A l'opposé, lors du Sommet de Riga sur l'intégration des pays de l'Est, on finit sur une note moins optimiste. L'Ukraine y
dénonça ouvertement la volonté "d’États connus de tous", de retarder la ratification de lois qui doivent permettre à l'Ukraine un accès à l'UE (par le Traité d'Association, refusé par Yanoukovitch et toujours pas passer dans l'UE), ajoutant que ces pays étaient la Grèce, l'Italie, Chypre et l'Autriche (oubliant la Belgique qui n'a toujours rien voté non plus). Oubliant également, la
République Tchèque qui a aussi refusé, à travers son parti communiste, de passer la loi européenne par voie parlementaire, permettant à l'Ukraine de passer une candidature d'adhésion en bonne et due forme.
Kiev vient de découvrir la démocratie dans un pays qui n'interdit pas certains partis politiques, ça les énerve ! Le PC tchèque dénonçait la répression politique faite sur le parti communiste ukrainien et l'assassinat de certains de ses représentants et le refus d'autoriser les ukrainiens de langue russe à parler leur propre langue librement, le vote a été ajourné au 15 juin au parlement tchèque. Ambiance à Riga.
La situation de ce sommet de Riga - pays déjà intégré dans l'UE, mais passons - fut
résumée aussi par une phrase simple :
Ukraine has a large population and it is too big for Brussels to simply drag the country along using the money from the EU budget, similar to tiny Moldova, for example.
L'article de SputnikNews propose que l'Ukraine fasse comme la Turquie, trouver sa propre voix à côté de l'UE (et de la Russie) sans y entrer. La Turquie ne se portant pas plus mal, on ne pourrait que le conseiller à l'Ukraine si la Rada n'était pas devenue un nid de gens nommés par Washington et Berlin/Varsovie. En gros, la scénario turque pour l'Ukraine est ce que Moscou propose depuis longtemps, un statut hors bloc et des discussions trilatérales pour que tous y gagne, l'UE, l'Ukraine et l'UEE, devinez qui est venu dans le jeu de quilles ?
La question à 1 million d'€
On le voit, l'UE serait donc arrivée à ses limites ? Le projet européen imposant trop de complexités, de législations et des critères de convergences dans des économies bien trop différentes qui ne sont d'ailleurs même pas respecter par la France, pays fondateur, qui depuis 15 ans dépasse le critère de convergence sur son déficit, dépassant constamment les 3% de PIB. Est-ce que tout cela serait devenu largement trop cher et coûteux de faire entrer de nouveaux membres ? Quant à faire entrer la Moldavie, la Grèce déjà isolée au bout des Balkans, on voit ce que l'Europe en fait, qu'est-ce qu'un accès à l'UE apporterait à la Moldavie, coincée entre Ukraine et la Roumanie, hormis des ennuis ? [sans oublier la Transnistrie, article à venir, que l'UE se chargera de bien gérer, comme à chaque fois, ça promet]
Dommage d'avoir du attendre la crise ukrainienne pour se rendre compte à Bruxelles et Washington du niveau d'intégration de l'Ukraine, désormais en dés-intégration à la sauce yougoslave. Il n'y aura donc ni de visa, ni de déversement d'argent européen en Ukraine, pas de suite en tous les cas, et pas... voyant la Turquie, pour les 15 à 50 années à venir. Rappelons que l'Allemagne avait réussi à imposer une interdiction de libre circulation aux nouveaux pays membres, le temps qu'ils s'adaptent, malgré leur entrée dans l'UE longtemps auparavant, ces pays étaient dans un tout autre état que l'économie kievenne actuellement (sans parler des divisions internes qui vont en s’amplifiant).
De l'autre côté de l'Eurasie
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timbre poste russe avec le drapeau de l'UEE |
Pendant ce temps là, on voit une nouvelle alliance se mettre en place, l'UEE. Une association volontaire de pays au niveau économique. Le Kirghizstan vient d'y entrer. Et le bloc entier vient de discuter avec le Viet-Nam, qui n'a donc eu à faire qu'à un partenaire de négociation pour accéder à un marché qui compte désormais 183 millions d'habitants. Comme Dimitri Medvedev l'a dit, les erreurs de l'UE
ne seront pas répétées [17, 18], on voit donc l'Union Douanière (ne regroupant que le trio Russie-Biélorussie-Kazakhstan) clairement séparée de l'Union Economique Eurasiatique, qui organise la coopération économique. Le domaine économique n'étant pas mis en commun avec les droits de liberté de circulation des biens, des marchandises et des personnes, les pays accédants à l'UEE n'auront pas ouvrir leurs portes grandes pour voir leur économie s'effondrer, car envahie de produits russes/chinois pas chers et un taux de change fixe non adapté à leurs réalités respectives, donc, le contraire de ce qui a été fait avec l'UE "bruxellisante" et ses longues listes de règlements et l'Euro dans le rôle de castrateur économique.
La couche qui finit de construire l'Eurasie est sûrement l'OSCS, Organisation de Sécurité et de Coopération de Shanghai, qui est une organisation volontaire d'états qui mettent en commun leur potentiel militaire, en aplanissant avant tout, leurs propres différents frontaliers, afin d'éviter de se faire la guerre entre eux. Nous ne sommes pas ici à proprement parler en présence d'un équivalent de l'OTAN.
Le premier gros chantier de l'OSCS fut la restitution de terres par Moscou à Pékin, le long du fleuve Amour. Les autres pays-membres suivirent, en s'accordant sur leur tracé frontalier, et en signant des accords pour ne pas les bouger dans le futur, tout en organisant une coopération frontalière douanière et militaire. [preuve que la Russie souhaite une résolution aux problèmes de la Transnistrie et du Haut Karabach, seule manière d'avancer économiquement et d'éviter de nouvelles guerres, cela montre aussi que le problème ukrainien n'était pas voulu par Moscou]
Avec
l'arrivée éventuel de l'Inde, du Pakistan et de l'Iran, on risque de faire balancer le Continent du bon côté. L'Iran avance que la Russie est aussi soumise à des sanctions, donc cela ne doit plus être une raison à un refus de son adhésion. Pendant ce temps, l'Inde, entrant dans une alliance qui l'obligerait à parler à son ennemi pakistanais et sa bête noire chinoise, ne devrait qu’aplanir plus les choses vers plus d'intégration économique, politique et diplomatique, dans toute la partie indienne du Grand Continent.
Voila pourquoi, oui, cela encourage à penser que l'intégration eurasiatique va réellement démarrer là ou l'UE risque de commencer à toussoter. De ce point de vue, la Russie a plus intérêt à se mettre l'Inde et le Pakistan dans la poche, que de passer son temps à sauver Kiev, qui ne semble pas vouloir l'être ou Athènes, autant laisser l'UE éponger et payer pour ses erreurs, l'argent facile et les déficits maquillés par Lehman & Co. Peut-être l'Eurasie arrivera-t-elle en sauveur plus tard, il y a 30 ans, personne ne courra au secours des Russes, quand l'URSS s'effondra, alors pourquoi rendre la pareille ?
Publié par TJ, cet article peut être reproduit à condition d'en donner l'URL
http://vodkaetpelmini.blogspot.de/2015/05/lue-la-ferme-riga-luee-accueille-le.html
updated :
Cairo asked Moscow to open a free trade zone with the Eurasian Economic Union.