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Trois symboles à renverser ? Le bouton, l’écran et la tour

 Le salon de Genève bat son plein ; de belles (?) jeunes femmes vantent leurs carrosseries, et les bouches en cœur font fleurir les nouveaux modèles comme des plantes vertes. L’auto électrique une véritable vraie solution ? « L’énergie c’est vous » était le titre d’un ouvrage paru au moment du premier choc pétrolier (auteur Roger Bernard, universitaire enseignant à Lyon I). Alors, la pile à lithium ou le vélo ? La Bolivie (premier gisement de ce minerai) risque d’être « mise à contribution  » (pour son bien, évidemment, grâce au libre marché.

Il nous semble que face à la crise gigantesque qui s’annonce, cette situation reflète une « fausse bonne solution » typique, qui risque de reporter d’un cran les véritables questions. Parmi tous ces enjeux, trois nous semblent de véritables symboles à abattre si l’on veut amortir le choc.

 

Le drame de l’électricité, c’est le bouton, avait dit un jour Alfred Sauvy qui expliquait - d’une façon très imagée - les multiples ressorts d’un taux de croissance de 7% par an de la consommation électrique dans les années 60-70, soit un doublement tous les 10 ans. . A cette époque d’ailleurs EDF proclamait haut et fort qu’il s’agissait là d’une énergie « noble », et donc susceptible de toutes les convoitises. Evidemment, rien à voir avec le charbon ; quel concentré d’intelligence ! Reconnaissons que cette forme secondaire d’énergie est la seule à permettre des applications spécifiques fondamentales (électronique…), que, grâce à elle on peut « sauver des vies humaines » (etc…) et donc qu’elle est irremplaçable. Dont acte. Par contre il existe deux autres formes d’utilisation de l’électricité (donc de recours au fameux « bouton »…) qui sont moins justifiables : la force motrice d’une part (on pourrait monter les 3 premiers étages à pied, ou / et construire des immeubles moins hauts…), et le chauffage d’autre part, ce qui est très polluant (faire chauffer de l’eau dans la centrale pour actionner la turbine puis transporter le « courant » (avec des pertes et une immense toile d’araignée) pour enfin déclencher des convecteurs…Le rendement n’est pas fameux. Ces radiateurs n’étant pas très chers à l’investissement, nombre de propriétaires et de groupes immobiliers poussent tout simplement leurs locataires à appuyer sur le bouton. Et puis « regardez comme c’est propre et sûr ! » Ah, l’argument de la sécurité…
Donc, premier point, se méfier des boutons ! Courage !
 
Crampes musculaires, douleurs dorsales les troubles musculo-squeletiques (TMS) font des ravages. L’auto n’est pas la seule en cause ; notre cher écran d’ordinateur et sa souris sont l’image frappante d’un syndrome de l’écran dans notre société. Expliquons. De 15 pouces ou « géant » la première fonction d’un écran est de délimiter, au sens technique et psychologique. « Regardez là », et pas ailleurs. Donc le tentatives de contestation sont peu à peu limitées. Ensuite l’écran sert à projeter (ah les frères Lumière !), des âneries ou des merveilles ; donc il faut retrousser les manches pour ne pas être que consommateurs. Enfin l’écran cache ce qui est « derrière » ; l’expression « rideau de fumée » est assez belle…

Platon a merveilleusement démontré tout cela dans le Mythe de la caverne. Or la crise actuelle impose d’abord la franchise, sinon l’honnêteté. Essayons peu à peu de faire disparaître les « années fric », de bannir les paradis fiscaux etc… Certains vont trouver cela très naïf ; mais avec l’effet Obama…Et puis on n’a plus le choix. Donc tolérer des pubs comme « souscrivez au compte machin, 4 % nets d’impôts », ou encore « grattez en ligne, vous avez gagné des millions », tolérer ces andouilleries est une injure à la face de l’humanité.

On objectera que les populations vieillissantes des pays ex-développés ne peuvent pas faire toutes du vélo et devront être soignées ; mais qu’on les laisse de temps en temps marcher un peu et qu’on ne les force pas à louer mensuellement et individuellement l’électrique chère ( !) à Mr Bolloré (330 €).
 
