Phase 3 des biocarburants : l’arbre à pétrole !
Au-delà de la mise en production des biocarburants actuels de la phase 1 et de l’amélioration des procédés de transformation de la phase 2 pour transformer la totalité de la plante en biocarburants, il existe une phase 3 qui va encore plus loin et qui consiste à sélectionner ou développer la ou les plantes qui contiennent naturellement le plus de composants transformables facilement en produits combustibles. Ce que j’ai appelé- on peut rêver - l’arbre à pétrole !
Car les végétaux que nous avons l’habitude de produire et dont nous connaissons bien le cycle reproductif, les rendements de production et environnemental (ce que la plante consomme comme énergie pour la produire et la transformer par rapport à ce qu’elle restitue), le métabolisme et les contraintes, ont tous été cultivés par l’homme dans un objectif tout autre que celui de fournir un maximum de cellulose transformable en carburant. II y a donc maintenant un besoin de passer en revue les caractéristiques des plantes disponibles sur la planète pour en identifier les meilleures variétés disponibles pour produire le plus facilement possible des combustibles incorporables aux carburants.
C’est que qui est appelé la phase 3 du développement des biocaburants, la sélection agronomique des meilleures espèces pour produire ces biocarburants. En France, c’est particulièrement l’Inra, Institut national de la recherche agronomique, qui travaille sur cette question. Aux Etats-Unis, c’est le programme Genome to Life, doté de 250 millions de dollars de budget, qui y travaille, mais qui intègre dans cette sélection la recherche de variétés génétiquement modifiées pour en accroître le pourcentage de cellulose.
Le critère de sélection de ces espèces est " la quantité de biomasse que le végétal peut fournir sans affecter l’environnement". Affecter l’environnement étant une formulation générique, qui inclut différents paramètres. La quantité d’énergie nécessaire pour le cultiver, le récolter et le transformer en carburant, la quantité d’énergie qu’elle nous restitue comme carburant, la quantité de ce qu’on appelle les intrants, engrais, pesticides et eau nécessaire à sa culture. N’oublions pas qu’en fonction de la mécanisation de l’agriculture moderne, toute opération, un repiquage additionnel par exemple, coûte cher en énergie et donc en contribution au réchauffement climatique.
On étudie donc des plantes fourragères, comme le sorgho fourrager, le triticale, un hybride de blé et de seigle, des légumineuses qui ont l’avantage de tirer leur azote des bactéries du sol et de leur fournir du carbone de photosynthèse en échange (moins d’engrais et plus de carbone piégé), comme la luzerne, des plantes non conventionnelles comme le miscanthus ci-contre, une canne très productive en biomasse (15/20T/ha) ou encore des arbres courts à forte rotation comme l’épicea, le saule ou le peuplier, qui ont un cycle de vie tout à fait différent.
Ces études pour identifier le meilleur végétal producteur de pétrole vert prendront de nombreuses années. En parallèle, Monsanto et d’autres en étudieront des variétés génétiquement modifiées.
Nous devrions avoir une vue plus claire des possibilités de cette agriculture énergétique d’ici une dizaine d’années, à une époque où le Peak Oil ne devrait plus être très loin...
A suivre.
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