• AgoraVox sur Twitter
  • RSS
  • Agoravox TV
  • Agoravox Mobile

Accueil du site > Actualités > Europe > Grèce – Irlande, ce n’est pas la même crise

Grèce – Irlande, ce n’est pas la même crise

 A entendre la voix de Bruxelles, la « Grèce est sur la bonne voie », en suivant les mesures imposés par la Commission et accompagnées par le FMI. Etant donné que Dublin, après moult hésitations, vient de prendre la voie de la même solution, il serait bon, de manière très pragmatique de faire un portrait robot de a situation actuelle à Athènes.

La récession tout d’abord : A 4,5 %, elle se situe au plus haut niveau de tous les pays membres. En conséquence, le chômage s’est propulsé à 12,2 de la population active. Ce n’est pas faute d’une main d’œuvre bon marché. Les salaires, globalement, ont baissé de 8%. Les impôts sur ces salaires s’élèvent, quant à eux, à 16 %, un record européen. Enfin, les autres prélèvements directs, représentent désormais 60% de la masse salariale, avec une TVA de 23% et une taxe sur les carburants de presque 70 centimes par litre (encore un record européen). 

Dire que les couches les plus pauvres de la population sont les premières victimes de ces mesures c’est un euphémisme. D’autant plus que l’inflation « court » à 5,2, et les prix des produits de première nécessité deviennent, chaque jour, un peu plus prohibitifs. Voilà ce qui attend l’Irlande.

 Cela dit, la crise de la dette est très différente en Grèce et en Irlande. Ce qui, à mon sens, explique pourquoi Athènes a attendu pendant des mois pour accéder au crédit institutionnel et pourquoi en Irlande les choses ont été pliées en un coup d’œil.

Les deux pays sont certes surendettés. Mais pas pour les mêmes raisons. En Grèce, l’Etat s’est appauvri faute de pouvoir encaisser les impôts prévus. La fraude fiscale et l’inégalité devant le fisc sont les deux maladies congénitales du pays, qui, à son tour, rend de moins en moins de services aux contribuables ; Il s’agit d’un « libéralisme sauvage non déclaré » d’une entente entre les uns et les autres qui, mutuellement, s’épanouissaient dans un « laisser faire informel ».

En Irlande, ce laissez – faire était institutionnel. Le pays, avec des impôts très bas, fonctionnait comme une offshore des capitaux et du travail, se voulant ainsi attractif pour les investissements européens et autres.

En conséquence, les revenus les plus hauts en Grèce, et toute une série d’activités (industries, armateurs, immobilier, import-export, etc.) et surtout le secteur purement financier (banques, assurances), n’ont été touchés par la crise que en ce qui concerne leurs activités hors frontières tandis que la récession industrielle n’est la conséquence que des mesures prises maintenant et qui amputent services et industries de leur clientèle nationale. Le secteur bancaire, contrairement à l’Etat, reste en pleine forme et cherche clients désespérément.

Par contre, en Irlande, l’Etat est devenu insolvable d’avoir injecté trop d’argent au secteur financier (banques essentiellement) pour éviter leur faillite, due à leur exposition à des investissements toxiques et/hasardeux. L’ensemble de l’économie étant dirigé vars ce secteur, la crise, plus proche du modèle américain, est toujours orienté vers la sauvegarde des banques et du crédit. Ainsi, si le contribuable grec paie au prix fort les largesses de « non recevoir » à l’égard des activités industrielles et mercantiles, celui de l’Irlande paie l’incompétence et l’opportunisme des banques irlandaises et d’un Etat à la mentalité et aux politiques d’un modèle offshore qui était, il y a encore trois ans, montré en modèle, et en réponse ingénieuse aux enjeux de la mondialisation.

Tandis qu’en Grèce il s’agit de mettre de l’ordre dans un système informel de laisser faire, en Irlande c’est le modèle même de l’économie libérale qu’il faut sauver. D’où sans doute la promptitude d’agir de l’UE, la satisfaction du marché et la « contribution » de pays non membres de l’espace Schengen. 