Le mythe de Babel ne s’est jamais effondré. Et c’est un des plus vivaces de l’histoire humaine, car il n’a pas qu’une dimension verticale. Nombre d’élus de grandes métropoles n’ont de cesse de laisser leur empreinte par des tours, plus orgueilleuses les unes que les autres. On objectera que les prélats rivalisaient autrefois à coup de flèches de cathédrales. Oui ; mais une fois construites – pour des raisons fort culturelles et / ou contestables – celles-ci se passaient relativement d’entretien.
 
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repère ou cible ?
Gouffres énergétiques, repères truffés de « cadres dynamiques » et d’ordinateurs (cf le bouton et l’écran) nos tours sont le plus souvent la quintessence des innovations technologiques les plus asservissantes pour la nature humaine. Pas étonnant qu’elles soient la cible d’attentats. Mais, du coup, on renforce les procédures de sécurité ! Peu de temps avant le chantier de la tour (qu’est ce que 30 ans … ?) s’élevaient à cet emplacement de modestes constructions, issues le plus souvent de matériaux traditionnels comme le pisé (terre glaise compactée). Interrogés, des organismes protecteurs de ces formes d’habitat (CRATERRE par exemple) répondent qu’ils ont tiré un trait sur la défense de ces matériaux en Europe, et préfèrent sauver les meubles en Afrique notamment. Par ailleurs le mythe de Babel se retrouve – horizontalement - dans certains projets pharaoniques d’aéroports de province et dans des hopitaux gigantesques vendus à des pays africains ; on les appelle d’ailleurs « les éléphants blanc ».
 
Pourquoi faire simple, quand on peut faire compliqué. Essayons de retrouver l’homme comme mesure de toute chose. Démocratie et développement durable peuvent et doivent coexister. Il faut se battre, pas faire semblant en installant des chanteurs ou des « sportifs » au gouvernement.
Et, face à la crise, le développement durable n’est ni une fuite, ni mythe, mais une nécessité.
 

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8 réactions à cet article    


  • timiota 5 mars 2009 19:12

    Autre inconvénient de la tour : l’ignorance entre les étages.
    Philips a toujours dans son centre de recherche un ascenceur de type "convoyeur permanent"
    qu’on peut prendre sans cesser de lire son journal, sans bouton pour ouvrir la porte, censé intégrer
    la démarche de changement d’étage, pour éviter cette séparation et cette ignorance, préjudiciable saux collaborations souhaitées.

    Disons que

    le bouton introduit une division à très grande distance (entre ingénieurs des réseaux électriques et des centrales et consommateurs),

    la tour à petite distance (mon voisin deux étages plus bas, j’sais pas qui c’est),

    et l’écran à toute distance, mais de façon plus ambigué, en laissant les moyens de nouvelles
    "transindividuations" (Simondon, Stiegler, D. Kaplan,d’autres encore...)

    Mais n’en est-il pas de même de toute extériorisation techique ? Y a t il eu des sociétés et civilisations sans division du "travail" ? ...


    • imago imago 5 mars 2009 20:11

      Merci pour vos remarques et compléments.
      Toute invention, innovation ne produit pas forcément une "extériorisation" des êtres les uns par rapport aux autres. Reconnaissons qu’internet peut rassembler (ce que nous vivons précisément en cet instant). Mais il divise aussi (les personnes agées, les ruraux etc...sont souvent écartés.
      Donc "mettre un boisseau" sur le progres technqiue est illusoire et dangereux ; par contre un débat véritable doit participer à un controle des formes et des finaliltés de ces différents progres techniques. La commission de bio-éthique est un exemple ; celle relative aux libertés et à l’informatique est bafouée.

      Pour ce qui est de la division du travail là encore rien n’est simple ; ses formes sont multiples. On ne parle trop souvent que de la division technique du travail alors que d’autres formes existent : sociales (les classes notamment), et sexuelles qui sont beaucoup plus graves.

      Il parait difficilement repérable de trouver de véritables sociétés qui aient totalement exclu toute forme de division du travail. Robinson est un mythe, mais la tendance particulière du capitalisme est d’amplifier ces divisions (malgré des "masques" comme la recomposition des taches...) en les rendant cumulatives sur les différents plans (technqiue, social, sexuel...).


