Sommet de Saint-Pétersbourg : Poutine au secours des tigres
Le pire est peut-être derrière eux. Traqués, braconnés, chassés, les quelques 3 200 tigres restants dans le monde vont – enfin - être sérieusement pris en considération. Se tient actuellement à Saint-Pétersbourg depuis hier (dimanche), et ce jusqu’au 24 novembre, un sommet inédit réunissant 13 pays (d’Asie) sur la protection du plus grand félin de la terre, sous la houlette de Vladimir Poutine, Premier Ministre concerné d’une Russie jusqu’ici bonne élève dont on attend un exemple déclencheur.
3 200 tigres, un chiffre dérisoire et alarmant par rapport aux 100 000 qu’ils étaient il y a de ça à peine un siècle. Voici dans toute leur splendeur les conséquences de l’Homme sur le monde animal. Un Homme dangereusement emporté dans son avidité dévastatrice, ses superstitions grotesques, ses croyances médicinales, et son besoin narcissique de mode. Désormais, la situation est critique. Trois espèces de tigre, sur les neufs existantes, ont déjà disparu.150 sont encore la cible des braconniers chaque année selon les chiffres de l’IFAW.
La Russie, la Chine et l’Inde sont les pays les plus concernés par cette catastrophe écologique. En Inde, pays abritant la moitié de l’espèce, depuis 1947, la population est passée de 40 000 à 1 411 aujourd’hui. Avec la Chine, elle est le principal repère des braconniers, profitants à la fois du prix et de l’utilité du félin – la médecine traditionnelle chinoise lui prête des vertus aphrodisiaques… Il y a urgence. Selon Keshav Varma, spécialiste du tigre à la Banque Mondiale, « le marché continue à grossir », et ce pendant que l’espèce s’éteint dans l’indifférence.
A quand un durcissement de la répression du braconnage ?
C’est autant de raisons dramatiques qui ont poussé les 13 pays abritant encore des tigres à se réunir en ce sommet exceptionnel de Saint-Pétersbourg. Objectif : se servir intelligemment et efficacement des 350 millions de dollars, qui devraient être déboursés sur 5 ans par la Banque Mondiale, pour doubler la population d’ici à 2022, tout en luttant plus efficacement contre le braconnage.
Car aujourd’hui encore, les sanctions sont bien trop peu dissuasives dans les pays concernés. En Russie, où 40 spécimens sont abattus chaque année, un braconnier risque seulement 6 mois de prison pour être pardonné de ses actes. Au Bangladesh, l’exemple est timidement donné. Les accusés risquent de 2 à 12 ans de prison en cas de condamnation. Un pas en avant, mais bien trop léger, et bien trop peu suivi par ceux qui se doivent d’en faire autant, non seulement pour la survie des espèces, mais aussi pour l’éradication de cette pratique de chasse ignoble, illégale et contre-nature. A quand un durcissement sévère de la répression vis-à-vis de ces assassins avares et inconscients ? Une répression qui se devra aussi d’être suivie d’aide à la pauvreté – en partie responsable de ces actes désespérés -, mais aussi d’amélioration de la sécurité des personnes dans ces zones, face à ce qui reste une bête de chasse redoutable et redoutée.
Poutine en propulseur
A l’image de Vladimir Poutine qui, en août 2008, participait à la capture d’une tigresse dans le but d’un suivi GPS de cette dernière, la Russie hôte de ce sommet important, se doit de poursuivre sa voie dans la protection de la faune, et en priorité de ses tigres de Sibérie, tigres de l’amour – dont l’un a encore été lâchement abattu par un braconnier il y a quelques jours. Le pays est le seul bon élève parmi les 13 participants au forum. Le seul où la population de tigres est en progression ces dernières années. En 50 ans, cette dernière est passée d’une petite centaine à environ 500 individus.
Si, selon James Leap, directeur du WWF, la survie de l’espèce « dépend de la volonté politique des pays qui l’accueillent », c’est bien à Poutine, éternel maître de ses décisions, que revient la tâche ardue de s’imposer en leader du combat. Un combat urgent, et vital.
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> Le blog de Chris Lefebvre
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