. Au-delà de mesures apparemment écologiques, ne risquons-nous pas de mettre l’homme en danger en voulant le protéger ?
Le fameux « principe de précaution », au nom duquel tant de refus sont exprimés, ne s’applique pas toujours avec la même rigueur. Que la protection de la nature soit en cause et celui-ci est mis en second plan. Il serait toutefois utile de placer les conséquences sur des échelles de temps afin d’estimer les conséquences immédiates au regard de celles à plus long terme. Sous prétexte de protection à une échéance lointaine, des crises alimentaires pourraient survenir qui conduiraient à des rappels de marchandises.
Jusqu’à très récemment, l’emballage alimentaire ne devait pas être réalisé avec des emballages recyclés. Seules quelques dérogations avaient été accordées pour des produits dont le recyclage garantissait une parfaite innocuité. C’est le cas du verre dont la fusion à plusieurs centaines de degrés garantit qu’il ne contient pas de trace de bactéries et autres germes. C’est également le cas pour certains plastiques dont le recyclage passe par le retour à la molécule d’origine, mais avec un coût non négligeable.
Le règlement n° 282/2008 de la Commission du 27 mars 2008 est relatif aux matériaux et aux objets en matière plastique recyclée destinés à entrer en contact avec des denrées alimentaires.
Il autorise depuis le 17 avril dernier la généralisation du recyclage des plastiques de manière à les utiliser pour emballer des produits alimentaires. Jusque-là, le recyclage des tels plastiques permettait de fabriquer des vêtements ou pare-choc de voiture. Désormais, des produits alimentaires pourront être mis en contact avec de tels matériaux recyclés.
Dans le règlement (CE) N° 1935/2004 du Parlement européen et du Conseil du 27 octobre 2004, il était mentionné le texte suivant :
L’utilisation de matériaux et objets recyclés est une pratique qu’il convient d’encourager dans la Communauté pour des raisons environnementales pour autant que soient établies des prescriptions rigoureuses assurant la sécurité des denrées alimentaires et la protection des consommateurs
Cette protection des consommateurs ne figure plus dans le texte actuel.
Or, il n’est pas possible de garantir l’absence de micro-organismes dans le cas de recyclages de produits qui ne peuvent être chauffés à très haute température. Des techniques de stérilisation existent qui peuvent servir dans le cas où les produits à éliminer sont connus.
Le texte du nouveau règlement précise :
La sécurité des matières plastiques recyclées peut uniquement être garantie si le procédé de recyclage est en mesure de produire des matières plastiques de qualité reproductible.
Le problème est explicitement indiqué un peu plus loin dans le règlement :
Les déchets plastiques peuvent être contaminés par des substances liées à leur utilisation antérieure, par un usage impropre accidentel ou par des substances provenant de matières plastiques non alimentaires. Étant donné qu’il est impossible de connaître tous les types de contaminations possibles et que les différents types de matières plastiques ont des capacités différentes de rétention et de libération des contaminants, il n’est pas possible de définir des caractéristiques précises du produit final applicables à tous les types de matières plastiques recyclées. Pour contrôler la sécurité du produit final, il est donc nécessaire de combiner la définition des caractéristiques de la matière première avec un procédé adapté visant à éliminer les contaminations éventuelles
Quand bien même, il s’agirait de trouver une aiguille dans une meule de foin, ce serait plus facile que de chercher des traces d’on ne sait pas quoi. Il est, en effet, plus ou moins facile, mais réalisable de chercher un certain dosage d’un élément connu, mais chercher l’inconnu devient plus difficile, quant à tout chercher, c’est, assurément, ne rien trouver !
Dans son avis 7 septembre 1993, le Conseil supérieur d’hygiène publique de France exprimait son opposition vis-à-vis de l’utilisation, au contact des aliments, de matériaux recyclés ne présentant pas les mêmes garanties que celles du matériau vierge auquel ils pourraient se substituer.
Il invitait les milieux professionnels à définir les règles permettant d’apporter l’assurance que l’utilisation au contact des aliments de matériaux recyclés sera strictement limitée aux seuls usages apportant des garanties identiques à celles des matériaux vierges correspondants.
Découvrirons-nous, dans quelques années, que des campagnes de rappel seront nécessaires ? Subirons-nous des épidémies issues de l’utilisation de matériaux contaminés ? Le principe de précaution devrait, sans doute, bénéficier à la santé publique !
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