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Accueil du site > Actualités > Environnement > L’homme est un loup pour l’ours

L’homme est un loup pour l’ours

Eh non, il ne fallait pas vendre la peau de l’ours slovène avant de l’avoir tué à coup de verre pilé dans du miel. Le Conseil d’Etat, la plus haute juridiction administrative, vient de statuer, au grand dam des éleveurs de moutons et autres ongulés (je parle des chèvres et des moutons, pas des éleveurs), pour qui la réintroduction prévue de cinq plantigrades ne passe décidément pas.

Les anti-ours sont donc sans doute les plus mal léchés. Ils stigmatisent la quasi-condamnation à mort de leurs bestiaux, alors qu’un fonds d’indemnisation existe depuis des lustres. En outre, on ne peut apparemment pas dire que ce soient les méfaits d’une paire d’ours qui vont décimer la population pastorale française, puisqu’à la différence du loup, dont la réintroduction a toujours fait également bêler dans les gîtes de bergers, l’ours tue relativement peu, et ne tue que ce qu’il mange.

Certes, on peut comprendre qu’il ne soit pas très agréable pour un berger de retrouver quelques moutons les tripes à l’air au petit matin. Que les tracasseries administratives pour se faire indemniser sont, sans doute, sans fin... Mais dans les faits, les chiens errants, de l’aveu même des éleveurs, font mille fois pire que les quelques dizaines de brebis tuées chaque année par cinq ours. En outre, le plan de réintroduction d’ours s’accompagne d’une enveloppe budgétaire non négligeable de 532 000 euros comprenant l’embauche de bergers salariés, avec un regroupement nocturne des troupeaux, la rétribution de l’éleveur pour les jours de repos, l’achat de clôtures intégralement remboursées, l’achat de chiens de type Patou, seule véritable dissuasion face à l’ours, la descente des fromages assurée par hélicoptère durant la saison estivale, le financement des radiotéléphones avec un forfait gratuit de cinq mois, et l’indemnisation des dégâts d’ours avec la prise en charge de l’intervention de vétérinaires.

Donc, si je résume : un tour en hélico, un nouveau chien de race, un portable gratuit, des clôtures, et un remboursement total des dégâts... Voilà qui devrait normalement, on l’espère, rendre les éleveurs tout miel...


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6 réactions à cet article    


  • Christophe CORET (---.---.124.44) 15 mai 2006 12:18

    Et les anti-ours n’en sont pas restés là. Ce week-end, après leur manifestation, ils se sont une fois de plus rendus à ARBAS... Vous pouvez lire le communiqué de l’ADET sur notre site : http://www.aves.asso.fr/article.php3?id_article=149


    • (---.---.7.18) 15 mai 2006 12:20

      Je suis éleveur ovin, et un des rares à ne pas être contre la cohabitation avec l’ours et le loup. Mais il ne faut pas se tromper sur la motivation des réticences de mes confrères. Pour la majorité d’entre eux, il ne s’agit pas d’un refus atavique ou d’une quelconque position de principe.

      Ce métier est difficile, et de moins en moins rémunérateur. Pour faire un smic, il faut au minimum 400 brebis. Et chaque année, nous voyons nos revenus diminuer et nos cotisations sociales augmenter.

      La réintroduction des prédateurs est prise comme la goutte d’eau qui fait déborder le vase, le symbole du peu de cas que l’on fait de notre profession.

      Des sommes énormes sont dépensées pour réintroduire quelques ours ou protéger qq loups, alors que rien n’est par ailleurs fait pour empêcher cette profession de crever à petit feu. Cela ne peut être que rageant.

      Pour ma part, je ne suis pas en zone 1 (zone d’attaques avérées), mais en zone 2 (zone d’attaques possibles), ce qui m’a quand même permis d’avoir des aides pour acquérir et entretenir deux chiens de protection. Point positif : plus de problème de chiens errants, même en période de chasse. Point négatif : un chien, ça mange pas d’herbe, il faut donc aller le nourrir tout les jours, ce qui représente une grosse charge de travail quand les patures sont peu accessibles. Et cette charge supplémentaire n’est pas rémunérée.

      Il faut savoir également que le chien n’est efficace que lorsque le troupeau est dans une zone peu étendue. Si un troupeau de 400 brebis est sur une pâture de 50 hectares, il faut au minimum...6 chiens pour parvenir à une surveillance efficace. Dans une zone d’alpage, ou les zones peuvent s’étendre sur plus de 100 hectares, cela devient mission impossible...

      Et l’indemnisation des brebis qui sont le résultat de sélections adaptées à l’exploitation de l’éleveur, obtenues sur plusieurs générations, cela ne compense pas le préjudice : cela permet de racheter une agnelle qui a un potentiel génétique différent, ramènera peut-être des maladies, et qui ne donnera un agneau qu’une année plus tard.

      Tous ces aspects, et bien d’autres, sont ignorés du grand public, car les médias préfèrent se focaliser sur des vertus écologiques pour citadins contre lesquelles luttent de méchants ploucs.

      Alors, oui aux loups et aux ours...à condition que l’on ait d’abord fait ce qu’il fallait pour éviter que notre profession ne disparaisse, avec ou sans eux.


      • Axis (---.---.44.109) 15 mai 2006 23:59

        Je suis pour une ré-introduction de l’ours dans son habitat naturel, et j’avoue avoir eu du mal à comprendre les motivations des anti-ours. Je sais maintenant que ce n’est pas l’ours qui est attaqué mais le symbole qu’il représente (je passe le fait divers du miel aux éclats de verre qui ne représente certainement pas toutes les personnes « anti-ours »). Merci de vos éclaircissements.


      • Ours grognon (---.---.168.18) 20 mai 2006 10:36

        Voilà au moins un témoignage qui nous réconcilie, nous les « pro-prédateurs » avec les bergers (les chasseurs, c’est une autre histoire !).

        Celà à au moins le mérite de recentrer le débat autour de la vraie question : quel prix, nous, qui nous sommes pas des montagnes, sommes prêt à payer pour concilier deux positions apparemment divergentes en tout, àsavoir la protection des grands prédateurs NATURELS et celle du pastoralisme.

        Entre les positions extrêmes des excités de tout bord, il doit y avoir place pour un dialogue sur ce sujet de manière à parvenir à un consensus sur le sujet.

        L’un des volets du problème est nettement économique : il faut que les gens puissent vivre convenablement du pastoralisme de manière à mieux supporter les pertes inévitables résultant des grands prédateurs.

        Peut-être que le mode d’indemnisation devrait être revu à la hausse et les aides mieux réparties ou consolidées.

        Sachez que de toute façon, j’aime bien le fromage, je suis doc à la fois pour la brebis, le loup, l’ours et le berger !


      • pascal blain (---.---.44.185) 30 mai 2006 00:00

        merci pour ce témoignage !


      • bright (---.---.199.101) 15 mai 2006 16:21

        merci de ces précisions....ca me réconcilie avec ce média...enfin une réponse pertinente (je n’ai quand à moi..aucune position sur le sujet..)

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