Moyenne des avis sur cet article :  4.43/5   (7 votes)




Réagissez à l'article

9 réactions à cet article    


  • Daniel Roux Daniel Roux 23 novembre 2010 10:43

    La Grèce est le symbole de l’incohérence de la construction européenne.

    Greffer une monnaie forte sur une économie moyenâgeuse faite de clientélisme et de corruption était une décision politique stupide.

    L’Irlande est le symbole de la duplicité de la construction européenne.

    Pour s’aligner sur les standards américains, l’Union Européenne a toujours refusé l’harmonisation des politiques fiscales et sociales. Ils savaient que c’était totalement incompatible avec une monnaie unique. Les initiateurs de cette dichotomie entre la monnaie unique et des lois socio-économiques différentes misaient sur un alignement vers le bas des pays les plus avancés socialement et non pas la faillite du modèle de la rigueur libérale.

    N’oublions jamais que les « pères fondateurs » étaient des salariés de l’Oncle Sam.


    • wesson wesson 23 novembre 2010 13:35

      Bonjour l’auteur,

      et oui vous avez parfaitement compris de quoi il s’agit. Les pigs ne sont pas les piigs !

      « Portugal, Italie, Grèce, Espagne, vous comprenez ils ne sont pas comme »nous«  ! Ils ont déjà le soleil, vous ne voudriez pas en plus qu’ils sachent gérer leur argent ! »

      J’ai toujours été effaré par ce racisme assumé du marché, qui avant de les appeler « pigs » parlait des « pays du club med ».

      En fait ce que nous avons là, c’est l’affrontement du modèle de société libéral, contre un modèle social. Et comme vous le dites si bien, rien n’est plus urgent que de sauver le soldat Irlande, pour pouvoir continuer à dire que c’est le modèle à suivre.

      Malheureusement pour ces libéraux, si il n’y avait que l’Irlande qui soit dans cette panade ... La riante Angleterre est il me semble pas forcément mieux loti, à la différence que elle peut battre monnaie, ce que d’ailleurs elle ne se prive plus de faire !

      C’est bien l’effondrement d’un modèle auquel nous sommes en train d’assister ...


      • Maldoror Maldoror 23 novembre 2010 13:37

        L’OMERTA française SUR L’EURO éclate au grand jour depuis l’Angleterre !
        “48 HEURES POUR SAUVER L’EURO”

        Un spectaculaire article du Daily Telegraph : L’HORRIBLE VÉRITÉ COMMENCE À SE FAIRE JOUR SUR LES DIRIGEANTS EUROPÉENS
        "Comme on va le lire, les mots employés par Evans-Pritchard sont d’ailleurs très forts puisqu’il n’hésite pas à qualifier l’Union européenne d’organisation « proto-fasciste » et il a raison de le faire."
        François Asselineau.
        http://www.u-p-r.fr/
        http://horreureuropeenne.blogspot.com/


        • asterix asterix 23 novembre 2010 16:46

          Parole de Belge. Le très thomiste Président de l’Union européenne Herman Van Rompuy est un partisan déclaré du « Vlaanderen über alles ».


          • COVADONGA722 COVADONGA722 23 novembre 2010 20:19

            pour les grecs une seule réponse autre que la soumission
            http://www.youtube.com/watch?v=1j8I2DLLUQY


            mais ne révons pas notre tour viendras et il faudra bien que les peuples d’europe decident que le vote n’est pas l’ultime épée !


            • BA 23 novembre 2010 22:49

              Mardi 23 novembre 2010 : l’Espagne fonce vers le défaut de paiement.

              Plus les jours passent, plus l’Espagne se surendette.

              - Emprunt à 3 mois :

              Le 26 octobre 2010, l’Espagne avait lancé un emprunt à 3 mois : l’Espagne avait dû payer un taux d’intérêt de 0,951 %. Un mois plus tard, mardi 23 novembre, elle a dû payer un taux d’intérêt de ... 1,743 % !

