Partis verts : partis politiques en voie de disparition ?
Alors que l’environnement semble ne jamais avoir suscité autant l’intérêt dans l’opinion publique, les partis verts ont-ils encore un avenir sur les échiquiers politiques des démocraties occidentales, quand l’ensemble des partis politiques semblent reprendre à leur compte la rhétorique écologique ?
En France, tous les candidats à la présidentielle ont consenti à signer le « Pacte écologique » de Nicolas Hulot. Les intentions de vote pour les Verts, représentés par Dominique Voynet, sont estimées, à ce stade de la campagne, à 2%. On s’attend en effet à ce que José Bové, l’autre candidat écolo, rogne une partie non négligeable de cet électorat et engrange presque le double de voix. Autant dire que le Parti Vert en France n’entame donc pas la campagne sous les meilleurs auspices et qu’il lui est difficile de se démarquer.
La situation de son homologue québécois est à peine plus enviable, il constate également que les autres partis sont résolument décidés à marcher sur ses plates-bandes. Avec l’adoption d’un plan d’action contre les changements climatiques en juin 2006 et des références omniprésentes au développement durable, les libéraux de Jean Charest se sont emparés de la question environnementale pour en faire un point fort de leur bilan et de leur programme pour un éventuel mandat à venir. Leurs rivaux péquistes, emmenés par André Boisclair, se devaient de frapper fort. Le PQ a donc fait le choix d’un nouveau logo... une petite révolution dans les symboles quand on songe que celui-ci datait de l’époque de René Lévesque. Le Q est donc passé du rouge au vert... une couleur qui en dit (ou est censée en dire) long.
Le virage vert s’est également manifesté bruyamment à l’échelon fédéral, avec l’élection de Stéphane Dion à la tête du Parti libéral canadien (PLC). En jouant la carte de l’environnement et en faisant de la lutte contre les changements climatiques son cheval de bataille, le chef libéral a lui aussi fait le (bon) pari de l’environnement.
Mais n’y a-t-il pas un paradoxe à constater que l’on n’a jamais autant parlé de l’environnement, alors que les partis verts ne sont le plus souvent crédités que de quelques pourcentage d’intentions de voix ? Les leaders de ces partis verts ont-il raison de se réjouir, comme le font en apparence Dominique Voynet en France ou Scott McKay au Québec, d’être en quelque sorte parvenus à faire émerger la problématique environnementale comme un enjeu prioritaire ?
Les écologistes et les environnementalistes ont certainement contribué à cette prise de conscience environnementale amorcée dans les années 1970. On constate aujourd’hui que le discours environnemental a gagné de plus en plus de franges de la société : les citoyens se disent de plus en plus en sensibles et les entreprises sont de plus en plus nombreuses à chercher les accréditations ISO et à adhérer au discours du développement durable.
Les partis politiques traditionnels ne font donc en cela que suivre l’ensemble d’une évolution sociétale. Ils s’engouffrent dans ce qu’ils croient être un créneau porteur, ou à tout le moins un volet indispensable à la panoplie pour tout programme politique qui se respecte. D’ailleurs, l’inquiétude suscitée dans l’opinion par la problématique des changements climatiques y est sûrement pour quelque chose.
Ceci dit, comme dans le cas des entreprises, ce n’est pas parce que les partis ou les candidats « verdissent » leur discours qu’ils seront en mesure de se décider sur les moyens d’action et encore moins, une fois confrontés aux difficultés de la gouverne, qu’ils mettront en œuvre les politiques publiques à même de préserver, voire de restaurer l’environnement. Mais pour le moment, laissons-leur le bénéfice du doute...
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