Ecologisme, ici et ailleurs
En cette année où, avec la tenue de la conférence COP 21 à Paris en décembre, les questions autour du climat et de l’énergie sont un tant soit peu présentes dans les médias français, il serait temps de se défaire des considérations purement idéologiques et de nous intéresser aux faits en France et à l’international, pour arriver à une solution réaliste, avec la lutte contre le réchauffement climatique comme priorité absolue.
Disons le franchement, même si ça en fâchera plus d’un, un écologiste – ou disons une personne fortement préoccupée par le réchauffement climatique – ce n’est pas forcément un militant antinucléaire. Les rapports du GIEC (Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat), tous plus alarmants les uns après les autres sur l’urgence climatique, sont très clairs sur la nécessité de réduire de plus de moitié les émissions de gaz à effet de serre d’ici 50 ans pour espérer limiter à 2°C la hausse des températures à la fin du siècle, mais ils ne préconisent pas dans ce but de se détourner de l’énergie nucléaire, ce serait même plutôt le contraire.
Nul besoin de cacher son jeu, on peut affirmer clairement que l’énergie nucléaire est la solution dans de nombreux pays pour espérer diminuer significativement la part des énergies fossiles dans la production d’électricité. On pense d’abord aux pays émergents où les autorités doivent répondre à des besoins en énergies qui augmentent proportionnellement à la croissance. La Chine a par exemple récemment lancé un programme colossal d’investissements pour la construction de réacteurs nucléaires afin de diminuer la part des énergies fossiles dans son mix énergétique et d’assurer l’approvisionnement en électricité nécessaire à son économie. Mais des programmes de développement du nucléaire voient aussi le jour dans les pays développés, qui sont parmi les plus pollueurs au monde, comme l’Australie, mais surtout les Etats-Unis. D’ailleurs, de nombreuses personnalités américaines du militantisme écologique et/ou environnemental sont des avocats de l’énergie nucléaire.
Le contre-argument, qu’on ne tardera pas à m’opposer, est qu’il faut développer les énergies renouvelables, et non l’énergie nucléaire. Oui, évidemment il faut investir dans les énergies renouvelables qui sont la solution à long-terme. Néanmoins, je ne crois pas trop m’avancer en affirmant que ça ne peut réellement pas être l’unique source d’énergie à court et moyen-terme. Les raisons ont été expliquées maintes fois : sans rentrer dans les détails, les principaux blocages sont les coûts et l’intermittence des énergies renouvelables, couplée avec l’incapacité de stocker en grande quantité l’électricité.
Si les arguments scientifiques ne sont pas suffisants, on peut toujours observer les exemples allemands ou japonais pour se convaincre qu’une sortie prématurée du nucléaire n’a pas les effets attendus. Après la catastrophe de Fukushima, les 54 réacteurs du parc nucléaire japonais se sont retrouvés à l’arrêt. Pour compenser, le gouvernement japonais a dû relancer dans l’urgence les centrales thermiques de l’Archipel, alimentés par des combustibles fossiles importés de l’étranger. Résultat, la production d’électricité du Japon repose à près de 90% sur les énergies fossiles et la facture énergétique des ménages et entreprises à augmenter de près de 30%, selon des sources gouvernementales.
En Allemagne, la décision politique de sortir du nucléaire a donné lieu à un retrait un peu moins brutal avec la fermeture de la moitié des 17 réacteurs du pays, qui a fait passer la part de la production d’électricité d’origine nucléaire de 22 à 16%. Pourtant, outre la forte hausse du prix de l’électricité pour les ménages allemands, les fournisseurs d’électricité ont dû compenser l’intermittence de la production des énergies renouvelables en construisant de nouvelles centrales thermiques. Ce n’est plus un secret maintenant, les émissions de CO2 en Allemagne ont augmenté de 4% depuis 2011. Plus intéressant peut-être est la comparaison de l’indice carbone par habitant de la France et de l’Allemagne : il est de 5t par an en France, pour 9t en Allemagne.
Il ne nous reste donc plus qu’à décider si les arguments en défaveur du nucléaire justifient de fortement compromettre les objectifs de réduction des émissions de gaz à effet de serre.
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