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Athènes : opération débarras

Il doit bien rester dans les soutes de l'Acropole, le vaisseau amiral, dans la vasque du Pirée, quelques bibelots, quelques chandeliers dorés, quelques porte-clés qui pourront être revendus aux enchères pour combler le déficit du budget de l'État et de manière subsidiaire pour calmer l'angoise des marchés financiers, des créanciers de la Grèce. Ces créanciers qui se trouvent être quelques fortunés actionnaires de banques allemandes et françaises qui verraient d'un mauvais oeil la première faillite d'une nation à l'image de ce qui existe pour les entreprises privées. 

Les banquiers du nord se font donc un souci monstre sur la capacité de la Grèce à rembourser à terme une dette en réalité totalement insupportable. Car le noeud de l'affaire se situe dans cette incroyable contradiction qui existe à vouloir demander à un débiteur exsangue de rembourser en lui administrant du venin pur, des taux d'intérêts impossibles à tenir.

Tout le monde est conscient de cette contradiction, mais il ne faut pas le dire officiellement. Alors on fait mine de croire que la Grèce va finalement rembourser, comme le Portugal va rembourser, comme l'Italie va rembourser, comme les États-unis vont rembourser. Comme dans un jeu de domino, c'est la chute du premier qui conditionne toute l'hécatombe.

En fait la cure d'austérité engagée depuis deux ans en Grèce a évidemment empiré la situation au lieu de l'améliorer, le pays qui n'allait déjà pas si bien est carrément rentré dans le mur et la population n'est pas prête à continuer de subir cette simagrée. 

La fièvre imposée est un vaccin contaminé, une coupe claire dans les dépenses de l'état, une baisse des effectifs dans la fonction publique, une baisse des prestations sociales, ce qui a inévitablement mené le pays dans la spirale infernale de la récession, ce qui a produit une explosion du chômage, un appauvrissement généralisé accompagné de moindres recettes fiscales. Ce qui a grevé sur les comptes publics et conduit à cet état végétatif, cette banqueroute.

Tout cela n'a surtout pas calmé les velléités de la BCE qui souhaite insister et même durcir ce régime amaigrissant, cette fumisterie, qui ressemble de plus en plus à une anémie programmée. 

On a trouvé pour ce faire, la méthode miracle : les soldes. Pour se désendetter, il faut solder. Voilà, la Grèce doit vendre tout ce qui reste , les téléphones, les plages, les murs, l'Acropole, et pourquoi pas, après tout, il aura bien un Bill Gates pour se farcir une vieille dame. Il y en a beaucoup en Grèce des temples, et des arênes et d'anciens trésors, pour les économistes européens, cela a encore de la valeur, et il faut vendre pour que les banquiers du nord, les usuriers de la BCE, qui se sont goinfrés durant trente ans sur le dos des Grecs puissent encore s'empiffrer grâce à des taux d'intérêts prohibitifs.

La désertification industrielle, la dynamique économique alimentée par la dette ont fait tourner les usines du nord et enrichi les banques allemandes et françaises. Tout comme les foyers frappés de sur-endettement sont les pourvoyeurs des usuriers, les meilleurs clients en définitive. Et c'est eux qui sont punis, les parias, les pauvres, qui n'ont que le droit d'enrichir les riches, car les pauvres sont punis d'avoir trop rapporté, d'avoir trop mordu à l'hameçon de la consommation, dans des magasins Carrefour, Intermarché, Auchan, Metro ou Lidl, leaders désormais en Hellénie, appartenant aux familles des grands pays, ceux qui ont le droit de s'enrichir. 

On le voit ce cercle vicieux a avant tout bénéficié au nord et cette ferraille pèse surtout sur les épaules des pays du sud qu'on appelle avec un brin de mépris les pays du “club méditerranée”.

On appelle cela l'”Union”européenne, avec ce sobriquet (union) impropre dorénavant, cette Europe qui devrait au contraire de ce qui se fait, (c'est ce qu'on nous a vendu) protéger les plus faibles, pas les écraser. Et il y a les faibles du sud, et les faibles du nord, qu'on protège, ceux-ci, en exigeant pas qu'ils harmonisent la fiscalité des entreprises sur celle des autres pays membres. (Cas de l'Irlande qui grâce à des taux réduits d'impôts sur les sociétés attire les capitaux au détriment des autres états.) 

Cet avantage là, on ne l'accorde pas à la Grèce qui a le droit d'acheter des BMW à crédit, en empruntant à une banque, grecque, qui appartient à une banque allemande. Et puis après avoir vendu des BMW à gogo, on explique que les Grecs ne foutent rien, qu'ils l'ont bien cherché, et qu'avec de tels salaires, on ne roule pas en BMW. 


