Le développement humain, l’autre priorité de la COP 21
Au moment où les pays développés et émergents se préparent à ferrailler sur la baisse des émissions de CO2, il faut se souvenir qu’une partie de l’humanité n’a pas encore accès à l’électricité. En Afrique subsaharienne, le taux d’électrification atteint à peine 30% de la population. Les négociations, en fin d’année à Paris lors de la COP 21, doivent donc inclure aussi un volet « développement ».
Faible espoir d’un accord contraignant
En vue de la conférence sur le climat fin 2015, les Etats-Unis et la Chine ont déjà adopté une position commune. Malgré des chiffres apparemment ambitieux, les deux pays se sont contentés de fixer des objectifs qui correspondent à la baisse « naturelle » de leurs émissions au cours des prochaines décennies (développement de l’efficacité énergétique, baisse de l’exploitation du charbon…).
Forts de leur alliance, les Etats-Unis et la Chine rejoueront très probablement le même tour qu’à Copenhague en 2009 : la formation d’un « G2 » capable de bloquer toute négociation. Il ne faut donc pas trop attendre de la COP 21 pour fixer une baisse ambitieuse, et surtout contraignante, des émissions de gaz à effet de serre.
Electrification de l’Afrique, de réelles avancées lors de la COP 21 ?
Ceci acté, la COP 21 peut tout de même être un succès, en évitant de reproduire inlassablement le même schéma destructeur : un développement humain basé sur le charbon, énergie bon marché mais polluante. En Afrique subsaharienne, 620 millions de personnes n’ont pas encore accès à l’électricité : le potentiel de hausse des émissions de CO2 y est donc significatif.
Dans ce contexte, la lutte contre le changement climatique doit aussi prendre la forme de l’aide au développement énergétique. Face au refus probable des Américains et des Chinois de baisser leurs gaz à effet de serre, il faudra les convaincre d’investir dans des projets d’énergie propre dans les zones les plus pauvres.
Cette stratégie de négociation a toutes ses chances : Barack Obama s’est déjà engagé en faveur de l’électrification de l’Afrique avec le programme « Power Africa ». Lancé en 2013 et doté de 7 milliards de dollars d’argent public et de 14 milliards issus du privé, le projet doit permettre d’améliorer l’électrification d’une partie du continent. Problème, deux ans après son annonce, l’argent se fait attendre. La COP 21 est donc l’occasion de rappeler leurs promesses aux Etats-Unis.
En France, c’est l’ancien ministre de l’Environnement, Jean-Louis Borloo, qui s’est spécialisé sur cette question de l’électrification de l’Afrique. Il a ainsi lancé une fondation en mars 2015, et estime que 200 milliards d’euros seront nécessaires d’ici 10 ans pour y parvenir.
De fait, l’Afrique constitue le terrain idéal pour développer dès le départ un système énergétique pauvre en CO2 : un énorme potentiel solaire et hydroélectrique. Ainsi, le couplage de panneaux photovoltaïques et de microgrids (réseaux intelligents d’électricité à l’échelle d’un village) constitue une solution idéale pour les zones reculées. Il n’est pas nécessaire de développer un complexe et coûteux réseau électrique, et les investissements et la durée des projets sont allégés.
Si les prochaines négociations permettent enfin de sortir du vieux modèle de développement basé sur les énergies polluantes, un grand pas en avant sera franchi. Mécaniquement, les systèmes électriques peu générateurs de CO2 deviendront la norme et prouveront la validité que l’économie ne dépend pas des énergies fossiles, idée encore solidement ancrée dans les esprits américains et chinois.
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