      • timiota 6 mars 2009 01:57

        A débattre

        J’utiliser "extériorisation technique" dans le sens très général de Leroi Gourhan ou de Stiegler.

        Le langage en est un exemple, version écrite surtout of course.

        L’outil n’a jamais été neutre, depuis la permière pierre taillée. C’est d’ailleurs le fait de propager une espèce avec ce niveau de technique qui a amené à exploiter les premières manufactures de l’homme comme support de mémoire.
        Ce sont les gestes ((ceux pour une technique) qui ont amené le besoin du langage et non l’inverse.

        Cette extériorisation, c’est la part que le cerveau rajoute sur l’outil, qui dépasse immédiatement toute intention de départ, sauf à être "chamanisée" dans uen culture qui amortisse le progrès.

        Pour prendre le dernier exemple en date, ceux qui ont inventé les MEMS n’avaient pas pesné que dix quinez ans après, il y aurait la Wii. Or il est certain que la Wii va "grammatiser" nos corps, comme l’écran a "grammatisé" nos regards et comme nous avons "internalisé" google. Qui n’a pas vu un(e) collègue dire "j’ai cherché" en mimant de ses doigts la frappe sur le clavier.

        La Wii va plonger une partie de notre gestuelle "culturelle dans le cercle des automatismes plus ou moins moutonniers et sondagiers, vers une érosion des singularités. Mais elle fournira aussi une nouvelle couche pour savoir quoi faire de nos mains, comme la lecture nous a donner beaucoup quant à savoir quoi faire de nos yeux. Fermez les, j’arrête...



      • roOl roOl 5 mars 2009 21:06

        Bof, j’ai bien cru a un article interressant sur l’informatique, pendant un instant.

        Le bouton, l’ecran, et la tour etant bien evidement les 3 composants de l’informatique personnelle.


        • imago imago 5 mars 2009 21:21

          Mon but n’est pas de ne se focaliser que sur l’informatique au sens strict. "Le bouton" peut être simplement l’enclanchement de la consommation électrique, "source de vie intelligente" selon les belles paroles d’EDF...pendant qu’on ne sait quoi faire des déchets radioactifs.


        • jltisserand 6 mars 2009 09:41

          Permettez moi un commentaire concernant la cuisson solaire. Pour cuire au "solaire" il faut impérativement stocker l’énergie. C’est assez facile dans nos riches contrées. Mais en Afrique ? De plus il faut savoir que les Africains font 1 seul repas par jour. Et c’est le soir donc pas de soleil pour cuire. Il y a une galaxie d’ONG qui essaient de vendre la cuisson solaire en Afrique et se cassent toutes les dents. Pour celles qui continuent ... c’est juste pour sucer du fric partout où c’est possible.

          Bien à vous


          • imago imago 6 mars 2009 11:28

            @jltisserand
            Bonjour ; j’ai utilisé moi m^me un cuiseur solaire ; il n’est pas du tout nécessaire de stocker cette énergie pour le repas !!! Repas à la nuit tombée ? vouliez vous parler du ramadan ? Les africains (quel raisonnement à vaste échelle....aïe aïe) dormant la nuit , ont pendant des générations effectué leur repas pendant la journée... donc pas de pb de stockage

            Oui l’enregie solaire imposera des contraintes ! Mais c’est tres bien : on ne construira plus dans des endroits impossibles à chauffer.
            Arrêtons de mélanger le solaire passif (le vrai, qui ne polue pas) et le solaire "actif" (panneaux voltaiques)
            Les énergies douces (pas l’électricité) seront peut-être LA planche de salut face à la crise mondiale
            @+


          • Bobby Bobby 6 mars 2009 09:48

            Bonjour,

            On peut bien sûr regretter l’évolution actuelle de notre société, car il m’apparaît assez clairement que les mêmes causes produisent et produiront les mêmes effets.... ce n’est sans doute pas Monsieur François de Closset qui me contredira (cf "Toujours plus")... qui serait, comme il l’écrit lui même d’ailleurs, à réécrire aujourd’hui en ajoutant simplement "exposant n"... tant les exemples font foison. La politique menée par la France et son président aurait, à ce sujet, probablement mérité un exposant "n" supplémentaire !