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6 réactions à cet article    


  • Ariane Walter Ariane Walter 30 mai 2011 10:50

    je vais me répéter ! Que d’excellents articles , ce matin, sur AV !
    J’ai bcp apprécié l’humour tragique du vôtre !

    On est dans une situation absurde qui n’aura de cesse que lorsque ces fameuses dettes universelles seront abolies. Plus les jeux de bourse et de banque, plus le commerce poison, plus les médias stériles...
    Cela doit s’appeler une révolution...Non ?

    Bonne journée à vous et merci !


    • PhilVite PhilVite 30 mai 2011 12:25

      Ça, en matière de trahison des élites, les Grecs, on peut dire qu’ils ont été servis !
      Et ça continue.
      En plus on leur colle une belle image de grosses feignasses malhonnêtes et le festin peut continuer ...


      Quand un système part en couille à ce point-là, il n’y a qu’une seule solution, appuyer sur le bouton « reset » pour réinitialiser le bouzin. Et cela seul le peuple grec peut le faire.


      • kiouty 30 mai 2011 17:19

        Oui, mais le problème, c’est que si les créanciers de la Grèce tombent, c’est les banques françaises, allemandes qui tombent aussi du coup (oui parce qu’il y a des expositions entre banques européennes figurez-vous), et c’est une des raisons pour laquelle la Grèce ne s’est pas faite kicker hors de la zone euro.

        De plus, quand on dit « on aide la grece », en realité, ce qu’il faut comprendre c’est « il faut aider les banques grecques parce que comme ça on va aider nos banques et on évitera la chute du chateau de cartes ».

        Evidemment, le chateau de cartes s’écroulera, mais pas avant qu’on ait bien saigné le pays, et qu’on ait tout privatisé, dérégulé et réduit l’état en cendres.


        • rakosky rakosky 31 mai 2011 02:04

          Papandréou a été vraiment une loque sur ce coup,parce que qu’en vérité la situation de la Grèce est surtout une menace pour les pays créanciers
          Il aurait juste menacé de ne pas payer ,de leur dire d’aller se faire voir et il tenait toute l’Europe par les c...
          Si les grecs ne paient pas ,c’est la France et l’Allemagne qui plongent
          Un vieux dicton dit que si tu dois 200 roupies à ton banquier,il te tient par la gorge,mais si tu lui dois 40 milliards c’est toi qui le tient par les c..


          • rakosky rakosky 31 mai 2011 02:14

            Un autre proverbe yiddish,c’est Shlomo qui n’arrive pas à trouver le sommeil parce qu’il doit de l’argent à son voisin Nathan
            Une nuit ,il se léve ,va à la fenêtre et crie à Nathan
            -Nathan,ton argent je te le rendrai jamais !
            Sa femme lui dit tu es fou pourquoi tu lui as dit ça
            Et Nathan lui réponds
            -Parce que maintenant c’est lui qui ne va pas pouvoir dormir
            Si seulement Papandréou avait la sagesse de Schomo,c’est Merkel et Sarkozy qui passeraient des nuits blanches


            • BA 5 juin 2011 23:16

              Deuxième renflouement  : l’aide à la Grèce pourrait dépasser 100 milliards d’euros.

               

              Le premier renflouement organisé voici un an par l’UE et le FMI représentait 110 milliards d’euros, dont 24,4 milliards apportés par l’Allemagne. Un deuxième renflouement est évalué à 65 milliards d’euros, mais il pourrait dépasser 100 milliards d’euros parce qu’il faudra aux emprunts d’Etat grec un suivi financier en 2014, explique Der Spiegel dans son édition du lundi 6 juin 2011.

               

              /fr.reuters.com/article/businessNews/idFRPAE75408A20110605">http://fr.reuters.com/article/businessNews/idFRPAE75408A20110605

               

              110 + 100 = 210 milliards d’euros foutus en l’air (la Grèce ne remboursera jamais ses dettes).


              La photo de l’année 2011.

              Le 30 mai 2011, des dizaines de milliers de Grecs sont dans la rue.

              A Athènes, les manifestants grecs comparent l’Union Européenne à l’Allemagne nazie :

               

              http://www.spiegel.de/wirtschaft/soziales/0,1518,766645,00.html

               

              Cette photo des manifestants grecs est très révélatrice.

              Cette photo montre que l’idée européenne est morte.

              En Europe, les années qui viennent seront explosives.

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