               

              - Emprunt à 6 mois :

              Le 26 octobre 2010, l’Espagne avait lancé un emprunt à 6 mois : l’Espagne avait dû payer un taux d’intérêt de 1,285 %. Un mois plus tard, mardi 23 novembre, elle a dû payer un taux d’intérêt de ... 2,111 % !

               

              - Emprunt à 12 mois :

              Le 19 octobre 2010, l’Espagne avait lancé un emprunt à 12 mois : l’Espagne avait dû payer un taux d’intérêt de 1,842 %. Un mois plus tard, mardi 16 novembre, elle a dû payer un taux d’intérêt de ... 2,363 % !

               

              - Emprunt à 18 mois :

              Le 19 octobre 2010, l’Espagne avait lancé un emprunt à 18 mois : l’Espagne avait dû payer un taux d’intérêt de 2,009 %. Un mois plus tard, mardi 16 novembre, elle a dû payer un taux d’intérêt de ... 2,664 % !

               

              - Emprunt à 10 ans :

              Le 16 septembre 2010, l’Espagne avait lancé un emprunt à 10 ans : l’Espagne avait dû payer un taux d’intérêt de 4,144 %. Deux mois plus tard, jeudi 18 novembre, elle a dû payer un taux d’intérêt de ... 4,615 % !

               

              - Emprunt à 30 ans :


              Le 16 septembre 2010, l’Espagne avait lancé un emprunt à 30 ans : l’Espagne avait dû payer un taux d’intérêt de 5,077 %. Deux mois plus tard, jeudi 18 novembre, elle a dû payer un taux d’intérêt de ... 5,488 % !

               

              Lisez cet article très important :

              http://www.google.com/hostednews/afp/article/ALeqM5hfSUn5OGl1hBp3bsGBF37q9J 4Zpw?docId=CNG.7b035e05269c1bb2e7483bb732e2538a.4c1


              • Antoine 23 novembre 2010 22:59

                Les irlandais et les anglais, out de l’europe ces semeurs de merde !


                • BA 28 novembre 2010 15:57

                  Concernant le sauvetage de l’Espagne, les économistes ne sont pas d’accord entre eux.

                  Première estimation datée du 24 novembre : 500 milliards d’euros.

                  Pour venir au secours de la Grèce, il a fallu débourser 110 milliards d’euros. Pour l’Irlande, le plan de soutien coûtera 80 à 90 milliards. Le cas espagnol est d’une autre dimension : « cela coûterait jusqu’à 500 milliards d’euros », a estimé cette semaine Cornelia Meyer, PDG de la société de conseil MRL Corporation, sur la chaîne américaine CNBC.
                  « Juste après l’Irlande nous avons le Portugal et puis l’Espagne, et l’Espagne sera le gros poisson », a-t-elle jugé.

                  http://www.lefigaro.fr/flash-eco/2010/11/24/97002-20101124FILWWW00459-l-espagne-trop-grosse-pour-etre-sauvee.php

                  Une autre estimation datée du 26 novembre : 800 milliards d’euros.

                  Juergen B. Donges est l’un des économistes les plus influents d’Allemagne. Juergen B. Donges est un ancien membre du groupe des Cinq Sages qui conseillent le gouvernement allemand. Il a calculé que le sauvetage de l’Espagne coûterait 800 milliards d’euros.

                  « Rescatar España costaría 800.000 millones de euros »

                  http://www.eleconomista.es/economia/noticias/2633763/11/10/Entrevista-con-Juergen-B-Donges-Rescatar-Espana-costaria-800000-millones-de-euros.html

                  Il faudrait que les économistes se mettent d’accord.

                  Combien coûterait le sauvetage de l’Espagne ?


                  • antonio 28 novembre 2010 20:07

                    Merci M Koutouzis pour ces informations.

Ajouter une réaction

Pour réagir, identifiez-vous avec votre login / mot de passe, en haut à droite de cette page

Si vous n'avez pas de login / mot de passe, vous devez vous inscrire ici.


FAIRE UN DON







Palmarès