Brexit : après les vaccins, Londres gagne la bataille économique face à l’UE
Les opposants au Brexit avaient promis une véritable calamité à la Grande-Bretagne, dès le non au référendum de 2016. Pourtant, jusqu’à sa sortie officielle fin 2020, le pays n’a pas souffert. Pire, après la remarquable réussite de sa stratégie vaccinale par rapport à L’Ue, se profile pour les années à venir une plus grande réussite économique de la Grande-Bretagne par rapport aux 27…
Progrès commercial et reprise plus forte
Il y a un mois, la baisse de 41% des exportations britanniques vers l’UE en janvier, pour un recul de 30% seulement des importations, avait été présentée comme une nouvelle conséquence négative du Brexit. Pourtant, il faut relativiser ces statistiques : la vérité d’un mois n’est pas forcément celle d’une année, surtout juste après le Brexit et en pleine crise sanitaire. La réalité commerciale de l’après-Brexit ne pourra être pleinement étudiée qu’à la fin de l’année 2021 au mieux. Et encore, même sur ce mois de janvier, la réalité n’était pas mauvaise pour la Grande-Bretagne. En effet, parce que le pays importe beaucoup plus de l’UE qu’il ne lui vend, le déficit commercial bilatéral avait baissé d’un milliard. En clair, en janvier, le commerce avec l’UE a contribué de manière positive au PIB britannique !
Et les statistiques du mois de février sont encore meilleures, puisque si les importations venues de l’UE ont augmenté de 7%, avec notamment des produits pharamceutiques, les exportations vers l’UE ont explosé de plus de 46%. Résultat, le déficit bilatéral recule à nouveau, de 2,5 milliards de livres. La contribution au PIB britannique du commerce avec l’UE atteint déjà 3,5 milliards sur deux mois, un surplus de PIB que l’on peut estimer à environ 1% ! Et globalement, les échanges avec l’UE sur les deux premiers mois de l’année sont comparables avec les échanges réalisés en avril-mai 2020, dans le même contexte de restrictions sanitaires. Bien sûr, ce n’est pas un jugement définitif, mais la tendance semble claire : la perturbation du commerce devrait être assez limitée et Londres y gagne sur 2 mois.
Mais il y a un autre domaine où la Grande-Bretagne devrait largement l’emporter sur l’UE : celui de la reprise économique en 2021-2022. Bien sûr, la récession du pays a été plus forte en 2020, mais d’ors et déjà, le FMI prévoit un rattrapage sur les deux prochaines années avec 5,3% de croissance en Grande-Bretagne en 2021 et 5,1% en 2022 contre 4,4 et 3,8% pour l’UE. Ce rattrapage s’appuie sur plusieurs facteurs. Le premier, c’est la sortie plus précoce de la crise sanitaire : dès le 12 avril, les terrasses de pub et de restaurants, ainsi que tous les commerces ont réouvert outre-Manche, alors que le reste du continent est en confinement strict et a un retard considérable sur la vaccination. Les statistiques du PIB du second trimestre feront sans doute le grand écart des deux côtés de la Manche.
Mais ce n’est pas tout, car la Grande-Bretagne, en dehors des contraintes de Bruxelles, en a profité pour soutenir son économie bien plus que ses anciens partenaires, injectant plus de 15% du PIB en mesures budgétaires, contre 4 à 11% dans les grands pays de l’UE. Si la balance commerciale ne se déteriore pas, alors, Londres profitera grandement de cette relance plus ambitieuse. A contrario, le plan de relance de l’UE, déjà chétif et tardif n’est toujours pas validé, ce qui augure mal de son impact sur le continent. En outre, la hausse de 6,2% du SMIC britannique, au-dessus du SMIC français, et l’effondrement de l’immigration outre-Manche vont soutenir la demande de l’économie. Pour couronner le tout, la livre reste à un niveau assez bon marché depuis 2016, protégeant l’économie du pays.
Et si le triomphe de la stratégie vaccinale britannique n’était que le prélude à un même succès économique dans les deux années à venir ? Loin de l’effondrement post-Brexit que certains prévoyaient, tout semble se mettre en place pour que la performance économique britannique surpasse largement celle de ses anciens partenaires, avec une politique à l’opposé de celle d’un parasite fiscal, entre investissements publics massifs et revalorisation de la condition des classes populaires.
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