            Notre avenir est donc bien sombre, tous s’accordent à la penser, avec raison je crois, les seules inconnues étant la durée du phénomène et l’ampleur de sa précipitation, sa vitesse car il est évident que l’on mettra "ce qu’il faut" (N. Sarkosy)... comme emplâtre sur la jambe de bois pour l’empêcher de casser, (par exemple : les dernières aides aux secteurs bancaires et automobiles), sans avoir la capacité d’imaginer que la structure elle même est a changer !

            Les économistes ne peuvent évidemment raisonner qu’en termes d’économie !... et régissent ainsi le monde selon leurs seule vision d’un monde qui possède pourtant bien d’autres qualités.

            Or cette attitude, envoie l’ensemble de la communauté humaine, accompagné de tout son environnement, la tête droit dans le mur ! tous les spécialistes en général (et il n’y a pas besoin de l’être pour s’en apercevoir) sont d’accord sur ce point.

            Si les alarmistes ont donc raison à ce point, pourquoi ne pas donner plus de crédit aux personnes qui pensent autrement et sont prêtes à offrir leurs réflexions aux changements si indispensables actuellement à notre simple survie ?

            Peut-on par exemple envisager l’instauration d’un salaire unique et la redistribution à large échelle des "biens" de" ce monde sans en perturber de manière allant peut être en sens contraire au but recherché notre "structure" si indispensable aux personnes fort nombreuses qui ne peuvent tout simplement pas imaginer vivre sans. (on trouvera une excellente étude chez Stanley Milgram : "La soumission à l’autorité", où le désormais célèbre "effet agentique" a, sur une si large échelle, contribué à la pérennisation de ce qui était en place (le pouvoir), éliminant drastiquement les éléments qui le remettent en question (cf : "i comme Icare" joué de manière magistrale notamment par Yves Montant.)

            Or, c’est bien la question principale qui se pose aujourd’hui face à la "crise" qui montre les signes précurseurs de l’effondrement de l’économie mondiale et augure, suivant de près, celui bien plus dangereux des conflits économico-sociaux qui en découlent inévitablement. Déjà quelques dizaines de morts (dus à la répression des dernières manifestations contre la chèreté de la vie au Maroc et de part le monde, l’année dernière).

            Un des principaux paradoxes de notre conscience est peut être de cette perception du déséquilibre entre la masse d’une population mondiale en net surnuméraire et les moyens de la politique économique qui en voit la majorité en une détresse telle que celle-ci en meurt de faim. relents d’un malthusianisme remis de facto à la réalité macro-sociologique actuelle et qui me paraît si incontournable... je ne dois pas être le seul !

            Pour revenir à une réalité plus française, je citerais à partir d’un exemple :"...Ce changement je le mettrai en œuvre parce que c’est le mandat que j’ai reçu du peuple et parce que la France en a besoin. Mais je le ferai avec tous les Français. Je le ferai dans un esprit d’union et de fraternité. Je le ferai sans que personne n’ait le sentiment d’être exclu, d’être laissé pour compte. Je le ferai avec la volonté que chacun puisse trouver sa place dans notre République, que chacun s’y sente reconnu et respecté dans sa dignité de citoyen et dans sa dignité d’homme. Tous ceux que la vie a brisés, ceux que la vie a usés doivent savoir qu’ils ne seront pas abandonnés, qu’ils seront aidés, qu’ils seront secourus. Ceux qui ont le sentiment que quoi qu’ils fassent ils ne pourront pas s’en sortir doivent être sûrs qu’ils ne seront pas laissés de côté et qu’ils auront les mêmes chances que les autres. » " (extrait d’un discours de N. Sarkosy du temps ou il n’était pas encore investi de la Charge de président)... Il n’est pas sûr que la réalité actuelle vécue par les français, donne raison aux principes évoqués à l’époque... (ceci me paraît un euphémisme !).

             

            Je me sens bien peu armé pour répondre des défis que notre époque impose, ce qui me parait particulièrement peu adéquat et si dangereux, est bien la dynamique du pouvoir en elle-même qui semble à ce point rendre les personnes, qui apparaissaient pourtant relativement saines d’esprit au départ, complètement incapables de raisonner au profit des communautés qu’elles sont amenées à diriger et qu’en principe elles devraient donc protéger... 

            Faut-il se résoudre à leur laisser les rennes et risquer la vassalité à Big U.S. brother ?






             

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